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qui fait marœuvrer journellement à la parade, & donne le mot de l'ordre.

Suivant les ordres du roi, on abattra inceffamment un grand bois fur la frontiere de la Nouvelle-Pruffe; il réceloit quantité de brigands, qui rendoient très-dangereux le chemin de Kanigfberg. Il fera conftruit fur ce terrein trois villages qui feront peuplés par des Pruffiens & par des Polonois, auxquels on fera des conceffions proportionnées à leurs familles; le gouvernement leur fournica gratis tout ce qui eft néceffaire à l'agriculture.

La lettre que S. M. a écrite à la veuve du Sr. de Maffow eft conçue en ces termes.

La nouvelle de la mort de mon fidele & honnéte minifire d'état, de Maffow, votre époux, m'a le plus vivement frappé. F'ignorois abfolument fa maladie; & d'autant plus inopinément ai-je appris qu'en fi peu de tems elle me l'avoit ravi & à la pa◄ trie. Je regrette cette perte importante, d'autant plus que je connoiffois fon mérite. Sa capacité & fon patriotifme me rendront fa mémoire toujours précieuse & ineffaçable. Je prends auffi particulierement une part fincere à votre jufte douleur, & je vous fouhaite tout l'encouragement & la confolation néceffaires. Peut-être ma présente lettre y contribuera-t-elle en quelque chofe; elle vous fervira de monument toujours durable, que j'ai reconnu les fervices de votre époux; & par cette confidération je me montrerai auff toujours à l'égard de fa veuve & de fes enfans leur gracieux roi. (Signé) FREDERIC.

On voit ici des copies de la lettre fuivante, adreffée par S. M. au provincial des jéfuites en Sidéfie.

Vénérable, cher & fidele pere. Le fouverain pon tife ayant déclaré qu'il me laiffoit le choix des moyens que je croirois être les plus convenables pour la confervation des jejuites dans mes états, & qu'il

n'y mettroit aucun obftacle par déclaration d'irré gularité; en conféquence j'ai enjoint à mes évéques de kuffer votre inftitut in ftatu quo, & de ne point géner dans leurs fondions aucun de fes individus, ou refufer à l'ordination ceux qui s'y préfenteront. Vous vous conformerez donc à cet avis, & vous en informerez vos confrères.

Je juis votre gracieux roi

FREDERIC.

DRESDE (le 30 Octobre. ) On fit ici, le 15 de ce mois, l'ouverture de la diete électorale de Sa xe, à laquelle les trois claffes des états avoient été convoquées. Le fiege de l'électeur, couvert d'un dais, étoit placé au fond d'une falle très-vafte, fur une ftrade élevée de quatre marches. Les miniftres du cabinet & ceux de conférence, membres ef fentiels de cette aflemblée, étoient fur les mar ches à droite; la même place à gauche étoit réfervée aux miniftres étrangers, réfidens & chargés d'affaires, que la curiofité pouvoit y attirer; plus bas, far le parquet & au dedans d'une en ceinte qui les féparoit du refte de la falle, étoient les députés des membres de la premiere claffe des états, compofée des prélats, des comtes, des fei gneurs & des univerfités de Leipfick & de Wittemberg, le comte de Lafer, maréchal héréditaire des états de Saxe, qui en eft le directeur, & quatre députés du comité fecret des états. Le refte de la falle hors de l'enceinte étoit féparé par les gardes du corps, qui formoient une baie depuis la porte de cette falle jufqu'à l'entrée du parquet : à droite étoit la feconde claffe des états, compofée des membres de l'ordre équeftre, poffeffeurs de fiefs immédiats, & des députés des poffeffeurs des arriere-fiefs; & à gauche étoient les députés des villes qui forment la troifieme claffe des états.

Lorfque tout le monde fut rafiemblé, l'élec

teur, précédé des premiers officiers de fa cour en habits de gala, & des quatre maréchaux portant leurs bâtons, entra au bruit des inftrumens de la garde fuiffe, fe plaça fur fon trône & fe couvrit. Le baron de Stammer, miniftre de conférence, après avoir pris les ordres de S. A. Elect., ouvrit la féance par un difcours dans lequel il annonça les objets pour lefquels les états avoient été affemblés, & dont le principal eft le renouvellement des impofitions dont l'octroi ne fe fait que pour 6 ans. Un fecrétaire intime lut enfuite la propofition contenant les demandes du fouverain, & la mit entre les mains du baron de Stammer, qui la remit au comte de Lafer. Celui-ci s'avançant jufqu'au bord de l'eftrade, répondit au noin des états, en qualité de directeur & de maréchal héréditaire, par des remercimens à l'élec teur, qu'il fupplia de continuer les foins pour la profpérité de les états & le bonheur de fes fujets. Quatre députés du comité fecret baiferent la main de S. A. Ele&., qui fortit ainfi les états lorfque la féance fut finie. Cette diete dure ordinairement trois mois, & s'affemble tous les 6 ans. La bonté de l'électeur & l'amour que fes fujets ont pour lui, ne permettent pas de douter que celle-ci ne fe pafle très-paifiblement.

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que

HANOVRE (le 30 Odobre. ) Il paroit des let tres-patentes du roi de la Grande-Bretagne, notre fouverain, concernant les nouvelles levées que les circonftances ont rendu néceffaires dans cet électorat. Nous en rapporterons les difpofitions les plus effentielles. On n'accordera point de congés dans les armées de S. M. britannique. Ceux de la nation angloile feront foignés dans les hôpitaux, lorfqu'ils ne feront plus en état de fervir; tous feront habillés de neuf chaque année; le fimple foldat aura 21 kreutzers de folde par

jour, & le bas-officier 46. On n'admettra point de nouveaux officiers: on élevera à ce grade les bas officiers qui auront mérité cet avancement; les chaffeurs les mieux inftruits qui fe préfenteront pour prendre parti dans les troupes, remplaceront les bas-officiers de préférence; aucun hollandois ne fera reçu dans ce fervice. Dans cette patente, le roi d'Angleterre joint à fes titres ordinaires celui de roi du grand empire américain.

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Les mesures prefcrites par le gouvernement pour préserver le pays des épizooties qui regnent dans quelques contrées de la baffe Saxe pêchent pas qu'on n'introduise ici des beftiaux venant des provinces infectées. Il paroit à cette occafion une nouvelle ordonnance, en date du 20 de ce mois, par laquelle il eft défendu de mener à la foire d'Hildesheim des bestiaux dont la fanté ne foit légalement conftatée. Il y a peine de confifcation & de so rixdahlers d'amende, contre chaque contravention.

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DEUX-PONTS (le 15 Novembre.) Chriftian IV, Duc régnant de Deux-Ponts, comte Palatin du Rhin, duc de Baviere, comte de Sponheim & de Weldentz, eft mort, le 5 de ce mois, à 2 heures & demie du matin, en fon château de Pétersheim, âgé de 53 ans. Doué de toutes les qualités fociales, protecteur éclairé des arts, univerfellement regretté de fes fujets, ce prince laiffe pour fuccefleur à fes états fon neveu le prince Charles de Deux-Ponts, fils aîæé du feu prince Palatin Frédéric, feld-maréchal de l'empire & de l'empereur, gouverneur de Bohême, &c.

Le 6, le corps de S. A. S. fut tranfporté de Pétersheim en cette ville, acto.pagné de tous ceux de fes officiers qui étoient auprès de fa perfonne au moment de sa mort, & d'un détachement de

fa garde. Le 8 il fut placé fur un lit de parade dans la chambre ardente préparée à cet effet. Deux chambellans étoient au pied du lit, & quatre valets de chambre fur-les côtés. On a dit des meffes fur deux autels jusqu'à midi. A trois heures après midi, la chambre ardente fut ouverte au peuple jusqu'à fix heures du foir. Pendant la nuit, deux prêtres, deux chambellans, deux va➡ lets de chambre & quatre valets de pied font reftés auprès du corps. Le 9, on a oblervé les mêmes cérémonies. A 10 heures du foir, le convoi partit du château pour se rendre à la paroiffe dans l'ordre fuivant: 1o. Tous les valets de pied, portant chacun un flambeau. 2°. Le maitre des forêts & le premier piqueur à la tête de deux piqueurs & de fix chaffeurs, ces derniers portant des flambeaux. 3°. Le premier chambellan faisant les fonctions de grand maréchal. 4°. Les cavaliers de la cour & les médecins. 5°. Le char attelé de huit chevaux caparaçonnés. Chaque cheval conduit par un palfrenier de la grande écurie, les deux limoniers par deux cochers du corps. 6o. Deux chambellans à droite & à gauche du côté de la tête, deux gentilshommes de la cour au milieu & deux aux pieds. Tous les valets de chambre fur les deux côtés, portant des flambeaux. 7o. La couronne, le bâton ducal, l'épée & l'ordre de St. Hu• bert, portés fur des couffins. 8°. Le premier écuyer. Derriere lui un cheval de main caparaçonné, avec tous les crins, conduit par deux écuyers. A côté du cheval, quatre palefreniers de la grande écurie, portant des flambeaux. 9%. Le capitaine de la garde à la tête d'un détachement fermoit la marche. Le clergé reçut le convoi à la porte de l'églife, & après les prieres accoutumées, le corps de S. A. S fut déposé dans le tombeau de fes peres.

MANHEIM (le 14 Novembre. ) La nouvelle

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