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On foufcrit chez le fieur LACOMBE, Libraire, rue Chriftine.

Confidérations philofophiques fur l'action de l'Orateur, précédées de recherches › fur la mémoire. A Paris, chez la veuve Defaint, rue du Foin; & à Caen, chez Manoury fils, place St Sauveur.

L'Auteur de cet ouvrage fe livre dans le premier traité à la métaphyfique la plus fine, dirigée par l'expérience la plus sûre, & n'en intéreffe pas moins le lecteur. Il embraffe à la fois les deux fyftêmes de M. le Cat & de M. Bonnet. Le premier, dans fon traité des fenfations, veut que le fentiment réfide dans le fluide des enveloppes des nerfs. Le fecond prétend que les fibres du cerveau, qu'il nomme pour cela fibres sensibles, fibres organiques, font le fiége & les inftrumens de nos fenfations. Mais comme ces deux Ecrivains n'ont pas expliqué d'une manière fatisfaifante la diverfité, des fenfations, foit qu'elles appartiennent au même fens, foit qu'elles appar tiennent à des fens différens, l'Anonyme a cru pouvoir hasarder fur ce fujer quelques conjectures, qu'il foumet de bon. ne-foi à la critique. Les Pricologistes &

& les Phyfiologiftes font invités de nous communiquer leurs obfervations, qui pourront éclaircir cette matière. La differtation de notre Auteur commence par l'analyse des principes de MM. Bonnet, le Cat & Condillac. Le Lecteur, peu exercé dans la métaphyfique & dans la phyfiologie, fera en droit de fe plaindre que fes analyfes font trop courtes & auroient exigé un peu plus de développement Mais cet Ecrivain, perfuadé que la clarté est toujours jointe à la précision, n'a point voulu noyer fes idées dans l'a bondance des mots. C'eft en fuivant cette méthode qu'il explique comment les objets extérieurs agiflent fur le fluide fenfitif, comment l'ame éprouve une fenfation & enfante une idée. On entend par ce fluide celui qui eft renfermé dans de petites filières, dont les enveloppes des nerfs font formées, fluide beaucoup plus fubtil que le fluide moteur. Il n'appartient qu'à des Philofophes d'apprécier le mécanisme auquel notre Auteur a recours pour expliquer la formation des idées primitives, la liaifon des idées, le fouvenir & la réminiscence, la mémoire des enfans & des vieillards, les effets des accidens & des maladies fur la mémoire. & plufieurs autres phénomènes. Tous ces

différens points font traités avec fagacl té. On joint au raisonnement des expériences curieufes & propres à répandre la lumière fur un fujet qui semble inacceffible à l'intelligence humaine. Parmi les vérités qui réfaltent de la Diflertation de l'Auteur, il y en a une qui devroit être la règle & des préfomptueux qui prétendent tout expliquer, & des parelleux qui s'abandonnent de gaieté de cœur à l'igno rance & à tous les défordres qui en font une fuite néceffaire. La voici : « Il » n'eft dans nos organes qu'une mesure » de force & d'activité. Nous pouvous la » laiffer abâtardir ou en jouir, mais non » y ajouter. L'homme qui a donné à cette force & à cette activité toute l'inten» fité dont la Nature l'a rendue capable,

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a rempli fa tâche ». Cet Auteur modefte avoue que notre vue eft trop bornée pour connoître l'effence & la nature des chofes, & que nous devons être contens d'en appercevoir quelques propriétés. Il permet qu'on leur donne le nom d'effences pour fatisfaire notre amour propre, & ne fe met point en peine de toutes ces vaines difputes que l'abus des mots a occafionnées dans toutes les Ecoles; ce font cependant ces difputes chimériques qui ont produit, dans tous les fiècles, des

divifions

divifions fi contraires à l'ordre de la fociété & aux progrès de l'efprit humain. Notre Philofophe examine fi la mémoire peut fe cultiver, & quels font les moyens de la cultiver Il infifte fur la la méthode de Quintilien comme la plus fimple & la plus utile, qui eft d'appren dre par cœur, & beaucoup, & fouvent, & tous les jours, s'il je peut; mais fans ex

cès.

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M. Rollin, traitant le même fojet, remarque, comme one règle générale, qu'il faut bien entendre & concevoir nettement ce qu'on veut apprendres pare cour; l'Auteur des recherches fur la até moire approuve la remarque de M. Ro!lin, & ajoute auffi, d'après lui, qu'une. lecture de ce qu'on veat apprendre par coeur, réitérée deux ou trois fois le foir avant de f mettre au lit, eft d'une grande utilité. Les raifons phyfiques de ces préceptes pratiques font développées dans cette differtatione L'Aureur fhir cet oavrage, également folide & ingénieurd,en difants & Qu'il eft de la mémoire

comme de l'imagination, que l'on dé» prime & que l'on vante trop. Pour l'ef » timer for jufte prix, il ne faut quer diftinguer la mémoire des mots, celle 1. Vol.

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des faits & celle des penfées. C'eft la première qui eft ordinairement le lot » des fois, & de ces fléaux de la fociété » de qui Pope dit:

» Tel eft devenu fat à force de lecture,

» Qui n'eût été qu'un fot en fui vant la nature.

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Qui croiroit que c'eft cependant celle» là, & celle-là feule que l'on cultive » dans les enfans, comme s'ils étoient » abfolument incapables de toute autre?

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» La mémoire des faits, fuivant la » pensée d'un Moderne, nous rend contemporains de tous les âges & citoyens de tous les lieux : c'est par cultiver » cette mémoire qu'on devroit commen» cer l'éducation.

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» La mémoire des penfées eft, fans contredit, la plus utile, la plus eftimable, lorfqu'elle fe joint à l'efprit » de réflexion elle lui donne ce coup» d'œil pénétrant, sûr & étendu, qui » produit les Montagnes, les Léibnitz, les Montefquieu

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Nous renvoyons à un autre volume l'extrait des Confidérations philofophiques fur l'action de l'Orateur. Ce dernier ouvrage devroit être adopté par les Profeffeurs de Réthorique, parce qu'il réunie

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