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vint à plusieurs reprises. A plusieurs reprises aussi la para→ Jysie augmenta, puis diminua d'intensité.

A l'aide de bains de vapeur, et de l'emploi de la strychnine à l'intérieur, la paralysie enfin est arrivée au degré que nous allons indiquer.

État actuel, mai 1840. - Constitution assez forte encore ; teinte jaune terreuse de la face; sur la conjonctive on aper çoit une coloration jaune qui se marie avec une téinte bleuâ tre; les gencives, un peu violettes, sont le siége d'une congestion sanguine; des dents, recouvertes de tartre, sont dégarnies à leur base d'une portion du rebord gencivaire; langue rosée, humide; bon appétit, soif modéréé, diges➡ tions; faciles, selles régulières; souplesse et bonne confor mation du ventre, bon état des voies biliaires et de la rate, absence de toux et d'expectoration, respiration normale, aucune souffrance le long de l'appareil urinaire, urine jaunâtre, sécrétée en suffisante quantité, mise au-dehors avec facilité; cœur à l'état physiologique; pulsations artérielles souples, régulières; bonne chaleur de la peau, intelligence intacte, sommeil facile, absence de céphalalgie.

Membres supérieurs: côté droit. A l'état de repos, 'on constate une flexion permanente, presque à angle droit, du poignet, de l'avant-bras et des doigts, sur le métacarpe. L'indicateur et le petit doigt sont un peu moins recourbés que les autres doigts; les mouvements d'extension du poignet n'existent plus. Le malade peut fermer la main, mais il lui est impossible de saisir des objets d'un très-petit volume. L'écartement des doigts n'est possible que dans le sens de la flexion, le mouvement d'extension de ces parties se trouve complètement anéanti; le pouce, demi-fléchi, a perdu ses mouvements d'adduction, d'abduction et d'appo1840. T. IV. Octobre.

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sition; tous les autres mouvements sont libres. On observe une atrophie très-prononcée des régions thénar et hypothénar; une excavation très-marquée remplace la saillie que présentent ces régions à l'état physiologique. A la réunion des régions carpo-métacarpienne, sur la face dorsale et radiale de la main, apparaissent deux saillies osseuses. On constate une atrophie des plus marquées de la partie postérieure de l'avant-bras; le relief des muscles a disparu; sensibilité intacte.

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Côté gauche. Le poignet est légèrement fléchi sur l'avant-bras, mais il peut être étendu complètement lorsque le malade ferme préalablement la main. Les doigts, fortement fléchis, ont perdu leur mouvement d'extension; leur écartement n'a lieu que dans le sens de la flexion. L'indicateur et le petit doigt sont moins fléchis que les deux doigts du milieu; le pouce, demi-fléchi, n'a plus libres ses mou、 vements d'adduction, d'abduction et d'apposition. Les régions thénar et hypothénar ne sont point aussi atrophiées que celles du côté droit, et on n'aperçoit pas de saillie osseuse à la face dorsale de la main. La face postérieure de l'avant-bras, encore sensiblement atrophiée, ne l'est pas autant qu'à droite.

On ne rencontre aucun trouble de la sensibilité.

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Membres inférieurs. Orteils recourbés d'une manière permanente sur la face plantaire des pieds: le malade ne peut les porter dans l'extension ni les écarter; pied tendų sur la jambe, face dorsale voutée et face plantaire fortement concave, mouvement de flexion aboli.

Lorsque le malade marche, c'est par sauts et par bonds; il soulève ses membres inférieurs comme des masses inertes, la pointe du pied se dirigeant fortement en bas et le talon

en haut; le sol sur lequel il appuie la pointe du pied dirige d'une manière mécanique ce dernier dans la flexion sur la jambe. La moindre inégalité de terrain l'expose à tomber, aussi élève-t-il le plus qu'il peut ses pieds du sol.

Les divers mouvements abolis le sont un peu moins à gauche qu'à droite; atrophie complète des muscles de la région tibiale; conservation des autres mouvements des membres inférieurs. Toutes ces parties jouissent de leur sensibilité normale; un peu d'infiltration vers les malléoles.

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Ainsi on constate une paralysie bornée aux muscles de l'extension des extrémités tant supérieures qu'inférieures. Diverses médications ont déjà été employées contre celle affection. Des bains sulfureux, de vapeur, etc., des saignées, des vésicatoires, des frictions, la limonade sulfurique, les eaux de Barèges en douche, ont été administrés sans succès marqué.

Tels sont les renseignements, Messieurs, que vos commissaires ont pu obtenir sur les antécédents et sur l'état actuel de ce sous-officier. Doué d'une grande intelligence, et ayant reçu une instruction assez étendue, ce malade a pu entrer très-facilement avec nous dans tous les détails qui le concernent. Nous ajouterons aussi qu'il nous a paru apporter la plus grande exactitude et la meilleure bonne foi possible dans toutes les narrations qu'il nous a faites de son passé.

L'ensemble des phénomènes morbides constatés aujourd'hui chez ce malade ressemble complètement à ceux qui caractérisent la paralysie saturnine. D'un autre côté, si nous pouvons ajouter une complète croyance aux antécédents de ce malade, racontés par lui, nous serons également portés à admettre que cet homme a été atteint antérieurement d'une affection ayant la plus grande ressemblance avec la colique

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saturnine. Cependant, je dois le dire dès ce moment, M. Segond, dans son intéressant mémoire sur la névralgie du grand sympathique, rapporte l'histoire de la colique de cet homme la description qu'il nous donne n'est pas en tout "conforme à celle dictée par le malade. Or, nous devons avoir "une plus grande confiance dans le récit de notre honorable collègue que dans celui de Coudray, 'quelque véridique qu'il nous ait paru.

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Mais quelle est l'origine de cette maladie? Quel principe morbide a présidé à son développement? C'est ici que notre tache, nous l'avouons, est difficile. Nous allons néanmoins tâcher de la remplir, soutenu que nous sommes par l'amour de la vérité, par le vif désir que nous éprouvons à voir un jour se déchirer complètement ce voile 'obscur, qui dérobe "encore à nos regards la plupart des questions pathologiques qui concernent certaines maladies propres à quelques pays, et ayant une grande ressemblance avec l'empoisonnement occasionné par les diverses préparations de plomb.

Et d'abord peut-on penser que la profession (d'imprimeur) que Coudray exerçait avant d'être militaire ait eu de Tinfluence sur les accidents qu'il a éprouvés plus tard? Nous n'oserions l'affirmer; car cet homme était occupé à la presse, "genre de travail qui n'occasionne pas l'empoisonnement saturnín. Les occasions rares qu'a eues ce malade de s'exercer à composer avec les caractères d'imprimerie ne nous parais*sent guère susceptibles d'être invoqués comme causes, d'autant plus qu'il est difficile d'admettre qu'elles aient pu agir à de si longues distances sans avoir dans l'intervalle fait sentir leur influence morbide. Cependant, comme il est arrivé plusieurs fois que des ouvriers ont travaillé pendant un certain temps des préparations de plomb sans être d'a

bord atteints de maladie. saturnine, et que ce n'est qu'après une ou plusieurs années de cessation de leur profession que l'empoisonnement s'est déclaré, nous ne voudrions pas affirmer d'une manière absolue, que l'ancienne profession de Coudray n'a eu absolument aucune part à la manifestation de sa paralysie.

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Les vicissitudes atmosphériques au milieu desquelles.Cou dray ́s'est trouvé accidentellement placé peuvent-elles être › plus logiquement invoquées comme causes provocatrices de la paralysie? Nous sommes portés à le croire. Nous avons rapporté ailleurs (Traité des maladies de plomb, t. II, p. 54) des observations de paralysie partielle des muscles extenseurs des membres chez des individus qui s'étaient exposés à des transitions brusques de température, du chaud au froid. Nous serions encore plus portés à admettre cette circonstance, comme cause provocatrice de la paralysie,, si cet homme ne nous avait répété à plusieurs reprises que, quel¬ ques heures avant le développement des accidents, il prit une tasse de café préparée par des négresses, qui ont la ré-, putation d'être empoisonneuses. Il est bien vrai que déjà Coudray était un peu indisposé, et qu'un de ses camarades, prit à peu près en même temps que lui une tasse de café préparée par des négresses; mais Coudray ignore si les deux tasses de café furent puisées dans la même cafetière. Du reste, l'analyse de cette liqueur ne fut point faite, non plus que les vomissements qui survinrent presque immédiatement après; nous regrettons vivement d'être privés de pareils renseignements.

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Enfin, en ce moment, l'absence complète chez ce malade des signes de la présence du plomb dans son économie,

teinte bleuâtre des gencives, noirâtre dés dents, iclèro,sami

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