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tions, Elle n'auroit pas pris la resolution qu'Elle a prife, telle qu'elle eft ci jointe fub Num. 2.

Car à dire vray, MESSEIGNEURS, je laiffe indecis fi Monfr. de Moermont & le Soufigné n'avoient pas lieu de foutenir, qu'ils étoient fiflez par les Domeftiques de Monfr. Menager, & jufques ou dans ce cas nous aurions pu étendre nôtre reparation, d'autant qu'au moins, lors que cela s'eft fait, nous étions dans le Caroffe, mais de vouloir tirer en doute (comme il femble que Monfr. Menager le veut faire dans fon Factum Art. 8.) fi des grimaces & geftes indecens faits par des Laquais à d'autres laquais, qui fe trouvent fur le Caroffe où le Maitre eft dedans, foient des infultes, c'ett tout à fait contre la droite raison puis qu'une infulte fe fait auffi bien par des geftes. & par des grimaces, que par des paroles, & par des actions; mais il paroit, comme fi Monfr. Menager avoit cru qu'on pût nous fifler infamement, & que bien loin d'avoir fongé à nous donner quelque reparation raifonnable, il a taché de couvrir l'infulte de fes Domeftiques, & de les proteger contre le droit des gens, qui veut que les Domeftiques & les Carofles foient auffi

inviolables que leur Maitres, contre le Reglement de police ci-joint fub Litt. E. & contre la propre promeffe donnée la premiere fois, favoir le 20. de Juillet, au Secretaire Rumpf, uti fub B. & reiterée le même jour par le Gentilhomme de Monfr. Menager au Comte de Rechteren, vide narationem facti fub No. 3. & 4. ce qui ne peut pas être nié par le Gentilhomme même.

Mais il paroit que Monfr. Menager (non contant d'avoir avancé cette théle) dou tant, fi fifler les laquais des Plenipotentiaires de l'Etat êtants derriere le Caroffe de leur Maitres, foit une infulte,

com

me il le dit dicto Art. 8. de fon Factum, l'a auffi decidée reellement par fon refus de fatisfaction.

Il va encore plus loin, puis qu'il paroît qu'il veuille fouftenir que c'est violer le droit des gens, quand un laquais d'un Ple nipotentiaire de l'Etat, attaque un de fes laquais (pour un affront receu dont il n'a pu obtenir reparation) à un bout du mail lorf-que Monfr. Menager fe promene l'autre, & que c'eft une affaire qui regarde le Roi, paffant ainffi par deffus l'infulte faite par fes Domestiques à ceux des PlenipoM 3

ten

tentiaires de l'Etat, étant deriere le Caroffe ou leurs Maitres étoient dedans, tout de même comme fi une grande infulte portée aux Miniftres de l'Etat, ne feroit pas une infulte, & qu'une moindre portée à lui, renfermeroit une violation du droit des gens & regarderoit le Roi, Cependant il eft evident qu'une infulte faite à des Domestiques étant deffus le Caroffe où leúrs Mai tres font dedans, eft bien plus grande que celle qui fe fait à un Domestique d'un Miniftre étant fort éloigné de fon Maitre.

C'eft la proprement l'état de la question, Mefleigneurs, dont il s'enfuit neceffairement, que felon les principes de Monfr. Menager, non feulement fes Domestiques pouroient infulter impunement des Plenipotentiaires de l'Etat, mais auffi, que le fort des Plenipotentiaires de l'Etat dependroit de l'action d'un laquais.

ceux

Et comme le premier point de cette po fition à l'égard des laquais du Soufigné s'enfuit du refus de Monfr. Menager, à n'avoir voulu donner aucune reparation de l'infulte que les Domeftiques du Soufigné avoient reçue.

Il femble que la Cour de France entre

auffi dans le fecond point de cette pofition, en demandant le rappel du Soufigné fans autre connoiffance de cause.

Cependant quoi qu'il en puiffe être des fentimens de Monfr. Menager, pour moi je puis dire, que j'ai été trente & deux ans dans le Gouvernement, & que j'y ai eu l'honneur de remplir les premieres Charges, que c'est à cette heure près d'onze ans, que j'ai l'honneur d'être revêtu par V. H. P. du caractére tant de Miniftre publicq, que de Leur Deputé à Leur Armées, mais que julques ici, je n'ay pas encore entendu avancer de tels fentiments; auffi j'avoue franchement, que je ne pretens nullement être le premier, à qui Monfr. Menager appliquera cette nouvelle maxime, & en fera la premiere preuve.

Voilà MESSEIGNEURS, le fait & la juftification de la conduite du Soufigné à l'égard de l'affaire en question, dans tout fon jour.

Toutesfois le Soufigné feroit au defespoir que le publicq dût fouffrir la moindre chofe pour lui, bien moins qu'il dut fervir d'obftacle à l'avancement de la paix, ouvrage d'autant plus falutaire & fouhaitable pour toute la Chrétienté, que Sa Majefté TresM 4 Chré

Chrétienne à bien voulu declarer dans les Preliminaires qu'Elle la feroit telle, que toutes les parties engagées dans la Guerre prefente fans en excepter aucune, y trouveroient leur fatisfaction raisonnable.

Ainfi pour prouver que rien au monde ne m'eft plus cher que ma Patrie, & pour témoigner, que je fuis, pas feulement, prêt de facrifier ma Commiffion, mais même ma vie, s'il fut befoin, pour la rendre heureufe; je viens avec tout le refpect poffible pour remettre ma Commiffion entre les mains de Vos Hautes Puiffances, comme je prens la liberté de le faire par celle ci, en leur rendant treshumblement graces pour tous les bien-faits, dont Elles ont bien voulu m'honorer pendant le cours d'environ onze années de Miniftére, tant en qualité de Deputé à leurs Armées, qu'en qualité d'Envoyé extraordinaire à plufieurs Cours, & Plenipotentiaire pour la Paix. Souhaitant au refte tres ardemment MESSEIGNEURS, que le Ciel veuille combler leur Perfonnes & Gouvernement de toutes fortes de benedictions. Fait à la Haye ce 5. Septembre. 1712.

Le Comte de Rechteren.

Remar

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