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marqués que par des bienfaits, de ce monarque qui nous a rendu nos magiftrats, parce qu'il eft jufte, & qu'il cherche la vérité. Il falloit boire enfuite à la fanté du grand homme qui avoit eu le courage de la dire, cette vérité; & Vive le roi, vivent les Broglie, accompagnoient chaque verre de vin.

L'auteur des Affiches de Metz, dont nous empruntons cet article, rapporte plufieurs anecdotes qui peignent bien les tranfports des Meflins. Nous nous bornerons à celle-ci.

Un homme du peuple, au milieu de la joie univerfelte, regardoit fans mot dire. Un autre l'apperçoit; il l'accofte. - Malheureux, veux-tu bien crier: Vive le roi, vivent les Broglie ? A cela point de réponfe; bientôt il eft entouré de cent bourgeois qui l'accablent d'injures, & de - Eh Meffieurs! ne fuis-je pas Meffic? Ah! fans un maudit rhume.... La voix rauque & entrecoupée avec laquelle il prononça ces mots, fit rire tout le monde, & on l'emmena boire pour le guérir.

menaces.

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BLOIS (le 25 Septembre. Les arts & métiers font ici févérement reftreints en corporations autant & plus qu'ailleurs. Ces corps font très-inquiets, jaloux & plaideurs. Leurs procès innombrables & interminables les ont accablés de dettes, qui, jointes à d'autres circonftances, rendent les maitrifes prefqu'inacceffibies. Les cor. donniers & les favetiers de cette ville ont longtems plaidé pour fçavoir fi les premiers pouvoient travailler en vieux, & les feconds en neuf : l'année derniere, un arrêt du confeil réunit les deux communautés, & elles ne ceffent de louer la fageffe & la bonté du gouvernement qui leur a rendu la paix à jamais, & les a délivrés des plus déplorables dépenfes. Pendant plus de 50 ans

les marchands merciers, quincaillers, épiciers droguiftes, &c. ont plaidé contre les marchands chandeliers ciriers; enfin, ces deux communautés viennent d'être également réunies par un arrêt du confeil du 4 Septembre. Il eft permis aux merciers, épiciers, joailliers, ciriers, chandeliers de la ville de faire concurremment avec les apothicaires, épiciers, commerce d'épiceries, drogueries, à la charge que ceux qui l'entreprendront, fouffriront les vifites des jurés apothicaires, conjointement avec les gardes des marchands merciers, &c., & fe conformeront aux ftatuts. Le corps des merciers travaille à mettre opposition à l'arrêt. La fageffe du gouvernement ne laiffe à cet égard aucun fujet de crainte : elle nous fait au contraire penfer que ces réunions différentes préparent la réunion générale de tous les intérêts, de tous les droits, de tous les fentimens, par la liberté générale, qui feule les concilie.

NEVERS (le 20 Septembre.) Madame la princeffe de Piémont arriva de Briare en cette ville le 30 du mois dernier, à 8 heures du foir. Le régiment Royal Normandie, cavalerie, féparé en deux quartiers à Nevers & à Moulins, ayant à fa tête le marquis de Poyanne, commandant de la province, & le prince de Croy, colonel meftrede-camp de ce régiment, alla au devant de la princeffe jufqu'à une certaine distance de la ville, & l'accompagna jufqu'à la porte, où fon alteffe royale fut haranguée par le corps munici pal, fuivi de la milice bourgeoife fous les armes, & enfuite faluée par les canons de la ville, qu'elle traverfa au fon de toutes les cloches, & au bruit des acclamations d'un peuple nombreux qui faifoit éclater fa joie par les cris réitérés de Vive le roi & Mme. la princeffe de Piémont. Toutes les rues de la ville étoient illuminées; la grande

place furtout, le château ducal, & l'évêché où fon alteffe royale devoit défcendre, l'étoient d'une maniere remarquable. Arrivée à l'évêché, cette princeffe fut reçue au bas de l'efcalier par le marquis de Poyanne. Le Sr. Depont, intendant de la province, la dame Depont fon épouse, qui eut l'honneur de lui être nommée, & l'évêque de Névers, qui lui fut préfenté avec les grands vicaires. Lorfqu'elle fut montée dans l'appartement qui lui étoit deftiné, le chapitre de l'église cathédrale, & fucceffivement tous les corps de magiftrature eurent l'honneur de la complimenter. Elle admit enfuite toutes les perfonnes diftinguées de la ville, & un peuple nombreux à l'honneur de la voir fouper. Le 31, fon alteffe royale, accompagnée de la comteffe de Marfan, de fes dames d'honneur & d'atours, & de toute fa fuite, fe rendit à 11 heures du matin dans l'églife cathédrale, où l'évêque la reçut à l'entrée de l'églife, en habits pontificaux, à la tête de fon chapitre, & eut l'honneur de lui préfenter l'eau bénite, & de la complimenter. Son altefle royale fut conduite proceffionnellement dans le chœur, où elle entendit la meffe, pendant laquelle la mufique de la cathédrale exécuta plufieurs motets. Mme. la princeffe de Piémont fut reconduite de l'église à l'évêché avec le même cérémonial: enfuite elle dî na; & après avoir laiffé ici les traces les plus touchantes de la bonté de fon cœur, & donné à notre évêque des marques précieufes de fon eftime & de fon éminente piété, en demandant à ce digne prélat fa bénédiction paftorale, elle partit à midi pour Moulins, & fut reconduite à quelque diftance de la ville par le régiment Royal-Normandie, au milieu des regrets & des vœux d'un peuple aufli touché de fon départ, qu'occupé du bonheur qui l'attendoit.

Le fieur Dubois, préfident de la chambre des

comptes de cette ville, a complimenté Mme. la princeffe de Piémont en ces termes.

MADAME,

Au milieu des acclamations de joie qu'excite en ces lieux votre augufte préfence, nous éprouvons qu'il n'eft pas de bonheur fans mélange. Les premiers hommages que nous offrons à votre altee royale font marqués par les regrets qui en font in• Séparables. La France, en vous perdant, rend aujourd'hui à la Savoie les dons qu'elle en a reçus: pour acquitter, Madame, une dette auffi précieuse, il ne falloit rien moins qu'une princeffe formée par les mains de la fageffe (1), qui unit au rang le plus augufte cet heureux affemblage de graces & de vertus qui doit faire le bonheur d'un époux deftiné pour le trône, & les délices des peuples: vous allez, Madame, remplir ce double objet dans une cour où la vertu eft héréditaire, & au milieu d'une nation fidelle qui voit déjà dans cette union l'avenir le plus heureux.

Quelle gloire pour le miniftre (2) fi cher à cette province, d'avoir pu contribuer à cette nouvelle alliance, puifqu'en refferrant les nœuds qui unif foient déja deux couronnes fi dignes l'une de l'autre, elle affure en même tems la félicité respective de deux nations voisines qui femblent aujourd'hui n'en former qu'une feule aux yeux de l'Europe! Nous espérons, Madame, que vous gouterez cette douce illufion au milieu d'un peuple dont l'amour pour fes maitres vous retracera chaque jour le fouvenir des François ; & cette idee confolante, en jufhfiant nos regrets, pourra feule les adoucir.

•VERSAILLES(le 5 Odobre.) Le roi ayant

(1) Mme. la comteffe de Marfan.

(2) M. le baron de Choifeuil, ambaffadeur à Turin.

1

jugé à propos de rétablir la charge de furintendante de la maifon de la reine, S. M. en a dipofé en faveur de la princeffe de Lamballe, qui prêta ferment, en cette qualité, le 19 du mois dernier, entre les mains de la reine.

Le même jour, le duc d'Harcourt prêta ferment entre les mains du roi pour le gouvernement de Normandie, dont S. M. l'a pourvu, fur la démiffion que le maréchal duc d'Harcourt fon pere en avoit remife au roi.

S. M. a accordé l'évêché de Séez à l'évêque de Tagafte, premier aumônier de Monfieur. Le roi a auffi accordé l'abbaye de Froimont, ordre de Cîteaux, diocefe de Beauvais, à l'évêque de Rennes; celle de Boheries, même ordre, diocefe de Laon, à l'abbé de Bayanne, auditeur de rote; celle de St. Denis, ordre de St. Auguftin, diocefe & ville de Reims, à l'abbé de TalleyrandPérigord; & celle d'Iverneaux, inême ordre, diocefe de Paris, à l'abbé de Boutouillic, ancien vicaire-général de Vannes, & ancien confeillerclerc au parlement de Bretagne.

par

S. M. a donné à l'abbé Frottier la place de chapelain de fa chapelle oratoire, vacante la retraite de l'abbé Solon. Elle a accordé en même tems au Sr. de Vaines, premier commis des finances, la place de lecteur du cabinet, avec les entrées & droits attachés aux charges de lecteurs de fa chambre.

La maréchale de Mouchy ayant obtenu de la reine la permiffion de fe démettre de la place de fa dame d'honneur, S. M. en a pourvu la prin ceffe de Chimay, fa dame d'atours, & a nommé à la place de dam e d'atours, la marquife de Mailly, ci devant dame de fon palais, lefquelles ont, chacune en leur qualité, prêté ferment entre les mains de la reine, le 23 ; après avoir eu enfuite l'honneur d'être préfentées au roi, &

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