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arrogés, & les actes arbitraires & oppreffifs qu'ils ont paffés, ne laiffent aucun doute fur la perfidie de leur dessein d'induire les colonies à fecouer le joug de toute infpection de la légiflation fuprême, & à enfevelir dans un ingrat oubli la mémoire de cette grande induftrie avec laquelle elles ont été fodnées, de ce tendre foin maternel avec lequel elles ont été élevées, dis avantages multipliés dont elles ont joui, du fang & des tréfors que cette nation a répandus pour leur protection.

Nous ne pouvons nous difpenfer de témoigner notre douleur de ce que cette grande tendreffe avec laquelle V. M. a agi, & les difpofitions à une conciliationTM qui éclaterent dans la derniere féance du parlement au lieu d'avoir l'effet defiré de détromper ces hommes induits en erreur, & d'étab'ir 1 confiance en la merepatrie, aient été toarnées àleur avantage, & qu'on s'en foit fervi pour effe auer les vues de cette entreprise dangereufe: & pendant que nous reconnoiffous que c'eft à la fuire de cette différence d'intentions qui a prévalu fici & en en Améri que, nous fomm ́s pénétrés d'un jufte fentiment des motifs qui ont dirigé les efforts de V. M., pour prévenir, s'il eûr été paffible, l'effufion du fang de nos co-fu jets, & les falamités qui font inféparables d'un état de guerre; mais, depuis que la rébellion eft actuellement devenue plus générale, & fait manifeftement voir le deffein d'établit & de maintenir un empire indépendant, nous ne pouvons qu'applaudir à la réfolution de V. M. de venger les droits, les intérêts, & l'honneur de ce royaume, par l'emploi des moyens les plus prompts & les plus décififs; & à cet effet nous jugeons, qu'il eft de notre devoir indifpenfable de déclarer que nous foutiendrons V. M. aux dépens de nos vies & de nos biens: pleinement perfuadés que dans l'étar pré ent de ces défordres, la maniere d'agir la plus aftive fera, dans ses efets la plus bénigne, nous entendons avec plaifir, que S. Maiefté a étendu fon établiffement naval, & augmen. té confidérablement fes fortes de terre : nous fommes fenfibles à la confidération pleine de bonté, que V. M, a eue en le faifant d'une maniere qui fera la moins onéreuse pour vos royaumes; & V. M. peut être affurée que nous concourrons de bon. cœur à toutes les mefures qui pourront être néceffaires pour mettre V. M. en état de profiter des difpofitions amicales des puif. fances étrangeres.

Les motifs gracieux qui ont porté V. M. à envoyer une partie de fes troupes électorales aux garnifons de Gibral

tar & de Port Mahon, ont fait une profonde impreffion fur nous par ce fecours notre pays fera à même d'employer un plus grand nombre de fes propres forces établies au maintien de fon autorité; & nous rendrons V. M. de finceres actions de graces de la grande prévoyance avec laquelle elle nous a indiqué une reffource ultérieure dans ce corps national, fi conforme à la conftitution par fa nature, & fi zélé dans fon devoir, la milice de ce royaume.

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Nous ne pouvons fuffisamment admirer la déclaration pleine de bienveillance de V. M. que, lorfque cette épo que, tant defirée fera venue, que la multitude malheu. reufe & féduite contre laquelle ces forces vont être diV. M. rerigées, aura ouvert les yeux fur fon cevra avec tendreffe & avec bonté ces hommes faf.inés; & nous fomines pleinement convaincus du fentiment de fagelle & de compaffion qui a engagé V. M. a conférer à certaines perfonnes qui fe trouvent fur les lieux, le pouvoir d'accorder des pardons généraux ou particuliers, & des indemnités, de telle maniere & à telles perfon& de recevoir la nes qu'ils le jugeront convenable foumiffion de toute province ou colonie qui fera difpofée à rentrer dans fon devoir : nous concourrons avec promptitude à accorder aux perfonnes chargées de cette commiffion tels autres pouvoirs ultérieurs qui puiffent tendre le mieux à avancer & effe&uer les mefures falutaires de V. M.

Permettez-nous, Sire, de vous offrir nos témoigna. ges de gratitude pour la communication pleine & détaillée, qu'il vous a plu de nous faire, & d'exprimer en même tems le jufte fentiment que nous nourriffons des & qui bénédictions multipliées dont nous jouiffons dérivent de l'attention non interrompue, avec laquel le Votre Majefté s'occupe du falut & du bonheur de. tout fon peuple. Agréez que nous vous affurions de la part que nous prenons au defir qui anime votre cœur royal, & que nous ne faifons d'autre vœu que de réta blir l'ordre & la tranquillité dans les différe utes parties de vos domaines fur la base d'une connexité étroite avec la Grande-Bretagne, & d'une dépendance conftitutio › nale de ce royaume.

Le roi fit à cette adreffe la réponse suivante.

MY LORDS,

Je reçois avec la plus fenfible fatisfaction cette adreffe qui contient fi pleinement les témoignages de votre foumif

fron & de votre fidélité a mon égard. Rien ne peut m'itze plus agréable que les affurances que vous me donnez de m'aider a rétablir l'ordre & la tranquillité dans toute l'éten due de mes royaumes, & je concourrai de tout mon cœur à prendre les mejures les plus propres à parvenir à un but fi falin apre.

Le même jour 26, lorsqu'on propofa dins la chambre des communes l'adreffe à préfenter au roi, les débats ne furent pas moins vifs que dans la chambre des pairs. Le lord Cavendish demanda qu'on y fit quelques changemens; ce qui occafionna des difcuffions où l'on développa aux yeux des miniftres les fuites funeftes des arrêtés de la derniere feffion. Le général Conway prit fortement la défenfe de l'Amérique. Le Sr. Burke poufía les chofes plus loin, en s'efforçant de verfer du ridicule fur quelques miniftres & fur leurs opérations. Le Sr. Charles Fox prit enfuite la parole avec fa véhémence connue, & dirigea fon attique principale contre un des membres de l'adminiftration, qu'il fit même soupçonner d'être l'auteur de quelques écrits qu'on avoit lus dans les papiers publics. Le lord, qui étoit attaqué directement, défavoua ces pamphlets anonymes; &, après avoir justifié la conduite, ainfi que celle du roi, il conclut que les mesures dont S. M. avoit parlé dans fon difcours, & que la chambre, dans l'adreffe dont il s'agifioit, regardoit comme pou-, vant effectuer une réconciliation honorable avec l'Amérique, étoient conformes à la prudence & à la agefle calcu ées autant qu'il étoit poffible fur la fituation des affaires, Plufieurs perfonnes parlerent encore après ce lord; mais, malgré la di-. verfité apparente des opinions, l'adreffe paffa à la pluralité des voix, ainfi qu'il a été dit précédem

ment.

Le 27, la chambre des communes entendit le rapport du comité chargé de rédiger cette adreffe. Elle étoit une approbation formelle de tout ce

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que S. M. avoit dit & propofé dans fon difcours & elle fe terminoit ainfi Tous les motifs & les. intérêts qui peuvent animer les cours de vos fideles fujets, déterminent votre fidele chambre des communes à voter pour V. M. els fubfides que les circonftances & l'exigence des affaires pourrons requérir, & bien convaincus que vos trois royaumes ne peuvent tirer de vrais & fûrs avantages des colonies, pour le commerce, les manufactures & la navigation, qu'autant qu'ils feront fondés fur la fubordination de ces contrées éloignées, à la lé◄: giflation de la Grande-Bretagne, dans la confti-, tution de laquelle elles font placées, nous croyons du devoir de nos conftituans, du nôtre & de l'intérét de notre postérité, d'engager nos vies & nos fortunes pour le foutien d'une caufe auffi impor dans laquelle les droits de voire couronne & les intérêts de votre peuple font fi effentellement compromis; & nous espérons pouvoir, avec la faveur du ciel, armer les mains de V. M. d'une telle force qu'elle éteindra bientôt cette fatale rébellion, & vous mettra, fire, en état de ramener fuivant votre gracieur defir, dans toutes les parties de votre empire l'ordre, la tranquillité & le bonheur.

tanie,

Cette foumiffion entiere ne pouvoit manquer de trouver des contradicteurs dans le parti de l'oppofition, dont la premiere demande fut le retranchement de l'article des remercîmens que l'adreffe faifoir au roi de l'envoi des troupes élec torales à Gibraltar & à Minorque, qu'on traita d'exemple dangereux & d'infraction expreffe au bill des droits, qui déclare contraire à la loi de prendre à fa folde des troupes étrangeres, fans le confentement du parlement, fi ces troupes doivent être employées au-dedans du royaume.

Sur ce premier article, le lord North, le pro cureur-général & quelques membres du parti de

ro

acour répondirent que l'envoi de troupes hanovriennes n'étoit point contraire au bill des droits, puifque les places de Gibraltar & de Minorque ne faifoient point partie du dedans du yaume. Ce lord ajouta au furplus qu'il ne s'étoit déterminé à l'envoi des Hanovriens qu'après s'être confulté; mais que fi la chambre ne le trouvoit pas ftrictement légal, il proposeroit de pasfer un bill d'indemnité.

Le lord avocat d'Ecoffe représenta qu'il feroit ridicule que le gouvernement reculât fur le parti qu'on prenoit relativement à l'Amérique, qui s'obstinoit à la réfiftance la plus opiniâ tre; & que fléchir dans ce moment, ce feroit annoncer à toute l'Europe que l'Angleterre eft dans l'impuiffance de défendre fes droits.

Le Sr. Grenville au contraire déplora la triste fituation de fa patrie, foit qu'elle réullit on non. De quelle utilité, dit-il, fera l'Amérique conquife & par conféquent dévastée? Et quelle dépense ne faudra t-il pas pour tenir ce vafle pays dans la Soumiffion?

Les Srs. Cornewall & Fox répéterent à peu près ce qu'ils avoient dit la veille, lorsqu'il avoit été queftion de convenir de la rédaction de l'adretle fur le plan préfenté par le lord Townshend; mais le Sr. Adam propofa de voter l'adreffe au roi telle qu'elle étoit rédigée; il fe plaignit feulement de ce que, dès l'année derniere, l'adminiftration ne s'étoit pas d'abord arrêtée aux mefures les plus rigoureufes contre les Américains, & il fit au lord North, après avoir rendu juftice à fes grands talens, un reproche de la foibleffe qu'il avoit eue dès-lors, & dont les fuites avoient été i malheureuses.

Les débats furent également vifs & longs fur les deux motions des oppofans, l'une de référer Padreile à un fecond comité, & l'autre d'y faire

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