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SECRETS

POUR SERVIR A L'HISTOIRE

DE LA

REPUBLIQUE DES LETTRES
EN FRANCE,

DEPUIS MDCCLXII JUSQU'A NOS JOURS;

OU

JOURNAL

D'UN OBSERVATEUR,
CONTENANT les Analyfes des Pieces de Theatre qui
ont paru durant cet intervalle; les Relations des
Afemblées Littéraires; les Notices des Livres nou-
veaux, clandefins, prohibés; les Pieces fugitives,
rares ou manufcrites, en profe ou en vers; les
Vaudevilles fur la Cour; les Anecdotes & Bons
Mots; les Eloges des Savans, des Artifles, des
Hommes de Lettres morts, &c. &c. &c.

PAR FEU M. DE BACHAUMON T.
TOME

A L

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SEPTIEM E.

buc propius me,
vos ordine adite.

HOR. L. II, Sat. 3. vs. 81 & 82.

ONDRES,

HEZ JOHN ADAM SOHN.
MDCCLXXV I I

ASTOF

LIBRARY

NEW-YORK

αρ

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POUR SERVIR A L'HISTOIRE DE LA

RÉPUBLIQUE DES LETTRES EN
FRANCE, DEPUIS MDCCLXII,
JUSQU'A NOS Jours.

L'AN MDCCLXXIII.

1 Juin. Le Sr. La Borde eft fi atterré de l'abandon de Mlle. Guimard, qu'il en a contracté une mélancolie affreufe. Quand fon fervice auprès du Roi fera fini, ce qui arrive au 1er. Juillet, il va voyager, pour difliper ces vapeurs & perdre le fouvenir de l'infidele. La mufique même lui eft devenue odieufe, & il femble vouloir y renoncer auffi. Il écrit que cet art, dont il faifoit fon amufement, lui a donné plus de chagrin, fufcité plus de tracafferies que les affaires les plus triftes & les plus épineuses.

4 Juin 1773. On a joué hier Térée & Philomele. Ce fujet, tiré de la fable que tout le monde connoît, & qui occafionna, il y a douze ans, une chûte à M. le Miere, n'a pas été plus favorable à M. Renout. La piece eft abfolument tombée, & ne s'eft foutenue jufqu'à la fin de la premiere repréfentation, qu'à la faveur du jeu des acteurs, & graces à la bonhommie du Parterre, dont la patience devient de plus en plus admirable. C'eft fans doute déja une grande malTome VII.

A 2

adrefie que de choisir un trait auffi atroce & auffi ingrat. Le caractere de Terés eft d'une horreur dégoûtante. Le refte eft à l'avenant. Nulle entente du théâtre dans cette tragédie, mortellement longue, & qui ne mérite aucune discuffion.

7 Juin 1773. On a parlé du procès fingulier que s'étoit fufcité à Londres M. le Comte de Lauraguais, en laiffant marier fa maîtreffe, qu'il avoit plaifamment qualifiée du titre de Comteffe du Tonneau, avec fon Secrétaire, & en continuant de vivre avec elle. Celui-ci, après avoir paru fe prêter fourdement à ce commerce infâme, a accufé fon maître d'adultere, & lui a fait un procès criminel, fans doute pour en tirer de Pargent. Le Seigneur dont il est question, naturellement facétieux & qui aime à écrire, en a pris occafion de faire un Mémoire intitulé: Pour moi & par moi. Puis il détaille fes noms & fes furnoms. Rien de plus original que ce pamphlet, où fe livrant à la folie la plus extrême, il dit tout ce qui lui paffe par la tête, avec cette tournure qui lui eft propre. Dans le galimathias où le plonge fon imagination vagabonde, on trouve des faillies charmantes. Il a dédié ce burlefque ouvrage au Duc fon pere.

9 Juin. La Politique naturelle,oy Difcours fur les vrais principes du Gouvernement, par un ancien Magiftrat, dont on a annoncé le titre, Acquiert la plus grande vogue & paffe pour le

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