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Jument befoin de vendre leurs grains pour réparer les pertes que leur a caufé la maladie des beftiaux.

La Gazètre de fanté de Paris, No. 37, rappor-. te un fecret bien précieux, qui, s'il eft fondé, feroit bien au-deffus de l'inoculation, Voici le fragment de la lettre qui y eft inférée.

«L'ufage en eft pratiqué depuis plus d'un fiecle, peut être, dans quelques familles du Hainaut Autrichien. Sans en garantir la réuffite générale, je puis affirmer que de tous les enfans fur lefquels il a été employé, aucun n'a eu la petite-vérole. Je pourrois citer une famille nombreuse de Mons, dont les enfans foumis à cette pratique, en ont tous été exempts, tandis que les autres font affligés de ce fléau, qu'on n'entretient bénignement, fans doute, par l'inoculation, que parce que l'on maque de reffource pour l'extirper. En voici une:fi elle n'eft pas efficace, elle est au moins avouée par la propreté.

«Lorfque l'enfant eft reçu, avant de lier l'ombilic, il faut en le coupant, laiffer affez de longu ur au bout qui tient au nouveau né, pour qu'on puiffe le retenir avec facilité; on a foin d'en exprimer une liqueur jaunâtre, & lorfque Ja preffion ne peut en obtenir davantage, on prend une petite éponge de bouche qu'on imbibe d'eau tiede; on s'en fert pour laver cette partie, jufqu'a ce que l'eau devenant claire, on laiffe fuinter alors une goutte de fang, dont le vermeil annonce qu'il ne refte plus de ce ferment jaune qu'on croit être le virus arabe; enfin, on lie lombilic, & l'opération eft faite. Ne dût elle pas opérer l'effet que lui attribuent fes partifans, elle tient d'aflez près à la fanté, elle est aftez fimple, elle a trop peu de prétention pour qu'on puiffe l'attaquer, ou n'en pas faire ufage. J'aurois pu, d'un ton emphatique, vous en garantir le

fuccès, je ne puis en douter; mais je préfere de vous écrire tout bonnement ce qui en eft. C'eft à l'empire de la confiance que vous Vous êtes établi fur les gens fans paffion, à donner à cette partie innocente tout le vernis qu'il lui faut pour faire fortune. Je fouhaiterois que le gouvernement, qui doit veiller furle bonheur des hommes, daignât en prefcrire l'ufage aux accoucheurs & aux fages-femmes.

J'ai l'honneur d'être, &c.

Signé, l'abbé DE BIZANCE, Vic. Gén.

GRANDE

BRETAGNE.

LONDRES ( le 29 Septembre. ) Le comte de Taube, qui eft arrivé ici de Hanovre, eut l'honneur d'être préfenté au roi le 20 de ce mois. Le motif de fon voyage eft de concerter les arrangemens qu'on doit faire pour le transport des troupes hanovriennes qui paffent a la folde de la Grande-Bretagne.

Le 21, le roi nomma le Sr. Annefley fon ambaffa. deur à Conftantinople, & S. M. lui conféra en même tems le titre de chevalier.

Les patriotes de la cité ont été le 25 en grand mouvement. Les francs tenanciers du comté de Middlefex ont tenu, avant midi, une affemblée, où le lord-maire préfident a fait lecture de certaines inftructions pour les membres de la province ayant féance au parlement,, ainfi que d'une lettre aux autres provinces du royaume, pour les engager à donner de pareilles inftru&ions leurs repréfentans fur le même fujet, lefquelles furent approuvées à la pluralité des voix. Ils y font chargés de préfenter à l'affemblée nationale des moyens de pro curer une réconciliation avec les colonies. Il y a eu auffi le foir, une affemblée des bourgeois de Londres, 'où il a été réfolu de mettre fur les rangs pour la place de lord-maire de cette ville, pour l'année prochaine les rs. Wilkes & Sawbridge. Il y a eu de très-vifs débats dans ces deux atfemblées, d'où l'ordre & la bien; féance ont été totalement bannis.

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Les corporations de Lancaster, de Manchefter, de Leicester & de Liverpool ont fait préfenter au roi des adreffes par lefquelles elles lui témoignent combien elles font touchées de la rebellion qui vient d'éclater en Amé

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rique; elles efperent que les colons ouvrant les yeux für leurs propres intérêts, reconnoitront enfin le pouvoir législatif della Grande-Bretagne ; mais s'ils perfiftent dans leur défobéiffance, elles defirent que S. M. prenne de telles mefures que le glaive ne foit point tiré vainement ; elles finiffent par affurer S. M. de leurs difpofitions à feconder fes vues en lui fourniffant tous les fecours qu'exigera la jufte défenfe des couft t .tions, &c.

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Tandis que la cour jout de la fatisfaction de voir adop ter fes principes par quelques villes & bourgs du royaume, il fe trouve des efprits remuans qui cherchent à les contrarier. Des perfonnes très confidérables, des particuliers, des francs-tenanciers, des citoyens ont formé une fociété fous le nom d'Association de Londres, dont l'objet paroit être de s'oppofer à l'administration actuelle, & de remettre en vigueur le commerce & la liberté de la

nation. Les comtés de Newcafile & de Middlefex font connus pour correfpondre à cette fociété, qui n'a pas encore affez de confiftance pour exciter l'attention du miniftere. Le maire de Worcester a été föllicité de former une affociation fur le mê ne plan, & d'entretenir une correfpondance avec celle de la capitale; on lui donnoît des confeils fur la maniere dont il devoit diriger fa conduite; mais, loin d'entrer dans ces vues, il a renvoyé au lord Suffolk le mémoire qu'on lui avoit fait parvenir für cet objet. Les magiftrats de quelques autres villes, à qui l'on avoit envoyé des plans femblables, en ont ufé de même.

Dans une affemblée tenue à Dublin le 28 Avril dernier, on avoit reçu une pétition de la part de plufieurs membres des communes, par laquelle ils fupplioient les lord-maire, sherifs, &c. de prendre en confidération les oppreffions de leurs freres d'Amérique, ainsi que les ca lamités qui devoient en réfuter pour l'Irlande & de préfenter une respectueufe adreffe au roi pour lui expofer les faits & demander le redreffement des griefs qui en réfultoient; mais le iord-maire & la cour des Aldermans avoient répondu que l'affaire étoit d'une trop haute importance pour qu'on ne dûr pas fe repofer à cet égard fug les foins du gouvernement. Cette pétition vient de leur être propofée de nouveau dans la derniere affemblée, & ils ont fait le même refus de s'en charger. On a cependant eu connoiffance de cette adreffe, dans laquelle on difoit que, faue vouloir rechercher les caufes des troubles de l'A◄ mérique, il étoit aifé de prévoir qu'ils ne pouvoient de venir que très funeftes à l'empire britannique en général,

& particulierement au commerce du royaume d'Irlande, qui avoit à redouter que quelque puiffance ne vint faire fur fes côtes une invafion imprévue, qui feroit d'autant plus sûre, qu'on avoit privé le pays de fes forces mili taires pour les faire fervir en Amérique contre des co-citoyens. Rien ne nous alarme plus, Sire, difoient ils, que la continuation d'une guerre qui doit nécessairement entrainer la ruine de nos productions naturelles, la feule fource de l'opulence de vos fideles sujets d'Irlande. & nous fupplions V. M. de calmer pour toujours les craintes de nos freres en Amérique, & de maintenir les droits conftitutionnels de V. M., & la légiflation britannique.

Quelques frégates & chaloupes de guerre, ainfi que divers bâtimens de tranfport, viennent de partir de nos ports pour Bofton avec un vent favorable, & le grand convoi dirande fuivra inceffamment. Le vaiffeau de guerre le Phénix, ayant à bord un détachement du corps d'artillerie, eft auffi prêt à mettre à la voile de Plymouth, avec 14 navires de tranfport, chargés de munitions de guerre & de toutes fortes de provifions pour l'Amérique, & l'on équipe en toure diligence pour la même deftination les vaiffeaux le Centurion, de 50 pieces de canon, le Boreas & le Niger chacun de 32 pieces. Tous ces renforts feront encore fuivis par d'autres au printems prochain. Un détachement de se hommes de marine, le régiment de cavalerie légere de Burgoyne, ainfi que divers autres corps, on ordre de fe tenir prêts à s'embarquer pour l'Amérique. Les levées pour recruter les anciens corps & en former de nouveaux fe font avec fuccès dans les trois royaumes. Les catholiques romains irlandois, ainfi que les montagnards écoffois,fe diftinguent extrêmement à s'enrôler, & Pon travail era, pendant l'hiver, aux difpofitions les plus efficaces pour ranger les colonies fous les loix de la nation, fi, dans l'intervall, elles n'acceptent le plan de réconciliation qui leur eft offert. On dit même qu'indépendamment des Hanovriens, le roi prendra des troupes étrangeres à la folde du royaume, & que la milice fera mife inceffamment fur pied.

L'intention de la cour eft d'avoir au printems, dans la province de la Nouvelle-Angleterre, une armée de 18 à 20 mille hommes de troupes réglées, dont les opérations feront fecondées par des vaiffeaux de guerre qui feront en croifiere le long des côtes. On affemblera pareillement du côté de la Virginie un corps de 12 mille hommes, qui fera auffi foutenu par des vaidleaux de guer

e pour foumettre les colonies méridionales. Le général Carleton s'avancera vers les frontieres des colonies limitrophes du Canada avec ce qu'il pourra raffembler de Canadiens & de Sauvages, pour faire une diverfion en faveur des troupes du roi. Ces différentes opérations forceront les Américains de divifer leurs forces, & faciliteront l'exécution des projets du miniftere.

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Quelque formidables que foient ces préparatifs, ils ne paroiffent pas artiédir l'ardeur des infurgens on apprend qu'ils ont formellement déclaré la guerre au parlement d'Angleterre & à fes troupes. Ce fut le 21 Juillet que toute l'armée américaine s'affembla près de Cam bridge dans la Nouvelle-Angleterre. Les troupes s'étant mifes en bataille fur une montagne, on y lut à haute voix à la tête de tous les corps, la déclaration du congrès-général contenant un expofé des motifs preffans qui forcert à prendre les armes. Après cette lecture. l'aumônier du régiment du général Putnam, adreffa a l'armée un difcours pathétique, qui fut fuivi d'une priere générale. Enfuite le fignal ayant été donné par un coup de canon du fort, on déploya le drapeau qui avoit été envoyé depuis peu par le congrès, & fur lequel on lit d'un côté Appel au ciel, & de l'autre ces mots la tins, qui tranftulit fuftinet. Les troupes du roi furent témoins de cette cérémonie, & se tinrent prêtes à recevoir les infurgens, qu'elles fuppofoient vouloir s'avancer vers Bofton; mais ils ne firent aucun mouvement.

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Les deux armées font toujours en préfence, & s'obfervent réciproquement. La pofition des troupes roya les eft d'autant plus critique qu'elles manquent des cho, fes les plus néceffaires à la vie. Quoique le général Gage ait mandé à la cour qu'il a eu le bonheur de fe procurer, par une efcadre de tranfport, 1, 800 brebis & 100 bêtes à corne, il ne s'eft pas moins déterminé à accorder aux habitans de Boston la permiffion de fe retirer; mais en leur laiffant la liberté d'aller chercher leur fubfiftance ailleurs il leur a défendu d'emporter leurs effets. Cette condefcendance ne peut s'attribuer qu'à la difette de vivres, & à la crainte d'épuifer les magafins du roi pour la nourriture des habitans. On fçait en effet que le défaut de provifions fraîches & de légumes, a occafionné parmi les troupes du roi des maladies telles que le fcorbut, la dyfenterie, & des fievres qui emportent chaque jour beaucoup de monde, & que le mal-être des foldats les porte à la défertion. On apprend auffi que 14 officiers de l'armée royale ont don

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