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ces Catholiques, on juge qu'ils n'auroient pas fujet de s'en formalifer, puifque le Roi TrèsChrêtien, Fils aîné de l'Eglife, & dont le zèle est fi ardent en fon Royaume, contre ceux qui refusent de fe conformer, ne feroit point difficulté, de prendre ici Fait & Cause pour eux. Ils comprendroientaifément la difference qu'il faut faire entre les Intérêts de la Religion en France, & les mêmes Intérêts en Pruffe & en Pologne. Le Roi Trés-Chrétien pourroit efperer, qu'en prenant le parti des Proteftans contre les Catholiques en ce Royaume-là, ils ne manqueroient pas de lui aider auffi à y ramener le Roi Staniflas, fon Beau-pere. Outre que, le feu de la Guerre une fois allumé en Pologne, il feroit bien mal aifé à l'Empereur d'empêcher, qu'il ne fe communiquât dans fes Païs héréditaires, & de là plus avant dans l'Empire, ce qui du tems de Louïs XIV. eût été crû fort avantageux aux intérêts de la France. Refte à fçavoir fi l'on en doit faire le même jugement fous le Regne de Louis XV.

A l'égard du Roi de Pruffe, c'eft autre chofe. Les dernieres Guerres lui ont été favorables. Le Roi fon Pere & lui y ont acquis la Dignité Royale, & enfuite une augmentation confiderable en Puiffance, en Provinces, Villes, & Revenus. La Prudence voudroit, ce femble, qu'il fongeât plutôt à jouïr paifiblement de fa nouvelle Grandeur & à s'y affermir, qu'à l'expofer fans néceffité au hazard de quelque facheux revers. On voit bién, à peu près, ce qui pourroit encore fla. ter fon ambition. Sa Dignité Royale n'est pas reconnue en Pologne, & elle ne le dif

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pense

penfe point de l'hommage qu'il doit à la Republique pour la Partie de la Pruffe qu'il poffede. Une heureufe Guerre pourroit peutêtre le délivrer de ces deux incommoditez, & lui donner moyen d'ajouter à fon Domaine les Villes de Thorn & d'Elbing, l'Evêché de Warmie, & toute la Pruffe Polonoife ; peut-être auffi de procurer l'Inveftiture eventuelle au Marcgrave de Brandebourg - Swet fon Parent, & enfin d'affurer ou d'étendre fes Conquêtes contre la Suede en Pomeranie. Mais ce font là des efperances bien éloignées, bien cafuelles, & environnées de bien des perils.

Une chofe évidente, c'est que fi les Rois de France, & de la Grande Bretagne ont eu deffein de porter la Guerre de ce côté-là, ils ne pouvoient nullement fe paffer de l'Alliance du Roi de Pruffe, à caufe de la fituation de fes Etats, qui d'un côté donnent entrée en Pologne, & de l'autre en Silefie, & en d'autres Etats héréditaires, où il ne leur eut pas été poffible d'atteindre fans cela. Mais qui en échange font ouverts de tous côtez, foit aux Operations principales, foit aux Diverfions, felon les cas, & le fort des armes. Tout cela fait fouvenir de la Fable du Singe, qui vouloit tirer les marons du feu avec la pate du chat.

II. Art. Séparé.

ANALYSE.

Cet Article eft fort explicatif. Il ne faut plus fe mettre en peine de chercher, comment les Rois de la Grande-Bretagne & de

Prufle

Pruffe pourront, fans manquer à leurs devoirs d'Electeurs & de Princes de l'Empire; s'acquiter, des Engagemens qu'ils ont pris avec le Roi Très Chrétien. Ils promettent ici en termes formels; Que fi l'Empire vient à déclarer la Guerre à la France, à caufe des fecours qu'elle doit leur envoyer, dès ce mo ment-là, ils ne lui fourniroit plus leurs Contin gens, ni en Troupes, ni d'aucune autre maniére; Ils fe fepareront de l'Empire, & agiront de concert avec Sa Majesté Très-Chrétienne jufques à ce que la Paix troublée à cette occafion foit rétablie. Nous avons vû bien des Traitez, qui, fous prétexte d'une Défense légitime & conforme aux Conftitutions Imperiales, ne tendoient effectivement qu'à les renverfer. Mais il ne nous fouvient pas d'en avoir jamais vů, où des Electeurs & Princes de l'Empire ayent pris de semblables mefures contre l'Empire même; & cela hors de toute Guerre civile, dans le fein de la plus profonde Paix; & fans que de la part de l'Empereur & de l'Empire il ait été pris contr'eux la moindre réfo lution, dont ils puiffent tirer quelque prétexte de plainte bien ou mal fondé; Qui pourra concilier cet Article avec le §. Gaudeant de la Paix de Munter, le faffe. Nous en avons raporté ci-deffus la teneur en fes propres termes; on peut y avoir recours. La repetition feroit inutile; mais il eft bon d'y ajouter la Claufe de cet Article VI. de la. Capitulation Caroline, car elle n'y eft pas moins expreffe. Elle porte, qu'il fera permis aux Etats de l'Empire, toutes les fois que la néceffité, ou l'intérêt de leurs affaires le demandera, de faire des Aliances entr'eux ou avec les Étrangers, entelle

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forte

forte néanmoins, qu'elles ne foient pas contraires à l'Empire, à la Paix publique, à celle de Munfter d'Osnabrugh, & au ferment, par lequel tout Etat eft lié à l'Empereur des Romains, & au St. Empire, & que les fécours démandés par les Princes Etrangers, ne leur foient donnés, NB. qu'en tant qu'ils pouront l'être Jans préju dice de l'Empire.

III: Article Séparé.

ANALYSE.

Les Stipulations de l'Article précedant, font fondées fur le Cas d'une Déclaration de Guerre de la part de l'Empire contre la France; à caufe des Armées que cette Couronne pourroit vouloir introduire en Allemagne à titre de fecours envoyé aux Rois de la Gran de-Bretagne, & de Pruffe, pour la Garantie des Poffeffions, Droits, Immunitez, & Avantages dont ils jouiroient ou devroient jouir. Mais comme il pourroit arriver, que le Roi TrèsChrétien feroit le prémier à vouloir faire ufage de quelques femblables Droits, Immunitez, & avantages que l'Empereur & l'Empire ne pouroient pas réconnoître, ni tolerer, & que le même Empire en viendroit à caufe de cela, à une Déclaration de Guerre, ce qui feroit un Cas différent du prémier; C'est pourquoi les trois hauts Confederez, ne voulant laiffer aucun fujèt de doute dans leurs ftipulations, conviennent qu'en ce dernier cas, les Rois de la Grande-Bretagne, & de Pruffe, pourront, fans contrévenir au présent Traité, fournir leur Contingent à l'Empire, fait de leurs

pro

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propres Troupes, ou de celles, qu'ils prendroient à leur folde, de quelqu'autre Prince. Cependant le Traité tiendra, & féra exécuté quant au refte, en toute la forme & téneur. C'eftà-dire, que leurs Majeftés Britannique & Pruffienne, fourniront à l'Empire contre la France, les Contingents de Troupes, qu'elles lui doivent felon les Matricules; & qu'en même tems elles fourniront auffi au Roi TrèsChrétien conrre l'Empire les fecours qui lui font promis, par le préfent Trai. té; de telle maniere qu'enfin, fi la neceffité le réquiert, elles rompront à Guerre ouverte en fa faveur. Rien de plus regulier, fans doute; mais d'une Régularité, qui renverferoit bientôt l'Empire, avec toutes fes Conftitutions, fi elle y étoit reçûë, & qui le reduiroit à l'état déplorable d'une Anarchie où la feule force tiendroit lieu de Droit, & où les Etats foibles, dont le nombre eft le plus grand, fe verroient livrés, comme nous avons déja dit, à la violence des plus forts, fans que les Loix impuiffantes, puffent leur être d'aucun fecours.

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On alégueroit ici en vain, que dans la Conféderation de Hanovre, les Rois de la Grande-Bretagne & de Pruffe, n'ont pas feulement traité, comme Electeurs & Membres du Corps Germanique, mais auffi comme Rois, Princes & Seigneurs de divers Païs, qui ne dépendent point de l'Empire, & que c'eft dans ce fens là, qu'il faut entendre la Clause, portant que leurs Majeftés Britannique & Pruffienne, feréfervent la liberté de fournir leur Contingent à l'Empire, en Infantérie ou Cavalérie fans qu'à raison de leur Contingent ainsi fourni,

elles

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