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mier miniftre. Il fut deftitué le 17 du mois dernier, & remplacé par Méhémet Solih Zadé, kadileskier de Romelie. Jafidgi Effendi, qui avoit été exilé à Smyrne, a été rappellé, & le grandfeigneur l'a chargé de conduire la caravane de la Mecque. Abdoul-Gelil- Oglou, ci devant gouverneur de Bender, a obtenu le pachalik de Meffoul, & le commandement en chef de l'armée qui doit agir contre les Perfes; il eft déjà parti pour fa deftination. Ibrahim pacha, gouverneur d'Egypte, a ordre d'aller diriger les opérations des troupes que commandoit feu Méhémet Aboudaab.

Le noble Gradenigo, baile de la république de Venife, eut, le 22, fa premiere audience du grand vifir. Il devoit être admis le 1er. de ce mois, à celle du grand-feigneur; mais une forte dyfenterie dont il a été fubitement attaqué, ne lui a pas permis de s'y rendre.

Dès que le commandant des Dardanelles eur reçu le firman du grand-feigneur, qui lui fut porté par le Sr. Lafcaroff, officier ruffe, il ne retint pas un inftant de plus les vaiffeaux de cette nation, qui continuerent leur route pour la mernoire.

On ne goûte encore ici les douceurs de la paix que par la ceffation des hoftilités, & non par l'abondance, qui en eft ordinairement la fuite. Les vivres de toute efpece font très rares, & même plus chers que pendant la guerre ; ce n'eft qu'avec beaucoup de peine & d'argent qu'on peut fe procurer de la viande de chevre. Cette efpece de difette excite les murmures de la claffe la plus pauvre des habitans.

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SMYRNE le 20 Juillet. ). L'entrée que le capitan pacha fit ici le 8 de ce mois, formoit un fpectacle bien propre à imprimer 1 terreur aux pertubateurs du repos public. Eleis- Oglou ouvroit

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la marche, à la tête de fes troupes & à pied ; Cara Olman-Oglou, également à pied, le fuivoit avec fa division, & après lui, 1200 matelots qui avoient accompagné leur commandant dans fon expédition, la mufique du pacha, fes chevaux & un drapeau blanc. Venoit enfuite le capitan pacha, qui montoit un cheval superbement har naché le bourreau marchoit à côté de lai, tenant son fabre nud. On portoit derriere lui la tête d'Ayvas- Aga & celles de 17 autres brigands fur des piques, que fuivoient 36 prifonniers chargés de fers. La marche étoit fermée par les officiers du pacha & par 300 hommes de cavalerie. Avant que de rentrer dans fon palais, Haffan pacha fit trancher la tête à 4 des plus coupables, & les autres furent envoyés fur les galeres.

Le 15, le capitan pacha remit à la voile. On le croit chargé de fe rendre fur les côtes de Syrie pour appaifer les troubles qui y regnent, & tâcher de fe rendre maitre de la perfonne du Cheick Daher.

RUSSI E.

Moscou (le 10 Août.) Quoique le feldt-maréchal comte de Romanzow eut modeftement refufé les honneurs extraordinaires que l'impératrice avoit projetté de lui faire rendre, on ne fit cependant aucun changement aux difpofitions qui avoient été faites pour le recevoir. Le prince Wolkonski, gouverneur de Mofcou, les membres du département de la guerre, & tous les généraux qui ont fervi fous ce général, l'attendoient à 17 werftes d'ici (environ 3 lieues de France), où l'on avoit élevé un arc de triomphe fur lequel il étoit repréfenté à cheval. Il trouva fur fon paffage, à une demi-lieue de cette capitale, un fecond arc de triomphe fur lequel il étoit représenté à pied. Ces deux monumens attes

toient la gloire du vainqueur des Ottomans, par des trophées, des emblêmes & des infcriptions auffi flatteufes que méritées.

J

Conduit à la cour avec le cortege qui avoit été à la rencontre, le maréchal comte de Romanzow fut accueilli de l'impératrice avec les plus grandes marques de diftinction. Les deux battans des portes lui ont été ouverts dans tous les appartemens qu'il a traverfés, & les gardes qui fe trouvoient à fon paffage, lui ont préfenté les armes. On lui avoit affigné pour logement le plus bel hôtel de cette capitale, où il fut mené dans le carrofle le plus magnifique de la cour efcorté de 6 Cofaques des gardes, ayant un of ficier à leur tête: il jouira de cet honneur pendant tout fon féjour ici, & fa table défrayée far la cour, fera fervie par la livrée de l'impératrice. Indépendamment d'une compagnie qui monte la garde à fon hôtel, un détachement des gardes de Pimperatrice fait le même fervice dans fes appartemens. Cette diftinction, qui eft fans exemple, puifque les gardes de S. M. I. n'ont jamais fervi qu'à la cour, n'eft point une faveur momentanée: le maréchal de Romanzow en jouira dans tous les lieux où il fe trouvera des gardes-du-corps avec lui.

Ces prérogatives extraordinaires, & les préfens que le comte de Romanzow a reçus, ont été accompagnés d'un diplôme contenant le détail hiftorique des fervices qu'il a rendus à l'état jufqu'à la conclufion de la paix. Toutes fes victoires y font décrites ; & fuivant l'ufage adopté par les Romains, S. M. I. lui donne & à toute fa poftérité le nom de Sadounaiski, pour perpétuer la mémoire de fes opérations militaires au-delà du Danube.

L'impératrice fut attaquée le 23 du mois dernier, au foir, de fortes coliques, accompagnées

de fievre. Les accès ayant redoublé le 24, on craignit une inflammation; & pour la prévenir, on fit une faignée, qui a eu les fuites les plus heureuses; depuis ce moment, l'indifpofition a ceffé, & S. M. I. eft parfaitement rétablie. Cet accident avoit fufpendu en partie les deux dernieres fêtes de la paix; mais le 1er. & le 3 de ce mois, elles furent célébrées avec la plus grande magnificence; il y eut, entr'autres, un fuperbe feu d'artifice dont on admira l'ordonnance & le goût, & des illuminations variées qui occupoient un terrein de 6 werftes.

Le 5, l'impératrice partit pour Czarikino-ZeLes, lo, & fut fuivie le 6, par le grand-duc & la grande- ducheffe.

SUEDE.

STOCKHOLM (le a Septembre.) Le roi admit à fon audience, le 16 du mois dernier, le comte de Schowalow; il étoit accompagné du brigadier Samarin, & du Sr. Rimich, chambellan de l'impératrice de Ruffie, qui eurent l'honneur d'être préfentés au roi. Le comte de Schowalow, ayant ainfi terminé sa mission, dont on a annoncé l'objet, eut le 25 fon audience de congé de S. M.

Le 19, troifieme anniverfaire de l'heureuse révolution qui délivra ce royaume de l'anarchie fénatoriale, on diftribua, par ordre du roi, 45 mille liv. de grains aux pauvres. S. M. s'eft fait remettre un état des pertes occafionnées aux habitans de cette capitale par l'incendie du 10, afin de répartir avec une jufte proportion, les fecours qu'elle fe propofe de leur accorder de fes propres deniers.

On s'attendoit à voir subir un châtiment rigoureux au chevalier Stalhammer, qui avoit été arrêté & emprifonné, il y a quelque tems, com. me auteur d'un écrit repréhenfible contre le gou

vernement; mais S. M. lui a remis la peine qu'il avoit encourue, & lui a rendu la liberté; en lui donnant cette marque de fa clémence, elle s'eft contentée de lui faire dire d'être plus circonfpe&

à l'avenir.

La ville de Marstrand vient d'être déclarée port franc, avec tous les privileges qui font attachés à cette faveur. La cour envoie des ingénieurs & arpenteurs en Finlande, pour y lever des cartes de cette province, fuivant la nouvelle diftribution des gouvernemens qui la compofent.

Le thermomêtre eft monté ici, fur la fin de Juillet, à 32 degrés au deffus du point de congelation; ce qui n'étoit pas arrivé depuis 22 ans. Malgré la féchereffe qui a dû résulter de cette température, fi l'on en excepte les foins, les productions de la terre n'en ont point fouffert. Toutes les lettres de nos provinces feptentrionales portent que jamais on n'y a fait de fi bonne heure la récolte des grains, qui a été très-abondante.

La cour de Ruffie, qui fait paffer deux escadres d'évolution dans la mer baitique, a fait demander à la nôtre la permiffion de faire relâcher ces vaiffeaux dans nos ports, fi les circonftances l'exigeoient. Des ordres ont été expédiés en conféquence aux gouvernemens des villes maritimes, de recevoir ces bâtimens, & de leur donner tous les fecours dont ils auront befoin.

On apprend d'Abo, capitale de la Finlande, que le 10 du mois dernier, à 4 heures après midi, le même jour que nous cumes un incendie ici, on en éprouva un, dont les fuites furent. encore plus funeftes. Il réduifit en cendres plus de 40 à 50 maifons, 16 moulins, &c. Un grandnombre d'habitans ont perdu tout ce qu'ils poffédoient; 6 hommes, 2 femmes & quelques enfans ont été la proie des flammes. Deux autres

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