Page images
PDF
EPUB

L'histoire de la médecine au dix-neuvième siècle dira le bien qu'a fait ce journal (la Revue médicale), par la force de son opposition aussi généreuse que décente.

BÉRARD, Esprit des doctrines medic., p. 144.

[blocks in formation]

Med-Fey Gottschalk 9-19-27

15372

(Octobre 1840.)

PHILOSOPHIE MÉDICALE.

VITALISME HIPPOCRATIQUE.

Traité de thérapeutique et de matière médicale; par MM. TROUS SEAU et PIDOUX.-3 forts vol, in-8°. A Paris, chez Béchet jeune, libraire de la Faculté de médecine de Paris.

(Deuxième article.)

M. Pidoux a écrit une préface pour nous mettre dans la confidence des pensées qui le préoccupent le plus vivement. Cette préface devait être connue de nos lecteurs. Nous en avons exposé les données principales dans un précédent article (1). D'une part, avons-nous dit, nécessité de coordonner les faits de manière à en découvrir la loi de génération; de l'autre, glorification de l'hippocratisme dans lequel auraient leur expression les véritables principes de la science; telles sont entre toutes les pensées qui préoccupent M. Pidoux celles qui se font particulièrement jour à travers le style abondant, coloré, de sa préface; nous avons applaudi à l'une, nous avons hésité devant l'autre. Nous n'avons pas cru qu'il y eût entre ces deux pensées une solidarité telle qu'il ne fût pas possible de les séparer. Nous avons demandé

(1) Voir le cahier de juin 1850 de la Revue médicale.

à une

à notre savant confrère s'il s'était donné le temps de la réflexion lorsqu'il a inscrit sur le drapeau de la réforme médicale qu'il médite ces mots à la fois traditionnels et progressifs: Développement de l'hippocratisme. Évidemment, M. Pidoux, par excès d'enthousiasme et de modestie, s'est fait à cet égard une étrange illusion. Je veux bien accorder que son esprit aventureux ait eu pour point de départ les principes généraux de la science qui figurent sous le nom de doctrine hippocratique ; mais je dois ajouter, puisque cela est positif, qu'il s'est élevé, sous l'empire de principes nouveaux, généralité de vues, à une coordination de phénomènes, à un ensemble de données dont l'hippocratiste le plus hardi n'avait jamais approché. Ainsi que nous le verrons, les formules de M. Pidoux, son langage, sa méthode, ses espérances sont des choses inouïes dans l'hippocratisme. Imaginez-vous un voyageur qui, parcourant les continents et les mers, visitant les isthmes et les détroits, recherchant l'origine, le cours et l'embouchure des fleuves, examinant les plateaux et les vallées, les montagnes et les plaines; imaginez-vous un voyageur qui, au milieu de ces lointaines périgrinations, vous dirait qu'il n'a pas quitté l'Europe, et cela, parce que son point de départ aurait été un port européen parce que le premier navire qui l'a emporté porterait un pavillon européen. Eh bien, M. Pidoux est dans l'hippocratisme comme ce voyageur est en Europe. Qu'on s'étonne, après cela, qu'il n'ait pas trouvé l'occasion de rendre aux chefs contemporains de l'hippocratisme, qui ont vu moins de pays que lui, l'hommage qui est dû à leur vieille et courageuse fidélité. Tout ce qui ne pourfendait pas avec lui les vents et les vagues, tout ce qui ne faisait pas partie de son équipage, ne pouvait occuper une place bien grande dans

ses souvenirs. Il en a été de lui comme de tous les jeunes gens qui abandonnent le sol natal pour courir le monde; la variété des impressions qui charment la route fait aisément oublier ceux qui restent au foyer domestique, et cet oubli est. d'autant plus complet que ceux-ci se sont moins engagés à soutenir les frais du voyage.

Quoi qu'il en soit, voici les généralités de la doctrine de M. Pidoux. Tâchons de dessiner les points culminants du terrain qu'il a parcouru avec une incroyable hardiesse. Nous nous tiendrons sur les hauteurs, nous bornant à faire une courte halte dans les régions élevées, d'où il a contemplé le vaste horizon de la science. Ayons soin, surtout, de ne pas nous laisser envahir par les digressions et par les détails. Évitons cet encombrement et ce désordre qui rendent si difficile la lecture de l'écrit de M. Pidoux, et que je ne puis m'empêcher de lui reprocher ici avec quelque amertume, car il m'a fallu dépenser beaucoup de patience pour les surmonter. Que les lecteurs me viennent en aide!

Trois principes généraux planent au-dessus de toutes les conceptions de M. Pidoux. L'énoncé de ces principes ne doit pas être différé. Les voici :

1° Toute opération physiologique, toute opération fonctionnelle, nécessite pour avoir lieu le concours de trois éléments. Ces éléments sont le support ou l'organe, le stimulus, et la capacité réciproque (aptitude fonctionnelle).

2o Un appareil, un organe, un tissu quelconque, reçoivent toujours leur raison d'activité et leur aptitude fonctionnelle d'un appareil, d'un organe ou d'un tissu antérieurs à eux, dans l'évolution embryogénique et dans l'échelle zoologique.

5o Un appareil quelconque reçoit toujours son stimulus

d'un appareil qui lui est immédiatement postérieur dans l'évolution embryogénique et dans l'échelle zoologique.

Le premier de ces principes est celui qui semble rattacher la doctrine nouvelle à la doctrine dite hippocratique. C'est M. le professeur Récamier qui a cru devoir traduire dans les termes que nous venons de rapporter une des formules les plus fameuses d'Hippocrate lui-même.

Le second et le troisième principes sont complètement étrangers à l'hippocratisme auquel M. Pidoux voudrait pourtant les rattacher. Ils appartiennent à la science moderne. M. le docteur Buchez est, à notre connaissance, le premier qui ait fait intervenir l'étude de la série zoologique de l'évolution embryogénique et de la géogénie dans la philosophie des sciences. Ce sont ces principes qui dominent tous les aperçus propres à notre auteur, et qui impriment à sa théorie le cachet de l'originalité.

C'est ainsi que nous avons pu dire plus haut: son esprit a eu pour point de départ les principes généraux qui figurent sous le nom de doctrine hippocratique; mais il s'est élevé, sous l'empire de principes nouveaux, à un ensemble de données dont l'hippocratiste le plus hardi n'avait jamais approché.

Mais ces principes d'origine et de date si diverses il les a subordonnés les uns aux autres, il les a fait concourir au même but, il en a fait découler comme d'une source commune les conséquences les plus diverses et les plus nombreuses.

Suivons d'abord l'ordre logique des idées qui semblent s'être succédé dans l'esprit de notre auteur, en montrant le rôle que jouent dans sa doctrine physiologique et les données anciennes et les données modernes que nous venons de faire

« PreviousContinue »