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& chefs de familles chargés d'enfans, les plus néceffiteux. Les procureurs ont doté 4 filles pauvres de 150 liv. chacune, & fait les frais des contrats de mariage & de la nôce. Les officiers de finance ont doté deux filles pauvres de 200 liv. chacune, & fait les frais des contrats de mariage & de la nóce. Les officiers de l'élection ont envoyé 300 liv. aux hopitaux. Les notaires ont remis 240 liv. au curé, pour les pauvres honteux, & 60 liv. aux prifonniers. Les prêtres de l'oratoire ont donné un métier à un pauvre.

On a célébré le même événement à Saugues, dans le Gevaudan. Les officiers du bailliage du duché de Mercœur au fiege immédiat de cette ville, fuivis des citoyens de toutes les claffes, fe rendirent le 23 Août, dans l'églife collégiale, où ils affifterent à une meffe folemnelle qui fut fuivie du Te Deum.

Toutes les provinces du royaume retentiffent encore des vœux & des acclamations qui fe font fait entendre à l'occafion du facre de S. M. Ces fentimens d'amour & de reconnoiffance étoient. imprimés dans tous les cœurs, & cette augufte cérémonie ne fut que le fignal qui les fit éclaterpubliquement. Indépendamment des fêtes données par les villes à cette occafion, on a vu des corps particuliers fe faire un devoir de fignaler leur zele. De ce nombre font les dames religieufes auguftines de Neufchâteau, en Lorraine, qui, après avoir élevé leurs voix vers le ciel pour la profpérité du regne de leur fouverain, ont décoré la façade de leurs bâtimens d'une illumination des plus brillantes.

La ville de Bagneres a donné des marques diftinguées de la joie la plus vive. Le 20 Août, le fon de toutes les cloches annonca le Te Deum, qui fut chanté dans l'églife collégiale, aù bruit de plufieurs falves de la moufqueterie, tant

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de la bourgeoifie que d'un détachement du régiment de Conti, qui avoit été invité de concourir à la dignité de la fête. Le 21, on célébra dans la même église une meffe folemnelle. Le foir, il y eut des illuminations dans toute la ville, & celles du clocher, qui domine fur toute la vallée, produifirent furtout le plus bel effet. Au milieu de la belle avenue qui conduit de la ville aux fources minérales, s'élevoit un arc de triomphe, fürmonté d'un feu d'artifice, qui fut exécuté fur les 9 heur. du foir. Les maire, confuls & autres principaux habitans s'y étoient rendus, précédés d'une musique militaire, du détachement d'un régiment de Conti, & fuivis de tout le peuple. Quantité de brandons, placés aux environs, éclairoient le plateau du vallons; les décharges de moufqueterie, & les cris de vive le roi furent répétés à l'infini par les échos des montagnes qui l'environnent.

La petite ville de Landernau, en Bretagne, a fignalé fa joie d'une maniere particuliere, pour le même objet. Après avoir fait célébrer une meffe folemnelle, fuivie d'un Te Deum, les officiers municipaux font convenus unanimement d'employer les fonds deftinés aux illuminations, feux de joie, &c., à quelque chofe de moins paffager & de plus utile, & de les appliquer à l'établiffement de trois filles naturelles du lieu, à chacune defquelles il a été affigné une dot de 250 livres. Ce triple mariage fut célébré le 4 de ce mois, en préfence des officiers municipaux. Les nouveaux époux furent reconduits, au fon des tambours & des mufettes, à l'hôtel de ville, on leur fervit à diner & à fouper.

La nuit du Ier. au 2 de ce mois, le feu prit au village de Rofieres en Santerre, & y confuma 22 miifons, beaucoup de bled & d'autres grains; il y eut dans le même tems, à Mondidier deux fermes & deux maifons brûlées.

Le tonnerre tomba, le 8, fur l'églife des Minimes de Tours, tandis qu'on y difoit la meffe ; il fe divifa en trois parties; l'une frappa fur la droite du chœur, y perça la couverture & le lambris, & tua un homme qui étoit dans une ftalle : la feconde entra dans la facriftie, & frappa légérement deux perfonnes qui y étoient, & la troifieme tomba fur une tribune où étoit un religieux, qui fut environné de flammes, & n'éprouva qu'une légere commotion.

Le terrible incendie qui a changé en monceau de décombres la ville de St. Dizier, a réduit à la plus affreule mifere 5 à 600 perfonnes, qui auroient fuccombé fous le poids de la douleur & du befoin, fi l'évêque de Châlons, l'intendant, les villes de Vitry, de Bar-le-Duc, de Vaffy, la communauté de Favreffe, les abbayes des Trois Fontaines, de Montierender, de St. Urbain, de Monects n'euffent volé à leur fecours en répandant des aumônes abondantes en pain & en argent. Les fermiers-généraux leur ont envoyé provifoirement une fomme de 6 mille livres. Ces exemples d'humanité & de charité font bien capables d'engager les ames honnêtes & fenfibles à verfer dans le fein de ces malheureux les tréfors de leur bienfaifance pour les arracher au défefpoir où les réduit une privation abfolue des chofes les plus indifpenfables.

On vient d'en voir un effet qui part d'une ame vraiment généreufe, puifqu'elle cherche à cacher fa bienfaifance. Une perfonne inconnue a écrit aux officiers municipaux de St. Dizier, que, fi à l'appui des fecours que la religion & le gouver nement ne manqueront fûrement pas d'accorder aux habitans ruinés, ils veulent bien admettre les particuliers à partager cette bonne œuvre, elle les prie d'indiquer, par la voie de la Gazette de France, une perfonne d'une probité reconnue,

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chez laquelle on puiffe dépofer les charités qu'on pourroit faire. Elle préfume même affez bien de l'humanité pour croire que ce lieu de dépôt connu inspirera à beaucoup d'autres perfonnesle noble defir de porter des fecours à leurs femblables. D'après cette lettre touchante de l'anonyme, les magiftrats de Saint-Dizier ont nommé le Sr. Richelet, notaire, rue St. Séverin, qui veut bien fe charger gratuitement de ce dépôt, & auquel on pourra s'adreffer.

Le prix propofé cette année à Romainville, par une fociété de citoyens, en faveur de la fille qui feroit reconnue la plus vertueufe par les anciens, fyndics & marguilliers, & par les autres filles de ce village, a été décerné, le 21 Mai dernier, à Margueritte Chevalier : fon mariage, qui étoit une fuite de l'élection, a été célébré le 4 de ce mois, aux frais de la fociété des citoyens, qui ont doté cette fille. Elle a épousé le nommé le Couteux, vigneron; on a porté au feftin la fanté de S. M. & de la famille royale, avec des acclamations réitérées de vive le roi.

On apprend du Béarn, que la maladie des beftiaux continue de défoler cette province, qui aura bien de la peine à fe relever des dommages irréparables que ce fléau y occafionne chaque jour.

On mande de Metz, que le maréchal duc de Broglie, gouverneur de cette ville, y a fait fon entrée le 9 de ce mois, aux acclamations de tous les ordres de citoyens, qui voient en lui le reftaurateur de leur parlement dont la réintégration va s'opérer. (Nous reviendrons fur cet ob et.) Il y a quelque tems qu'une fociété d'amis fe raffembla u château de Bréchambaut, proche Nancy, pour y jouir des agrémens de la campagne. Les perfonnes qui la compofoient, fe mirent en gaité les plaifirs furent bruyans, fans

doute, & frapperent des oreilles qui y étoient peu accoutumées. Ce bruit fut attribué par le vulgaire à des caufes extraordinaires. On fe dit d'abord à l'oreille & enfuite publiquement, que l'affemblée du château étoit compofée de forciers & de faux-monnoyeurs, d'embaucheurs, &c. Des clameurs on en vint aux délations, & les calomnies, accréditées par la multitude, occafionnerent l'emprisonnement des perfonnes qui en étoient l'objet. Cependant le miniftere ayant été inftruit de cette affaire, ordonna qu'il en fût informé. Le bailliage de Nancy ayant pris à cet égard toutes les connoiffances néceffaires, & s'étant pleinement affuré que les perfonnes détepues avoient été injuftement & calomnieufement accufées, elles ont été remises en liberté, fans aucuns dépens, par dentence de ce tribunal, en date du premier de ce mois.

N. B. Il eft dit dans quelques almanachs de Bretagne, art. de Morlaix, que cette ville & fes habitans ont feuls le droit exclufif de fabriquer, d'acheter, faire vendre & paffer à l'étranger différentes especes de toiles. La ville de Landernau, defirant diffuader le public de cette affertion, l'informe qu'elle jouit des mêmes privileges, & que toutes les toiles qui fe font à Morlaix, fe fabriquent également à Landernau & aux environs; qu'elles ne leur font inférieures ni en force ni en blancheur, & qu'elles s'y achettent fouvent à meilleur compte. On apporte en preuve la quantité de courtiers ou revendeurs qui en font des emplettes à Landernau & dans les environs, pour les porter enfuite aux marchés de Morlaix, La ville de Landernau fournit auffi des toiles à carreaux de différentes façons & couleurs, des toiles de halles & à voile; des fuifs fondus en barrique, des cuirs fecs bien apprêtés. Il s'y fait des achats confidérables de ces derniers

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