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de femmes avec eux, ils convinrent que toutes celles qui aborderoient, auroient 8 jours pour fe choifir un mari parmi les jeunes infulaires; fi non qu'elles partiroient fur une nacelle, à la merci des flots. Fontalbe regrette Belinde, qui l'a quité dans fon voyage, en paffant de fon navire fur un autre. Il la croit infidelle; & n'efpérant plus la revoir, il promet fa main à Marijeune jardiniere, qui regrette un peu Blaife, fon amant, auffi jardinier; mais fon abfence, & la vanité d'être la femme du gouverneur, lui font accepter avec joie les offres de ce dernier. Cependant Blaife arrive dans l'ifle,avec des richeffes; il fe félicite d'y retrouver Marine, dont il eft accueilli avec des airs de prétention & de fierté qui l'offenfent. Il veut oublier cette infidelle; mais fes efpérances fe raniment à l'arrivée de Belinde. Celle-ci a d'abord beaucoup à fouffrir de fon amant, qui lui fait l'injuftice de la croire perfide. Enfin, elle le défabufe par une lettre de l'ami qui l'avoit trahi. Fontalbe quitte Marine pour reprendre Belinde, & Marine eft trop heureufe que Blaife veuille encore l'époufer. Cette piece a eu beaucoup de fuccès, & l'excellente musique de Sacchini n'y a pas peu contribué.

Les mêmes comédiens avoient donné la veille la Réduction de Paris, drame, ou piece, en 3 aces, par M. du Rozoy, avcc des ariettes.

Le 20 Septembre, on donna fur le théâtre françois, la premiere repréfentation du Célibataire comédie en actes, en vers, du Sr. Dorat. Terville & Julie, élevés enfemble chez Montbriffon, oncle du premier, & tuteur de la feconde, éprouvent l'un pour l'autre la plus vive paffion; mais Terville, qui regarde le mariage comme un joug accablant, s'eft youé au célibat,

& tâche d'engager le comte de Verfeuil, fon ámi, à donner la main à Julie; il croit ainfi échapper aux preffantes follicitations de fon oncle, qui voudroit lui faire époufer cette aimable perfonne. Terville ignore que le comte de Verfeuil eft uni par un hymen fecret à une jeune veuve, & il effaie de nouer une intrigue avec elle, pour fe détourner d'un engagement férieux, il met dans fa confidence le comte, qui rit d'être le dépofitaire des projets amoureux que fon ami a fùr fa femme. Montbrillon fait d'inutiles efforts pour détruire la prévention de fon neveu contre le mariage; & la comteffe, defirant le bonheur de Julie, la défabuse fur le comte de Verfeuil, qui ne peut l'époufer: elle lui confeille, en même tems, de diffimuler fon penchant, & de paroitre aimer l'ami de Terville, pour exciter, s'il eft poffible, la jaloufie de ce dernier elle y réuffit en effet. Cependant, un riche & vieux garçon, St. Géran, oncle de Verfeuil, s'ennuie du célibat, & propofe fa main à la comteffe, qu'il croit libre; mais fça-, chant que fon neveu l'a prévenu, il tourne fes vues fur Julie, & n'eft pas plus heureux auprès: d'elle: cette jeune perfonne, qui n'aime que Terville, & ne fçauroit aimer que lui, forme le deffein de s'enfermer dans un cloître, fi elle ne peut devenir fon époufe: elle écrit à fon tuteur pour l'inftruire de ce projet. Montbriffon, attendri, fait à Terville de nouvelles repréfen-, tations qui n'ont pas plus de fuccès que les premieres: ce jeune homme, tour-à-tour combattu par fa prévention & par fon amour veut prendre la fuite; mais la lettre touchante & paffonnée de Julie, que fon oncle lui donne à lire l'arrête, diffipe fes préjugés, & le détermine à. époufer fon amante. Cette comédie a mérité core plus de fuccès qu'elle n'en a eu.

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L'académie royale de musique repréfenta, pour la premiere fois, le 26 du même mɔis, Alexis & Daphné, pastorale, & Philémon & Baucis, ballet héroïque. Les paroles font du Sr. de Chabanon, & la mufique eft du Sr. Goffec. Le fujet de la paftorale eft tiré d'une idylle charmante du Sr. Gefner, intitulée La Jaloufie. Alexis, amant de Daphné, voit avec inquiétude, auprès d'elle, à fon retour dans le hameau Myrtil, nouveau berger, qu'il ne connoit point. Tandis qu'il fe cache aux yeux de fa maîtreffe pour dévoiler fa trahifon, Daphné s'avance avec Myrtil, & l'un & l'autre vont attacher des guirlandes à l'autel de Vénus: ils fe retirent enfuite dans la cabane de Myrtil. Perfuadé de l'infidé lité de fa bergere, Alexis conjure Vénus de rejetter fa demande. Il fe tient derriere l'autel, appercevant encore Myrtil & Daphné, qui viennent pendant la nuit, couronner de fleurs la déeffe. La bergere la fupplie de ramener dans le hameau, Alexis, qu'elle aime toujours. Celuici paroit, & tombe aux genoux de fon amante, en lui renouvellant les fermens de fa tendreffe; Daphné s'écrie alors, en s'adreffant à Myrtil: Ah! mon frere! c'est lui que le ciel me renvoie! Alexis reconnoit fon erreur, & fait l'aveu de fes injuftes foupçons. Vénus defcend, avec fa fuite, fur un char lumineux & affure le bonheur des deux amans. Un ballet général termine cette premiere entrée.

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La 2e. commence par une orgie où des convives fervis par des courrifannes fe livrent au plaifir, ou plutôt à la débauche. On leur annonce deux inconnus qui demandent, l'hofpitalité; mais ils font durement refufés. Le théâtre change, & repréfente une fête champêtre, ainfi que la chaum ere de Philémon & de Baucis. Ces deux époux offrent le tableau intéressant de la

tendreffe conjugale, & de la piété envers les dieux. Jupiter & Mercure, qui n'avoient pu trouver l'hofpitalité chez les riches habitans du canton, font accueillis & fêtés par ces vieillards indigens. Les dieux dont nous parlons, emmenent Philémon & Baucis fur les hauteurs, & commandent aux eaux de fubmerger ce pays peu plé de méchans. Ils font fuccéder un beau jour à cet orage défaftreux; un temple s'éleve en l'honneur du maitre de l'Olympe. Jupiter nomme Philémon & Baucis prêtres de ce temple, & leur accorde, ainfi qu'ils l'ont defiré, de ne pas fe furvivre l'un à l'autre. Le public a très-bien accueilli ces deux actes, furtout le dernier.

Le 30 Octobre, les comédiens françois jouerent pour la premiere fois, avec le plus grand fuccès, Pygmalion, fcene lyrique de Mr. Rouleau de Geneve. Cette scene de génie, imprimée depuis plufieurs années, & repréfentée d'abord à Lyon, eft trop connue pour que nous pensions devoir en donner ici le fujet.

Articles divers d'économie domestique ou rurale, & autres objets intéreffans.

Es bêtes à cornes du pays de Wittemberg ont effuyé, l'été dernier, une dangereufe maladie dont voici les fymptômes, la nature & le remede, tels que les décrit l'auteur de la Gazette d'Agriculture. L'animal perdoit l'appétit, & ceffoit de ruminer: il lui découloit de l'eau par les yeux: fon urine devenoit brune, & bientôt toute rouge il fe conftiport & l'on eût dit, au premier coup d'œil, que fes excrémens étoient brûlés; le gros boyau rendoit du fang; ce qui

étoit fuivi d'un cours de ventre. L'animal éprou voit une chaleur extraordinaire, accompagnée d'un fort battement avec enflure des veines: il tomboit quelquefois dans une forte de frénéfie, & frappoit de la tête tout ce qu'il rencontroit. A l'ouverture des cadavres, on a trouvé les inteflins parfaitement fains, & la veffie remplie de fang. Le remede qu'on a, dit-on, toujours em ployé avec fuccès contre cette maladie, eft bien fimple: il confifte à faire avaler à la bête malade une pinte de vinaigre bouilli avec du lard coupé menu. Cette dofe eft pour un bouf; on en donne a proportion aux vaches, &c.

On lit dans les Affiches de la Rochelle la recette fuivante contre la goutte. Prenez deux poignées de feuilles de fureau: faites les bouillir dans un chauderon d'eau pendant environ un quart-d'heure; enfuite placez ce chauderon de maniere à pouvoir expofer la partie malade à la fumée: afin que celle-ci ne s'échappe point, enveloppez le tout d'une couverture. Vous refterez dans cette pofition jufqu'à ce qu'on puiffe mettre la main dans l'eau fans se brûter : enfuite vous prendrez des feuilles de fureau, & vous en couvrirez la partie malade, que vous envelopperez avec de la flanelle pour la tenir chaudement; vous garderez le lit, & le lendemain l'accès fera paffé. « Une perfonne en place de cette ville, dit l'auteur des Affiches, attaquée de la goutte depuis 37 ans, nous a communiqué ce topique, dont elle fait ufage depuis 10 ans; elle en eft fur le champ foulagée, fans que la goutte ait jamais remonté, ni changé de place; les accès font moins fréquens ; le malade marche aufli hardiment que s'il n'étoit pas goutteux. Depuis quelques années il s'apperçoit que cette fumigation lui fait venir au bout des doigts de petites vef

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