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gnifiques, PUISSANTS ET TRÈS-REDOUTÉS Seigneurs Messeigneurs des Petit et Grand Conseils, souvent qualifiés d'EXCELLENCES (1) dans le texte de la requête (2). Toutefois, l'épithète de Trèsredoutés avait été supprimée par arrêt du 13 juillet 1562 (3), mais celle de Puissants se retrouve encore au dix-huitième siècle. En 1708, le sieur Peyrol, conseiller du roi de Prusse et envoyé en mission à Genève, commença son discours au Conseil par les mots, Magnifiques et PUISSANTS Seigneurs.

Dès 1561, les Syndics prirent le titre de NOBLES au lieu de celui de MESSIRES, qu'ils avaient employé jusqu'alors (4). Celui de Princes était fréquemment en usage, et Bonivard, tout en blåmant les titres de « magnissiques, puissantz, excellentz, tres illustres, tres redoubtez Seigneurs et semblables, » que l'on donnait alors aux magistrats, adresse ses Chroniques A très fideles et pour ce tres heureux PRINCES les Sindiques et Conseil de Geneve.

Le comte de Metternich, qui avait envoyé l'ambassadeur prussien dont nous venons de parler, donnait à la République l'épithète d'Illustre, et Pierre le Grand, dans des lettres de

(1) Voy. la représentation des Ministres en Conseil, en date du 6 avril 1585, relativement aux titres d'Excellences et de Princes, donnés aux Conseillers, et à celui d'Excellences, attribué aux membres du Consistoire.

(2) Fragments hist. de M. le baron de Grenus, aux 6 et 10 janvier 1578. Le premier registre de l'Hôpital commence le 28 janvier 1542, en ces termes: Le livre de l'Hospital de Geneve, duquel sont recteurs les MAGNIFIQUES ET TRES REDOUTÉS SEIGNEURS SYNDICS ET CONSEILS D'ICELLE, etc.

(3) Extrait des Reg. de Noël. « Arrêté qu'à l'avenir on ne donnera plus à la Seigneurie que le titre de Très-honorés Seigneurs, au lieu de celui de Très-redoutés Seigneurs, qu'on lui a donné jusqu'ici, » On retrouve l'épithète de Puissants, à des époques postérieures; la requête de Boteiller (10 janvier 1578) commence par ce protocole: A nos Magnifiques, Puissants et très Redoutez Seigneurs, Messeigneurs du Petit Conseil et du Conseil des Deux Cents.

(4) Extr. des Reg. de Noël.

de noblesse de 1699, qualifie notre ville d'Inclita Respublica Genevensis (1).

A la fin de 1792, on trouve encore des ordres de la part de nos Magnifiques et Très-honorés Seigneurs Syndics et Conseils, mais bientôt l'emploi de cette formule cessa. Le 23 juillet 1793, l'Assemblée nationale présenta au Souverain un projet de loi tendant à ce que les qualifications de Nobles, de Seigneurs, de Magnifiques et très-honorés soient supprimées, et que celles de Citoyen, lorsqu'on s'adressera isolément à un fonctionnaire, ou Citoyens réunis en Assemblée Souveraine, lorsqu'on s'adresserait au Conseil, les remplaçât. Ces propositions furent adoptées à une immense majorité (2).

Aux jours de la Terreur, en 1794, alors que le sang genevois abreuvait la terre natale, toutes les pièces officielles portent le SALUT ET FRATERNITÉ. Les tribunaux (3) s'adressent aux CITOYENS RÉVOLUTIONNAIRES, formule que l'on retrouve sur la plus grande partie des pièces de cette époque. Les membres du cercle de la Grille commencent en général leurs adresses par ces mots : CITOYENS, FRÈRES ET AMIS, soit qu'ils parlent aux membres des autres clubs, soit à la nation tout entière.

La constitution de 1796 consacre la formule, NOUS SYNDICS ET CONSEIL, pour les actes émanant du Conseil administratif; elle donne le titre de l'office, précédé du mot CITOYEN, à tous les fonctionnaires publics et ordonne que les Syndics s'adressant au Souverain devront se servir de l'expression, CITOYENS RÉUNIS EN ASSEMBLÉE SOUVERAINE. Les formules, CITOYENS MAGISTRATS, CITOYENS JUGES et CITOYENS COMPOSANT LE CORPS LÉGISLATIF, étaient employées à l'égard du Conseil administra

(1) La qualification de Noble membre de l'empire était toujours donnée à Genève par les empereurs. Voy. Bulle de Sigismond, 1420, etc. (2) 1648 voix contre 291 pour la suppression des qualifications nobiliaires, et 1649 voix contre 281 pour l'adoption du titre de Citoyen. (3) Le premier Tribunal Révolutionnaire a siégé du 20 juillet au 16 août 1794.

tif, des Tribunaux ou Cours de justice et au Conseil législatif. Les Conseils généraux ne furent pas, comme on le sait, rétablis lors de la Restauration; mais les membres des autres Conseils reconstitués prirent le titre de MAGNIFIQUES ET TRÈSHONORÉS SEIGNEURS, encore en usage en 1831, époque où la Révolution qui venait de s'accomplir en France amena sa suppression.

CHAPITRE IV.

DES OFFICIERS PORTANT LA LIVRÉE DE L'ÉTAT.

1. Des Guets.

L'emploi des couleurs de la République, pour les vêtements fournis par l'État à certains fonctionnaires, a subi plusieurs variations; on ne comprendrait même pas trop quels rapports ont avec ces armoiries les couleurs employées autrefois pour les habits des Guets, si l'on ne se rappelait celles de la Croix, qui forma d'abord l'emblème héraldique de la Communauté genevoise.

Les Guets étaient, comme nous l'avons vu, les officiers de la Communauté, à l'origine, outre la police proprement dite (1), la garde des portes et des tours leur fut confiée; depuis le milieu du quinzième siècle, on voit que ces employés étaient au nombre de douze, et successivement on le porta jusqu'à vingtdeux, qui était celui des guets vers la fin du seizième siècle,

(1) Ce ne fut qu'en 1526, et sur la proposition d'Ami Girard, qu'ils commencèrent à annoncer les heures de nuit. (Journal de Balard, et Reg. du Conseil, du 29 octobre 1526. Voy. aussi le Reg. de 1541.)

époque où une partie de leurs attributions leur fut enlevée pour être confiée aux milices. En temps de danger, les citoyens étaient tenus de se joindre au Guet et de veiller avec lui à la sûreté de la ville : c'était ce qu'on appelait le Surguet, ou Excharguet. Nous avons parlé des jetons de patrouilles qui se rapportent à ce Surguet. (Voy. note 3 de la p. 12.)

Depuis une époque ancienne, les Guets portèrent une livrée aux couleurs de la ville. En 1485, on leur délivra des bonnets (1), et en 1509 une robe à ces couleurs qui, probablement, furent d'abord celles de la Croix de Genève; mais le même pouvoir qui, en 1474, avait fait enlever la crosse épiscopale de la porte de la Maison-de-Ville, voulant sans doute effacer le souvenir d'un temps où la Communauté ne jouissait encore que de peu de priviléges, proscrivit l'emploi des couleurs alors en usage, d'abord sur les bannières et plus tard sur la livrée des Guets. On sait

(1) L'usage de fournir les habits aux guets est très-ancien à Genève: on lit dans les Registres du Conseil, de 1457, que cette fourniture coûta trente sols pour chacun des douze guets. On voit dans les mêmes registres, pour 1509, que cette livraison avait lieu tous les trois ans.

Voici un état de livraison qui date de 1748, et qui indique à quelles personnes il était d'usage alors de faire cette gratification:

Designation des manteaux distribuez au mois de janvier 1748.

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combien le pouvoir épiscopal fut mortifié de cette innovation: le guet Martin de Combes ayant été envoyé, en 1528, à la Tourde-Mai, en Bourgogne, auprès de l'évêque Pierre qui s'y trouvait alors et pour lui remettre une missive de la part des Syndics, le prince voyant la nouvelle livrée entra en fureur, et, au lieu de donner une réponse à l'envoyé, s'emporta contre lui, le traitant de faussaire, tempêtant contre le changement de couleur de sa robe, et vociférant les menaces les plus virulentes contre ses sujets de Genève; mais on eut peu d'égard à la colère du prélat, et les couleurs gris et noir, substituées aux anciennes, furent encore fort longtemps en usage (1).

Un des premiers exemples de leur emploi se trouve dans un inventaire de 1507, où plusieurs bannières gris et noir sont mentionnées. Une pièce de 1531, l'allégorie des AA liez (2), montre que ces deux couleurs continuèrent d'être admises pour celles de Genève, ce que confirment les cordelettes et les rubans gris et noir liant les sceaux de plusieurs actes passés de 1526 à 1605. Dès 1570, on retrouve le violet ou pourpre, puis le bleu, employés avec le noir, mais les couleurs gris et noir étaient toujours en usage, et ce ne fut qu'au milieu du dix-septième siècle (3) que l'on reprit sans partage, et d'une manière authentique, celles de la Croix de Genève. Les Registres de la Chambre des Comptes, du 18 janvier 1673, apprennent que Pierre de Léamont, official de Gix, requérant d'avoir un manteau des cou

(1) Quelquefois la couleur rouge était jointe au noir et au gris; on lit dans un mémoire de 1500, relatif à la fourniture des parements de l'autel de la ville, dans l'église cathédrale: « Item mes. pour viij onces de franges de lanne roge noire et grise de la deuise de la ville pour metre en les dites couertes. (Chapelle des Comptes; collection de M. le docteur Coindet.)

(2) Mémoires de la Soc. d'Hist. et d'Arch., t. II, p. 21. (3) Suivant De la Corbière, Antiquités de Genève, ce fut en janvier 1655 que le noir et violet furent adoptés. Voy. Reg. de la Chambre des Comptes, 1668. En 1635, on trouve le gris cramoisi employé avec le - Ibid., 5 septembre.

noir.

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