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Le département du Nord, qui est un des mieux cultivés, mais non pas certainement un des plus fertiles de la France, doit sa richesse autant aux plantes oléagineuses qu'à tout autre produit agricole ou manufacturier. Il n'est pas un seul des départemens pyrénéens qui ne soit aussi bien partagé pour la culture du même produit. Leurs meilleures terres seraient destinées au colza; les terres moyennes à la navette; les terres légères et sablonneuses au pavot.

Indépendamment du bénéfice des huiles, nous aurions des résidus qui seraient une heureuse ressource pour l'engrais des terres et la nourriture des animaux.

La culture des plantes oléagineuses est immense en Belgique et en Angleterre, et contribue beaucoup à la richesse de ces contrées. Depuis quelque temps elle s'étend même dans les régions les plus septentrionales, notamment dans la Suède et la Norwège; et nous, si favorablement placés, à peine la connais

sons-nous.

Pour cette récolte encore, nous serions à l'abri des gelées du printemps, dont nos vignobles éprouvent tant de dommage. Le malheur du midi de la France, je ne cesserai de le répéter, est de ne pas assez varier la culture, et par là de tout soumettre aux mêmes chances.

Le premier cultivateur qui livrera au commerce 50 hectolitres d'huile, aura bien mérité de la Société industrielle et donné un bel exemple à ses concitoyens. La navigation bordelaise y trouvera aussi

son avantage, car la multiplicité des fabriques du nord fera demander ce produit par le Hâvre et Dunkerque.

Une fois la culture des plantes oléagineuses établie en grand, on avisera au moyen de multiplier et de perfectionner les moulins à huile et les procédés d'épuration. Ce n'est pas trop que de porter à 10 millions la production possible des huiles dans les départemens pyrénéens.

Graines fourragères.

La supériorité des prairies artificielles sur les prairies naturelles n'est plus contestée; tout le monde sait aujourd'hui de quel avantage elles sont pour l'amélioration et la multiplicité des animaux de travail et d'engrais; mais ce n'est pas seulement sous ce rapport que j'en conseille la culture aux départemens pyrénéens, c'est encore sous le point de vue bien important de la production des graines fourragères du nord; elles mûrissent difficilement; et dans le cas même d'une pleine maturité, on ne les dépouille qu'à grands frais de leur enveloppe. Trop au midi, la sécheresse arrête leur entier développement, ou la chaleur les fait égrener avant qu'on ait le temps d'en faire la récolte.

C'est dire qu'il appartient aux pays tempérés seuls de s'occuper avec avantage de la culture de ce produit et c'est là la véritable catégorie dans laquelle il faut classer les départemens pyrénéens.

Déjà en possession de produire les meilleurs blés

de la France, ils peuvent, dès qu'ils le voudront, conquérir le privilége de fournir les meilleures graines fourragères. Cet article seul pourrait donner lieu à un échange considérable avec l'Angleterre et le nord de l'Europe: c'est là un point capital à recommander à la Société industrielle.

Déjà le département des Hautes-Pyrénées a ouvert la production et le marché de cet article; il l'a fait avec assez d'avantage, mais ce n'est rien à côté de l'impulsion que ce commerce peut recevoir.

Fruits secs.

d'A

Le luxe des fruits secs est aujourd'hui général. On le retrouve jusques sur les tables les plus modestes, en France comme à l'étranger. Les prunes gen entrent avec avantage au nombre de ces fruits. Malheureusement pour les producteurs de cet excellent article le commerce s'en fait mal, et dès-lors la consommation en est beaucoup affaiblie.

Ce qui se vend dans le département de Lot-etGaronne 20 à 25 centimes la livre, pris en gros, se vend en détail ailleurs, et surtout à Paris, 60 à 75 centimes. Les intermédiaires ont ici un beaucoup trop grand bénéfice. Pour remédier à ce mal, je conseillerai à quelques producteurs d'établir euxmêmes un dépôt à Paris, et dans ce cas de s'adresser aux consommateurs plutôt qu'aux marchands. Pour cela il faudrait remplacer les caisses de 50 et de 100 livres pesant par des caisses de 10 et de 20 livres. Marseille a fait que Il faut qu'Agen fasse ce

pour

les

olives, les câpres, le thon, etc. Ce n'est qu'en facilitant la vente par petits approvisionnemens et à des prix modérés qu'on est parvenu à un débit considérable et constant.

A la préparation si parfaite de la prune, je ne sais pourquoi Agen ne joint pas celle de la figue. Le figuier de la Provence vient parfaitement dans nos contrées. Il est même probable que la figue serait plus abondante dans les environs d'Agen que dans les Bouches-du-Rhône, où les grandes sécheresses lui nuisent souvent.

A ces deux préparations on pourrait en joindre une troisième, celle du raisin. Le département de Lot-et-Garonne a toujours produit du beau et bon raisin, qui ne pourrait que conserver ses qualités en passant à l'état de fruit sec. La Provence et quelques contrées de la Grèce font un commerce considérable et fort avantageux sur ce produit; il n'irait

pas mal aussi à quelques départemens pyrénéens, notamment à ceux de Lot-et-Garonne, du Gers, du Lot, de la Gironde, tous essentiellement vignicoles; l'Angleterre prendrait beaucoup de ce produit, car elle en importe aujourd'hui de divers lieux, malgré des droits bien élevés, plus de 40 millions de livres.

Ce serait pour Bordeaux la compensation du commerce des pruneaux communs, dont il trouvait le débouché dans les anciennes colonies.

Nous ne devons jamais perdre de vue que la permanence du commerce anglais tient à l'habileté de nos voisins à remplacer une branche de production

qui chûte par une autre branche qui prospère, ou bien un débouché qui se ferme par un autre débouché qui s'ouvre. Nous, au contraire, sans aucune derésolution ferme et sans cet esprit de suite que mande, avant tout, le maniement des grandes affaires, nous nous désolons au moindre contretemps, nous nous décourageons et ne savons presque jamais qu'attendre d'un aveugle hasard le retour à la fortune; comme s'il ne dépendait pas plutôt de la sagesse et de la prévoyance humaines.

Garance.

La culture de la garance est déjà connue en France; on l'exploite avec avantage en Alsace et dans le département de Vaucluse. Nos fabriques emploient de plus en plus cette plante tinctoriale; on en consomme aussi beaucoup en Angleterre ; ce pays la prend à Avignon et dans le Levant; on conçoit que s'il la trouvait dans des localités plus voisines, il la prendrait de préférence, car elle est d'un transport assez coûteux.

La garance demande un bon terrain, mais de qualité légère à ces conditions plusieurs points des départemens pyrénéens lui conviendraient parfaitement. Sa culture exige beaucoup de main-d'œuvre, et comme elle n'est point chère parmi nous, ou, du moins, bien moins chère qu'en Alsace ou dans Vaucluse, c'est une raison de plus pour la recommander.

Nos exportations sur cet article dépassent aujourd'hui 6 millions de francs. L'Angleterre et les EtatsUnis en prennent à eux seuls pour 3 millions. C'est

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