Sur le premier Article séparé, Il est difficile à la vůč des injustes allégations, dont on a tâché de noircir les plus sain. tes intentions, de rester ici dans les bornes de ja modération que l'on s'elt proposée. Nous n'adoptons cependant les intérêts d'aucune Puissance en particulier, nous défendons seulement la vérité. Elle étend ses Privileges lur tout le Monde, & sur toute matiere faus exception. Nous n'aurions pas crû que les soins que les Rois de France, d'Angleterre & de Prusse ont été obligez de prendre pour éteindre les semences de la Guerre dans toutes les parties de l'Europe, pussent être susceptibles d'interpretations contraires. La France, l'Angleterre & la Prusle garantes des Traitez d'Oliva, ne pouvoient pas , sans se rendre responsables à toute l'Europe, termer les yeux sur ce qu'elles prévoyoient qui pourroit troubler un jour cette même Paix d'Oliva. Lorsqu'onlira attentivement les ferines de l'Article dont il s'agit, l'on trouvera que la question de l'affaire de Thorn n'est pas décidée; Que l'on s'engage seulement à prendre les melures nécessaires pour constater les faits, & travailler ensuite à prévenir des Troubles, qui ne pourroient être que funeftes à toutes les Religions. C'elt là ce zèle fi-blainable, & que l'on veut qui soit odieux. Venons à présent à ce qui est dit sur les intentions de chacun des Princes réparément, qui ont eu part au Traité d'Hanovre. La France a assez fait voir qu'elle ne fait point admettre des distinctions contradictoires. Les Les effets de son zèle pour la Religion ont été dans tous les tems uniformes, mais on ne doit pas plus lui reprocher ce qu'elle a fait pour la manutention des Traitez d'Oliva, dont elle est garante, que ce qu'elle a toujours dû mettre au nombre de les obligations comme garante des Traitez de Westphalie. La Loi doit être égale, parceque les engagemens font pareils : Et sur ce qui regarde les vûës de la France en faveur du Roi Stanislas, nous demanderons fi l'engagement que la France avoit contradé en 1660. par la garantie du Traité d'Oliva, n'emportoit pas , indépendamment du Mariage du Roi de France avec la Princelle Marie, les mêmes obligations qui font renouvellées par l'Article du Traité d'Hanovredont il s'agit. C'elt en verité vouloir joindre ensemble des faits trop distans par l'ordre desiems. L'Angleterre est , comme la France, garante du Traité d'Oliva , & d'ailleurs elle ne craint point de reproches sur ce qu'elle croira devoir faire pour la Religion Protestante, en ce qui sera dans l'étenduë des Traitez publics. A l'égard du Roi de Prusse, l'on ne peut pas ignorer quels sont ses sentinens. Il n'a pas manqué une occasion de faire connoitre qu'il vouloit exactement & fidèlement observer les Traiter que les Ancêtres avoient tait avec la République de Pologne, coinine ce qui fait la sureté de l'une & de l'autre. Avec de pareilles dispositions il n'apréhende point que l'on trouve de prétextes légitimes de le troubler dans les possessions que lui & ses Ayeux ont acquises. S'oc 9 Аа 3 S'occuper à réfuter i'idée que les Rois de France, de Prufle & d'Angleterre veulent rendre les Provinces héréditaires de l'Empereur lé théatre d'une Guerre, commencée en Pologne, feroit en quelque maniére la rendre vraisemblable, & l'on fe contente de demander à l'Europe non prévenuë de ne juger des vûës à venir des Puissances contractantes au Traité d'Hanovre, que par la conduite qu'elles ont tenuë, depuis que la Paix rétablie généralement leur a donné les moyens d'en afsurer la continuation. Sur le second Article séparé. C'est ici que l'Auteur de l'Analyse triomphe en se flattant de persuader sans peine à touté la Terre que les Rois de la Grande-Bretagne & de Pruffe font prêts à en venir à une rupture ouverte tant avec l'Eripereur qu'avec l'Empite, ayant déja passé manifestement les bornes dans lesquelles la Paix de Westphalie & les Capitulats des Empereurs renferment Teur Droit & leur pouvoir. Ces Constitutions, dit-on, permettent bien aux Princes & Etats de l'Empire de contracter des Alliances, mais avec cette condition exprefle qu'elles ne soient pas contraires aux intérêts de l'Empereur & de l'Empire. Comment done accorder avec cette Loi facrée la conduite de deux Princes de l'Empire , qui promettent ici en termes formels, gue si l'Empire vient à déclarer la Guerre à la France, à cause des secours que cette · Couronne leur envoyéruit, dè ce moment-là ils ne lui fourniront plus leur contingent ni en Troupes, ni d'aucune autre manière, ils se séparernnt de l'Em l'Empire, & agiront de concert avec Sa Majefte Très Chrétierne jusqu'à ce que la Paix troublée à cette occasion soit rétablie. Selon notre Antagoniste, ceo Article, que l'on vient de raporter dans les termes de l'extrait qu'il en fait, contient formellement une Alliance contre l'Empire, ce qu'il trouve d'autant pius inescusable que l'on prend ces mesures hors de toute Guerre Civile, dans le sein de la plus profonde Paix, & fans que de la part de l'Em. pereur & de l'Empire il ait été pris contre eux la moindre résolution, dont ils puissent tirer quelque prétexte de plainte bien ou mal fondée. On ne se laissera pas imposer par ces beaux sophismes, fi l'on confronte les paroles, dont les Hauts Alliez se fervent dans le ll. des Articles féparer, avec le sens que l'Auteur de l'Analyse leur prête de fa bonne volonté. On avouera platôt que fi jamais texte a été alteré, falsifié & corrompu, c'est en cet çndroit. Il est visible que le II. Article séparé n'elt qu'une explication de ce qui a été stipulé dans l'Article II. du Traité même , où les trois Séréniffimes Puissances confédérées se promettent une garantie mutuelle conire ceux qui atraqueroient l'une ou l'autre au préjudice de cette Alliance défenfive. Et afin que personne ne dise que cette explication eil inveniée après coup, on n'a qu'à lire les deux Articles mêmes, dont nous venons de parler. On trouvera dans l'un & dans l'autre que l'on supose pour un sujet légitime d'une rupture certe condition formellement exprimée : Si en baine de cette Alliance, ou des secours que les Hauis Aa 4 Hauts Alliez se promettent les uns aux autres, quelqu'un leur déclaruit la Guerre. Cette ftipulation est générale dans l'Article II. du Traiié, & dans le second des Articles séparez, el. le est particuliere , en suposant le cas que l'Empire se déclarât contre la France en hai. ne des secours que Sa Majesté Très Chrétienne donneroit à Sa Majesté Britannique & à Sa Majesté Prussienne, pour les garantir des troubles qu'elles pourroient souffrir dans les Etats qu'elles possedent. En ce cas les deux Rois de la Grande-Bretagne & de Prusse déclarent positivement, qu'ils regarderoient une Guerre fondée sur ceite raison, en baine de leurs secour's, comme faite contre eux-mêmes, aussi bien que contre la France, quand même ils ne seroient pas nommez dans la Déclaration d'une telle Guerre, dont pourtant leurs intérêts communs auroient été l'occasion, ce qui les obligeroit d'agir alors de concert avec Sa Majefte Très Chrétienne. Par quel artifice pourra-t-on donc tirer de cette Convention quelque conclusion qui ne soit parfaitement conforme à toutes les régles de la justice & de l'équité. Atin que chacun puiffe connoitre clairement que l'Auteur de l'Analyse se fert d'une Logique mal liée, & qu'il se contre dit lui-même honteusement dans la glole qu'il a fait sur cet Article, dont nous parlons maintenant; Et afin que tout le Monde puisse être convaincu au contraire de la l'égalité de la stipulation du II. Article sépart de notre Traité, nous ferons une déduâion régulière de toutes nos preuves, que nous renfermerons dans des Theses courtes & simples. I. Tous |