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vanger, conjunctis viribus, le moindre empêchement à la libre Navigation de la Compagnie d'Oftende, minus impedimentum &c. Et ce qui ne nous laiffe aucun lieu de foupçonner feulement que l'intention foit changée à cet égard, eft qu'on nous inculque de nouveau que de prêter l'oreille aux avantages aparents, dont on nous flatte pour attirer la Republique à l'Alliance d'Hanovre (a) eft fe livrer à des fuites fachaufes pleines de troubles très difficiles & peut-être impoffibles à apaifer & à arrêter. Mais pourquoi toutes ces fuites pleines de troubles, & impoffibles à apaifer doivent-elles être une confequence neceffaire de nôtre acceffion au Traité de Hanovre? Pourquoi acceder à ce Traité, & fournir aux Puiffances, qui l'ont contracté, un prétexte de troubler la tranqui lité publique, font-ce une même chofe au dire du Miniftre Imperial? Si non parce qu'il fupofe toujours que vouloir toucher au Commerce d'Oftende, eft le cas, où les Cours de Vienne & de Madrid font convenuës de vanger omnibus viribus le moindre empêchement à ce Commerce minimum impedimentum &c. C'est donc redire en termes, à la vérité radoucis & plus mefurez, la même chofe déja fignifiée à la République d'un ton menaçant. Mais s'il eft vrai, comme l'avance ce Miniftre, que les Puiffances qui ont contracté le Traité d'Hanovre, n'aient en vûë par les avantages, dont elles flattent la Republique, que de trouver un prétexte de pouvoir troubler la tranquilité publique, pourquoi ne fe fert-il pas du Pleinpouvoir qui lui eft arrivé fi à point nommé

(4) s. Memoire,

pour

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pour faire ceffer ce prétexte? pourquoi nous renvoier de nouveau aux avantages à attendre de la part d'une Couronne, à qui nous n'avons à demander fur le Commerce en queftion, que de ne le pas reconnoitre legitime? Mais ce Miniitre ne juftifie-t-il pas lui même fans y penfer cette Alliance, qu'il s'efforce de rendre odieufe, lorfqu'il reconnoit que fans ce point de Commerce, qu'il ne nomme pas à la verité, mais qu'il defigne, & qu'il lui eft échappé de qualifier de fujet legitime, il ne refteroit pas même de prétexte aparent aux Puiffances qui ont contractez à Hanover; pour pouvoir troubler la tranquilité publique? Il eft donc conftant, de fon propre aveu; que la République une fois fatisfaite fur fes Grièfs touchant le Coinmerce d'Oftende, il ne refulte de l'Alliance d'Hanovre pour les Puiffances, qui l'ont contractée, aucun prétexte legitime, ni même aparent, pour pouvoir troubler cette tranquilité.

Par où donc notre acceffion pourroit- elle devenir une occafion de la troubler, à moins qu'il ne foit reconnu, qu'on ne peut attendre de la Cour de Vienne, qu'elle veuille feulement facrifier à l'interêt de cette tranquilité un Commerce établi contre la foi des Traitez au mépris des conditions fous lefquelles elle a été mife en poffeffion du Païs Bas, & à la ruine d'une Republique, qui plie encor fous le faix des dettes immenfes, contractées pour la feu. le caufe, & pour lui procurer, au prix de tant de fang repandu, la poffeffion de ce même Pais-Bas.

Quelle funefte tranquilité pour la République, que celle qui auroit pour condition neçef

faire le maintien d'un Commerce, dont le grand objet eft de s'élever fur les ruines du notre; fi telles font les maximes de la Cour de Vienne, nous eft-il difficile de refoudre la queftion de ce qu'il convient à notre Répu blique fur l'alternative, ou d'attendre fa fatisfaction de la feule bonne volonté de cette Cour, ou de profiter du concours des puiffans Monarques, qui s'engagent à nous la procurer ?

Si la tranquillité publique devoit en souffrir, il ne le faudroit imputer qu'à l'obítination de la Cour de Vienne; la chofe ne pourroit durer, & avec l'apui qui nous eft offert, nous n'aurions pas beaucoup à y mettre du nôtre : mais le poids de l'Alliance ne peut manquer de faire plier la Cour de Vienne.

Tout ce que fon Miniftre ici imagine, paffant tantôt des careffes aux menaces, puis des menaces au ton radouci, l'ufage qu'il tache de faire de la longueur ordinaire de nos deliberations; toutes les voyes enfin qu'il tente montrent affez, qu'il fonde fa derniere reffource dans l'efperance de nous divifer, que la Cour de Vienne reconnoit d'avance toute fon impuiffance, & qu'elle fent bien, que la plus entiere fatisfaction à nous donner de fa part, deviendra le fruit prompt & néceffaire de notre acceffion. Je fuis, &c.

Troisième Lettre du même au même,

LA refolution que la Province d'Hollande vient enfin de prendre en faveur de l'Acceffion au Traité d'Hanovre, & les réponses Tome II. T

ren

renduës peu de jours auparavant au Comte de Konigsegg & au Sécrétaire d'Espagne de la part des Etats Généraux, vous auront confirmé combien tout ce qu'il y a ici des principales Têtes font également convaincues des véritez que j'ai taché de vous déveloper dans mes deux précédentes Lettres. Si quelque chofe avoit encore manquée à la conviction, ce que le Miniftre Imperial continuë de nous fournir, & ce qui nous eft venu d'Espagne, y auroit fupléé.

Le Comte de Konigfegg, qui avoit fait gronder le tonnère à la première parole de fupreffion du Commerce d'Oftende, loin de prendre feu en voyant la nouvelle réponse des Etats Généraux, qui lui confirme la néceffité de cette fupreffion, modere de plus en plus fon ton. Il ne menace plus, il repréfente feulement qu'il ne voit pas quel tort Leurs Hautes Puiffances fe pourroient faire en entrant en Négociation pour voir s'il feroit poffible de regler les chofes au contentement réciproque par quelques limitations, &c.

Que Sa Majefté Imperiale, nonobftant fon Droit inconteftable veut bien pour la confervation de l'amitié & bonne correfpondence reciproque faire connoitre à Leurs Hautes Puiffances qu'elle eft prête de donner les mains à tous les moyens poffibles pour que les chofes puiffent être mifes fur un pied, s'il fe peut, (notez cette nouvelle reftriction) fatisfaifant pour l'un & pour l'autre.

Vous le voyez, Monfieur, combien la Cour de Vienne reconnoit dans le fonds fon

* 6. Memoire du Comte de Konigsegg.

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impuiffance, & qu'un peu de fermeté lui fait bien-tôt changer de langage; mais fi elle en change c'eft en fe préparant les moyens d'échaper à la République fur la fatisfaction à lui donner après que par l'irréfolution où on s'efforce de la jetter, on lui auroit fait manquer l'occafion unique dont elle est aujourd'hui en état & en droit de fe prévaloir. La propofition d'entrer en négociation fur les moyens de regler les chofes au contentement réciproque, eft foigneufement accompagnée des restrictions redoublées de poffible & de s'il fe peut, & d'un long détail pour prouver le Droit inconteftable de ce que nous regardons comme une injustice criante & une contravention manifefte aux Traitez. Ainfi la Négociation, où on nous preffe d'entrer, eft un long procès par écrit, dont on fe referve à nous payer après que par notre refus deprendre part à l'Alliance d'Hanovre nous nous ferions volontairement privez du concours des Puiffances qui nous affure, fans procès, fatisfaction complette.

Tandis que le Miniftre Imperial, inftruit par fa propre experience du peu d'effet des menaces pour nous ébranler, tente de nous faire illufion par une autre voye, un contretems nous éclaire de nouveau fur les véritables intentions que l'on voudroit nous dérober, après les avoir trop tôt montrées.

Le même efprit, qui avoit dicté au Comte de Konigsegg fon Mémoire menaçant, foufioit en même tems à Madrid, & en faifoit partir une Lettre fulminante aux Etats Généraux qui confirme ce concert, cette refolution prife entre les Cours de Vienne & de Madrid.

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