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Commerce & de la Navigation, j'ai jugé à propos d'informer Vos Seigneuries que je fuis obligé d'affifter Sa Majesté Impériale en cas de Guerre ou d'infulte & de tirer vangeance des pertes que Sa Maj. Imp. Catholique pouroit recevoir de fes ennemis, ce que j'execu terai religieufement & exactement en toute occafion, m'en faifant une affaire commune envers & contre tous avec Sa Majesté Imperiale, declarant la Guerre à ceux qui la declareront à Sa Majefté Imperiale & tenant pour mes Ennemis ceux qui feront les fiens; affuré que je fuis que Sa Majefté Imperiale fera la même chofe de fon coté, afin d'obtenir de cette maniere que la paix foit affurée & durable dans toute l'Europe, & que l'équilibre foit confervé entre fes Puiffances pour la fureté de l'ineftimable liberté de fes Peuples.

J'efpere queVos Seigneuries comme particulierement intereffées & qui affectionnent particulierement le repos public, contribueront autant qu'elles pourront de leur côté à la confervation d'un bien fi precieux, reglant & ajuftant avec moi les Traitez qu'elles jugeront les plus avantageux aux fujèts refpectifs; je prie Dieu, très Chers & Grands Amis, qu'il prenne Vos Seigneuries en fa fainte garde. Donné au Pardo le 23. Janvier 1726.

De Vos Seigneuries le bien bon Ami,

Signé.

MOI LE ROI.

Et plus-bas,

Le Duc de RAPPE RDA.

Voyons prefentement ce que faifoient les Miniftres des Puiffances alliées de Hanov re Non contens de refuter, dans les frequentes Conferences qu'ils avoient avec les Députez de Leurs Hautes Puiffances, tout ce que le Miniftre Imperial & le Secretaire d'Espagne repandoient contre l'Alliance & contre l'Acceffion, dans tant de Memoires, ils repandirent dans le Public quelques Lettres qui furent reçues avec avidité, & qui mirent les Politiques au fait d'une infinité de circonftances, elles font fi bien écrites & fi inftructives que nous avons cru qu'elles devoient trouver place ici, d'autant plus qu'elles partent de main de Maitre.

Premiere Lettre d'un Membre de la
Province de.
à un autre
Membre de la même Province.

L'ofe

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Ofe efperer que les Reflexions fuivantes léveront vos doutes; elles demontrent, fi je ne me trompe, l'intérêt de la République de fe déclarer en faveur de l'Acceffion au Traité d'Hanovre, & l'illufion vifible de tout ce qu'on met en ufage pour l'en détourner.

I. Il eft vrai que le Traité d'Hanovre a été conclu, aaffi-bien que ceux de Vienne, fans l'intervention de la Republique, mais avec cette différence à y mettre, que la Cour de Vienne s'eft prévalue des complaifances de celle de Madrid pour faire reconnoitre l'Etabliffement de la Compagnie d'Oftende, & pour S

Tome Ik

exis

exiger fur le Commerce des ftipulations qui annoncent les vues les plus étendues pour l'attirer dans les Païs Bas Autrichiens. Au contraire dans le Traité d'Hanovre, s'il y à été parlé du Commerce, ça été principalement en vue de procurer à la République non feulement fa fûreté pour l'avenir à cet gard, mais encore le redreffement de tous fes griefs: il ne feroit donc pas décent que nous apliquaffions indifferemment à ces Traitez, fi divers dans leurs motifs, l'argument de la nonparticipation de la Republique.

II. Quand on fupoferoit que l'Evenement a pleinement justifié notre non-acceffion à la Quadruple Alliance, ce feroit se méprendre que d'étendre le mérite de cet exemple au cas prefent. Laiffant à part la difference effentielle des ftipulations en elles mêmes, la République, par la Quadruple Alliance, devoit s'unir à des Princes dont les intérêts étoient effentiellement trop opofez pour ne fe retrouver pas bien-tôt dans le cas d'avoir un choix à faire entre ces divers Alliez. L'Acceffion au contraire, dont il s'agit aujourd'hui, ne lui préfente que des Alliez qu'un intérêt naturel, & par confequent durable, a preffé de se réunir pour affurer l'équilibre de l'Europe.

Notre Republique eft fans doute la Puiffance peut-être la plus intereffée au maintien de cet équilibre.

III. Vainement efpererions-nous d'établir notre fureté à l'ombre de cet Equilibre fans prendre part à ce qui l'affure. Nous fommes trop envelopez de la Puiffance qui doit exciter toute notre défiance pour nous regarder dans

un

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un Etat de fureté fans intéreffer pour nous les Puiffances à portée de veiller efficacement à notre conservation.

IV. Une confequence de cette fituation est encore la neceffité d'établir la balance entre les grandes Puiffances en état d'arriver à nous avec des forces capables de faire notre danger ou notre fureté. Dans cet état il ne pourroit que nous être funefte de ne fe pas faire le centre de cette balance à tenir, & de ne pas difcerner entre ces Puiffances, defquelles nous avons le plus à attendre pour notre fureté, & de laquelle nous avons le plus à craindre par la proximité, par les fujets de conteftations actuellement pendans, & par les prétenfions que nous devons craindre de voir revivre.

V. Aucun fujet de conteftation, par exemple, ne fubfifte entre la Republique & la France, aujourd'hui trop loin de nous pour nous nuire, mais affez proche & affez puiffante pour nous donner la main & pourvoir efficacement à notre fureté. Au contraire la queftion de la Compagnie d'Oftende n'eft pas la feule pomme de difcorde entre nous & la Cour de Vienne. Les ftipulations pour les places de la Barriere, les Subfides convenus à cet égard, le nombre de millions negociez dans les PaïsBas fur le credit de la Republique font autant de moyens entre les mains de l'Empereur de nous tenir dans fa dependance. Si la France n'eft intereffée par le cas que nous ferons de fon concours à nous faire valoir tous les engagemens de la Cour de Vienne; Y a-t-il rien en effet de plus capable de porter la Cour Imperiale à fe faire pour l'avenir un point $ 2 capi

capital de fa fidelité à tous ces égards que de voir la Republique en droit & en état de faire intervenir la France à la moindre inexecution? Y a-t-il rien en même tems de plus propre maintenir cette Puiffance dans nos intérêts que de la mettre en état de faire ce perfonnage entre l'Empereur & nous?

à

La raifon d'intérêt pour cette Couronne deviendra telle à cet égard qu'elle ne pourra changer.

VI. La démarche de la France en propofant à la Republique l'acceffion au Traité d'Hanovre, & en s'expliquant dès la première Ouverture auffi favorablement fur tous nos intérêts les plus effentiels, n'eft qu'une fuite des inftances qu'elle reçoit de nous depuis plufieurs années pour l'engager à prendre notre fait & caufe fur la Compagnie d'Oftende. Ce n'eft en effet que ces inftances réiterées tant de fois qui l'ont portée à s'expliquer dans le Traité d'Hanovre en termes fur le Commerce qui preparaffent à la République les plus abondantes reffources pour fa plus entiere fatisfaction. Les offres de cette Couronne dans de telles circonftances ne lui attireront-elles aucun empreffement de notre part?

VII. En même tems que la nouvelle Alliance, où on nous invite d'acceder, eft accommodée à nos intérêts les plus effentiels, elle ne renferme que des ftipulations tendantes uniquement à maintenir chaque Puiffance dans l'état préfent où elle fe trouve. Il n'y a fur ce point d'exception qu'à l'égard de la République à qui il s'agit de procurer fatisfaction fur fes grièfs: notre penchant connu pour le maintien de la tranquillité publique,

don

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