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laquelle, par son moyen, correspondrait à toutes les fibres les plus délicates du corps dans lequel elle se trouverait placée elle ressentirait ainsi toutes les impressions des sens extérieurs par le contact immédiat de cet atome avec les fibrilles invisibles du cerveau et les filamens des nerfs dont les ébranlemens sont l'origine de toutes les sensations; et le lien qui les attacherait l'une à l'autre serait tellement indissoluble, que l'on ne saurait concevoir la présence et l'action de l'ame comme principe de vie et d'intelligence, sans concevoir en même temps la présence et l'action réciproque de l'atome organique auquel elle serait éternellement unie.

Voici donc, en résultat, l'ordre des idées sur lesquelles on peut établir l'opinion qui me semble se concilier le mieux à ce sujet avec la portée de notre intelligence et les seules lumières de la raison.

DIEU seul est un esprit pur, une intelligence parfaite et souveraine, sans mélange d'aucune autre substance: il est essentiellement UN.

Tous les êtres qu'il a créés, qui sont hors de lui et qui forment l'ensemble que nous

appelons la nature, sont composés et variés par d'innombrables nuances depuis la plus petite parcelle de matière brute jusqu'à l'être organisé doué d'intelligence.

Il résulte de ce mélange et de ces nuances, dont la dégradation devient imperceptible, que la dernière particule indivisible de la matière a beaucoup d'analogie avec une substance spirituelle plus ou moins parfaite, et peut s'y trouver unie par une espèce de contact qui doit nécessairement faire éprouver à l'une tous les mouvemens de l'autre.

On peut prendre une idée assez exacte de cette union en considérant que le feu élémentaire, par exemple, invisible, insensible et presque immatériel, selon la définition que nous donnons de la matière, s'unit très-bien cependant à des particules grossières, et par cette union y produit la flamme qui n'est elle-même qu'un être mixte composé de cette substance impalpable et des parcelles d'un corps.

D'après cela, voici comment on peut concevoir la gradation des êtres intelligens qui, hors de Dieu, se classent distinctement dans un ordre naturel, et ne diffèrent entre eux que par la dissemblance des élé

mens plus ou moins parfaits dont ils sont composés.

Dans le premier rang se trouvent les anges, substances spirituelles unies à des sens d'une pureté parfaite, et dégagée de tous les germes de corruption et de dépérissement nécessairement attachés à la matière que nous apercevons sous la forme d'un corps.

Au second rang se trouve l'homme, être mixte, composé d'un corps et d'une substance spirituelle intimement unie à un atome organique intermédiaire, imperceptible foyer de toutes les sensations et susceptible d'un parfait développement au moment de la mort; mais, pendant la vie, tenant à toutes les impressions de la matière par son contact avec les innombrables fibrilles du cerveau, substance douée de la faculté de sentir et de penser, immortelle, non précisément parce qu'elle est immatérielle, mais à cause de sa moralité, et parce que tous les rapports qui l'attachent à l'existence dépassent le terme fixé par la nature pour la dissolution des organes qui la renferment.

Au troisième rang se trouve l'animal, être composé d'une partie matérielle et d'une substance sensitive, atome organique ayant

tion;

la faculté de recevoir des sensations et de combiner méthodiquement quelques idées relatives à ses jouissances et à sa conservamais destructible à la mort de l'animal, n'ayant ni moralité, ni raison, ni faculté de penser, et parce qu'aucun des rapports qui l'attache à l'existence n'excède le terme que la nature a fixé pour sa dislution.

Il y a donc dans l'animal comme dans l'homme une substance organique sémimatérielle qui a la faculté de recevoir des sensations, comme les cordes d'un instrument ont la faculté de recevoir des vibrations et de rendre des sons: la différence qu'il y a entre l'homme et l'animal, c'est que dans l'animal cette faculté n'est dirigée que par une puissance presque mécanique qui forme l'instinct, au lieu que dans l'homme cette faculté est dirigée par une puissance intellectuelle qui, au moyen du langage articulé, compare les idées acquises par les sensations, en forme le raisonnement, en tire des principes de sciences, de morale, de justice et de religion; en deux mots, le sentiment et la raison, qui font le caractère de l'homme aussi distinctif

qu'ineffaçable; caractère qui, s'il n'existe pas au même degré dans tous les êtres humains, peut toujours dans chaque individu sainement conformé, s'acquérir et se perfectionner par l'effet de son éducation sociale, et des dispositions plus ou moins heureuses et plus ou moins développées de sa constitution organique.

Quoiqu'en saine logique on ne puisse pas nier que Dieu a pu donner à la matière, dont les élémens nous sont inconnus, la faculté de sentir et de penser, cependant il est si difficile, d'après la mesquine rigueur de nos définitions, d'admettre qu'une pure machine puisse avoir des sensations et des idées, qu'il faut nécessairement recourir à cet être intermédiaire dont nous venons de parler. Il suffit de concevoir que, dans le nombre des substances créées, il en existe une dont la ténuité est assez extrême pour qu'elle puisse s'approcher, s'unir et, pour ainsi dire, s'amalgamer avec une substance spirituelle. Ce dernier moyen est probablement celui que l'éternelle sagesse a choisi pour unir intimement l'ame humaine à une parcelle de cette matière imperceptible dont la réelle existence peut seule donner

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