ange y est représenté apportant du ciel, et remettant le nouvel écusson à saint Pierre et à saint Paul, patrons de la ville de Genève (1). Quelques vers sont inscrits près de ces figures; l'ange s'adressant à Pierre lui dit : Pierre pour moy Dieu si te mande et expressement toy comande que geneue ceste cité tu gardes de neccessité ne ne seuffre en nulle saison que lon y fasse trayson garde la de malx et de blames tien en voy Cy les belles armes. A quoi l'apôtre répond : Trés reluysant haute lumiere p. 254. Dans le plus ancien inventaire des titres de la ville, fait en 1428, on mentionne les Franchises comme étant copiées in quodam libro pergameneo dicte civitatis, à la fin duquel sunt depicta arma dicte communitatis. Cette mention conviendrait parfaitement à notre cartulaire, si la peinture de la fin ne représentait un acte accompli seulement au milieu du siècle, l'adoption du bâton syndical par les chefs du gouvernement. On ne peut en conséquence pas établir, relativement à l'antiquité de la Clef et l'Aigle, plus de fondement sur cette indication que sur toutes celles antérieures où il est parlé des armes de la ville ou de la communauté. (1) Les deux apôtres pris comme protecteurs de Genève, parce que, suivant la légende, ils ont évangélisé dans nos contrées, sont représentés en cette qualité sur plusieurs monuments; nous citerons, en particulier, les restes d'une peinture sur vélin, cousue contre l'un des feuillets du cartulaire, et la première lettre du texte des Franchises de Genève sur l'édition de 1507. de moy faire chief sauf et garde L'écusson genevois, tel que nous le connaissons aujourd'hui, fut peut-être non un don du pape, mais bien une concession impériale. En 1442, l'empereur Frédéric III vint à Genève, où la Communauté le reçut de la manière la plus brillante (2). Il est possible que, comme marque de gratitude, l'empereur ait alors changé les armoiries des bourgeois, leur donnant un écusson qui rappelait à la fois les droits suzerains de l'Empire et de l'Eglise (3). Cependant il est aussi très-possible que ces armes aient été prises sans concession, et au moment où l'on commença à tenir des registres publics d'une manière régulière, c'est-à-dire en 1442 (4). (1) Pourveance, l'action de pourvoir. (2) Fragments historiques de M. le baron de Grenus, du 23 octobre 1442, p. 20. (3) Nos pères, dit S. Goulard, ont pris ces armes pour montrer que leur ville était Impériale, et qu'elle avait une dévotion particulière à saint Pierre, qui en était le Patron; car cette Clef ne vient point du Pape, comme Overie le voudrait faire croire en ce distique : • Clavem Aquilamque gerit, duplex insigne, Geneva, Voici l'épigramme d'Owen, à laquelle Goulard fait allusion; elle a été publiée dans le Journal Helvétique de mai 1745 : • Clavem Aquilamque gerit duplex insigne Geneva : Hoc insigne tuum quo jure, Geneva, tenebis Si repetat Clavem Roma, Rodolphus avem? « Où en seras-tu, pauvre Genève, et que te restera-t-il de tes armoiries, si l'empereur reprend son aigle et le pape sa clef? » Owen, membre du collége d'Oxford, naquit à la fin du seizième siècle et mourut en 1623. (4) Les Extraits du Registre de 1442, qui prouvent qu'il est le pre PL. IX. Ainsi formé, cet écu a paru à plusieurs personnes représenter la réunion des pouvoirs épiscopaux et impériaux entre les mains du peuple, mais l'Histoire, loin de faire aucune mention de cette réunion, montre au contraire les lettres des empereurs à leur ville impériale de Genève reçues avec enthousiasme, et le dévouement des citoyens à leurs princes ecclésiastiques ne se ralentit que par suite de la faiblesse de ces derniers qui, appartenant trop souvent à la maison de Savoie, étaient incapables de maintenir l'indépendance de l'évêché contre les incessantes tentatives d'asservissement de leurs proches. Un monument authentique, le premier imprimé des Franchises de Genève, datant de 1507 [voy. pl. X (1)], confirme ce que nous avançons, car il présente à la fois les trois écussons, ceux de l'Empire et de l'évêché, placés en seigneurs suzerains, et la Clef et l'Aigle mise au-dessous (2). mier régulièrement tenu par la Commune, sont joints à la plupart des chroniques manuscrites de Genève; c'est dans ce même registre qu'on trouve la formule du serment des nouveaux bourgeois. (1) Les lettres I. B. que l'on remarque sur ce frontispice des Franchises, sont les initiales de l'imprimeur; car on lit à la fin du volume: Imprimées lan mille cinq cens et sept Par maistre Jehan belat imprimeur bourgoys de la cite de geneue. le xxvii. iour de Juillet. L'inscription suivante se lit autour de la bordure : gloire. soit. a. la. trinite paix. honnebr. et. tovsiovrs. liesse Cette première édition des Franchises est fort rare; on n'en connaît quo deux exemplaires à Genève. On peut consulter, pour plus de détails, le 2o volume des Mémoires de la Société d'Histoire de Genève, dans lequel M. Ed. Mallet a inséré plusieurs détails bibliographiques intéressants sur l'original et les diverses éditions des Franchises de Genève. (2) Plusieurs monuments présentent la réunion des insignes de l'éNe concluons toutefois point de là que la Communauté de Genève fût assujettie; le proverbe qu'être à l'Empire c'est n'être qu'à soi-même ne reçut nulle part son application mieux que chez nous, et les évêques patriotes, dont le siége de Genève s'honore, ne se servirent de leur puissance que pour maintenir la liberté et augmenter les priviléges des citoyens, dont jamais les syndics, suivant nos anciens registres, ne prêtèrent serment de fidélité à aucun prince de la terre (1). La planche VIII représente l'écusson de 1449; ceux du Missel sont remarquables: Au milieu de la gracieuse bordure de fleurs et de fraises dont la première page est entourée (2), la Clef et l'Aigle, peinte avec beaucoup de soin, est placée dans une couronne formée d'entrelacs d'or, de sinople et d'azur. vêque et des syndics: les armoiries de Genève étaient figurées avec la crosse épiscopale sur la porte de l'Hôtel-de-Ville; les bannières du marché portaient les mêmes symboles réunis; on cite même des monnaies qui auraient été frappées avec la Clef et l'Aigle sur la face principale et la crosse au revers. Gautier, dans ses notes sur l'Histoire de Genève de Spon (t. II, p. 264), donne la figure de l'une de ces pièces, mais le revers semble bien mieux représenter un I qu'une crosse épiscopale; l'autre pièce est un quart ou trois-deniers, signé M. (Morlot, maître de la monnaie), datant des premières années du dix-septième siècle, et au revers duquel la lettre Q, très-développée, a été prise mal à propos pour la partie supérieure d'une crosse. L'original de la première monnaie est inconnu aujourd'hui; la seconde, figurée sous le no 7 de la planche XIII, se trouve dans le précieux médailler de M. le docteur Coindet, qui a bien voulu nous autoriser à publier cette pièce rarissime. (1) Fragments historiques de M. le baron de Grenus, au 4 septembre 1512. Voy. aussi la réponse des syndics aux ambassadeurs de Fribourg (Reg., du 9 juillet 1533). (2) Cette page a été ajoutée après coup, ainsi que les armoiries du milieu du volume qui, dans l'origine, ne paraît pas avoir été écrit pour Genève, car on y lit des prières pro rege nostro. Dans le catalogue de Senebier, ce missel est attribué au treizième ou quatorzième siècle; mais le caractère des peintures ne permet pas de leur donner une autre date que le quinzième siècle. Dans le volume, l'écusson est sur le manteau de pourpre et ses champs sont damasquinés (1); ce dernier est figuré par le n° 1 de la planche XVIII. A la fin du cartulaire des Archives est une seconde peinture aussi intéressante que celle du titre : le syndic Hugues de Burdignin, capitaine-général en 1450, y est représenté en pied, armé de toutes pièces; d'une main il s'appuie sur l'écu de Genève et de l'autre il tient un pennon aux mêmes armes. [Pl. ΧΙ.] Nous avons vu que la Communauté de Genève fit usage d'un sceau particulier dès les premiers temps de son établissement; mais l'évêque en ordonna la destruction, et bien que l'on retrouve à diverses reprises la mention des armes de la communauté (2), on voit néanmoins les actes municipaux être, jusqu'en mai 1442 (3), scellés non du sceau public, mais bien des cachets des syndics mandataires de la Commune (4); ce fut probablement vers la fin de cette année que la Clef et l'Aigle fut adoptée et que l'on grava le sceau dont la matrice, conservée aujourd'hui au Musée académique, porte en légende les mots: S.(igillum) sindicorum. ciuitatis. gebennensis. [pl. XII, fig. 1], et qui était sans doute réservé pour certaines expéditions administratives, car un sceau de même forme et de même grandeur, mais (1) Dans les écussons postérieurs, le champ est presque toujours uni; le premier parti offre tantôt le jaune, tantôt l'or métallique, et l'Aigle généralement parée est aussi très-souvent de sable plein. Un écusson gravé avec le parti de gueules diapré se voit sur la Cosmographie de Münster, édit. de 1550, p. 96. (2) En 1409, on voit une somme payée pro escucellis armorum ville; en 1428, trente torches de cire données pour la sépulture de Mgr. le cardinal, munies des armes de la ville, et en 1442, lors de la venue de Frédéric, les armes de la commune décorer le dais porté sur le Chef de l'Empire par les syndics. (3) Lettres de bourgeoisie d'Hugonod de Jussier (1339), de Bernous de Tholouze (1368), de Hudriod l'Heremite (1436) et de Jean Pochon (15 mai 1442). (4) Suivant M. Galiffe (Mater., t. I, p. 103 et 120), les citoyens renoncèrent à leur ancien sceau en 1404 et le reprirent en 1410. |