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qualité d'Electeurs, fidéles, dévouez & obéiffans à l'Empereur & à l'Empire, & de faire tout ce qu'ils promettent, en recevant l'inveftiture de leurs Etats des mains de l'Empereur, quoiqu'en qualité de Rois, ils prennent le parti d'un Ennemi de l'Empire, en lui envoyant des fecours, dont ils font convenus avec lui dans une Alliance. Car ce qu'ils font comme Rois, n'a point de raport avec ce qu'ils font obligez de faire comme Electeurs & Princes de l'Empire.

Pour en venir maintenant à la quatrième objection, il eft aifé de montrer, par les principes ci-deffus établis, que le fistème, felon lequel une perfonne qui a plus d'une relation morale & politique, peut exercer à divers é· gards des Droits & des Devoirs oppofez les uns aux autres, n'est pas un fistème auffi monftreux qu'il le paroit aux yeux de notre Antagoniste. Déja ce n'eft pas agir de bonne foi que de dire que le III. Article féparé affranchit un Electeur de tous fes Devoirs envers l'Empereur & l'Empire, hors la preftation des contingens à l'Empire.

Au refte leur devoir d'Electeurs n'eft pas une Loi pour leurs Royaumes; car felon le Droit ils ne font pas confiderez comme une même perfonne, lorfqu'ils agiffent d'une certaine maniere en qualité d'Electeurs, & qu'en même tems ils agiffent d'une certaine maniere contraire en qualité de Rois. Leur Droit, leurs Devoirs & leurs Intérêts peuvent être auffi differens que leurs Caractères, Dignitez & Qualitez morales & politiques, quoique réunies fur une même Tête. Tout ce que Cc 4

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notre Antagoniste dit fur ce chapitre ne font que des fleurs de Rhetorique, dont il fe fert pour déclamer contre les Hauts Alliez, contre la conduite defquels il n'a point de bonne raifon à alleguer.

Mais que l'on fe fouvienne maintenant que tout ce qui eft dit dans cette ocaafion contre ces grands Princes flétriroit egalement l'honneur de l'Empereur Leopold de glorieuse mémoire, en attaquant celui de Leurs Majeftez Britannique & Pruffienne, qui n'ont fait dans leur Alliance avec Sa Majefté Trés-Chrétienne qu'imiter l'exemple de cet Empereur. Car ce grand Empereur s'eft bien engagé en qualité d'Archiduc d'Autriche dans une Alliance défenfive avec l'Efpagne contre la France pendant que comme Empereur il étoit obligé par le Traité de Weftphalie de garder la neutralité dans les Guerres des deux Couronnes dont nous venons de parler.

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Si en 1672. ce n'a pas été une politique monftreufe à l'Empereur Leopold d'entrer dans une Alliance défenfive avec Sa Majesté Catholique contre la France, pendant qu'il étoit obligé, felon les Traitez de Weftphalie de demeurer neutre; & fi dans ce tems-là la Maifon d'Autriche a pû fe juftifier fuffifamment là deffus, par les differentes relations morales & politiques, on voudroit bien fçavoir fi le Droit de la Nature & des Gens achangé fi fort depuis, & fi ces Maximes autrefois fi légitimes font devenuës maintenant criminelles? Si cela n'eft pas comme perfonne n'ofera le foutenir, il faut abfolument qu'il n'y ait encore aucun inconvénient dans

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la conduite des Hauts Alliez, fi en qualité d'Electeurs ils affiftent l'Empire pendant qu'en qualité de Rois ils prennent le parti de Sa Majefté Très Chrétienne en vertu de l'Alliance défenfive qu'ils ont faite avec elle parce que cela convient à la raison & à la juftice, qui, felon l'aveu de notre Antagoniste, font de tous Païs.

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Mais pour le fonder fur un exemple encore plus récént que celui de l'Empereur Leopold, l'Empereur ne vient-il pas de fe faire. garantir, non feulement fes poffeffions, mais même l'ordre de Succeffion qu'il lui a plu d'établir, & par qui? Par la Couronne d'Efpagne, plus étrangere fans doute à l'égard de l'Empire que n'eft celle de France. Ou l'Empereur a agi contre les Conftitutions de l'Empire, qu'il eft obligé de maintenir par fon propre exemple, ou il n'a rien fait en cela qui y foit contraire. Les Electeurs de Hanovre & de Brandebourg, Rois d'Angleterre & de Pruffe confentent à être jugez par les mêmes principes.

Avec cette explication, la Maxime, fur laquelle la cinquième & dernière objection eft fondée, ne fouffre point d'atteinte. Nous reconnoiffóns, auffi bien que l'Auteur de l'Analyfe, que l'indépendance d'un Roi étranger, & la fidélité d'un Prince de l'Empi re peuvent bien s'accorder dans une même perfonne; & même nous avons prouvé que c'est notre Antagoniste qui a voulu renverfer cette Maxime & nous l'avons foûtenuë contre les objections par une déduction fondée fur les Conftitutions fondamentales de l'Em

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l'Empire, & fur des Hiftoires autentiques. Nous finirons donc nos Remarques, endifant que, comme felon notre Antagoniste, l'Empereur & l'Empire_ ne perdent rien du Droit qu'ils ont fur les Etats, quand un Prince parvient à une Couronne, il eft pareillement de la justice & de l'équité, qu'un Royaume qui met un Prince de l'Empire fur le Trône ne perde rien pour cela de fes Droits, Libertez & Immunitez, attachées à la Souveraineté. Car c'eft un principe du Droit Naturel, qui eft auffi formellement exprimé dans le facré Traité de Weftphalie que ce qui eft jufte à une Partie, l'eft auffi à toutes les autres.

Quod uni parti juftum eft
Alteri quoque fit justum.

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SUPLE

SUPLEMENT

A U

TOME I I.

Traité de Paixentre l'Empereur des Romains & la Haute Porte conclu à Paffarowitz fous la Mediation de la Grande-Bretagne & des Etats Généraux des Provinces-U nies le 21.Iuillet 1718,

IN NOMINE SACRO-SANCTE ET INDIVIDUE TRINITATIS.

P

Oftquam duobus abhinc annis infauftè acciderit, ut inter Auguftiffimum & Potentiffimum Romanorum Imperatorem Carolum VI. (Plen. Tit.) & Sereniffimum ac Potentiffimum Maggnum Sultanum Ahmed Hanum, Ottomannorum ac Afie Gracie Imperatorem,Pax Tranquil

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