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Après ces modifications financières, il serait également avantageux d'en proposer quelques-unes pour simplifier le régime hypothécaire et l'expropriation forcée. Cette partie de notre législation n'est en rapport ni avec la perfection de nos autres lois civiles, ni avec les besoins d'une époque industrielle qui a, avant tout, besoin d'être débarrassée des complications de la chicane et des frais écrasans du fisc.

Perfectionnement de l'éducation.

Songer à améliorer un pays et ne pas s'occuper d'éducation ce serait commettre un non-sens, et laisser étourdiment à élever une des colonnes de l'édifice.

Mais comme ici j'ai à m'interdire les détails sur tout ce qui tient aux généralités, pour pouvoir m'appesantir davantage sur les améliorations locales moins connues, moins abordées jusqu'ici, je ne vais que jeter quelques idées sur ce sujet, laissant à d'autres à les compléter, ou à un temps plus reculé à les développer moi-même telles que je les conçois, dans toutes leurs applications au travail industriel.

Ainsi je dirai, que suivre, en l'approfondissant seulement, l'ornière du passé, ne serait pas du tout

réaliser un bien à faire.

L'éducation désirable n'est pas pour les classes laborieuses le savoir niais d'épeler des mots et de tracer des lignes; pour les classes élevées et mieux partagées de la fortune, le savoir prétentieux de connaître avec détail tout ce qui s'est passé dans la

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Grèce et dans Rome, et rien, ou à-peu-près rien de ce qui se fait dans la France; mais bien, pour les premières, le savoir qui les moralise et les rend expertes dans les arts qu'elles cultivent pour les secondes, le savoir qui se prête avec discernement aux exigences des positions diverses de la société, et fasse ainsi, qu'après dix ans d'étude, un jeune homme se sente propre à être autre chose qu'avocat, médecin, ou solliciteur importun du plus chétif emploi de l'ad-. ministration publique : car c'est vraiment déplorable de ne voir dans nos contrées méridionales, si j'en excepte cependant Bordeaux, que ces trois jalons auxquels s'accroche la jeunesse égarée par de petites idées de vanité, et ne vienne à reconnaître, que lorsqu'il n'est plus temps, combien elle s'est abusée sur son plus bel avenir.

C'est aux Conseils généraux que cette importante réforme est aujourd'hui dévolue : puissent-ils à la fois la bien comprendre et l'exiger au plus tôt !

Quels sont les élémens de richesse à encourager, et à développer au sein des départemens pyrénéens ?

Une fois les élémens de l'esprit moral, industriel et scientifique qui doit pousser les départemens pyrénéens, bien déterminés, et les ressources propres à créer des capitaux et à étendre les voies de communication, indiquées, je vais m'occuper des divers articles de production que l'étranger peut leur demander, et qu'ils sont à même de créer avec leurs

ressources actuelles; car c'est de là aussi que dépend le succès des efforts qu'ils pourront tenter.

Deux partis sont à prendre pour faire avancer ces départemens; l'un, de les pousser vers le développement de l'industrie manufacturière, l'autre vers le perfectionnement de l'industrie agricole.

Quand on connaît l'état de ces contrées et celui des autres parties de la France, on est peu porté à opter pour l'industrie manufacturière.

Sans doute, si tous les départemens de la France étaient à leur point de départ, je ne vois pas pourquoi ceux de notre Midi n'auraient pas pour eux des chances de réussite: les toiles du Béarn, les tricots et autres lainages de Bagnères; la draperie de Castres, les soieries de Nîmes, d'Avignon, de Montpellier prouvent assez que les hommes du Midi ne manquent ni de l'intelligence, ni de la volonté nécessaires pour réussir dans la carrière de l'industrie. Mais comme le Nord a par bonheur lui, pour par malheur pour nous, déjà pris les devans; que, loin d'y être insuffisante, la production y est au contraire parfois trop abondante; comme il faut d'immenses capitaux pour débuter, marcher et réussir; que ces capitaux nous manquent, et que nous n'en trouverions pas facilement au dehors pour des entreprises qui auraient inévitablement des rivaux dangereux à combattre; comme d'ailleurs le progrès manufacturier ne se développe jamais sans qu'on fasse ce que l'on appelle en industrie des écoles, je dois prudemment conseiller autre chose.

Je ne dis pas qu'un jour, lorsque nous aurons créé des capitaux, mis en mouvement nos ressources naturelles, et que des bras nombreux resteront inoccupés, on ne puisse tenter avec avantage quelque industrie manufacturière: mais d'abord ne commençons pas par là. Une carrière plus sûre, plus facile, s'offre à nous; nous lui devons à bon droit la préfé

rence.

L'agriculture, avec des soins et de l'à-propos, peut relever les départemens pyrénéens, y ramener la richesse, y faire fleurir le commerce. Ne commettons pas l'énorme faute de courir après des élémens de fortune mille fois plus chanceux.

Sans doute l'art agricole ne nous est pas inconnu, en ce sens que nous labourons nos terres, que nous fauchons nos prés, que nous taillons habilement nos vignes. Mais produisons-nous avec entente des besoins de la France et des peuples avec qui nous pouvons être en rapport, produisons-nous aussi aux conditions les meilleures et les plus économiques voilà ce que j'ose contester.

S'il était vrai, comme on l'a dit parfois avec quelque peu d'exagération, que nos terres n'eussent de la valeur que pour porter de la vigne: oh! alors on aurait raison contre moi. Mais s'il est vrai qu'à l'exception de quelques côteaux maigres et caillouteux du Médoc, du Bazadais, du Quercy, et des terres ingrates d'une partie de l'Armagnac, le sol des départemens pyrénéens est tout autant et même plus favorable à la production du règne végétal en général qu'aucune autre contrée de la France, je ne

vois pas pourquoi on ne voudrait pas varier davantage ses cultures, et ajouter d'autres récoltes à celles des vins et des céréales.

C'est là un point capital, et vers lequel j'appelle toute l'attention de la Société industrielle de Bordeaux, car dès ce moment je m'avance à la personnifier et à la mentionner comme si elle existait; tant cette idée me plaît et me semble en tous points réalisable. Voici la direction vers laquelle elle aurait à pousser les intérêts agricoles.

Culture du múrier.

La production de la soie a toujours été en France au-dessous du besoin de nos fabriques. Nos importations vont communément de 30 à 40 millions.

Aujourd'hui, que la sortie de la soie non ouvrée a été permise, moyennant un droit, le défaut de la production sera bien autrement senti.

Devant un tel besoin, je ne comprends pas comment nos agriculteurs ne cherchent pas à multiplier le mûrier. La gêne des départemens pyrénéens devrait surtout porter leur attention sur ce point.

Ce serait une grave erreur que de croire que leur température ne conviendrait pas à cet arbre. Il en existe d'isolés et fort anciens dans leur rayon, qui sont la preuve du contraire. Je puis citer, d'ailleurs, mille points très-elevés de l'Ardèche, des Cévennes et des montagnes du Jura, où je les ai vu croître et produire aussi bien que dans les plaines de la Pro

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