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Ducaux qui voulaient, dit-il, l'imputer à ceux de la ville, fut longue à terminer; on la traita dans plusieurs journées, mais tous les efforts du duc pour la faire replacer furent inutiles, et les citoyens de Genève déclarèrent, dans le Conseil général du 14 juin 1528, qu'ils aimeraient mieux perdre corps et biens, femmes et enfants et sacrifier jusqu'aux dernières gouttes de leur sang plutôt que de recevoir le Vidomne du duc de Savoie (1).

CHAPITRE VI.

SCEAUX DE L'OFFICIALAT.

Si les prélats souverains de Genève nommèrent dès l'abord un chargé de pouvoirs pour connaître des causes civiles, ils conservèrent longtemps encore la coutume de terminer par euxmêmes, ou par leurs doyens, les différends ecclésiastiques; ce ne fut qu'au commencement du treizième siècle que l'évêque Aymon de Grandson (2) créa le tribunal de l'Officialité chargé désormais de juger ces dernières causes.

Le plus ancien acte émanant de ce tribunal, et qui soit parvenu jusqu'à nous, date de 1246 (3). Des lacets en laine rouge et jaune (4) servaient à y appendre le sceau qui est malheureusement perdu. On remarque deux types dans le sceau de l'Official;

(1) Journal de Balard.

(2) Voy., sur l'attribution de la création du tribunal de l'officialat à Aymon au lieu de Pierre de Cessons, ce que nous avons dit précédemment sur l'épiscopat de ces deux évêques.

(3) Arch. de Genève, Pièces hist., no 58.

(4) Le plus souvent les sceaux de l'officialat sont appendus à des cordons de soie rouge, ou sur queue de parchemin; quelquefois on rencontre des cordons de soie bleue.

le premier, en usage au treizième et au quatorzième siècles, représente une tête de prélat mitré; devant laquelle est la crosse avec cette légende, †s.CVRIE. GEBEN: EPISCOPI: Le plus ancien exemple de ce sceau pend à un acte de 1266 (1). Depuis 1278 (2), le sceau est muni d'un petit contrescel représentant aussi une tête d'évêque mise de face, ayant la crosse à la gauche et entouré des mots, †s. CVRIE. GEBEN. ADCAS (ad causas) (3). L'exemple le plus moderne que nous ayons rencontré de ce premier type, est de l'année 1364 (4). Ces anciens monuments sont intéressants, les matrices paraissant changées à l'avénement de chaque évêque, d'où l'on peut raisonnablement conjecturer que les figures qui y sont représentées sont les portraits des prélats; il est à regretter que ces empreintes, dont nous avons donné deux exemples sous les nos 3 et 4 de la planche XXXIX (5), soient généralement mal exécutées ou dans un mauvais état de conservation.

Depuis le commencement du quatorzième siècle jusqu'à l'époque de la Réforme (6), où il fut supprimé, et ses sceaux brisés par ordre du Conseil (7), le tribunal de l'Officialité fit usage d'une matrice de forme circulaire représentant saint Pierre, tenant la Clef et le Livre saint, l'apôtre est placé dans un niche ornée suivant le goût de l'époque, et l'on voit à ses pieds un

(1) Donation par Maurice, curé de Sainte-Marie la Neuve, à son clerc Guillaume. (Arch. de Genève.)

(2) Arch. de Genève, Pièces hist., no 68.

(3) Quelquefois cette empreinte sert de sceau, la tête de profil étant employée en contrescel. Voy. vidimus du 12 avril 1319. (Arch. de Genève, Pièces hist., no 64.)

(4) Arch. de Genève.

(5) Le sceau [fig. 3] datant de l'épiscopat de Pierre de Faucigny, est copié sur un vidimus du 4 novembre 1320. (Arch. de Genève, Pièces hist., no 197.)

(6) Arch. de Genève, Pièces hist., nos 155 et 12, actes de 1306 et de 1528.

(7) Cet arrêt est du 8 janvier 1538.

PL. XXXIX.

écusson portant les armes du prélat régnant (1), ou bien celles de l'évêché, lorsque le siége était vacant. On lit en légende autour de ces sceaux, S. OFFICIALATVS ECCLESIE GEBENENS .....

CHAPITRE VII.

SCEAUX DES COUVENTS.

Nous terminerons ce quatrième livre en donnant quelques détails sur les sceaux des anciens Couvents de Genève, qui sont parvenus à notre connaissance.

1. Prieuré de Saint-Victor.

Suivant une antique tradition, un temple consacré à Jupiter, Mars et Mercure s'élevait jadis au sommet des Tranchées; libres

(1) Un de ces sceaux, portant les armes de Jean de Brogny et joint à un acte de 1409 (a), est intéressant en ce qu'il montre quelle utilité on peut retirer de l'étude des monuments héraldiques pour le déchiffrement des vieux documents: la pièce où il est appendu, et qui est un acte d'abergement par les syndics, a été classée parmi celles du treizième siècle, sous la date de 1209; M. Galiffe, se basant sur les noms propres de cet acte, l'a placé en 1309; si les personnes qui ont fixé ces dates erronées avaient examiné le sceau, elles auraient vu que ce n'était ni 1209, ni 1309, qui était la date de cet acte, mais bien 1409; guidé par l'indication du sceau, nous avons examiné avec soin la date écrite et nous avons reconnu que l'acte portait 1409, mais que deux C représentant les centaines avaient été raturés à une époque postérieure à sa rédaction.

(a) Arch. de Genève, Pièces hist., no 39.

à Genève, les chrétiens sanctifièrent ce monument, le plaçant sous la triple invocation de saint Victor, saint Vincent et saint Ours, et l'édifice, consacré au culte de Jésus, servit de cathédrale jusqu'au commencement du onzième siècle, époque où l'évêque de Genève le donna à saint Odilon, abbé de Cluny, pour y établir une communauté de Bénédictins.

Le sceau de ce couvent, célèbre dans notre histoire, a été conservé; il représente saint Victor portant sa tête, suivant la tradition, qui enseigne que le saint fut martyrisé par le glaive. On lit autour de cette figure, † S. SCI VICTORIS: GEBENENSIS : (1). [Pl. XL, fig. 2.]

2. Couvent des Cordeliers.

La fondation du Couvent des Cordeliers ou Frères Mineurs remonte au treizième siècle; ce couvent était situé sur l'emplacement occupé en partie par le Grenier à blé de Rive, l'église dont le portail orné de statues donnait sur la rue Verdaine était décorée de fresques, parmi lesquelles on remarquait saint François d'Assise, figuré sur une souche de laquelle sortaient plusieurs sarments, habillés en cordeliers, avec cette inscription,

JE SUIS LE VRAI CEP ET VOUS ÊTES LES SARMENTS.

Cet ouvrage rappelle le fameux traité des Conformités (2), composé à la fin du quatorzième siècle, et dans lequel le frère Barthélemy de Pise a exalté tous les points de rapprochement qui peuvent exister entre le Sauveur et le chef de l'Ordre. Le même esprit, qui a fait prendre pour armoiries aux Franciscains modernes la main du Christ et celle de saint François mises en

(1) Arch. de Genève, Pièces hist., no 907. Ce sceau, très-ancien, se trouve sur un acte du 24 décembre 1517.

(2) De Conformitate vitæ Francisci ad vitam Jesu Christi, 1513.

PL. XL.

sautoir, se retrouve dans un ancien sceau du Couvent de Genève, datant de 1304 et représentant deux phénix [fig. 4 (1)].

3. Couvent des Dominicains.

L'ordre des Dominicains ou Frères Prêcheurs fut institué au commencement du treizième siècle dans le but spécial de combattre les hérésies; vers 1261, quelques-uns de ses membres s'établirent à Genève, où leur séjour trouva d'abord quelque opposition, mais triomphant de tous les obstacles, ils fondèrent dans le faubourg de la Corraterie un couvent assez spacieux pour loger toute la cour de Savoie, lorsqu'elle résidait à Genève, et une église magnifique, dans laquelle on admirait de riches peintures (2).

De ce vaste monument, connu sous le nom de Couvent de Palais, il ne reste que des souvenirs, comme le monastère de Saint-Victor; celui de la Corraterie fut rasé avec le faubourg qui l'environnait pour établir, au seizième siècle, une fortification nouvelle autour de la ville.

Un acte de 1283 (3) par lequel le prieur du couvent reconnaît avoir reçu, pour la construction de son église, une somme de 63 livres, nous a fourni le sceau figuré sous le n° 3 de la planche XL, et dont la légende, malheureusement endommagée, n'offre plus que les lettres, s. CONVEN....... FR... GEB......Is. Celui du grand-maître des Dominicains, apposé

(1) Arch. de Genève, Pièces hist., no 147. A l'aide de quelques autres fragments de ce sceau on retrouve cette portion de légende,

S. FRATR...... GEBE....... S. MINORVM...

(2) Froment, dans ses Actes et faits merueilleux de la cité de Genève, mentionne particulièrement un tableau donné par un Florentin nommé Pierre Foisseau, et qui avait coûté plus de 700 écus. (Voy. ch. xxxi de l'exemplaire de la Bibliothèque publique.)

(3) Arch. de Genève, Pièces hist., no 96.

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