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ment de l'académie royale des sciences de cette ville, les fçavans de toutes les nations à s'occuper de cet important objet. L'académie, conformément aux ordres de S. M., propofe en conféquence, pour le fujet d'un prix extraordinaire qui fera proclamé à l'affemblée de pâques 1778, de trouver les moyens les plus prompts & les plus économiques de procurer en France une production & une récolte de falpêtre plus abondante que celles qu'on obtient préfentement, & fur tout qui puiffent difpenfer des recherches que les falpétriers ont le droit de faire dans les maisons des particuliers. Ce prix fera de 4 mille livres, & Sa Majefté a jugé à propos d'y joindre deux acceffit; le premier du prix de 1200 liv., le fecond de 800 liv. Les mémoires ne feront admis pour le concours que jufqu'au Ier. Avril 1777 inclufivement; mais l'académie recevra jufqu'au dernier Décembre de la même année les fupplémens & les éclairciffemens que voudroient envoyer les auteurs des mémoires qui lui feront parverus dans le tems prefcrit. Les ouvrages feront écrits en françois ou en latin.

L'académie , pour faciliter le travail & les recherches de ceux qui voudront concourir, a cru devoir, en propofant ce prix, faire entrer dans fon programme une notice affez détaillée de l'opinion des phyficiens & des chymiftes fur l'origine & la génération du falpêtre, & fur l'état actuel de nos connoiflances relatives à cet objet.

Le Sr. le Laboureur, lieutenant-colonel d'infanterie, ayant donné au roi fa démiffion des places de chevalier du guet & de commandant de la garde de Paris, S. M. en a pourvu le chevalier Dubois, lieutenant-colonel d'infanterie. S. M. voulant, en même tems, donner au Sr. le Laboureur des marques de la fatisfaction qu'elle a de fes fervices,lui a accordé un brevet d'honneur de

es deux places, avec une penfion de retraite de 8 mille livres.

Du tems que Mlle. de Clermont étoit furintendante de la maifon de la reine, les dames d'honneur & d'atours recevoient les ordres de cette princeffe; mais depuis fa mort, elles avoient coutu me de les recevoir de la reine même. A préfent que la princeffe de famballe eft revêtue de cette dignité, il s'eft élevé des difficultés à ce fujet, & on les a levées en décidant que les dames d'honneur, d'arours & du palais prendroient les ordres de la reine même, & que le refte de la maison de Sa Majesté les recevroient de la princeffe de Lamballe. Les appointemens de la furintendante font de 200 mille livres. On dit que la maréchale de Mouchi en a 40 mille de retraite.

Il y eut le 4 de ce mois, dans la plaine des Sablons une courfe de chevaux qui commença à une heure, & ne dura pas plus de 6 à 7 minutes. La reine l'a honorée de fa préfence, ainfi que plufieurs feigneurs & dames de la cour. Les contendans étoient Mgr. le comte d'Artois, M. le duc de Chartres, le duc de Lauzun & le marquis de ConAans. C'eft le cheval du duc de Lauzun qui a gagné le prix, qui étoit de 25 louis par tête de coureur: il y avoit des paris confidérables: le courfier vainqueur eft un bai normand. On eft conyenu d'une nouvelle courfe pour le 19 Avril prochain. Ce fpectacle, nouveau en France, est dû à Mgr. le comte d'Artois, dont les vues font d'améliorer la race des chevaux françois.

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Le maréchal comte du Muy, ayart réfolu de fe faire tailler par le frere Côme, il fubit le 9, cette pération, qui dura 36 minutes, & fut des plus douloureufes, parce que la pierre, qui étoit friable, s'étant caffée, il fallut en ramaffer toutes les parties. Comme le ftere Come paroifloit af

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fligé de prolonger fes fouffrances, il lui dit : Fai tes ce qu'il faut, fans rien craindre ; je me suis prépare à fouffrir, & fuis réfigné a tout événement. L'inflammation & les irritations furvenues le 10, obligerent de le faigner & de le mettre dans le bain. Le danger augmentant de plus en plus, le maréchal demanda, le même jour au foir, l'extrême-onation, le feul des facremens dont il ne s'étoit pas pourvu, & mourut dans la nuit.

avec

Le maréchal comte du Muy, dont on connoit le repectueux attachement envers Mgr. le dauphin, dont il avoit été menin, avoit fupplié le feu roi de lui accorder la grace de fe faire inhumer auprès de ce prince; & l'avoit obtenue. En conféquence, fon corps fut transporté à Sens, la nuit du 12 au 13. Il avoit fait faire lon maufolée au pied de feu Mgr. le dauphin, & il n'y avoit pas plus de 15 jours qu'il étoit achevé toutes les marques de fes dignités : l'infcription même y étoit, & il n'y manquoit que le jour de fon décès pour lequel on avoit laiffé l'efpace néceffaire. Ce miniftre emporte l'eftime générale que les mœurs & la probité la plus fcrupuleufe lui avoient conciliée. On affure que lorfqu'il prit congé du roi, il dit: Je prends congé de votre majefté pour 3 femaines ou pour toujours.

La chambre des vacations vient d'entériner les lettres de grace accordées à un cordelier dont l'aventure finguliere, mérite d'être rapportée.

Ce religieux fe promenant dans les environs d'Amiens fut accofié par deux gardes-ducorps qui font en garnifon dans cette ville. Un d'eux, qui avoit une petite baguette, chatouilloit les mollets du religieux, qui fe contenta d'abord de dire à ces deux militaires qu'ils pouvoient paffer devant lui, & que fon intention n'étoit Pas de leur fermer le paffage. Sur cela il y eut beaucoup de perfifflage; & après um affez long badinage de

part & d'autre, les gardes-du-corps redoublerent tant de fois le gefte de la baguette, que le cordelier fut obligé de s'en fâcher: il dit à fes agreffeurs que s'il avoit eu une épée, ils se seroient difpenfés de le pouffer à bout; à l'inftant un des gardes lui offrit fon épée. Le combat s'engagea, & le garde du corps refta fur le carreau. L'affaire portée devant les juges d'Amiens, le cordelier fut condamné, aux termes de la loi, à être pendu. Appel au parlement : le combattant fut transféré dans les prifons de la conciergerie, où il a obtenu fes lettres de grace; & l'arrêt d'entérinement ordonne que le procès fera fait au garde, auteur & témoin du combat. Le cordelier a été mis en liberté.

Le Sr. de Monthieu a obtenu fon élargiffement de l'abbaye, en confignant 250 mille livres pour les 10 mille fufils qui ont été brifés fuivant le jugement du confeil de guerre, dont on a rendu compte dans le tems.

On affure que toute la famille de la dame de St. Vincent & celle de fon mari se sont réunies pour présenter une nouvelle requête, bien plus forte que celle dont on a déjà parlé, contre le maréchal de Richelieu. Quelle que foit l'iffue de cet. te étrange affaire, elle ne peut que caufer bien des chagrins à toutes les parties.

Le contrôleur général a profité du féjour du roi à Choify jufqu'au voyage de Fontainebleau, pour aller en Bourgogne s'affurer par lui-même des moyens d'exécuter le canal projetté depuis longtems dans cette province. On re fçauroit trop multiplier les établiffemens de cette espece, qui doivent fauver les denrées de ces gouffres appellés Chemins, où elles perdent toute leur valeur en frais.

Un particulier de Loudun a formé le projet de défricher les marais qui bordent la petite riviere

de Dive. Il follicite, dit-on, la permiffion de former une compagnie qui, avec un capital de 7 à 8 cens mille livres, rendroit à l'agriculture un excellent terrein de 7 à 8 lieues de long, procureroit un canal navigable qui prolongeroit une libre communication avec le Gâtinois & tout le Poitou.

&

Comme il eft défendu de diftribuer des billets de loteries étrangeres en France, le roi d'Efpagne a demandé la permiffion de faire diftribuer ceux d'une loterie de la part d'une compagnie qui fe propofe la conftruction d'un canal très utile à fes états dans le royaume de Murcie. S. M, a fait écrire au comte d'Aranda qu'elle toléroit cette diftribution, pourvu qu'il n'y eût pas d'affiche publique. Cette loterie d'une combinaison finguliere offre de grands appâts. Son fond eft de 15 millions: elle porte 250,000 billets à 60 liv. chacun, dont l'intérêt fera payé pendant 8 ans, foit que l'on meure ou que l'on vive, & ils concourront pour des lots en viager en très-grande quantité & de confidérables, puifqu'il y en a un de 100 mille livres de rente dans le dernier tirage, qui aura lieu au mois de Juillet 1784.

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La maladie des bêtes à cornes ne fe rallentit point, & jufqu'à préfent les remedes adminiftrés n'ont produit aucune guérifon, elle a gagné Toulouse; il est bien à craindre que cette épidémie fe communique de proche en proche, & que les foins que l'on apporte pour l'empêcher, ne répondent pas à ce qu'on en efpere. Les provinces qui ont effuyé ce fléau, font dans un état déplorable, par l'impoffibilité où l'on y eft de cultiver la terre; le gouvernement s'occupe des moyens de venir à leur fecours, & de fuppléer par d'autres animaux, au fervice que l'on tiroit des bêtes à

cornes,

Un orage affreux à défolé la ville & les en
Novembre, ze. quinz. 1775

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