mière est une lettre d'Amé, comte de Savoie, adressée au sire de Gex en 1296; le nom de GENÈVE y est écrit comme on le fait aujourd'hui (1). La seconde, qui est la convention dressée en 1300 entre l'évêque Martin et Thomas-Benjamin d'Ast pour la frappe de la monnaie, porte GENEVA. Dans une lettre de 1408, Pierre de Lornay, chanoine de Saint-Pierre, parle de la mort du Reverent Pere en Dieu Messire Guillaume de Lornay son frere jadis Evesque de GENEVE; luimême se qualifie de chanoine de GENEVEZ (2). A la fin du quinzième siècle on trouve GENEVE et GENEFVE sur les ouvrages imprimés, sortis des presses de Genève. La première orthographe est celle employée pour l'inscription de l'hôpital des cordonniers, fondé en 1478. Dès 1535, on trouve sans interruption GENEVA civitas puis Respublica GENEVENSIS sur les monnaies, et l'idiome de nos campagnes, qui paraît avoir peu varié depuis fort longtemps, conserve dans le mot ZENEVA une fidèle tradition de l'appellation primitive. La composition du mot GENÈVE, formé de GEN EVA, mots celtiques qui signifient sortie ou passage de l'eau, est un garant de sa haute antiquité, qui remonte probablement aux premiers jours où des hommes s'établirent dans le lieu où les eaux du Rhône sortent du lac (3). (1) Nous ne considérons point comme variante la forme du V, non plus que l'orthographe Genesve ou Genefve, en usage aux quinzième et seizième siècles, non plus que Genvina, Gennina, ou autres textes évidemment fautifs. (Voy. p. 170 et 183.) (2) Voy. Besson, ouvrage cité, p. 442. (3) Voici de quelle manière Senebier s'exprime au sujet de cette étymologie: Genève trouve dans son nom un titre de son antiquité; il est évidemment celtique, et ce nom désigne assez la situation de Genève. Gen ou Ken signifie porte, sortie, av ou ev rivière, ce qui peint le lieu où notre ville est bâtie, c'est-à-dire la sortie du Rhône hors du lac, et c'est dans ce sens qu'Orléans a été appelée Gennabuт, Сеnabum, de Cen ouverture, et de abbon rivière; aussi Orléans est bâti Quoique le mot Genève prenne un accent sur le second E, l'ancienne orthographe du mot GENEVOIS sans accent est la seule qui soit admise aujourd'hui (1). Cette appellation a succédé à celle de GENEVOYSANS, encore en usage au seizième siècle (2). Le mot VENGÉE est l'un des anagrammes de Genève. Fro dans un lieu où deux bras de la Loire se réunissent pour n'en former qu'un seul. Genève a eu peut-être aussi son nom, comme je le pense, du mot Gen élévation, et du mot Ev rivière; ce qui annonce une ville située, comme Genève ancienne, sur une colline au pied de laquelle coule une rivière. Gênes, qui est aussi bâtie en amphithéâtre, a tiré son nom de cette racine celtique Je pourrais confirmer ces deux étymologies par divers exemples; je me borne à dire ici que Bullet, dans son Dictionnaire celtique, De Bochat, Mémoires sur l'histoire ancienne de la Suisse, et Court de Gébelin, adoptent la première. (Journal de Genève, du 6 décembre 1788.) Dans la même feuille, 11 avril 1789, Mallet émet des opinions analogues: « Que voulait dire Geneva dans la langue du pays? J'ouvre le livre intitulé: Antiquæ linguæ Britannicæ, par Thomas Richards, à la lettre G, et je trouve ces mots : « Genau la bouche, au pluriel Geneva; c'est un nom qu'on donne souvent à un passage entre deux collines.... Il y a plusieurs lieux de ce nom dans le pays de Galles, etc., et ils sont indiqués par l'auteur, dont je ne fais que traduire littéralement les expressions en français. « Je crois que cette étymologie, qui est si naturelle peut dispenser d'en chercher d'autres. Cambden, savant très-versé dans les antiquités et l'ancienne langue de la Bretagne, prétend que ce mot se prononçait aussi Genev, ce qui le rapproche encore davantage du mot Geneva. « M. De Bochat a déployé sur ce sujet une vaste érudition dans ses Mémoires critiques sur la Suisse; mais je ne vois pas qu'elle répande aucun nouveau degré de lumière sur ce sujet, excepté qu'il nous confirme qu'il y a un grand nombre de lieux dont le nom ressemble à celui de Genève, et qui sont situés à peu près de même que cette ville. » (1) Voy., sur cet accent en usage en France dès 1770, et qui, diton, fut introduit à Genève par Soulavie, les Archives genevoises, du 4 juillet 1827, et les Matériaux pour l'histoire de Genève, de Galiffe, t. I, p. 3. (2) Reg. du Conseil, au 17 novembre 1538. Au dix-septième siècle on disait encore Geneuesan. (Pajot, Dictionnaire, 1657.) ment a terminé ses Epistres preparatives par la pièce suivante relative à cet anagramme: DIXAIN AVQVEL LA * Mon nom tourné, porte ce mot Vengée, M'a deliuré, a luy gloire en puisse estre. CHAPITRE II. DES PROTOCOLES. Il n'est pas sans intérêt pour l'histoire héraldique de Genève de réunir les protocoles dont se servirent vis-à-vis des chefs de (1) Dans les manuscrits de Simon Goulart, pasteur de l'Eglise de Genève, mort en 1628, on trouve la note suivante : A Geneve sur l'anagramme de son nom J'ai veu, je voy maintes armées rangées Je te verrai vengeresse et vengée. S. G. S. Ces trois dernières lettres sont les initiales des mots Simon Goulard l'État, et à une époque où l'étiquette avait une importance réelle, les différents souverains qui entrèrent en relation avec eux. Dans la bulle célèbre, par laquelle l'empereur Frédéric confirme les droits de la République (1162), le chef de l'Empire s'adresse à SES FIDÈLES, CLERGÉ, HABITANTS, SOLDATS, CITOYENS ET BOURGEOIS DE L'ÉVÈCHÉ DE GENÈVE (1). Dans ses lettres de 1530, Charles-Quint se servit du protocole, A NOS CHERS ET FÉAUX LES SYNDICS, CITOYENS ET HABITANTS DE NOTRE CITÉ IMPÉRIALE DE GENEVE (2). L'épithète NOBLES ET BONS AMIS était généralement employée dans les lettres de l'empereur et dans celles des électeurs de l'Empire, lorsque ces princes écrivaient à la République de Genève. Au quinzième siècle, les souverains de la maison de Savoie adressaient leurs lettres à NOS HONORABLES ET CHERS AMIS LES SYNDICS, CONSEILLERS ET COMMUNAUTÉ DE LA CITÉ DE GENÈVE (3), ou bien à NOS BIEN AMÉS (4), formule employée à la fin du siècle par Yolande de France, princesse de Piémont (5). Les lettres de Philippe de Savoie portent TRÈS-CHERS SPÉCIAUX AMIS, tant qu'il ne fut que Philippe-Monsieur, mais étant duc, il changea sa formule, ajoutant d'abord à l'exemple de quelquesuns de ses prédécesseurs le mot de FÉAUX à ceux de chers et bien-amés, et bientôt, ne gardant plus de mesures, il écrit aux SYNDICS, CONSEILLERS ET AUTRES DE NOTRE CITÉ DE GENEVE. Depuis l'indépendance de la République, la formule MAGNIFIQUES SEIGNEURS a été toujours employée par les souverains sardes. Les rois de France se servaient en général du protocole, Senlisien ou de Senlis. Cette petite pièce se trouve imprimée dans l'ouvrage de Salomon Certon, intitulée: Geneva, 1618. (1) Voy. Spon, in-4°, t. II, p. 30. (2) Ibid., t. I, p. 47. (3) Voy. Galiffe, Matériaux pour l'hist. de Genève, t. I, p. 215. (4) Ibid., 1455, t. I, p. 218. (5) Ibid., t. I, p. 294. (6) Ibid., p. 317. TRÈS-CHERS ET BONS AMIS (1); les rois d'Angleterre adressaient leurs lettres AUX MAGNIFIQUES SYNDICS ET CONSEIL DE LA VILLE DE GENÈVE NOS TRÈS-CHERS AMIS (2). Cromwell, écrivant au Conseil en 1655, signa sa lettre, VOTRE BON AMI OLIVIER PROTECTEUR. En 1723 (10 février), le roi de Prusse écrivit AUX NOBLES ET GÉNÉREUX SINGULIÈREMENT CHERS LES SYNDICS ET CONSEILS DE LA LOUABLE RÉPUBLIQUE DE GENÈVE (3). Enfin l'empereur de Russie, s'adressant aux Conseils en 1741, se servit du protocole, TRÈS-NOBLES ET TRÈS-PRUDENTS (4). En 1794, les lettres écrites par Leurs Excellences de Zurich aux Syndics et Conseils de Genève sont adressées Aux PIEUX, PRÉVOYANTS, HONNÊTES ET SAGES SYNDICS ET CONSEILS DE LA VILLE DE GENÈVE, NOS PARTICULIÈREMENT BONS AMIS, FIDÈLES ET CHERS ALLIÉS; formule analogue à celles employées antérieurement par le même État et par la République de Berne. (1) Lettre de Louis XVI, du 30 mars 1784. Après l'Escalade, Henri IV écrivit à ses Très-chers et bien-aimés. Les lettres de créance du citoyen Resnier comme Résident de France, lettres délivrées par le Comité de Salut public, le 17 vendémiaire an IV, et adressées aux citoyens syndics et membres du Conseil de la République de Genève, portaient: TRÈS-CHERS GRANDS AMIS ET ALLIÉS! et lorsque ce résident remit, le 14 janvier 1796, à la République de Genève, et comme alliée, le drapeau aux couleurs de la République française, il l'adressa Aux CITOYENS SYNDICS ET CITOYENS ADMINISTRATEURS! (2) Lettre de George III, du 17 mars 1784. Le comte de Marbay, résident du roi de la Grande-Bretagne auprès du Corps Helvétique, écrivit le 5 décembre 1736 AUX MAGNIFIQUES SEIGNEURS, SYNDICS ET CONSEILS. (3) Dans une lettre du 2 mai 1713, le roi de Prusse s'adresse Aux NOBLES ET GÉNÉREUX SYNDICS ET CONSEILS DE LA LOUABLE RÉPUBLIQUE DE GENÈVE. (4) Lettre du comte Ostermann, premier ministre du Tsar Ivan V. Des lettres du doge de Venise, adressées en 1653, portaient en suscription: Illustrissimo Domini, Consuli et Gubernatoribus (a) Civitatis Genevæ, Amicis nostris carissimis. (a) Une lettre du 30 août remplace ces mots par Sindicis et Consilio. |