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ques ossifications aux valvules aortiques et dans les parois de l'aorte.

Réflexions Il suffit de rapprocher ces deux observations pour voir que le même appareil symptomatique peut résulter de lésions occupant exclusivement le cerveau et de lésions appartenant à la moelle.

En présence de pareils faits, on est obligé de convenir que dans certains cas, heureusement assez rares, le diagnostic différentiel est extrêmement difficile.

Le pronostic du ramollissement de la moelle est toujours très-grave, comme le prouvent les exemples que je viens de rapporter. Il ne faudrait pas croire cependant que la maladie est nécessairement mortelle, quand on peut l'attaquer à son début. Quand la partie qui doit être le siége d'un ramollissement n'est encore que congestionnée ou même infiltrée par le sang, un traitement anti-phlogistique actif, aidé par des révulsifs puissants et continué long-temps, peut entraver le mal et quelquefois même le détruire.

Je pourrais opposer aux six cas malheureux contenus dans cette note six autres cas dans lesquels des symptômes qui semblaient devoir faire craindre un ramollissement prochain de la moelle ont été dissipés.

Si je ne donne pas ici l'histoire de ces faits indiqués dans un précédent mémoire sur les maladies de la vieillesse, c'est que les notes que j'ai conservées à leur égard sont incomplètes.

Je dirai, en finissant, que la guérison doit être poursuivie avec persévérance quand on a lieu de croire que la paraplégie est la suite d'une simple compression de la moelle, même quand cette compression serait ancienne. Voici un fait bien encourageant sous ce rapport :

SEPTIÈME OBSERVATION.

Paraplégie depuis trois ans.-Exostose de la clavicule gauche.-Traitement par le mercure et les sudorifiques.-Disparition successive de l'exostose, de la clavicule et de la paraplégie.

Gateau, âgé de 40 ans, matelassier, d'une bonne constitution, d'un tempérament sanguin, est entré à Bicêtre le 30 mai 1852, par suite d'une paraplégie qui le mettait hors d'état de gagner sa vie. Le 20 août de la même année, il fut admis dans mon service. Il se plaignait de douleurs comme pleurétiques; il accusait aussi des douleurs dans les membres inférieurs, qu'il pouvait bien soulever dans son lit, mais sur lesquels il ne pouvait se soutenir. Le malade n'avait fait aucune chute, n'avait reçu aucun coup sur la colonne vertébrale; celle-ci n'offrait à l'examen le plus attentif aucune déviation; la pression sur les apophyses épineuses ne détermine aucune douleur. Je prescrivis plusieurs applications de sangsues sur la région dorsale et lombaire ; je fis un peu plus tard appliquer quelques vésicatoires volants. Ces moyens n'amenant pas le soulagement que j'en avais obtenu dans des cas à peu près semblables, je fis subir au malade un interrogatoire, dans le but de découvrir s'il avait ou n'avait pas eu de maladie vénérieunc. Sa réponse fut tout-à-fait négative. Cependant, vers la fin du mois de novembre 1832, je reconnus que la clavicule gauche était le siége d'une exostose qui déterminait des douleurs nocturnes peu intenses que le malade faisait remonter à un mois. Présumant qu'une exostose du corps d'une ou de plusieurs vertèbres pouvait comprimer la moelle, je m'applaudis de ma découverte, je résolus de soumettre le malade à un trai

tement qui pourrait le guérir et des douleurs intercostales qui le tourmentaient encore et de la paralysie des extrêmités inférieures qui le jetait dans le désespoir. Pressé de questions, Gateau avoua qu'en 1825 il avait eu un chancre à la verge, chancre, au reste, dont il ne restait plus de trace. Une cautérisation pratiquée par un herboriste guérit en trois jours cet ulcère qui datait de six semaines. Mais, bientôt des pustules vénériennes forcèrent le malade à entrer à l'hôpital des Vénériens. Là, il subit, dit-il, deux traitements par la liqueur. Il resta trois mois à l'hôpital et sortit guéri. Au mois d'octobre 1830, il se leva la nuit pour uriner, mais l'urine ne sortit que goutte à goutte. Il fit appeler un médecin qui lui conseilla une application de sangsues au périnée et lui passa des bougies dont il contracta l'habitude. Déjà, à cette époque, les jambes avaient peu à peu perdu leurs forces. Elles étaient quelquefois agitées de mouvements involontaires. Après quinze jours d'un traitement infructueux, Gateau prit le parti de se faire transporter à la Charité.Il y resta cinq mois, conservant et son impossibilité de marcher et sa dysurie. Pour changer de médecin, il passa à l'HôtelDieu. Là, il fut soumis à l'application de neuf moxas qu'on plaça le long de la colonne vertébrale et qu'on fit suppurer. Non-seulement il n'éprouva aucune amélioration; mais, de plus, il ressentit de violentes douleurs dans la région lombaire. Enfin, en désespoir de cause, il se fit porter à l'hôpital Saint-Louis où on lui administra, sans aucun succès, un grand nombre de bains de vapeur. C'est de Saint-Louis que Gateau a été dirigé sur Bicêtre, comme atteint d'une paraplégie incurable. Ces renseignements me confirmèrent pleinement dans la marche que j'avais adoptée. Pendant deux mois le malade prit chaque jour cinq centigrammes de deu1840. T. IV. Décembre.

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10-chlorure de mercure. Chaque jour aussi il but cinq verres de tisane sudorifique. Sa principale nourriture consista en lait. Au commencement de janvier, c'est-à-dire un mois après l'administration des premières doses de mercure, l'exos↳ 1ose de la clavicule avait diminué, elle disparut à la fin dú même mois. A cette même époque, les douleurs intercostales et les douleurs des jambes étaient à peine sensibles. Le 10 février, Gateau reconnut avec joie qu'il pouvait se soutenir sur ses jambes et même faire quelques pas. Depuis, il a fait de continuels progrès, et le 22 avril 1833, il a pu sori tir de l'infirmerie bien portant et libre de tous ses mouve

menis.

On trouve un fait analogue, dans les Mémoires de l'Aca démie de chirurgie, tome 4, page 141. Cette observation est due à Houstel..

QUELQUES RÉFLEXIONS

Sur le Rapport de M. ROCHE à l'Académie de médecine,

TOUCHANT L’HYDROTHÉRAPIE;

PAR M. RICHE,
Docteur-Médecin à Obernay.

Les médecins de province apportent en naissant le plus profond respect pour l'Académie de Médecine, cette voie lactée, dont les innombrables et brillantes lueurs, réfléchies el concentrées dans les journaux, éclairent le monde médical. Mais, hélas! comme dans la voie lactée céleste, on rencontre dans la voie lactée médicale des points peu lumineux,

obscurs même. Alors le pauvre médecin de province erre, abandonné à ses propres lumières, obligé de s'éclairer de sa propre lanterne, comme les habitants de quelques petites, villes, dont l'administration laisse à la lune la charge de l'éclairage.

Ceci peut servir d'introduction à quelques réflexions sur le rapport de M. le docteur Roche, touchant ce qu'on appelle en grec l'hydrothérapie, et en français l'usage médical de l'eau.

Avant tout, nous ne pouvons que témoigner à l'Acadé mie de Médecine notre reconnaissance pour sa paternelle sollicitude. Soumettre les médecins étrangers aux mêmes formes et aux mêmes réglements que les médecins indigènes, n'est que stricte justice rendue à ces derniers. Plût à Dieu que, sous d'autres rapports, justice leur fût rendue aussi par la création d'une bonne loi sur l'exercice de la médecine.

Mais nous ne pouvons laisser passer condamnation sur l'usage de l'eau dans les maladies, et nous croyons de notre devoir, non de nous constituer l'avocat des médecins allemands ni de l'Allemagne, qui, cependant, est trop peu connue et trop peu appréciée chez nous, mais de l'eau.

La Providence ayant répandu cet élément de la vie avec la plus grande libéralité sur notre globe, il est tout naturel que cet élément ait dû être d'abord employé dans les maladies des premiers hommes. Il est permis même de croire qu'il constituait, dans le principe, toute la matière médicale.

Nous admettons encore, quoique avec un peu plus de restriction, que les formes diverses de l'emploi de l'eau ont été bien précisées, que l'eau a été préconisée dans les traités généraux et spéciaux de pathologie et de thérapeutique; mais,

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