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ART. IV. Une somme de 2000 fr. est mise à la disposition du Conseil d'Etat, pour la destination ci-dessus indiquée.

Voici le relevé des frappes de cette nouvelle monnaie dont les pièces sont devenues rares:

20 francs en or 3421 pièces.
10 »

)) 326 »

5 francs en argent 1176

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D'après l'article 36 de la nouvelle constitution fédérale la Confédération se réservant la frappe et les droits de régale sur les monnaies; il n'y aura plus de monnaies cantonales, et notre dernière frappe clôt l'histoire monétaire de la République de Genève.

CHAPITRE III.

DES UNIFORMES MILITAIRES ET DES DRAPEAUX DES TROUPES GENEVOISES.

1. Des Uniformes.

Nous avons eu l'occasion de signaler les rapports qui existent entre les armoiries genevoises et les uniformes militaires; nous résumerons ce sujet en ajoutant quelques mots sur l'organisation des milices de Genève (1).

C'est dans les abbayes, confréries ou sociétés militaires du

(1) On comprend facilement que nous ne pouvons qu'effleurer ici ce sujet, qui sera traité complétement dans un travail spécial que prépare, sur l'histoire des milices genevoises, un de nos savants concitoyens, M. le lieutenant-colonel Massó, qui a bien voulu nous donner connaissance de son travail et nous autoriser à en citer quelques frag

ments.

moyen âge qu'il nous faut chercher les premières milices de Genève. Avec l'origine de la Commune, c'est-à-dire avec le treizième siècle, apparaît l'Abbaye de Monsieur Saint-Pierre (1), vaste association politique et militaire qui réunissait l'élite de la jeunesse genevoise sous le patronage de l'apôtre protecteur de la cité. La Noble Confrairie des Archiers de Monsieur Saint-bastien, encore existante aujourd'hui dans la Société du Jeu de l'Arc, a une origine probablement plus ancienne que la précédente. Plus tard, les confréries des Arbalestiers, des Hacquebutiers et autres nous montrent la suite de cette ancienne organisation militaire, qui dura d'une manière effective jusque dans les premières années du seizième siècle. Aux mêmes époques, la police et la garde de la ville étaient confiées à des employés armés; durant le jour c'étaient les archers du Prince-Evêque, pendant la nuit les officiers des syndics qui remplissaient ce rôle, les pouvoirs s'étant partagé la juridiction de la cité en deux parts; et de ce que les officiers du peuple remplissaient leur charge du soir au matin ils prirent le nom de Guets, qu'ils conservèrent tant qu'ils furent chargés de la police nocturne.

Comme on le voit, les hommes d'armes genevois se divisaient en deux camps, la Communauté avait ses guets soldés et son Abbaye de Saint-Pierre, le Prince ses gardes et les anciennes confréries qui, sans doute, formèrent les premières troupes de

Genève.

Avec le commencement du seizième siècle apparaît une organisation toute différente, chaque jour la Communauté augmentait ses droits aux dépens de ceux de l'Évêque; pour les

(1) Cette abbaye, renouvelée en juillet 1483, malgré l'opposition de l'évêque, abolie en octobre de la même année par le Conseil, fut rétablie en 1491, le 3 février, le Conseil des Cinquante approuva ses statuts, sous la réserve de la sanction épiscopale, et donna la garde d'une bannière à l'abbé; ces anciens statuts ont été imprimés dans un mémoire de M. L. Sordet, intitulé : Des Abbayes ou Sociétés laïques de Genève, inséré au commencement du tome IV des Mémoires de la Soc. d'Hist. et d'Archeol. de Genève.

augmenter encore, ses conseils imaginèrent un remaniement complet du système militaire, les anciennes confréries ne sont point supprimées mais leur importance est considérablement diminuée par la création de corps de milices tout à fait distincts, car ils sont sous les ordres immédiats de la Com mune, et formés de tous les hommes en état de porter les armes (1). Vers 1527 la ville fut, sous le rapport militaire, divisée en quatre quartiers (2), formés de la réunion des dizaines contiguës et placées chacune sous le commandement d'un capitaine, le dizenier était à la tête de sa dizaine, et un capitaine général (3), charge ancienne dans la république, forma le pouvoir

(1) Tous les citoyens genevois étaient tenus d'être pourvus d'armes depuis une époque fort ancienne; ce fut vers la fin du quinzième siècle que la Commune s'attribua le commandement des forces militaires de la ville. Le 26 février 1483, le Conseil général décida qu'à l'avenir ce serait entre les mains des syndics que les dizeniers et les centeniers prêteraient serment d'obéissance et de fidélité. (Extr. des Reg.)

(2) Reg., du 26 mars 1528. Ces quartiers étaient au nombre de six en 1539 et 1546. Voici leur division et le nom des capitaines, extraits du Registre, du 11 août 1539.

Le Cappitaiene de la porte de Riue, N. Fran. Rosset.

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du Mollard, N. Estienne Dadaz.

St. Geruex, N. Claude Salaz.

du Bourg de feur, N. Jo. Coquet.

de Nostre Dame du Pont (a), N. Estienne Chap-.

peau Rouge.

de la Juiry (b), N. Amy Bandiere.
de l'arthillierie, N. Amy Gervex.

(3) L'office de capitaine-général fut supprimé en 1555 par ordre du Conseil général, qui défendit, sous peine d'avoir la tête tranchée, de proposer le rétablissement de cet office. (Reg., du 8 septembre.)

(a) Ce quartier avait pris son nom d'une chapelle qui existait autrefois au bas de la Cité.

(b) La Juiverie. Ce quartier comprenait les alentours de l'église de Saint-Germain; on voit, par les Registres du Conseil, qu'en 1428 on obligea tous les juifs à se retirer dans leur quartier ordinaire, proche la porte de Palais. Une bulle de 1411 nous montre également les juifs de Genève habitant la paroisse de Saint. Germain

supérieur du nouveau système. Besançon Hugues, qui remplissait cette charge importante, y fut confirmé par arrêté du Conseil général en date du 15 juillet de cette année 1527. Cette confirmation de notre célèbre concitoyen n'est pas le seul argument qui indique la date ci-dessus comme étant celle du changement indiqué, l'on voit le même Conseil général augmenter le pouvoir des capitaines, banderets et dizeniers et imposer le port de l'épée à tous les citoyens (1). Au mois d'août on acheta un grand nombre de piques, et en décembre plusieurs pièces d'artillerie furent coulées; enfin le 26 mars de l'année suivante on délivra aux quatre capitaines non-seulement des armes, mais encore six aunes de taffetas pour chacun des drapeaux (2).

Cette nouvelle organisation ne fut pas reçue sans empêchement de la part des Societés militaires, qui comprirent bien la diminution d'importance qui résulterait pour elles de l'adoption du nouveau système; l'augmentation d'autorité donnée aux chefs, et qui s'étendait jusqu'à pouvoir frapper les récalcitrants, se rapporte à cette opposition; en 1535 la fusion n'était point encore opérée, au mois d'octobre de cette année, les compagnons des Exercices firent, sans ordre donné, une escarmouche près du pont d'Arve, ce qui donna lieu à l'ordre du jour du 10 décembre portant: que tous les citoyens doivent se retirer chacun sous son capitaine, lorsqu'on sonnera le tambour, à peine du gibet. (Reg. du Conseil.)

C'est aussi vers 1527 que nous placerons l'origine des uniformes de nos milices bourgeoises. Tant que les hommes d'ar

(1) L'arrêté du Conseil présente quelques dispositions curieuses : il donne aux chefs le pouvoir de frapper les soldats; il ordonne à chacun de fournir sa maison d'armes et de baculis defensilibus; d'accourir ad sonum cimbali se ranger en armes sous son dizenier, à peine de trois traits de corde, et sous la même peine de ne point agir sans l'ordre des commis du très-illustre seigneur évêque et de la cité. Les prêtres ne sont point exemptés du service et devaient, au premier coup d'alarme, se rendre armés chacun sous son dizenier. (2) Reg., du 15 juillet 1527 au 26 mars 1528.

mes étaient bardés de fer ils n'eurent pas d'uniformes proprement dits, quoiqu'ils ne manquassent pas de signes de ralliement propres à prévenir les résultats de la confusion qui pouvait résulter de la variété des armures, mais lorsque ces pesantes carapaces furent abandonnées pour un équipement plus commode, l'on pensa aussi à donner aux soldats un accoutrement dont une partie au moins serait la même pour tous. On choisit pour être d'uniforme la saie ou casaque, espèce de surtout peu différent de nos paletots-sacs; pour les troupes de Genève ces casaques furent grises (1), plus tard on les doubla de rouge, on en retroussa les pans et le bout des manches pour en faire voir la doublure, telle fut l'origine du pourpoint, plus ou moins juste au corps, qui fut l'habit militaire en usage pour les troupes genevoises jusqu'en 1782 (2).

Les expressions qu'emploient les chroniqueurs qui écrivaient au commencement du seizième siècle, expressions dans lesquelles on remarque l'indication de l'uniforme et un sentiment d'admiration pour l'effet qui en résulte, tendent à confirmer l'opinion que nous avons émise sur l'époque de son adoption pour les milices genevoises. Nous ne citerons à ce sujet qu'un passage de Balard qui écrivait peu après cette époque. « Le 5 mars 1531, dit-il dans son journal, les enfans de la cité de Geneue allerent

(1) Dès le commencement du siècle, on voit apparaître la casaquo grise. «En 1506, le duc de Savoie, Charles III, ayant guerre contre le Valais, demanda secours à Genève et lui fut accordé cent vingt hommes de pied, auxquels fut élu, le 17 avril, pour capitaine le syndic Burdignin, auquel fut donné double gage et un saion de la devise de la ville, qui couta vingt florins.» (Extrait des Registres du Conseil, par Noël.) Voy., sur la couleur de cette devise, le chapitre 4 du livre III.

Il ne faut pas confondre ce syndic de Burdignin avec celui du même nom, dont nous avons parlé (p. 41), et qui, en 1450, fut envoyé au secours de la ville de Lausanne, alors en guerre avec les Fribourgeois. (Gaudy-Le Fort, Promenades historiques, p. 207.)

(2) Notice historique sur l'organisation des Milices de la République de Genève, par M. le lieutenant-colonel Massé; msc.

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