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jour on ajouta un peu de sucre au suc de citron. En huit jours il en consomma soixante, et chaque jour la quantité d'urine rendue augmentait, les selles étaient abondantes, car les lavements devenaient superflus. Au bout de quinze jours, pendant lesquels il avait avalé le suc de quatre-vingtdix-sept citrons, le malade était devenu un autre homme. Sauf l'œdème des pieds et des mains qui était devenu toutà-fait insignifiant, il n'avait aucun symptôme d'hydropisie. Il fut mis alors à l'usage de la limonade, des viandes blanches et d'un peu de bière. Le suc de citron fut continué; car en quinze jours il en consomma de nouveau deux cents. Ses forces commencèrent à se rétablir, et sa maigreur extrême, après la disparition des liquides, fit place à un embonpoint modéré, et au bout de neuf mois, l'état du malade n'a pas cessé d'être satisfaisant. Il vaque sans peine å toutes ses occupations, sans toutefois cesser l'emploi du suc de citron, qui seul a le pouvoir de calmer la toux légère dont il est encore affecté! L'auteur rapporte un autre cas semblable au précédent, où le même moyen a été suivi d'un égal succès.

(Casper's Wochenschrift, 1839, n° 16 et 17.)

IV. De l'ulcère perforant de l'estomac; par le professeur Kokitansky, Vienne. - Baillie est le premier qui ait parlé de cette maladie dans son Manuel d'anatomie pathologique. Voigtel en rapporte plusieurs cas empruntés à différents auteurs; mais M. Cruveilhier (Rev. méd., t. 1, p. 236, an. 1838) a le mérite d'avoir établi les caractères symptomatiques et anatomiques de cette maladie. Elle doit être très-commune à Vienne, puisque l'auteur de cet article prétend en avoir observé au-delà de cent cas. La perforation est en général circulaire, elle a trois lignes et plus de diamètre du côté du péritoine; ses bords sont coupés à pic comme si le trou

avait été fait à l'aide d'un emporte-pièce. Vue en dedans, la perte de substance paraît surtout avoir affecté la muqueuse, puisque les bords paraissent amincis en allant de dedans en dehors. Les parois stomacales sont épaissies dans le voisinage de l'ulcération et la muqueuse est tuméfiée. Elle siége habituellement du côté du pylore; une seule fois l'auteur l'a observée dans le grand cul-de-sac. C'est le plus souvent à la partie postérieure des parois, près de la petite courbure ou sur elle, qu'on la rencontre: c'est aussi dans cette région que l'on trouve le plus souvent des cicatrices. C'est là une différence notable qui distingue cette maladie du ramollissement de l'estomac. Les ulcérations se montrent rarement près du pylore hors de l'estomac ; l'auteur ne les a jamais trouvées qué dans la portion horizontale du duodénum, mais jamais dans les autres parties du canal intestinal. Sur soixante-neuf cas il a vu vingt fois la perforation sur la paroi postérieure de l'estomac, quinze fois à la petite courbure; cinq fois à la paroi antérieure; seize fois près du pylore; six fois dans le duodénum; seize fois à plusieurs places à la fois, mais surtout aux parois antérieures et postérieures de l'estomac à la fois; une fois à la grande courbure. Ce dernier cas s'est trouvé chez un batelier âgé de trente ans, qui depuis sept ans avait eu de fréquentes hématémèses. Le trou était à deux pouces au-dessous du cardia, il était circulaire et de la grandeur d'une pièce de cinquante centimes. La muqueuse était plissée autour de la perforation en forme de rayons et elle s'était repliée en dehors. Lå elle était en contact avec un tissu cellulo-fibreux qui faisait adhérer la rate à l'estomac. L'estomac était rempli d'un liquide brun verdâtre mêlé de mucosités; ses membranes étaient pâles, tuméfiées et ramollies à leur paroi postérieure. Les poumons étaient partiellement hépatisés, le foie et la rate bypertrophiés. La grandeur de l'ulcère

varie depuis celle d'un centime jusqu'à celle d'une pièce de cinq francs et même plus. Sur soixante dix-neuf cas l'ulcère s'est trouvé unique soixante-deux fois, double dans douze cas, triple dans quatre cas, quintuple chez un seul malade quelquefois ils ne sont séparés que par l'orifice pylorique, de façon qu'il y a un double passage de l'estomac dans le duodénum, l'un normal, l'autre pathologique. Ils sont ordinairement circulaires; cependant les grandes ulcérations sont quelquefois elliptiques; quand ils deviennent encore plus grands, alors leur forme devient aussi plus irrégulière. Quelquefois l'ulcération s'étend transversalement dans l'estomac, plus rarement circulairement; dans ces cas la forme primitive de l'ulcère disparaît totalement. L'auteur pense que la maladie commence par un ramollissement partiel de la muqueuse. Quand il ne s'étend pas au-delà de la muqueuse, alors la membrane celluleuse s'épaissit, rapproche les bords de l'ulcération et amène la cicatrisation. Ces cicatrices doivent être considérées comme le résultat d'ulcères perforants, attendu qu'elles se trouvent dans la région qu'ils occupent le plus souvent, que souvent ils les accompagnent et que leurs symptômes commémoratifs démontrent qu'une semblable altération doit avoir existé précédemment. Dans ces cicatrices on remarque souvent qu'elles servent de point d'attache aux fibres musculaires devenues adhérentes, et qu'il doit en résulter une modification notable dans les phénomènes de contraction et de dilatation de l'organe. L'ulcération marche avec une certaine lenteur; si l'organe ne contracte pas d'adhérence avec un organe voisin il résulte de la destruction des trois tuniques stomacales un épanchement mortel dans l'abdomen, sinon la mort peut être retardée. Dans un cas l'auteur a vu la rate, dans l'autre la paroi antérieure de l'abdomen boucher ainsi la perforation.

Dans ces cas la musculaire finit par s'éloigner des bords, mais la muqueuse se renverse en dehors et entoure les bords de l'ulcération, il se forme ensuite un petit cul-desac qui communique avec l'estomac. Dans deux cas où la muqueuse seule avait été détruite, l'auteur à même vu un pareil cul-de-sac se former dans le tissu cellulaire sousséreux de la muqueuse. Il est des cas où l'ulcération continue dans l'organe adhérent; c'est ainsi que l'auteur en a vu un où le diaphragme fut perforé et même le poumon attaqué; il en est d'autres où elle gagne les gros vaisseaux ou les canaux excréteurs du pancréas. Quand la cicatrisation a lieu après des désordres aussi graves, alors elle est accompagnée d'une déformation très-marquée de l'estomac.

Passant à la symptomatologie l'auteur partage le cours de la maladie en trois périodes. La première est caractérisée par des douleurs d'estomac et des digestions difficiles qui durent souvent des années entières. La seconde par des douleurs vives et des vomissements, la troisième par des symptômes de péritonite. Il n'a jamais vu comme M. Cruveilhier la perforation avoir lieu à la suite de grands efforts musculaires. L'ulcération consécutive d'un organe voisin se trahit par des douleurs très-vives et des hématémèses dont la première est souvent mortelle. Quelquefois aussi la dysenterie s'associe à l'ulcère de l'estomac. Après la cicatrisation il y a une tendance marquée aux récidives, ce dont témoignent les nombreuses cicatrices que l'on trouve dans l'estomac des malades.

L'étiologie de cette maladie est très-obscure, on ne saurait la rattacher à aucune cause constante. Sur soixante dix-neuf cas il y avait quarante-six femmes et trente-six hommes. Parmi les femmes dix-huit avaient cinquante ans passés, quinze moins de trente ans, trois de seize, dixsept et dix-huit ans. Parmi les hommes, douze avaient plus

de cinquante ans et six moins de trente; un seul n'avait que dix-sept ans. L'auteur reconnaît combien il est difficile de distinguer cette maladie à son début du cancer de l'estomac. Cependant l'absence des symptômes qui indiquent un obstacle au passage des aliments dans le duodénum lui paraît caractéristique. Ainsi on n'observe pas de vomissements trois ou quatre heures après le repas, ni de dilatation avec réplétion habituelle de l'estomac. Les vomissements couleur chocolat sont plus rares et des améliorations momentanées viennent quelquefois suspendre la marche de la maladie.

(Annuaire médical autrichien, vol. xvш, p. 2, 1839).

IV. - Édit contre le charlatanisme médical à Constantinople. D'après un article inséré dans l'un des derniers numéros d'un journal turc, le sultan s'efforce de mettre un terme au charlatanisme médical, entreprise dans laquelle la plupart des états européens ont échoué et que quelques-uns n'ont pas même eu le courage de tenter. Et cependant les villes d'Europe sont habitées par des hommes dont l'état social est comparativement plus avancé, elles regorgent de médecins pleins de zèle et d'instruction, tandis que Constantinople est et sera encore long-temps le refuge des intrigants ou charlatans secondaires qui n'ont pas eu l'esprit ou le bonbeur de faire fortune en Europe. Cet article nous donne aussi l'idée de la délicatesse des Turcs qui parlent librement d'une maladie dont le nom seul effarouche les chastes oreilles de l'homme du monde en Europe. Voici le fait : Un homme, nommé Hassan, demeurant au bazar des Travailleurs, prétendait pouvoir guérir les maladies vénériennes et d'autres affections contagieuses. Il avait déjà distribué des médicaments à plusieurs personnes notables, et enfin il avait administré des pilules d'arsenic et de mercure 1840. T. IV. Octobre.

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