Du principe de l'art et de sa destination sociale

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Garnier frères, 1865 - Aesthetics - 380 pages
 

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Page 159 - N'a vécu qu'un jour à Paris. VIII. SUR LÀ JDDITH DE BOTER. A sa. Judith, Boyer, par aventure, Était assis près d'un riche caissier ; Bien aise était : car le bon financier S'attendrissait et pleurait sans mesure. « Bon gré vous sais, lui dit le vieux rimeur : « Le beau vous touche, et ne seriez d'humeur « A vous saisir pour une baliverne.
Page 32 - II suffit de poser la question ainsi pour que tout le monde la résolve : l'art n'est rien que par l'idéal, ne vaut que par l'idéal ; s'il se borne à une simple imitation, copie ou contrefaçon de la nature, il fera mieux de s'abstenir; il ne ferait qu'étaler sa propre insignifiance en déshonorant les objets mêmes qu'il aurait imités. Le plus grand artiste sera donc le plus grand idéalisateur; soutenir le contraire serait renverser toutes les notions, mentir à notre nature, nier la beauté...
Page 373 - Quant à nous, socialistes révolutionnaires, nous disons aux artistes comme aux littérateurs: " Notre idéal, c'est le droit et la vérité. Si vous ne savez avec cela faire de l'art et du style, arrière! Nous n'avons pas besoin de vous. Si vous êtes au service des corrompus, des luxueux, des fainéants, arrière! Nous ne voulons pas de vos arts. Si l'aristocratie, le pontificat et la majesté royale vous sont indispensables, arrière toujours! Nous proscrivons votre art ainsi que vos personnes.
Page 279 - Voici un exemple de cet orgueil enfantin : il est certain qu'avant d'écrire son livre, Proudhon avait eu plusieurs entretiens avec Courbet — d'ailleurs une partie du livre est consacrée à l'étude de l'œuvre du peintre. Or, voici quelques confessions de Proudhon lui-même : « Un jour, lorsque je commençais à m'occuper de ce livre, je dis à Courbet que je prétendais le connaître mieux que luimême : que je l'analyserais, le jugerais, et le révélerais au public et à lui tout entier....
Page 161 - Otez-moi cette peinture : pour le vulgaire qui l'admire, elle est d'un détestable exemple ; pour les honnêtes gens qui savent à quels sentiments elle répond, elle est un sujet de remords. L'auteur a été payé, je suppose: je demande que cette toile soit enlevée, ratissée, dégraissée, puis vendue comme filasse au chiffonnier.
Page 75 - Je suis amoureux des saintes de Raphaël, toutes saintes, vierges , martyres et vêtues qu'elles sont ; je le suis même de la vierge Marie jusqu'à son mariage. Oui, je suis amoureux de cette belle grande jeune fille, imitée de la Diane chasseresse, et donnée à un vieillard prédestiné au rôle d'ange gardien ; je ne le suis pas des déesses antiques, bien que nues, ni de Diane, ni de Pallas, ni de Vénus même. La Madone n'échappe à mon amour que par l'enfant qu'elle porte dans ses bras :...
Page 133 - C'est le seul éloge que j'en ai entendu faire. Mais je dis aujourd'hui qu'une pareille œuvre est tout ce que l'on peut imaginer de plus absurde... Ces lubriques mysticités sont tout simplement dignes du feu. » En parlant de M. Horace Vernet...
Page 354 - Ministres de corruption, professeurs de volupté, agents de prostitution, ce sont eux qui ont appris aux masses à supporter leur indignité et leur indigence par la contemplation de leurs merveilles.
Page 266 - Ce qu'a voulu montrer Courbet, à la façon des vrais artistes, c'est l'impuissance radicale de la discipline religieuse, — ce qui revient à dire de la pensée idéaliste, — à soutenir dans le prêtre la vertu sévère qu'on exige de lui...
Page 215 - Oui, la voilà bien cette bourgeoisie charnue et cossue, déformée par la graisse et le luxe ; en qui la mollesse et la masse étouffent l'idéal, et prédestinée à mourir de poltronnerie, quand ce n'est pas de gras fondu ; la voilà telle que sa sottise, son égoïsme et sa cuisine nous la font.

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