Page images
PDF
EPUB

avec une légende différente, se trouve sur toutes les pièces conservées aux archives, pièces dont la plus ancienne, ainsi scellée, est de l'an 1447 (1). Ce dernier sceau, qui est tantôt pendant en cire verte sur queue de parchemin, tantôt simplement en placard (2), fut employé, conjointement avec celui du Chapitre cathédral en 1483; on le voit sur un acte passé en 1526, en Conseil général, par l'évêque Pierre de la Baume (3); sur la lettre de bourgeoisie du même prélat, datée du 15 juillet de l'année suivante, et il continua d'être en usage jusqu'en 1535; il porte en légende: S. universitatis. ciuium. gebennarum.

A côté des sceaux précédents on trouve, de 1492 (4) à 1529 (5), un petit sceau ou cachet qui n'a pas plus de dix lignes de diamètre et qui, dans cet espace de temps, offre trois variantes peu différentes les unes des autres, et portant toutes la Clef et l'Aigle sur un écusson entouré d'un cercle (6).

Nous n'avons pu citer qu'un petit nombre d'armoiries de Genève appartenant au quinzième siècle; pour la plupart, ces anciens écussons ont été détruits, quoiqu'il en ait existé un

(1) Lettre de bourgeoisie de Jean Roget; cette pièce, récemment parvenue à notre connaissance, recule de deux ans la date fixée (p. 36), comme celle du plus ancien écusson portant la Clef et l'Aigle. On comprend d'ailleurs que les sceaux étant sans millésime, les dates que nous indiquons, et qui sont basées sur l'étude comparative d'actes anciens, sont loin d'être absolues.

(2) Les sceaux de la Communauté de Genève présentent, dès l'époque la plus ancienne, l'emploi des marques de souveraineté; on retrouve, en effet, à toutes les époques, l'emploi du sceau pendant, soit en cire verte, soit en cire rouge.

(3) Arch. de Genève, Pièces hist., no 963. (4) Arch. de Genève, Pièces hist., no 784. (5) Arch. de Genève, Pièces hist., n° 1031.

(6) Le cachet d'une lettre, écrite par le Conseil au duc de Biron, le 4 juillet 1598 (Arch., Pièces hist., n° 2224), a la même grandeur et une forme très-semblable à ces petits sceaux du quinzième siècle; on le retrouve, avec quelques légères variantes, jusque vers 1600.

PL. XI.

nombre considérable, car on les reproduisait à profusion dans toutes les circonstances, et on les retrouvait ciselés, peints en émail et brodés sur les vases sacrés et sur les vêtements sacerdotaux du prêtre (1) qui, chaque semaine, célébrait à l'autel du Prince de la Milice céleste, dans l'église cathédrale, une messe solennelle pour la prospérité de la ville (2).

2. Seizième siècle.

Au commencement du seizième siècle, la liberté de Genève fut sur le point d'être anéantie : les persécutions du parti ducal dominant en 1525, forcèrent à l'exil les citoyens partisans de l'indépendance de leur patrie; ces hommes honorables, à la tête desquels était Besançon Hugues, se réfugièrent en Suisse (3). L'un d'eux, Ami Girard, trésorier de la ville, avait eu la précaution de cacher avant son départ les sceaux de la Communauté; aussi les syndics Mammelus croyant qu'il les avait em

(1) Voici trois articles d'un inventaire des objets de la chapelle de Saint-Michel, dont nous devons la communication à l'obligeance de M. Ed. Mallet :

« Et primo unum calicem et unam patinam de argento in quibus depinguntur arma ciuitatis........

[ocr errors][merged small]

Item unam aubam cum amictu in quibus sunt arma ciuitatis

ante et retro.

«.

Item unam casulam de hostade persicam cum stola et manipulo folderatis de fustemio in cuius casule croysiata unus crucifix depingitur cum arma ciuitatis ante et retro. »

Dans les inventaires faits lors de la Réforme, on voit aussi la mention de plusieurs objets sacrés portant les insignes de la ville figurés de diverses manières. (Voy. les inventaires publiés dans les Mém. de la Soc. d'Hist. et d'Arch., t. VI, p. 126 à 135.) Dans l'église de SaintClaude on conserve encore quelques vases qui y ont été transportés à la même époque, et qui portent des peintures en émail figurant la Clef et l'Aigle. (Voy. à la table l'article Chapelle des comptes.)

(2) Fragments hist. de M. le baron de Grenus, au 6 février 1482. (3) 15 septembre 1525. Voy., sur les détails de cette affaire, Spon, t. I, p. 173 et suiv.

portés et tremblant à l'idée d'une alliance avec les Suisses, alliance qui devait renverser leurs projets d'asservissement, s'empressèrent-ils de s'inscrire en faux contre l'usage qu'on pourrait faire des anciens sceaux (1), et en janvier 1526, ils en firent un nouveau avec les mots, Sigillum maius Communitatis civitatis Gebennensis (2); la formation du collége des syndics de l'année suivante, à la tête desquels se trouvait Jean Philippe, l'un des principaux Eidgnos, écrasa les Ducaux, et le mépris qu'inspiraient ces derniers se reporta jusque sur leur grand sceau, dont aucune empreinte n'est restée et dont la matrice fut détruite par ordre du Conseil, le 16 avril 1527 (3).

Genève libérée, on s'occupa activement du traité d'alliance avec Berne et Fribourg, négociée dans cette dernière ville par les soins des citoyens fugitifs; le 12 mars 1526, le Conseil général de Genève l'accepta solennellement; une matrice nouvelle, encore aujourd'hui aux Archives, fut gravée pour le grand sceau appendu à l'acte (4); ce sceau, en cire verte, a trois pouces de diamètre et porte en légende les mots, s.(igillum) MAGNVM. VNIVERSITATIS. CIVIVM. GEBENNARVM. [pl. XII, fig. 4]. Son emploi n'a pas été très-fréquent; on le trouve au plus six ou sept fois sur des actes importants (5), où il est joint par une double cordelette de soie tressée, tantôt grise et noire (6), tantôt de cette dernière couleur jointe au violet (7) ou au bleu (8); on

(1) Galiffe, Matériaux, t. II, p. 313.

(2) Flournois, Extrait des Reg. des Conseils, exempl. des Archives, au 5 janvier 1526.

(3) Flournois, Extrait des Reg. des Conseils, exempl. des Archives. - Ibid., remarques, p. 282. - Suivant Balard, le sceau n'aurait point été fait : « Cestuy mesme jour (28 novembre 1525) en Conseil ordinayre fust conclu de fayre ung nouveau seau en eslieu de celuy que led. Amye Girard tresorier a en garde, touteffoys il n'en fust point faict. » (4) Arch., Pièces hist., no 964.

(5) Arch., Pièces hist., no 964, 1157, 1158, 1886, 1890 et 2094. (6) Arch., Pièces hist., nos 964, 1157 et 1158.

(7) Arch., Pièces hist., no 1886.

(8) Arch., Pièces hist., no 1890 et 2094.

PL. XII.

le trouve sur un traité de combourgeoisie passé avec Berne pour vingt-cinq ans le 7 août 1536 (1); il est appendu au Mode de vivre, négocié dans la même ville entre le duc de Savoie et Genève en 1570 (2), et aux protestations des Conseils contre le titre de comte de Genève, pris par le duc dans l'acte de ratification du mode de vivre ci-dessus (3). Enfin il est joint de la même manière au traité d'alliance perpétuelle fait par les villes de Zurich, Berne et Genève le 30 août 1584 (4). Les sceaux de ces trois derniers actes sont en cire rouge et contenus, sauf le dernier, dans des boîtes en fer-blanc, à l'intérieur desquelles passent les cordelettes.

Les anciennes alliances de Genève avec les Suisses ont fourni le thème de compositions curieuses. La singulière allégorie de la Poule et des Poussins cherchant leur refuge contre les éperviers sous l'ombre des AAA liez par des sarments, a été mise au jour dans le second volume des mémoires de la Société d'Histoire de Genève. Dans la République des Suisses, ouvrage publié en 1639, par Simler, l'auteur termine son livre en donnant la figure d'un taureau, dont les cornes sont liées d'une bandelette portant l'écu des treize cantons; pour Simler, les cornes du tau

(1) Arch., Pièces hist., n° 1158.

(2) Arch., Pièces hist., no 1886. Le sceau ducal, joint à cet acte,

y est appendu par un cordon de soie rouge, jaune et noir. (3) Arch., Pièces just., no 1890.

(4) Arch., Pièces hist., no 2094. L'alliance fut jurée dans le Conseil de Genève, le dix-huit octobre. Deux médailles commémoratives de cette alliance ont été frappées. L'une, dont on conserve au Musée Académique un exemplaire, couverte de peintures, représente à l'avers un ange ayant devant lui l'écu de Berne, tenant de la droite celui de Zurich et de la gauche celui de Genève; au revers est l'allégorie du faisceau qui ne peut se rompre tandis qu'il est bien lié.

L'autre médaille, datée de 1586, offre les mêmes écussons surmon-tés d'une couronne et du globe impérial. Au revers, trois confédérés se jurent fidélité réciproque. Cette médaille se trouve aussi au Musée de Genève.

reau figurent les alliés des Ligues : sur l'une, brisée, on voit la croix de Savoie, l'autre, entière, porte la Clef et l'Aigle; les vers suivants accompagnent cette image:

Quatrains sur l'Estat des Suisses.

L'Estat Helvetique ressemble
A vn Taureau plein de grand cœur,
Dessous lequel la terre tremble,
Quand il se met en sa fureur :

Sa perruque blonde est ornée
De treize fleurs en vn chappeau,
Elle est de deux cornes arinée,
Où gist la force du Taureau.

Si ce Chappelet se deslie,
Si ce Taureau ses cornes pert,
Sa beauté sera tout flestrie,
Et se trouuera descouuert.

Ja l'une, helas, est escornée,
Et gueres plus ne se mantient :
Mais elle estant d'amis bornée,
Le Chappelet encor soustient.

Que si l'autre estoit esbranlée,
Du Chappelet les envieux
Emporteroyent en vne emblée
Le Taureau n'estant furieux.

Toy donc Taureau, fuy la finesse
De l'ennemi le doux feignant,
De peur que ta corne il ne blesse,
Et ne rende ton cœur saignant.

Des lettres de la Seigneurie à ses députés, écrites en novem-bre 1530 (1), ont pour cachet l'empreinte d'un petit sceau [pl. XII, fig. 3] où les armoiries de Genève sont représentées d'une manière intéressante : l'aigle couronnée et lampassée devient essorante; l'écu, d'une forme gracieuse, est entouré des mots, pos: TENEBRAS: SPERO : LVCEN: (2), premier monument existant portant la devise qui dès lors accompagna presque toujours l'écusson genevois (3).

(1) Arch. de Genève, Pièces hist., no 1048.

(2) En 1538 on trouve la variante, POST: TENEBRAS: SPERO: LVCEM : (Arch. de Genève, Pièces hist., no 1191.)

(3) Ami Favre, dans ses manuscrits sur l'histoire de Genève, rapporte qu'en 1523 on donna des fêtes à Béatrix de Portugal, où l'on expliquait d'une manière galante la devise de la ville, Post tenebras spero lucem. Voy. Senebier, Histoire littéraire, t. II, p. 178.

« PreviousContinue »