Page images
PDF
EPUB

fant fecours que notre caufe doit recevoir de tels défenfeurs; une caufe, Mylord, digne d'être maintenue par la premiere ville du monde, puifque, de fon iffue dépend le fort d'un grand continent, & qu'elle menace d'ébranler les fondemens d'un empire floriffant & D'agueres heureux.

L'Amérique feptentrionale fait, Mylord, les vœux les plus ardens pour une liaifon permanente avec la Grande-Bretagne aux conditions d'une liberté juste & égale: des cœurs généreux ne peuvent offrir rien de moins; des hommes braves & libres n'en. voudront ja mais recevoir.

On a commencé enfin une guerre cruelle contre nous; & pendant que nous nous préparons à nous défendre, comme il convient à des defcendans de Bretons, nous efpérons toujours que la médiation de citoyens fages & vertueux prévaudra enfin fur le defpotifme, & rendra l'harmonie & la paix, fur des principes permanens à un empire opprimé & divifé.

Nous avons l'honneur d'être, &c.

les fideles amis & co-fujets.

A RHILADELPHIE le 8 Juillet 1775.

[ocr errors]

Signé JEAN HANCOCK préfident.

Après la lecture de cette lettre, il fut propofé & réfolu de l'enregistrer, & de la faire inférer dans les papiers publics. On lut enfuite une lettre de cette ville aux électeurs de la GrandeBretagne, dont on étoit convenu dans l'affemblée de la bourgeoifie, tenue 4 jours auparavant. Cette adreffe eft, à peu près, femblable à celle des francs-tenanciers du comté de Middlesex, dont voici la traduction.

La fituation dangereufe des affaires publiques, & les calamités qui menacent tout l'empire, font les raifons qui nous portent à nous adreffer vous, & fuffiront, à ce que nous efpérons, pour juftifier cette démarche à vos yeux.

La réfolution de la derniere chambre des communes, par laquelle on a intrus un répréfentant, en violane directement nos droits, & en frayant le chemin pour violer pareillement, lorfque l'occafion s'en préfentera ceux de tous les électeurs dans le royaume, cette réfo'ution eft encore fubfifiante fur les regiftres: elle fert d'exemple perpétuel pour autorifer l'infraction des fran

chifes les plus facrées & fondamentales du peuple, & les mêmes violences à commettre par des miniftres auffi arbitraires, & des repréfentans auffi corrompus.

Nous nous affurons, Meffieurs, que vous ne cefferez de co-opérer avec nous, jufqu'à ce que cette hoateufe réfolation foit condamnée & annullée de la ma niere la plus folemnelle & la plus efficace.

L'état préfent de l'Amérique eft tel, qu'il doit cau fer la plus vive allarme, & la douleur 1 plus prefonde à tout homme qui prend à cœur les droits de l'hu manité, la liberté des Anglois, le bonheur & la sûreté de tout l'empire. La conduite arbitraire & inhumaine de la présente administration, a jetté nos trèsaffectionnés co-fujets américains dans le défefpoir. Sept années de fupplications pour le redreffement de leurs griefs, n'ont obtenu d'autre réponse qu'une armée pour en maintenir les objets par la force des armes. Par la requête qu'ils préfenterent l'année derniere au roi, ils demandoient qu'on leur accordât paix, liberté, sûter'. En retour > ils reçurent des actes contenant les ref trictions les plus inhumaines, des hoftilités ouvertes, qui porterent la défolation dans leurs pays, la deftruc tion parmi leur peuple, les incendies dans leurs villes, Ils ont de nouveau fupplié S. M. par une humble.res quête, préfentée récemment, d'arrêter l'effufion ultérieure de fang, & de défigner quelque moyen par lequel il lui plairoit de recevoir les preuves unanimes de leur dévouement, comme les plus fideles fujets, & des colons les plus affectionnés. Ils déclarent leur de fir le plus ardent, que l'ancienne harmonie entr'eux & la mere-patrie feit rétablie fur les fondemens les plus durables. Ils déclarent expreffément qu'ils ne demandent point une réconciliation qui fuit, en aucune ma niere, incompatible avec la dignité ou le bien-être de ce pays. Nous ne pouvons pas comprendre que, de leur part, il puiffe être offert rien de plus avantageux ou de plus fatisfaifant.

Mais il femble que le miniftere ait confeillé à S. M./ de ne donner aucune réponse à cette requête, & d'ôter aux réquérans toute efpérance de redreffement & de réconciliation. On fait d'ailleurs les préparatifs de guer re les plus ouverts & les plus étendus.

Les catholiques romains même font attirés & incités à prendre les armes contre nos co fujets proteftans. Ainfi nous voyons les metures les plus pernicicufes pourfuivies par les moyens les plus pervers & les plus condamnables.

Le préjudice immédiat qu'une telle guerre porte à notre commerce & à nos manufactures; les fuites qui en réfultent pour les revenus du pays; les taxes nécessaires pour des opérations fi éloignées & fi coûteufes, doivent plonger ce malheureux pays, déjà furchargé par l'énormité de fes dettes, dans une ruine inévitable. Tou te la dépenfe doit, en dernier lieu, retomber fur les ter res. C'eft done particulierement le devoir des francs tenanciers d'employer toute leur influence pour arrêter le cours de cette guerre dénaturée & fatale.

Les Américains ont itérativement appellé à la juftice & à l'humanité de leurs co-fujets dans la Grande-Bres tagne. Nous espérons qu'un pareil appel ne fera jamais fait envain. Nous déplorons le fort de ces braves foldats britanniques qui ont été facrifiés pour une querelle fi peu glorieufe & f odieufe. Nous fommes perfuadés que nos co fujets en Amérique combattent pour la caufe de la liberté, & qu'ils font cruellement opprimés. Nous ne concourrons jamais volontairement à l'appui de l'oppreffion, ou à violet les droits des fujers dans aucune partie des états britanniques. Nous ne pouvons pas prévoir qu'il réfulte de la pourfuite de cette guerre minifériale aucune fuite probable, finon mifere, honte, & ruine pour tout l'empire.

Sur ces principes, nous avons rédigé des inftructions que nous avons données à nos repréfentans en parlement; fur ces principes nous fouhaitons, Meffieurs, que vous concouriez avec nous à établir la liberté, la paix, & la bonne harmonie dans tous les états de fa majefté.

Les deux plus jeunes princes de la famille royale & la princeffe Elifabeth, leur fœur, furent inoculés le rer. de ce mois. Le foin de cette opération a été confié aux Srs. Pennel & Hawkins, chirurgiens de la cour.

Le prince Grégoire Orlow, qui eft arrivé ici de Spa, fut préfenté le 4 au roi, qui lui fit un accueil diftingué.

Le 6, le lord Stormont prit congé de S. M., pour retourner à fon ambaffade de Verfailles.

Le 7, 14 députés préfenterent au roi l'adreffe des maire, citoyens, clergé, francs tenanciers & autres principaux habitans de Bristol: cette adref

fe, qui eft fignée par 901 perfonnes, eft une des plus modérées qu'on ait vues dans les circonftances actuelles. Parmi quelques autres que l'on trouve dans la gazette de Londres du même jour, eft celle de la ville de Montrofe, dont le magiftrat & le confeil affurent le roi, « que le commerce & les manufactures n'ont rien fouf fert de la démarche qu'ont fait les Américains de fermer leurs ports; que le peuple de la ville & du voifinage font toujours également occupés;. que les manufacturiers ne manquent point de débouchés, & qu'il y regne une parfaite tranquillité ». On a tenu à peu-près le même langage dans l'adreffe de la ville de Liverpool; ce qui a attiré à ceux qui l'ont fignée la note fuivante inférée dans le Liverpool-Advertiser: Notre trai te, jadis fi étendue en Afrique, eft réduite à l'inaction & tout commerce avea l'Amérique eft interrompu. Vifitez nos darfes, & comptez-y les vaiffeaux dont on ne fait plus d'ufage. Quand s'en fervira-t-on de nouveau ? Que deviendront, pendant l'hiver prochain, les matelots, les artifans, les boutiquiers ? Répondez à ces questions, & puis penfez à notre adresse.

[ocr errors]
[ocr errors]

Si la majeure partie du royaume approuve les mefures prifes par le gouvernement & par le parlement relativement aux colonies; le parti qui les condamne, n'en eft pas moins confidérable. Quoique les adreffes que plufieurs villes & bourgs s'empreffent de préfenter au roi, foient remplies de raifons folides fur la néceffité de maintenir la fouveraineté de la couronne fur les colonies, cependant le parti de l'oppofition les décrie fortement. D'ailleurs, les affociations continuent de fe former, & de porter leurs demandes & leurs vœux au pied du trône. Les négocians de Londres préfenterent, le 10,une de leurs deux adreffes, fignée de 1110 perfonnes, par laquelle ils dé

[ocr errors][merged small]

fapprouvent la conduite tenue à l'égard des Amé. ricains, & fupplient S. M. de faire ceffer la guer-> re civile dans les colonies. L'autre adrefle n'a

pas encore été préfentée: elle porte, « que le roi, la chambre des pairs & celle des communes conftituant le pouvoir législatif de la Grande Bretagne, le roi n'en faifant que partie, ne peut feul ufer de ce pouvoir, à l'exclufion des deux autres corps; qu'ainfi le droit de taxer appartient inconteftablement aux trois corps réunis de l'autorité fuprême ». Les négocians de Bristol, qui font dans les mêmes fentimens que ceux de cette capitale, quant à la guerre civile, firent auffi remettre au roi, le II, leur requête par un de leurs repréfentans en parlement. Cette piece, qui eft fignée par 979 perfonnes, furpaffe de 78, le nombre des fignatures de celle qui fut préfentée le 7 à S. M. Ces adrelles ont été fuivies de plufieurs autres fur le même objet.

Dans ces circonftances, où le grand nombre de ces pieces ne peut qu'occafionner & entretenir la plus grande fermentation dans les efprits le miniftere a fait publier une déclaration dont voici la fubftance.

Les partisans de ceux qui n'ont point la majorité dans le parlement, les fauteurs de la révolte tentent tout pour exciter du mécontentement dans le royaume. & ont échoué jusqu'ici dans leur déteftable deffein. Le peuple, qui fent a profpérité & fon bonheur ne s'en laiffera point impofer par de faux bruits, & les affurances de prétendus griefs qui n'exiftent que dans l'imagination déréglée des efprits féditieux. Un commerce qui n'a fouffert aucune diminution des réfolutions précipitées & hardies des colonies; un cours de changes qui fe foutient contre tous les états de l'Europe, feront toujours une preuve infaillible de l'état floriffant de la nation. La bonne intelligence qui regne avec toutes les puiflances étrangeres, fondée fur la conviction où elles font que nous avons des infultes à venger; & la dignité des nations à foutenir; le grand accroiffement de revenu provenant de l'accroiffement extraordinaire de pos importations dans

« PreviousContinue »