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Alliance. Comment peut on donc prefumer d'un Empereur jufte & équitable, qu'il décla re ennemis de l'Empire deux grands Rois & deux puiffants Electeurs, pour une caufe qu'il eft obligé de reconnoître pour légitime, & pour conforme aux Conftitutions, qu'il a confirmées par ferment? Et fi contre toute attente cela arrivoit, de quel droit oferoit-on. prétendre que ces grands Rois rompiffent eux mefmes une Alliance défenfive, que les Loix, fondamentales de l'Empire autorifent, & cela pour abandonner un fidele Allie? Et qui eftce qui fe mettra dans l'efprit que dans un cas femblable ces deux Rois fourniffent leur contingent pour affifter leurs ennemis, & qu'ainfi ils employeront leurs forces contre eux mêmes?

Laiffons ces penfées aux Malades qui rê vent dans un accès de fievre, & avouons plutôt franchement que c'eft une contradiction manifefte de fupofer que l'on foûtienne en même tems le caractère d'un ennemi de l'Empire, & d'un Allié ou Membre de l'Empire.. Ce feroit être en mefme tems Allié & non Allié, exifter & ne pas exifter de la même manière. Il faut envoyer aux Médecins ceux qui raifonnent ainfi. Les démonftrations que nous venons de faire doivent aprendre à l'Auteur de l'Analyfe que les Miniftres qui en vertu de leurs Pleinpouvoirs ont dreffé le Traité d'Hanovre, n'y ont rien avancé qui ne s'zccorde parfaitement bien avec les Conftitutions, Impériales; mais qu'au contraire c'eft fon Analyfe, & les principes fur lefquels elle eft batie, qui font directement contraires aux regles de la faine Logique, au Droit de la NaBb 2

ture,

ture, & aux Loix fondamentales de l'Empire. Il n'y a point d'homme au Monde qui ait vû tout: ainfi il eft fort poffible que notre Auteur n'ait pas vû encore d'Alliancé défenfive conçue dans les mefmes termes que l'on trou ve dans celle-ci.

Mais auffi les Hauts Alliez espérent qu'il n'arrivera jamais qu'on les attaque hoftilement pour une caufe fi jufte, & fi clairement fondée dans les Loix fondamentales de l'Empire. Cependant puifque dans la Préface & dans l'Article V. du Traité d'Hanovre on expofe plufieurs raifons générales, pour lesquelles les Hauts Alliez croyent étre obligez de veiller fur leurs intérêts, il apartient à ceux qui ont une parfaite connoiffance des affaires d'Etat, de Juger, s'il eft vrai que ce Traité ait été fait dans un tems où il n'y ait point d'aparence ni de femence d'une Guerre Civile, dans le fein de la plus profonde Paix, & fans que de la part de l'Empereur & de l'Empire il ait été pris la moindre réfolution dont on pourroit tirer quelque prétexte de plaintes bien ou mal fondées.

Sur le III. Article féparé,

Pour établir des principes folides, felon lefquels on puifle juger fûrement de la force ou de la foibleffe de cette partie de l'Analyse, il fera bon de mettre ici devant les yeux du Lecteur les propres termes du III. Article féparée. Le voici.

S'il arrivoit que nonobftant la ferme résolution dans laquelle eft Sa Maj. Très-Chrét. d'observer exactement à l'égard de l'Empire tous les Traiteż

auxquels il n'a point été dérogé par le préfentTraités P'on vouloit de la part dudit Empire prendre quelque refolution contre la France, au préjudice de la garentiegénérale des poffeffions, telle qu'elle eft ftipulée par le Traité figné ce jourd'hui, Leurs Majeftez Britannique & Pruffienne promettent dans ce cas d'employer leurs bons offices, crédit &autorité le plus efficacement qu'elles pourront, foit par leurs voix & celles des Puillances leurs amis à la Diète, foit par tous les autres moyens convenables pour empêcher qu'il ne se commette rien qui y foit contraire. Mais fi contre toute attente, malgré tous leurs efforts la Guerre étoit déclarée à la France de la part dudit Empire quoiqu'en ce cas n'étant plus une deffenfive, elles ne feroient pas obligées fuivant les Confiitutions de fournir aucun contingent. Cependant pour ôter tout doute entre lesdites Majeftez, fi elles croyoient ne pouvoir se dispenser de remplir leur devoir de Membres de ce Corps, Leursdites Majeftez Britannique & Pruffienne fe réfervent la liberté de fournir leur contingent à l'Empire, bien entendu qu'elles rempliront d'ailleurs leurs engagemens envers Sadite Majefté Très Chrétienne, laquelle promet enfuite réciproquement une affiftance femblable à Leurs Majeftez Britannique & Pruffienne.

Il ne faut que favoir lire, pour favoir que cet Article eft encore conditionel, & qu'il fupofe que de la part de l'Empire on déclare la Guerre à la France, au préjudice de la garentie générale des poffeffions, telle qu'elle eft ftipulée par le Traité d'Hannovre. Les mefures que l'on prend ici ne font qu'une garantie pour Sa Majefté Très-Chrêtienne en cas qu'elle fût attaquée de la part de l'Empire Bb 3

par

par une Guerre offenfive & non pas deffenfive, comme il eft formellement exprimé dans le texte de cet Article. Qui a donc permis à notre Antagoniste d'altérer la condition de cette ftipulation à fa fantaifie, & de mettre dans fon explication frauduleufe, la France à la place de l'Empire, & l'Empire à la place de la France ? C'eft néanmoins ce qu'il a fait fans fcrupule, en raportant le cas fur lequel le III. Article féparé fe fonde, ainfi ; Comme il pourroit arriver que le Roi Très Chrétien feroit le premier à vouloir faire ufage de quelques femblables Droits, Immunitez & avantages que l'Empereur & l'Empire ne pourroient pas connoître ni tolérer, & que le même Empire en viendroit à cause de celá à une Déclaration de Guerre &c. Il a bien fallu ainfi donner la torture aux expreffions formelles du Traité, pour y trouver que dans le cas de la garentie Alipulée le Roi de France doit être l'agreffeur, & que l'Empire fe doit tenir feulement fur la deffenfive.

Cette heureufe découverte ouvre à notre Auteur un beau champ pour exhaler fa bile contre les Hauts Alliez, qu'il peut accufer fur ce pied là de s'être engagez à affifter une Puiffance étrangere, qui fera une Guerre offenfive à l'Empire. Tout ce qu'il dit là deffus se réduit à V. points principaus.

I. Il croit que c'eft une chose incompatible en elle même que les deux Rois de la Grande-Bretagne & de Pruffe fourniffent leur contingent à l'Empire contre la France selon la répartition faite dans les Matricules des Etats, & que cependant ils affiftent en même tems la France des fecours ftipulez dans le

Traité d'Hannovre, & qu'en cas de néceffité ils entrent en Guerre ouverte en faveur des Ennemis de l'Empire, ce qui ne manque. roit pas de caufer dans peu une Anarchie déplorable.

II. Il prétend que ce feroit une défaite inutile de dire que Leurs Majeftez Britannique & Pruffienne s'aquittent bien de leurs devoirs en qualité d'Electeurs, en contribuant leur contingent réglé pour les frais de la Guerre en qualité d'Electeurs, & qu'en même tems elles peuvent fournir en qualité de Souverains Rois à la France les fecours ftipulez dans leur Traité, parcequ'il femble à notre Auteur que la qualité de Roi ne dispense jamais les Hauts Alliez des engagements qu'ils ont avec l'Empire en qualité d'Electeurs.

III. On fopofe que chaque Electeur & Prince de l'Empire qui reçoit l'inveftiture de fes Etats des mains de l'Empereur doit fçavoir que fon caractere ne l'oblige pas feulement à fournir fon contingent felon la Matricule de l'Empire, mais que cette obligation eft générale, & que le ferment qu'ils ont prêté comme Vaffaux & feudataires de l'Empire porte qu'ils feront fideles, dévoüez & obéïffants à l'Empereur & à l'Empire, qu'ils envisageront & procureront toûjours les intérêts, l'honneur & l'avantage de Sa Majesté Imperiale & du Saint Empire felon toutes leurs forces; Qu'ils avertiront fidellement & fans délai quand ils apercevront que l'on veut entreprendre quelque chofe contre l'Empire. Enfin il doit faire tout ce qui eft requis d'eux felon le Droit & la Coûtume.

IV. On trouve que c'est un système de
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