appointemens que la république leur avoit affignés ». Cette commiffion a publié en même tems un fecond univerfal, pour enjoindre à ceux qui ont pris en bail des biens de la ci-devant fociété, de donner la caution requife, dans un délai de fix femaines, fous peine dê re déclarés déchus de leur bail, ainfi que de payer les intérêts ftipulés, s'ils ne veulent pas qu'il foit procédé contre eux par les voies de droit, &c. La commiffion des livres élémentaires a repris fes affemblées à la bibliotheque de Zaluski.

Il n'y a encore rien de décidé fur l'affaire des chefs des Tartares polonois. L'inftruction de cette affaire exige beaucoup de ménagemens, pour ne pas compromettre le prince dont les coupables avoient reclamé la protection. On dit que fuivant une loi qui exifte en Pologne, il fuffit qu'ils aient formé le projet de fortir des terres de la république pour être condamnés à

mort.

Après l'arrivée d'un courier de Mofcou, le bruit fe répandit ici que les Ruffes avoient reçu ordre de fortir de ce royaume. Il paroit fe confirmer par des difpofitions du général Romanius, qui fait rentrer tous les petits détachemens dans leurs corps refpectifs. Cependant on ne fçait comment accorder ces préparatifs de départ avec les nouvelles de Ruffie, qui portent que plufieurs régimens ruffes qui ont fait partie de la grande armée, & qui étoient déjà fort avancés dans les terres de l'empire, reviennent fur leurs pas. Quoiqu'il en foit, le général Romanius ne fera pas un long féjour en cette capitale, puifque l'impératrice l'a nommé gouverneur d'Orenbourg,

Suivant les lettres de Galicie & de Lodomerie la cour de Vienne a défendu, sous peine de 500 ducats d'amende, de faire ufage à l'avenir d'aueun titre polonois, tels que ceux de palatina

caftellan, ftarofte, porte-glaive, échanfon, &c. On affure que le prince Lubomirski, grand maréchal de la couronne, dont les biens font fitués dans ces provinces, a formé le deffein de quitter cette capitale pour aller fixer fon féjour à Léopol.

Nous jouiffons ici d'une arriere-faison si agréable que nos campagnes font de nouveau émaillées comme au printems. Plufieurs arbres, tels que les chateigniers, cerifiers, grofeillers, &c. portent des fruits & des fleurs.

La ville de Mozyr, en Lithuanie, vient d'être entierement réduite en cendres. Comme les Juifs qui l'habitent avoient des amas de poudre, dont ils font commerce il n'a pas été poflible de fe hazarder à y porter des fecours.

ALLEMAGNE.

HAMBOURG (le 12 Octobre.) Le baron de la Houze, minire plénipotentiaire de France au cercle de la Baffe-Saxe, vient d'arriver en cette vile, après une absence d'un an.

Les troupes hanovriennes destinées pour Gibraltar & l'ifle de Minorque, font arrivées depuis quelques jours à Ritze buttel & Cuxhaven, où elles s'embarquerent le 5 & le 6 de ce mois, avec l'agrément de notre magiftrat, fur 17 vaiffeaux de tranfport, anglois, en préfence du prince Ernest de Mecklenbourg Strelitz, du colonel Fautlet, & de plufieurs autres officiers. Ces bârimens, qui font efcortés par une corvette angloise, ont été retenus jufqu'au 9 par le vent contraire.

Ces 5 bataillons feront fuivis au printens, d'un nouveau corps de volontaires, que le lieutenantcolonel Scheiter eft chargé de lever dans la Ha novre. Il fera compofé de 1400 hommes d'infanterie & de 600 de cavalerie; tous les foldats

doivent être étrangers, & les officiers moitié étran gers & moitié nationaux. On dit auffi que le major Lutterloh va mettre fur pied un autre corps de 1500 hommes.

Le prince évêque de Hildesheim, vient d'être nommé par le pape, évêque des miffions catholiques du nord, & a, en cette qualité, accordé les pleins pouvoirs néceffaires à deux eccléfiaftiques chargés de faire la vifite de ces miffions. L'un eft l'abbé Cortez, ci-devant Jéfuite, & provincial du Bas-Rhin; l'autre eft un chanoine de la collégiale de Hildesheim. Ces deux prêtres font déja ici, d'où ils vont parcourir les états du fep

tentrion.

La cour de Vienne a étendu infenfiblement fa domination fur la meilleure partie de la Moldavie, en prolongeant le cordon de fes troupes jufqu'à l'endroit où le Pruth fe jette dans le Danube: Choczim & Poloskom paroiffent auffi devoir y être enclavées, puifque les Turcs ont fufpendu tout-à-coup les travaux commencés aux fortifications de la premiere de ces places. On affure que cette puiffance ne fe børnera pas à ces nouvelles acquifitions, & qu'elle réclame Belgrade avec la Servie, dont cette ville eft la capitale. La nouvelle démarcation fixera les incertitudes à cet égard; elle doit être bientôt réglée par les commilaires turcs, & ceux de la maifon d'Autriche, qui feront inceffamment raffemblés à Jafly. C'est le lieutenant-général baron de Barco qui eft à la tête de la commiffion de cette derniere puiffance.

La Russie eft fort occupée de tout ce qui peut faire fleurir (on commerce dans la mer noire. C'eft dans cette vue qu'elle a formé le deflein d'unir par un canal le Nieper avec le Bog pour entrer plus facilement dans cette mer; on éviteroit parlà le paffage dangereux des cataractes ds ce premier fleuve. Si ce projet, digne de Catherine II

eft exécuté, il en résultera de grands avantages pour la Pologne.

Le bruit fe répand que le prince de Repnin ambaffadeur de Ruffie à la Porte, a déclaré qu'il ne feroit fon entrée a Conftantinople que lo fque les députés des Tartares de Crimée en feroient partis.

BRRLIN (le 20 Odobre. ) Le roi, qui a été indifpoté pendant quelques jours, d'un ac.ès de goutte, eft actuellement rétaoli. S. M. a difpolé de la commanderie de Schievelbein vacante par la mort du général comte de Wartenfleben, faveur du comte de Finkenftein, miniftre d'état au département des affaires étrangeres.

en

Le roi, dont le fyftême paroit être d'établir la plus grande uniformité dans l'adminiftration de toutes fes provinces, veut, en conféquence, y introduire aufli l'uniformité du langage, qui facilite celle des idées. Les habitans de la Silésie, au-delà de l'Oder, parlent prefque tous la langue polonoife, tandis qu'une partie de ceux qui habitent la rive gauche de cette riviere, parlent une langue dont l'eflavon paroit être la base, & qui leur eft commune avec la Luface & quelques cercles de la Bohême. Ces peuples, dont l'éta bliffement remonte au fixieme fiecie, & qu'on nomme aujourd'hui Winides (comme defcendans, à ce qu'on croit fans fondement, de l'ancien peuple de ce nom, qui, dans le feptieme fiecle, fecous le joug des Avares), ont confervé, non-feulement leur langue, mais leurs ufages, leurs coutumes & les vêtemens bizarres de leurs peres. On prétend même que plufieurs d'entr'eux font encore plongés dans les erreurs du paganifme. Pour détruire, s'il eft poffible, ces reftes de barbarie, S. M. a établi des maitres de langue allemande dans la plupart des villages efcla

yons: elle y a même fait paffer des familles entieres, dont tous les chefs font tenus d'envoyer leurs enfans à ces écoles; enforte qu'on a lieu d'efpérer que la génération prochaine aura perdu l'ufage de la langue esclavone.

L'affluence de nobleffe qui s'eft trouvée aux fêtes de Mofcou, a fait naître à l'impératrice l'idée d'en former un cops de cadets, tant à pied qu'à cheval; il fera compofé de 5 compagnies, de 100 hommes chacune qui feront alternativement le fervice à la cour. Les lettres qui font mention de cette nouvelle, ajoutent que l'impétrice en parlant de cet établiffement, a dit en langue françoife: Ce feront mes mousquetaires, & je les montrerai, dans les grandes occafions, a mes amis & à mes ennemis, comme polis & comme braves.

VIENNE (le 21 Odobre.) Le général Elleringshaufen ayant demandé & obtenu fa démiffion, L. M. I. ont difpofé du commandement de leurs troupes dans les provinces de Gallicie & Lodomerie, dont il étoit pourvu, en faveur du général Ziskowitz, qui eft remplacé par le comte Jofeph Colloredo, en qualité de commandant des troupes fur les frontieres de Hongrie.

L'impératrice reine vient d'accorder à fes fujets du royaume de Bohême une diminution d'un million de florins fur les impôts annuels. Celui qui concerne la biere a été augmenté en mêine tems; mais comme ce font les feigneurs de ce pays qui font en poffeffion des brafferies, ils fupporteront feuls cette augmentation, qu'on évalue à 600 mille florins. On efpere que les bontés multipliées de S. M. I. toucheront enfin le cœur des Bohémiens, dont les difpofitions ne font pas encore bien connues. Suivant les uns, ils font tranquilles & rentrés dans le devoir. D'autres affurent