Choses vues: Nouvelle série

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Calmann Lévy, 1906 - 336 pages
 

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Popular passages

Page 278 - La république nous appelle ; Sachons vaincre, ou sachons périr ; Un Français doit vivre pour elle, Pour elle un Français doit mourir.
Page 333 - Bastille, il se fait autour du corbillard une garde d'honneur spontanée de gardes nationaux qui passent le fusil abaissé. Sur tout le parcours jusqu'au cimetière, des bataillons de garde nationale rangés en bataille présentent les armes et saluent du drapeau. Les tambours battent aux champs. Les clairons sonnent. Le peuple attend que je sois passé et reste silencieux, puis crie : Vive la République!
Page 203 - M. de Chateaubriand est mort le 4 juillet 1848 à huit heures du matin. Il était depuis cinq ou six mois atteint d'une paralysie qui avait presque éteint le cerveau et, depuis cinq jours, d'une fluxion de poitrine qui éteignit brusquement la vie. La nouvelle parvint, par M. Ampère, à l'Académie qui décida qu'elle ne tiendrait pas de séance. Je quittai l'Assemblée nationale où l'on nommait un questeur en remplacement du général Négrier tué dans les journées de Juin, et j'allai chez...
Page 54 - Mars joue son rôle honnêtement et fidèlement, mais en rit, même devant moi. Michelot joue le sien en charge et en rit, derrière moi.
Page 333 - Il y avait partout des barricades qui nous ont forcés à de longs détours. Foule au cimetière. Au cimetière, dans la foule, j'ai reconnu Millière, très pâle et très ému, qui m'a salué, et ce brave Rostan. Entre deux tombes, une large main s'est tendue vers moi et une voix m'a dit : « — Je suis Courbet. » En même temps j'ai vu une face énergique et cordiale qui me souriait avec une larme dans les yeux. J'ai vivement serré cette main. C'est la première fois que je vois Courbet.
Page 67 - C'est plus que beau, c'est magnifique. « Moi. — Vraiment, là, magnifique ? « M. VIENNET. — Oh! magnifique! « Moi. — Voyons, cela vaut-il Zaïre ?
Page 240 - Son regard est à la fois trouble, pénétrant et fixe. 11 ya du doguin dans son nez presque camard, et du singe dans son collier de barbe. Sa bouche, dont la lèvre inférieure est épaisse, a l'expression habituelle de l'humeur. Il a l'accent franc-comtois, il précipite les syllabes du milieu des mots et traîne les syllabes finales; il met des accents circonflexes sur tous les a, et prononce comme Charles Nodier : honorable, remarquable. Il parle mal et écrit bien.
Page 130 - Il y avait dans la voiture une femme en chapeau rosé, en robe de velours noir, fraîche, blanche, belle, éblouissante, qui riait et jouait avec un charmant petit enfant de seize mois enfoui sous les rubans, les dentelles et les fourrures. Cette femme ne voyait pas l'homme terrible qui la regardait. Je demeurait pensif.
Page 130 - ... riche, ce spectre rencontrait cette gloire; mais on ne se regardait pas; on passait. Cela pouvait durer ainsi longtemps. Du moment où cet homme s'aperçoit que cette femme existe, tandis que cette femme ne s'aperçoit pas que cet homme est là, la catastrophe est inévitable.
Page 15 - Saint-Bertin, comme Villers, comme Holyrood, comme l'abbaye de Montrose, comme le temple de Paestum, comme l'hypogée de Thèbes, devient presque un élément et a la grandeur virginale et religieuse d'une savane ou d'une forêt. Il ya là de la présence réelle. Ces lieux-là sont vraiment saints; l'homme s'y est recueilli. Ce qu'ils ont contenu de vérité est resté et a grandi. L'à-peu-près n'ya plus la parole. Les dogmes éteints n'y ont point déposé leur cendre, la prière passée ya laissé...

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