Cordera une gratification à celui qui aura le premier averti la fentinelle, & à ceux qui auront utilement fecouru ou la perfonne noyée ou l'afphyxique.

Des capitaines arrivés de Terre-Neuve à St. Malo, ont effuyé à la côte les gros tems qui ont fait périr les fix navires le Vidor, les BonsAmis, le Lys, la Suzanne,le Neptune & l'Escarboucle,qui étoient prêts d'aborder en France avec leurs chargemens de morue. Une partie des équi pages & des cargaifons a été enfévelie dans les flots.

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Une lettre de Tournon en Haut-Vivarais, porte que le 30 Octobre dernier, à 10 heures 55 minutes du matin, on y a rellenti une fecouffe de tremblement de terre, qui n'a duré qu'une ou deux fecondes. L'effet de cette fecouffe, dont la direction étoit du nord-est au fud-ouest, a été encore plus fenfible à une lieue & demie fur les côteaux, où une perfonne qui s'y trouva, entendit un bruit fouterrein femblable à celui d'un tonnerre éloigné. On préfume que ce mouvement a été reffenti plus loin au nord.

Comme les loups faifoient de grands ravages dans la Normandie, généralité de Rouen, le Sr. de Moifant, lieutenant de louveterie du roi à Lyons, animé d'un zele patriotique, s'eft porté avec fon équipage dans tous les endroits de cette province où il a été requis: fes chailes ont eu le plus grand fuccès; il a détruit 56 loups depuis le mois de Juillet dernier, fuivant les certificats qu'il en a envoyés au comte de Flamarens, grand louvetier de France. L'année derniere, il en avoit détruit 80.1

On mande de Boulogne-fur-mer, que le navire l'Augufle, de Rouen, du port de 180 tonneaux, capitaine l'Etré, venant de Cadix,

thargé de cuirs verds, laine de Seville, fel, indigo, cochenille, citrons & autres fruits pour Dunkerque & Oftende, a échoué à une lieue au nord de cette ville, la nuit du 13 au 14 Novembre. L'équipage étoit compofé de 9 hommes, dont 4 ont été noyés. On travaille au déchargement de la cargaifon, qui eft avariée.

Le feu prit, le 5 Novembre, à Domart, en Ponthieu, & fit des progrès fi rapides, qu'une maifon, 8 granges, & toutes leurs dépendances en bâtimens furent confumées, ainfi que les grains & les beftiaux. Le comte de Vargemont, colonel du régiment de Soubise, dragons, & feigneur du lieu, s'y rendit, & par le fecours qu'il fit apporter, il parvint à arrêter l'incendie. On évalue la perte des 8 propriétaires à 50,000 liv. Un d'entr'eux, nommé Barbier, avoit déjà été ruiné par un pareil accident au mois de Juin dernier, & il vient de voir confumer ce que les fecours du comte de Vargemont l'avoient mis en état d'acquérir pour réparer fa premiere perte.

On écrit de la généralité de Dijon, que la nuit du 6 au 7 Novembre , une pluie & une grêle, accompagnées d'éclairs & de coups de tonnerre effrayans, ont caufé les plus grands ravages dans l'étendue de plus de 20 lieues des provinces de Breffe & de Bugey. En moins de fix heures, les rivieres & les torrens fe font élèvés à une hauteur exceffive. La rapidité de leur cours a entraîné plufieurs ponts, & notamment une des arches du pont de Maillac. La riviere d'Ains a grofli de plus de 15 pieds, & a détruit le barrage pratiqué au pont de Neuville, qui venoit d'être achevé : la chauffée de la montagne de Cerdon eft fillonnée dans prefque toute fon étendue, & dans certains endroits à la profondeur de 15 pieds; en forte que la route

en eft devenue prefqu'impraticable. Plufieurs endroits ont été couverts de grêle jufqu'à la hauteur de trois pieds, & les eaux qui fe font répandues dans les campagnes, en ont enlevé les femences. On ne peut encore évaluer la perte occcafionnée par cet orage ;' mais elle

doit être confidérable.

Dans la même généralité & dans la même nuit du 6 au 7, la ville d'Arnay-le-duc effuya une partie de cet ouragan. Le tonnerre tomba fur le couvent des capucins, qui fut prefqu'entierement confumé, ainfi que le clocher de leur églife. On évalue cette perte à 40, 000 liv.

Le 12 Octobre dernier, deux particuliers defcendirent,à Perpignan, dans une cave fermée depuis quelque tems, & où il y avoit une cuve pleine de vendange qui fermentoit; à peine furent ils arrivés près de la cuve, qu'ils furent faifis & renverfés par la vapeur; on entendit un foible cri, & un homme voulut aller à leur fecours; mais il ne fut pas plutôt défcendu qu'il éprouva le fort des premiers; un autre voulut faire la même tentative; dès qu'il fut à moitié de l'efcalier, il fentit qu'il fuffoquoit; il fit figne, & on le retira à demi-mort. Le Sr. Bonafous, mé-· decin de l'hôpital militaire de Perpignan, ayant été informé de cet accident, commença par faire écarter la foule pour donner de l'air à la caye, qu'on avoit déjà ouverte de tout côté, & y fit jetter à l'inftant une très-grande quantité d'eau froide, afin de donner de la denfité & de la fufibilité à l'atmofphere, & par-là de corriger la malignité de cette vapeur; quelque tems après, on vit le dernier de ceux qui en avoient été attaqués, agité de mouvemens convulfifs, & on le retira auffitot; dès qu'il fut exposé à l'air libre, il fe trouva dans un véritable délire; le Sr. Bonafous le fit frotter à l'inftant avec du

vinaigre, lui en fit refpirer, &, en moins d'un quart d'heure, il fut entierement hors de danger. Les deux autres furent également retirés, mais fans connoiffance, fans mouvement & fans pouls; ils furent rappellés à la vie par le même moyen, mais bien plus difficilement que le premier ces fuccès, qu'on doit à la méthode que le Sr. Portal, médecin-confultant de Monfieur, & de l'académie des fciences, a publiée, par ordre du gouvernement, en démontrent encore l'efficacité. Un pareil accident eft arrivé à Albi, & les fuffoqués, au nombre de fept, ont été rappellés à la vie par des afperfions d'eau froide.

On écrit de Lorraine, que les nouveaux procédés que le Sr. Maupin vient de rendre publics dans un ouvrage qui a pour titre, l'Art de faire le vin, ont parfaitement réuffi dans quelques vignobles de cette province, & qu'ils ont donné des vins infiniment fupérieurs à tous ceux de ces mêmes cantons, faits fuivant l'usage du pays : : on mande auffi de Champagne, que la méthode particuliere du Sr. Maupin pour les vins fins rouges, dans les années de maturité, a été éprouvée fur les premiers crûs de la riviere de Marne, avec un égal fuccès.

Une avanture affez extraordinaire fait à Marseilles le fujet de toutes les converfations. Il y a environ dix ans qu'un foldat d'une affez jolie figure déferra de fon régiment; il fut dénoncé & pourfuivi. Pour fe fouftraire au fort qui l'attendoit, il prit le parti de fe déguifer en fille, & il fe plaça en qualité de cuifiniere dans une maifon de cette ville. Après y avoir fervi quatre ans, il entra chez un riche négociant, où il est encore. Ces jours derniers, ce négociant, ayant invité par hazard le capitaine de fa cuifiniere à dîner, elle fut reconnue par cet officier ; & Sans-Souci n'eut nien de mieux à faire que de tout avouer, & de

demander grace; ce qu'on lui promit. On fe rappella alors toutes les preuves de courage que cette fille avoit données, telles que d'accompagner de nuit avec une lanterne les amis de la maison, d'ailer à la campagne feule, &c.

Les lettres de Pau font remplies de détails fur les réjouiffances & les fêtes données à l'occafion de la réintégration du parlement; tous les corps du pays y ont pris part, & ont manifeflé leur joie par des complimens, des illumihations & des bals. Le berceau de Henri IV a été expofé fous un arc de triomphe, & a fervi de bafe pour des éloges qui fe juftifient tous les jours, de notre augufte & jeune monarque. Le Sr. Le Noir, qui a préfidé à la rentrée de ce parlement, y a reçu les complimens les plus mérités & les plus finceres.

Le jour de la réintégration du parlement de Metz, le Sr. Gouffaud, avocat-général de cette cour , prononça un difcours qui mérite d'être connu, & dont nous rapporterons ce fragment.

L'efprit des rois faillit rarement, quand il eft dirigé par un cœur droit & fenfible. Auffi Louis XVI ne s'eft-il point trompé dans le choix important des dépofitaires de fon autorité. Il n'a rien donné à la faveur, qui féduit, & n'a confulté que la voix publique, qui éclaire. Ce n'est point parmi la foule des courtifans qui l'entourent, qu'il a choifi les chefs de l'adminiflration, parce qu'il Scait que le miniftere eft un dépôt précieux qui ne doit fe confier qu'au mérite éprouvé. C'est du fein même de la retraite, du Séjour de l'exil', du fond des provinces qu'il a raffemblé autour de fon tróne, le génie, l'expérience & les vertus. La jeuneffe d'un prince capable de choisir avec autant de maturité les agens du pouvoir, ne peut qu'aggrandir aux yeux de ses sujets la perspective de leur bonheur. C

Décembre. ae. quinz. 1775,