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foirées fucceffives. Le 3 de ce mois, ils le font affemblés en grand nombre fur, la place de la bourfe pour offrir des conditions aux marchands; mais ces conditions ayant été rejettées, ils ont menacé de faccager la bourfe dès le foir même. Cent vingt hommes armés, auxquels la détenfe de ce lieu fut confiée, n'empêcherent pas que les rebelles ne vinffent l'environner. Il y en eut deux tués & trois bleffés. Les matelots n'en font devenus que plus furieux, & le 4, ils ont enfoncé des magafins à poudre & à ffils; après quoi ils ont, une feconde fois, environné la bourfe, quelques-uns armés de fufils, d'autres de fabres; & ayant placé à leur tête trois canons, ils ont arboré l'étendard de fans quartier. Le 5, les matelots révoltés, après avoir fait fix décharges de moufqueterie, & tiré fix coups de canon, fe font tranfportés chez deux marchands à Whitt Clepel, ont jetté leurs meubles par les fenêtres, & font defcendus dans les celliers, où ayant trouvé des liqueurs, ils fe font tellement enivrés qu'un détachement de foldats, qui venoit d'arriver, en a arrêté fans peine un grand nombre, qui eft actuellement dans les prifons. Depuis ce moment, la tranquillité fe rétablit dans la ville.

On voit ici l'extrait d'une lettre du général Lee au général Burgoyne, à l'arrivée de ce dernier à Boston.

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Je vous conjure de n'attribuer cette lettre qu'au vif in térêt que je prends à la tranquillité future de votre esprit & a votre reputation. Je déplore finceremenr l'opiniâtre té & le malheur des tems qui ont pu féduire des perfonnes d'un caractere tel que vous & Mylord Howe, & les entraîner à accepter un fervice dirigé contre leurs freres.... Je me difpenfetai de vous dire mon opinion fur le droit de taxer les Américains fans leur confentement. Ce que j'ai lu de vos difcours à ce fujet, me fait connoitre affez votre opinion fur ce point; mais j'affirmerai hardiment que fi ce droit avoit été établi par mille régle

mens; que fi l'Amérique Pavoit accepté ou admis de tems immémorial, ce feroit le devoir de tout bon Anglois de l'abroger, puifqu'il entraîneroit infaillib'ement un jour la ruine de tout l'empire... Je vous proteste que tous les efforts qu'on tentera pour établir la fervitude dans ce continent, feront inutiles. Perfonne n'en connoit mieux que moi la fituation ; j'en ai parcouru toutes les provinces da fud au nord & du nord au fud : j'ai vécu & converfé avec des hommes de tout état, depuis la premiere claffe jufqu'aux moindres habitans & fermiers; & je puis vous af furer que tous font animés du même efprit. Le nombre des gens actuellement armés, tant habitans, fermiers, que payfans, n'eft pas au-deffous de cent cinquante mille, bien réfolus à défendre leur liberté ou à périr. Quant au bruit qu'on a répandu en Angleterre, que les Américains man. quent de courage, il eft trop ridicule & trop faux pour mériter une réfutation férieufe. J'ai fait dans la derniere guerre plufieurs campagnes ici, & je ne me rappelle aucune occafion où les troupes provinciales n'aient pas égalé en valeur les troupes du roi... Vous m'obligerez infiniment de faire prendre lecture de ma lettre à M. Howe pour lequel j'ai toujours eu la plus grande eftime & le plus grand refpect.... Bon dieu! eft-il poffible que ce général ait été féduit au point de fe charger de notre def truction? Le frere de celui à la mémoire duquel ce peuple de Bofton aujourd'hui fi maltraité, a érigé un monument, fervira d'inftrument à leur ruine?. ... Permettez-moi de vous dire actuellement quelques mots fur moi-même, & fur les fonctions que je remplis. J'ai été élevé, dès ma plus rendre jeuneffe, dans la plus haute vénération pour la liberté du genre humain en général je l'ai trouvée dans ce continent, & je la défendrai, parceque je fens que fi le parti de la cour triomphe, cette éclatante déeffe doit s'envoler de la furface de la terre, & n'y laiffer aucune trace de fon féjour... Il ne me refte plus actuellement qu'à vous fupplier (quelque projet que vous fuiviez, foit ceux que vos véritables amis, moi-même avec eux defirons, foit malheureufement ceux que les par tifans de la fervitude diteront ) de me croire toujours inviolablement, &c.

Le général Burgoyne fit à cette lettre la réponse fuivante :

Il n'eft pas queftion entre nous d'examiner à fond la grande caufe dans laquelle, quoiqu'amis, nous fuivons des partis différens; mais craignant que celui au

quel je me fuis attaché, ne me faffe foupçonner de quel ques-unes des vues que votre lettre donne à entendre, je vais établir, le plus clairement qu'il me fera poffible, les principes fur lefquels je me fuis déterminé, non vo lontairement, mais avec connoiffance de caufe.

J'ai conçu, comme vous, dès ma plus tendre enfance, un grand refpect pour la liberté publique, & j'ai regardé la conftitution angloife comme la meilleure fauvegarde de ce bienfait accordé au genre humain. Le principe de vie conftitutif de notre gouvernement fe trouve dans la fuprématie du roi & du parlement, composé indéfini , puiffance inviolable, qui ont pris naiffance avec l'empire, & qui s'étendent fur toutes fes parties.

Je n'ignore point les maximes de Locke, ni celles des autres fameux publiciftes fur les droits des hommes, fur les pactes, toujours contredits, entre le gouvernement & les gouvernés; & les immortels Wihgs qui fuivirent ces maximes dans nos grandes révolutions, me font auffi facrés qu'a vous... Mais dans tous les cas qui ont exifté ou qui peuvent être conçus, je foutiens que la réfiftance, pour être juftifiée, doit être dirigée contre l'u furpation ou le mauvais ufage de l'autorité, & qu'elle eft criminelle, lorfqu'elle eft contraire à une autorité inhérente à la conftitution.

Maintenant répondez moi : eft-ce le poids des taxes impofées & l'impoffibilité d'un adouciffement, après les repréfentations convenables, qui a porté l'Amérique à prendre les armes ou n'eft-ce pas plutôt un refus de méconnoitre le droit de les impofer, qui appartient à la légiflation? Dans ce dernier cas, c'eft une réfiftance pour parvenir à une indépendance torale & chimérique. Car P'idée d'autorité qui peur taxer extérieurement & non inté rieurement; & pareilles autres fubtilités qui figurent à merveille dans des papiers publics, ne font pas faites pour être difcutées avec un homme de votre pénétration. Eft-ce donc pour une diminution d'impôts, ou pour contefter le droit du parlement dans tous les cas, que nous fommes en guerre? Si c'eft pour le premier, la querelle doit finir, & il eft au pouvoir de l'Amérique d'obtenir une moindre taxation; mais fi c'eft pour l'autre objer, fi les diffidens ont deffein d'arracher un anneau de la chaîne effentielle qui lie la Grande Bretagne, ce n'eft plus un préjugé vain, une pure ardeur d'état, ni un or dre ministériel qui font agir aujourd'hui les gens de probité, parmi lefquels vous me comptez ; foyez affuré

que c'eft au contraire la conviction où nous fommes, que la totalité de notre fyftême politique dépend de la con fervation de fes grandes & effentielles parties, & nous n'en connoiffons pas de plus effentielles que la fuprématie de la légiflation.... Croyez furtout qu'il n'y a pas de gentilhomme en Angleterre, qui eût tiré l'é pée s'il n'eût été queftion que de former des efclaves. Ces principes font ceux de la flotte & de l'armée ; ce font ceux de la plus grande partie de la nation..., des perfonnes même le plus ouvertement oppofées à la cour dans toute leur conduite; ceux d'un homore dont vous avez la plus grande opinion, du Lord Thanet, qui vous. écrit en même tems que Charles Davers.

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Je defirerois vous voir & fur toutes chofes je regirderois notre entrevue comme très heureufe, fi elle pouvoit nous amener à des explications dont les fuites pourroient tendre à la paix...... Je fens la fituation malheureuse de ce pays; mais elle ne peut qu'empirer. La Grande-Bretagne, prête à ouvrir fes bras, & difpofée à entendre la premiere propofition d'accom nodement, eft également déterminée à foutenir fes droits; & fi la guerre continue, vos cent cinquante mille hommes fuc comberont fous fa puiflance.

Le lieu que je vous propofe pour notre entrevue 'eft la maifon à l'entrée de Bofton, &c.

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Le général Lee ne s'eft point rendu au lieu défigné, & il a écrit en très-peu de mots au général Burgoyne, que lui voyant une opinion formelle & invariable fur le fujet de la guerre préfente, & qu'étant sûr de ne pouvoir changer la fienne, il fe difpenfera d'une entrevue qui ne pour roit qu'élever des foupçons bien naturels à un peuple armé pour fi liberté, fa propriété, & tout ce qui l'intereffe le plus. Il ajoute qu'il différera le plaifir d'embraffer un homme qu'il aime, jufqu'à la ruine entiere du fyftême oppreffif, qui doit avoir bientôt lieu, parce qu'il conçoit que la Gran de-Bretagne ne fçauroit foutenir plus longtems les efforts qu'elle fait.

Il paroit ici des lettres qu'on prétend avoir été écrites par des officiers de l'armée du général Gage, & qui portent que la nuit du 6 au 7 Août der

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nier ce général avoit détaché les généraux Howe & Burgoyne avec cinq mille hommes d'élite de fon armée pour attaquer les rebelles près de Roxbourg; que ce corps s'étoit avancé fans, oppofition jufqu'aux retranchemens, qu'il attaqua & emporta; qu'enfuite il avoit défait l'armée des rebelles, & fait prifonniers les généraux Putnam & Lee, avec deux à trois mille hommes, & qu'il avoit enlevé l'artillerie, les munitions, la caiffe militaire, &c., avec perte de 300 morts & bleffés. Nous attendons la confirmation de cette nouvelle, dont nous ne garantiffons pas l'autenticité.

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BRUXELLES (le 18 Septembre. ) Il paroit une crdonnance de l'impératrice-reine, en date du 2 de ce mois, fur l'état civil des ci-devant jésuites : en voici la subs

tance.

d'a

«Marie-Thérefe, &c. Quoique, fuivant la jurifprudence des provinces de notre domination aux Pays-Bas la fécularifation d'un religieux profès ne le faffe pas rentrer dans la jouiffance des effets civils ; & que, près cette maxime, les individus de la fociété éteinte des jéfuites qui ont fait les feconds vœux, ou la pro feffion folemnelle, foient inconteftablement dans le cas de demeurer privés à tous égards de cette jouiffance; cependant, prenant en confidération les circonftances particulieres de la fécularifation générale des individus de ladite fociété, nous avons jugé pouvoir condefcendre en leur faveur à quelques adouciffemens de cet objet de la jurifprudence belgique, en les conciliant néanmoins avec l'intérêt & le repos des familles. A ces caufes nous avons ftatué les points fuivans ».

: « ART. I. Nous permettons aux ci-devant jéfuites qui ont fait les feconds vœux ou la profeffion folemnelle, d'acquérir autrement que par fucceffion ab inteftat, & de conferver, leur vie durant, des rentes viageres, ainfi que l'ufufruit feulement des rentes héritieres, ou des biens immeubles, fans qu'ils puiffent, en aucune maniere, acquérir ou pofféder la propriété des capitaux des dites rentes héritieres ni la propriété des biens immeubles ».

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