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auxquels l'exploitation defdites routes pourra être affer. mée, les loueurs de chevaux & carroffes ne pourront em fournir à des particuliers, fans avoir préalablement obtenu la permiffion du bureau du lieu de leur départ, ou du lieu le plus prochain; & fera payé pour les droits de permiffion, le tiers des droits fixés pour chaque place dans les diligences. Seront tenus les loueurs de chevaux & autres, de préfenter toutes fois & quantes ils en feront requis par les adminiftrateurs ou leurs prépofés, lefdites permiffions, tant en allant qu'en venant, & ne pourront faire des ventes fimulées; le tout. fous peine de confifcation des chevaux & équipages, & de soo livres d'amende.

Diftances. La diftance des lieues pour toutes les rou. tes fera réglée fuivant le livre des poftes, fur les routes où il y en a d'établies, ou par lieues communes de France de 2200 toifes, partout où il n'y a pas de pof-tes établies.

Fait au confeil d'état du roi, S. M. y étant, tenu à Versailles, le 7 Août 1775.

Signé DE LAMOIGNON.

L'ordonnance du roi du 12 Août, concernant les meffageries, contient ce qui fuit.

DE PAR LE ROI,

S. M. ayant jugé convenable de changer la manutention actuelle des meflageries, diligences & carroffes de voitures, & d'y fubftituer une nouvelle forme d'adminiftration plus avantageufe aux voyageurs & au commerce, a ordonné qu'à compter du jour qui feroit fixé pour chacune des grandes routes du royaume, il feroit établi une ou plufieurs diligences, lefquelles partiront chargées ou non chargées, & feront conduites par des chevaux de pofte en nombre fuffifant; & attendu que lc nouveau service qu'elle juge à propos de confier aux maitres de pofte, leur affure un produit confidérable & conftant, S. M. à ordonné & ordonne ce qui fuit:

ART. I. A compter du jour qui fera fixé pour chacune des grandes routes du royaume, il y fera établi, au lieu des voitures publiques actuellement en ufage, des diligences légeres, commodes, bien fufpendues, à 8 places, pour lefquelles il fera fourni par chaque maitre de pofte, qu'elles foient remplies de voyageurs ou qu'elles ne le foient pas, & lorfque la charge n'excédera pas 18 quintaux, poids de marc, 6 chevaux ;

-lorfqu'elle montera à 24 quintaux, 7 chevaux; & 24 quintaux, 8 chevaux, lefquels feront payés aux maitres de pofte, à raifon de 20 fous par pofte: Tes poftes doubles & poftes & demie feront payées à proportion; les poftillons fur le pied de o fous par pofte, & les doubles poftes & poftes & demie auth à proportion : & attendu que, fur plufieurs routes une diligence à 4 places -fera fuffifante pour faire le fervice, il ne fera payé pour ces voitures que 4 chevaux & un poftillon, lorsqu'elles feront chargées de 12' quintaux 35 chevaux, lorfqu'elles porteront plus de 1 quintaux; & 6 chevaux & deux poftillons, lorfque la charge fera de 18 quintaux & au deflus.

II. Chaque diligence fera accompagnée d'un commisconducteur, lequel fera porteur d'un billet d'heure qui lui fera remis par le directeur de la diligence du lien du >départ. Ce billet fera rempli de pofte en poffe par les maitres de pofte qui écriront l'heure de l'arrivée & celle du départ de la diligence & y mettront left fignature : ces mêmes billers ferbat encore vifés des directeurs ou receveurs dés diligences, dans les lieux où il y en au -Da d'établies; & cey, afin d'affarer l'exactitude du fervice qui doit fe faire avec affez de célérité pour que, dans des chemins des plus difficiles, les diligences puiffent parcourir une pofte dans l'efpace d'une heure.

III. Les maitres de pofte auront foin de tenir leurs chevaux prêts pour l'heure de l'arrivée des diligences, -afia - que le fervice n'éprouve aucun retard; ils auront foin de même d'avoir de bons chevaux, & des postillons len état de conduire ces voitures ? §. M. déclarant qu'ils feront refponfables des recards & des accidens qui pourrovenc arriver parlour/faute ou celle de leurs poftillons.

IV. Comme il fera fourni das Berlines à 4 places pour Ja cominodité dès voyagens qui voudront aller avec leur compagnie, ou qui par leurs affaires feront néceffités de partir à jours & heures non réglés, il fera payé aux maitres de pofte pour la conduite de ces voitures, quatre chevaux, & le poftillon au même prix & fur le mê ne picauque ceux qui feront employés pour les diligences mais comme il n'y aura point de commis à la fuite de ces voitures, le billet d'heure fera donné au

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premier poft portéestra à la premiere pofte,

pour être rempli

la feconde, ainfi de fuige jufqu'au lieu de Parrivée, où il fera dépofé au bureau des diligences. Ordonne S. M. que ces voitures foient conduites avec la même viteffe que les diligences.

V. Les infpe&eurs généraux des diligences & meffageries feront chargés de l'examen des chevaux qui feront employés à ce fervice, & ils pourront réformer ceux qui ne font pas en état de le faire. Ordonne S. M. aux maitres de poftes, de ne pas garder plus de femaines un cheval réformé, & de s'en procurer un autre pendant cet intervalle, à peine de 150 liv. d'amende pour la premiere fois, & de plus forte peine en cas de réci

dive.

VI. Les maitres de pofte établis fur les routes peu fréquentées, & qui ont conféquemment peu de chevaux, auront foin de s'en procurer en plus grande quantité, afin de pouvoir fournir aux différens fervices dont ils font chargés.

Sur la maffe, formée du fixieme du prix des places des diligences, il fera accordé des indemnités aux maitres de pofte, qui auront perdu des chevaux pour raifon dudir fervice il fera accordé par S. M., fur ladite maffe, des gratifications à ceux des maitres de pofte qui s'en feront bien acquittés; le tout fur le rapport qui en fera rendu à S. M. par le contrôleur - général des finances, & fur le vu des procès-verbaux de vifites defdits infpecteurs- généraux des diligences.

VIII. Mande & ordonne S. M. à tous gouverneurs & lieutenans généraux en fes provinces, &c. gouver Beurs particuliers & commandans de fes villes & places, intendans & commiffaires départis efdites provinces, de tenir la main, chacun en droit foi, & de donner les ordres néceffaires pour l'exécution de la préfente ordonnance, qui fera publiée & affichée partout, & ainfi qu'il appartiendra, à ce que lefdits maitres de pofte n'en prétendent caufe d'ignorance. Fait à Versailles, le 12 Août, 1775. Signé LOUIS. Et plus bas, DE LAMOIGNON.

Il n'y a encore rien de changé dans l'adminiftration des meffageries, ni dans celle des cárroffes de la cour. Les régiffeurs font fort occupés des moyens d'opérer les réformes projetées tant par rapport aux voitures qu'aux chevaux.

Lorfque le roi & la reine fortirent du bal-mafqué que donna l'ambaffadeur de Sardaigne, le 25 du mois dernier, avec Monfieur, Madame & Mgr. le comte d'Artois, on crut que L. M. étoient retournées à Versailles; mais elles allerent changer

d'habits' chez la maréchale de Mouchy, & revirirent au bal pour y jouir du plaifir de l'incognito; elles en eurent un bien plus fenfible: ce fut celui d'entendre combien, & à quels titres, elles font chéries de la nation.

Le roi de Sardaigne a fait éclater fa magnificence à l'occasion du mariage de Mme. la princeffe de Piémont. S. M. a fait préfent d'une croix de diamans, eft mée 20 mille éçus, au cardinal de la Roche-Aymon, grand aumônier de France; d'une boîte avec fon portrait, enrichi de diamans au comte de Vergennes, miniftre des affaires étrangeres, & d'autres bijoux de grand prix à tous les miniftres du roi,

Rien n'a été plus attendriffant que le départ de Mme. la princeffe de Piémont de Verfailles. Toute l'avenue du château étoit remplie de perfonnes de tous les ordres qui ont voulu jouir une derniere fois du bonheur de la voir. Adieu, mes erifans, leur a-t-elle dit, les yeux baignés de larmes, je vous quitte à regret, & pars pour ne plus vous revoir. Ces mots, profondément fentis par La meilleure des princeffes, lui ont fait verfer un torrent de pleurs. A la croix de Berny, il y avoit des deux côtés de la route une prodigieufe enfilade de carroffes & de voitures arrêtés, dont les maitres étoient venus de plufieurs lieues à la ronde pour se trouver fur fon pallage.

Nous allons fuivre cette augufte princeffe, & donner le journal exact de fon voyage jufques fur les terres de Savoie.

Madame la princeffe de Piémont eft arrivée à Nemours, le 28 du mois dernier, fur les trois heures après-midi; les fix compagnies du régiment du Meftre-de camp, dragons, en quartier dans cette ville, fe font rangées en bataille hors des murs, & la, milice bourgeoife s'eft raffemblée à la porte de la ville, où étoient placées neuf petites pieces de canon, qui ont falué la princeffe à fon Faffage aufitôt qu'elle a été rendue à l'appartement qai

Jui étoit destiné, le corps de ville, le bailliage & l'élection ont eu l'honneur de la complimenter. Le corps de ville a également eu l'honneur de préfenter à cette princeffe deux pauvres filles dont le mariage a été célébré le lendemain, aux frais de la ville; la princeffe les a reçues avec bonté, & leur a donné des marques de fa bienveillance, Le 29, Mme, la princeffe de Piémont eft partie, au bruit d'une falve d'artillerie, pour aller à Briare la milice bourgeoife, bordoir les rues de fon paffage jufqu'à la porre de la ville, où le corps municipal s'eft trouvé en habit de cérémonie

Le 2 de ce mois, Monheur & Madame font arrivés à Nemours, à 4 heures & demie du foir; malgré l'in cognito, ils ont été reçus avec les honneurs dus à leur rang; ils font repartis fur le champ.

Mme. la princeffe de Piémont arriva de Nevers à Moulins le 31 du mois dernier; le comte de Douzon, commandant des troupes en quartier en cette ville, & le prince de Croy fe rendirent avec une partie du régiment Royal Normandie, à quelque diftance de Mou lins, & efcorrerent cette princeffe jufqu'a Pintendance, où elle arriva au milieu des acclamations du peuple. Le Sr. Depont, intendant de Moulins, Jui avoit préfenté à la porte de la ville, les officiers municipaux,qui avoient eu l'honneur de la complimenter. Après les harangues de tous les corps, cette princeffe patla dans une falle que le Sr. Depont avoit fait décorer, & où il fit exécuter un concert dont la princefle parut très-fatisfaite. Mme. la princeffe de Prémiunt, après avoir donné des preuves réitérées de fa bienfaifance, partit de cette ville, fe rer. de ce mois, pour fe rendre à Roanne. Le Sr. Depont a eu l'honneur de l'accompagner jufqu'aux confins de fa généralité.

Monfieur & Madame arriverent, le 4 de ce mois de Ne. vers à Moulins : ils trouverent fur leur paffage unelpartie du régiment Royal-Normandie, ayant à factêre he comte de Douzon, commandant des troupes, en garnifon en cette ville, & le prince de Croy: Monheur & Ma dame font defcendus à l'intendance, le Sr. Deponteur a fait préparer à dîner, ainfi qu'à leur fuite : ils Cost: partis à deux heures pour aller coucher à Roanne,

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Madame la princée de Piémont arriva à Roanne Te rer. de ce mois, à 8 heures du foir. Un detachement de dragons de Jarnac conduifit fon alteffe royale jufqu'à la maifon qui lui avoit été préparée, & où elle fut reque au bas de l'efcalier par le Sr. de Flexelles, mitent

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