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vent recours à l'eau, ce sont, nous le répétons, les préjugés populaires contre l'eau. Détruisons-les donc au lieu de les encourager.

2o Sa théorie est chimérique.

Quelle théorie faut-il pour prouver que l'eau est le fondant, le dissolvant par excellence; qu'elle est, selon les cas, vomitive, purgative, sudorifique, diurétique, tonique, antiphlogistique, résolutive, relâchante? Ne sont ce point, de l'avis d'auteurs recommandables, plutôt ces qualités de l'eau que celles de substances que l'on y fait infuser qui agissent dans beaucoup de cas?

Ignore-t-on que l'application momentanée de l'eau froide sur la peau attire vers celle-ci les courants de calorique nécessaires à la vaporisation de l'eau? Ignore-t-on que la peau rougit, se tuméfie, s'échauffe? Ignore-t-on que le séjour prolongé de l'eau froide sur la peau refoule les fluides à l'intérieur, la resserre, la refroidit? Faut-il, pour expliquer tout cela, d'autre théorie que celle de la réaction vitale, si claire, si simple, que tout le monde la comprend; et faut-il connaître autre chose que ce que la physiologie vulgaire enseigne, à savoir, les fonctions de la peau, celles des vaisseaux, du cœur, du poumon, du système nerveux ?

3o Elle est en désaccord avec toutes nos connaissances physiologiques et pathologiques.

Quoi! boire de l'eau lorsque la nature nous y convie, appliquer sur une partie douloureuse et enflammée un topique aqueux, qui, s'il est froid, ne tarde pas à s'échauffer en appelant au dehors le calorique surabondant, se baigner, se laver, se gargariser pour rafraîchir et en même temps tonifier une muqueuse malade, engorgée, chaude; tout cela serait agir en désaccord avec les connaissances physiologiques

et pathologiques? Mais qui de nous n'a pas fait cela et ne l'a pas fait précisément pour être conséquent avec ce qu'on lui avait appris, avec ce qu'il avait lu dans les auteurs ? Faut-il encore ici appeler à notre aide la réaction vitale, les lois de l'équilibre de la transmission du calorique? Faut-il rappeler le vieil axiôme ubi stimulus ibi fluxus? Et fluxus s'entend ici aussi bien de flux de liquides que de flux de gaz, d’impondérables, calorique ou électrique. C'est grâce à ces flux que les vaisseaux se désobstruent, reprennent leur action, sortent de leur torpeur, que les exhalations, les excrétions, les sécréti ons reprennent leurs cours.

40 L'Académie ne peut en aucune façon l'approuver.

Nous espérons, au contraire, qu'elle révisera un jour ce procès fait à l'eau, qu'elle reviendra sur sa condamnation, qu'elle acquittera pleinement l'accusée, lui rendra ses droits et son rang, et enfin qu'elle avouera que s'il pouvait y avoir une panacée universelle, ce serait l'eau seule bien employée qui mériterait ce nom.

5o L'usage de l'eau froide est depuis long-temps du domaine de la médecine et soumis à des règles connues.

S'il est tout cela, il n'est donc pas une méthode dangereuse? c'est donc une pratique appuyée sur des faits? sa théorie n'est donc pas chimérique? elle n'est donc pas en désaccord avec les connaissances physiologiques et patholo-giques?

Nous sommes tout-à-fait de l'avis de M. le rapporteur pour -cette cinquième conclusion; mais nous voulons que l'on tire de l'arsenal médical l'eau presque oubliée par beaucoup de médecins ; nous voulons qu'on l'emploie et qu'on encourage tout le monde à l'employer. Étendons son usage le plus que nous pourrons ; et si un paysan illettré nous fait connaître

quelques nouvelles applications de l'eau, ne soyons point trop fiers, acceptons ces nouveaux moyens de guérir; souvenonsnous que bon nombre d'agents thérapeutiques bien moins rationnels ont passé de la médecine populaire dans la pratique médicale; souvenons-nous que le hasard a en apparence présidé à de bien merveilleuses et utiles inventions. Rappelons-nous l'usage étendu que les anciens faisaient de l'eau, et convenons que Dieu nous a donné l'eau pour la boire et pour nous purifier; de même qu'il l'a départie comme élément essentiel de la vie à toute la création.

LITTÉRATURE MÉDICALE FRANÇAISE.

ANALYSES D'OUVRAGES.

Traité des maladies nerveuses ou névroses, et en particulier de la paralysie, la chorée ou danse de Saint-Guy, l'hystérie, l'épilepsie, les névralgies internes et externes, la gastralgie, etc., etc.; par H.-H. MUSSET, D. M. P.

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Pour que l'intitulé de ce livre fùt une vérité, il faudrait le poser ainsi Traité de plusieurs maladies nerveuses ou névroses, savoir de la paralysie, de la chorée, de l'épilepsie, de l'hystérie, des névralgies internes et externes, de la gastralgie.

En effet, l'auteur ne dit pas un mot des névroses en général, et ce n'est pas en particulier, mais uniquement qu'il traite des maladies sus-indiquées. Sans nous parler des névroses, il entre en matière ex abrupto sur la paralysie qu'il divise en deux classes: 1° paralysie des facultés intellectuelles; 2o paralysie des facultés physiques. La première

partie consiste en sept ou huit citations de faits où il y a eu désordre de l'intelligence ou défaut de la mémoire. La deuxième partie est une longue suite d'observations et de citations, qui montrent au lecteur un grand nombre de variétés de pertes du mouvement et du sentiment. Ensuite viennent quelques réflexions générales très-justes sur les paralysies; et à l'article Traitement, l'auteur partage les paralysies en huit divisions qui doivent servir de bases à la thérapeutique : 1° paralysie par inflammation; 2° paralysie par relâchement ou adynamie; 3° par desséchement ; 4° par les préparations de plomb; . 5° par les dégénérescences de toute espèce ; 6o paralysies intermittentes; 7° paralysies anomales par frayeur, joie, etc.; S paralysie par cause bilieuse. Je laisse au lecteur le soin d'apprécier cette division, mais je dois dire que je n'ai pu comprendre la paralysie par desséchement. Notre auteur, pour toute explication et définition, nous en cite un exemple quelques pages plus bas. Voici le cas : « Une pauvre femme » veuve, mère de quatre enfants et qui allaitait le dernier, » tombe tout d'un coup en paralysie...... Je trouvai `cette » femme sans connaissance, privée de sensibilité, la bouche » fortement déviée à droite, ne pouvant remuer ni les bras »> ni les jambes; en un mot, raide comme un morceau de » bois. Je la fis fictionner avec de l'acide muriatique alcoo »lisé, elle revint peu à peu, elc. »

Cette pauvre femme, qui tombait d'inanition, fut, en peu de temps, restaurée par les sages conseils de M. Musset, et la générosité de ses parents et de ses voisins. Le spasme nerveux cessa, la chair revint dans ses muscles et le lait dans ses mamelles flétries: mais est-ce bien là une paralysie par desséchement? est-ce même une paralysie?

La chorée ou danse de Saint-Guy occupe la seconde place

dans le Traité des névroses: après avoir décrit la partie historique de cette maladie, l'auteur entre dans tous les détails sur son étiologie, ses symptômes et son siége. Il affirme qu'il n'a jamais mis plus de quarante-deux jours à guérir une danse de Saint-Guy, quelle que fût d'ailleurs son intensité. Il faut alors de deux choses l'une, ou qu'il n'ait rencontré qu'un petit nombre de choréiques, et que le hasard ait voulu qu'ils fussent dans des conditions très-favorables, ou que son traitement soit bien supérieur à celui des autres praticiens qu'on voit échouer très-souvent. Voici ce traitement, qui est le même pour l'épilepsie, et qui n'a jamais échoué non plus contre cette terrible maladie entre les mains de M. Musset: gelée de pieds de veau, une once, trois fois par jour; eau d'orge sucrée et lait pour boissons; une heure après chaque dose de gelée, une cuillerée à thé d'une potion anti-nerveuse, dont il nous laisse ignorer la composition; une heure encorc après, une petite soupe. Le bouillon qui sert à ce polage est fait avec moitié boeuf et moitié veau. Il fait frictionner deux fois par jour devant un bon feu avec un liniment alcoolisé depuis les pieds jusqu'à la tête, devant et derrière, le matin une heure après le lever, de peur d'interrompre la transpiration de coction, et le soir avant le coucher. Au reste, ce traitement est secondé, tant pour la chorée que pour l'épilepsie, par un régime convenable et très-varié selon les circonstances.

Pour nous, qui n'avons pas une confiance aussi entière dans ce traitement, nous le croyons cependant assez convenable dans la plupart des cas de chorée chez les enfants; nous avons vu et obtenu nous-même quelques succès par un traitement un peu analogue. Quant à l'épilepsie ancienne et bien confirmée, nous le croyons tout-à-fait impuissant

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