ie m'arretois plûtôt aux premières paroles ou ces mots, Vt et nidificent aves cæli font d'abord souvenir ceux qui les lisent que cela est pris de la parabole Evangelique ou la plus petite des semences nous est représentée comme produisant vn arbre de considération, ce qui outre la réflexion sûdite de la retraite des fidèles quadre tout à fait bien a Genève, qui pour être vn très-petit Estat ne laisse pas d'avoir quelque réputation dans le monde, et comme c'est vniquement de la prédication de l'Evangile qu'elle luy vient, il n'est pas hors de propos de se servir pour le marquer d'vne image que l'Evangile même nous en donne. » « II. Pour marquer simplement les favorables regards et les benignes influences tant du ciel que de la France envers Genève on pourrait peindre vn Soleil qui regarde un Laurier avec ce mot, SEMPERBENIGNE OU SEMPERAMICE OU NUNQUAM IRATUS OU HANC QUOQUE PHOEBUS AMAT, et cela fondé sur l'amour de Phœbus pour Daphné qui fut changée en laurier et que le soleil n'a pas laissé de regarder toûiours amiablement. » « III. Si l'on ne veut regarder qu'à Genève et à sa miraculeuse subsistance nonobstant les machinations et les efforts de ses ennemis, on peut peindre des ioncs et les vents qui les agitent mais qui ne les rompent pas, avec ces mots: AGITANT SED NON FRANGUNT; et cela fera voir non-seulement la petitesse et l'humilité, mais aussi l'adresse des Genevois qui subsistent plûtôt en pliant en beaucoup de rencontres, que par une résistance ouverte. » « IV. On peut encore, en ne regardant qu'à Genève, ioindre sa petitesse et son éclat sous la figure, ou d'vn Colier de perles ou d'vne perle seule, avec ces mots: NEC PARVA SINE PRECIO (précieuse quoique petite); si l'on se sert du Collier cela marquera son Gouvernement Républicain, et même Démocratique par l'égalité des perles, et si l'on n'en met qu'vne cela aura son rapport à ce qu'elle est réduite à vne seule ville. » « V. L'Erreur populaire touchant le nom de Genève qu'on veut tirer des Genevriers pourroit faire prendre vn Genevrier avec son fruit et ses pointes et ce mot: HUMILIS ET TUTA. » « VI. On aurait peu se tenir au corps ordinaire de ses armes qui sont le Soleil vne Aigle et vne Clef avec ces mots : cur RESERET CLAUDATVE VIDET, ou VT CLAVE VTENDUM SOLE IUVANTE VIDET, OU PENETRANT ET CUSTODIUNT. » 5. Du Timbre et de la Couronne. Plusieurs monuments anciens présentent l'écu de Genève couronné; nous avons vu la Couronne impériale antique sommer la Clef et l'Aigle sur la sculpture faite au Collége en 1561; la Couronne impériale moderne se trouve sur l'un des écussons figurés dans les projets de restauration du temple de SaintPierre faits au milieu du dix-huitième siècle (1). Sur l'un des timbres du carillon on voit le diadème fleurdelisé, mais de toutes les Couronnes, celle que l'on rencontre le plus souvent sur l'écu de Genève est celle de marquis, à cause de la qualité de Genève qui était ville marquise, c'est-à-dire située sur les marches ou frontières de l'Empire. La Nouvelle méthode de blason du père Ménestrier, réimprimée en 1780, l'Encyclopédie Méthodique qui parut peu après, les Souverains du monde, ouvrage de 1734; et plusieurs autres (2) offrent cette couronne. Dans ce dernier ouvrage on voit des lambrequins d'or accompagner la Couronne; les découpures ou feuillages qui ornent les cartouches sur lesquels reposent plusieurs de nos écussons, peuvent être considérés comme ayant quelque analogie avec les lambrequins, et de ce que ces derniers servaient ordinairement à re (1) Atlas de Saint-Pierre, n° 411 bis, feuille n° 8. Arch. de la Société Economique. (2) Voy. Einleitung zu der Wapen-Kunst, 1729. couvrir le casque, on est peut-être en droit d'en conclure que pour compléter l'écu de Genève il faut le timbrer d'un casque sur lequel reposerait la Couronne. Aucun monument ne nous autorise toutefois, d'une manière positive, à joindre ces ornements à la Clef et l'Aigle, mais on doit se souvenir qu'avant d'être armes de domaine, l'écu de Genève fut d'abord celui d'une municipalité, et qu'ainsi il ne pouvait recevoir les attributs qui peuvent aujourd'hui lui être régulièrement ajoutés. Dans le cas où cette admission aurait lieu, le casque devrait être d'or damasquiné et brodé, taré de front, la visière ouverte et sans grilles, comme il convient à un Etat souverain; la Couronne d'or (1) serait placée sur un tortil aux couleurs des lambrequins soit pourpre, or et azur (2). 6. Dua Cimier. Quant au Cimier, quoique l'aigle impériale semble avoir été officiellement remplacée par le soleil, ensuite de la décision de 1542, nous avons vu, en parlant de cette aigle, quelle importance l'on attachait à cet insigne, qui continua d'être employé comme Cimier sur les monnaies, concurremment avec le soleil, jusqu'à la fin du dix-septième siècle (3); le plus ancien monument que nous possédons avec le soleil pour Cimier, date de 1558 (4). Nous avons déjà eu lieu d'observer qu'autrefois cet (1) La Couronne murale, dont plusieurs villes timbrent leurs écus, est peut-être la forme la plus convenable à adopter. Cette Couronne se voit sur l'écusson de Genève bonne ville de l'empire [pl. XVII, fig. 2]. (2) Voy., sur ces trois couleurs, le chapitre traitant des armoiries primitives de Genève, p. 24, et le chapitre Iv du livre suivant. (3) Les trois-sols de 1689 ont encore l'aigle en cimier; les quatre et les huit-sols d'argent de 1610 sont les plus anciennes monnaies qui portent le soleil au-dessus de la Clef et l'Aigle. (4) Collége de Genève, écusson placé sous l'horloge. PL. XX. astre rayonnait tout entier au-dessus de l'écu, contrairement à ce qui se pratique généralement aujourd'hui. Sur nos armoiries peintes, les rayons sont toujours d'or, quelquefois le disque est de gueules avec le monogramme d'argent, mais cela est rare; le disque est ordinairement d'or et les lettres du monogramme tantôt de gueules, comme sur le soleil du tableau de l'Escalade fait vers 1603 (1), tantôt d'or et ne se détachant du fond que par les traits de bord et par quelques ombres (2); enfin, on rencontre aussi, dès les temps les plus anciens, le monogramme noir, ainsi qu'on le colorie généralement aujourd'hui (3). Très-récemment on a peint sur l'écusson des Halles du Molard le disque de gueules et le monogramme d'or (4). Régulièrement le soleil doit être d'or avec le monogramme de gueules, et un filet du même paraît devoir cerner le disque. Le disque à figure humaine est généralement rare, on le rencontre pourtant sur les Huit-sols d'argent de 1610, sur les ordonnances du jeu de l'Arbalète imprimées en 1620, et sur les en-tête de quelques publications affichées de 1794. Sur le sceau actuel de l'Académie de Genève le soleil est remplacé par deux palmes accompagnées de la bandelette portant la devise ordinaire. Les figures 26 à 38 de la planche XX montrent les princi (1) Sur ce tableau le soleil est séparé de l'écu et son disque est entouré d'un filet de sable. (2) Drapeaux de 1713 et 28. (3) Edits manuscrits de 1584; drapeaux actuels des bataillons de la Réserve. : (4) Le disque sans monogramme est rare; on le trouve cependant sur quelques pièces d'argent du dix-septième siècle [pl. XX, fig. 28], sur le titre de l'Histoire de Genève, par Spon, in-4°, 1730; sur le Plan de la ville de Genève, fait par Glot en 1777, et sur plusieurs monnaies et timbres postérieurs à la Restauration. C'est à partir de cette époque que l'on a généralement substitué le Jà l'I, qui dans le monogramme commençait autrefois le nom de Jésus. pales variantes du soleil servant de Cimier genevois; on peut voir que, dans ces figures, son rayonnement offre, à peu de chose près, le même ordre chronologique de modifications que lorsqu'il a été employé isolément (1), nous ferons seulement remarquer que certaines pièces d'argent du commencement du dix-septième siècle présentent, ainsi que les mousquetons, l'exemple plus rare du soleil à huit rayons dont quatre sont étoilés, un Six-deniers de 1702 a le même nombre de rais, mais tous étoilés; le soleil des mousquetons se retrouve avec effluve lumineuse sur la Carte des environs de Genève, de Mallet, datée de 1776. La figure n° 37 est celle du cimier des Six-deniers de 1817, qui fut employé en 1795 sur des imprimés, et proposé de nouveau en 1831 pour les coins de la Livre courante. 7. Des Tenants et Supports. Rien n'est moins bien déterminé que la différence entre les (1) Soleil-cimier à seize rayons étoilés et flamboyants: Collége de Genève 1558 et 61, Manuscrit des édits 1584, Monument funéraire de Saint-Gervais 1603, ce dernier avec filet entre le disque et les rayons, ce filet se retrouve au Collége 1558, et sur les Halles du Molard 1690; neuf rayons: six-deniers de 1715; douze rayons: quartde-thaler 1623, demi-thaler 1638 et 59, Halles du Molard; vingtquatre rayons: Drapeau de 1728; douze flammes et effluve: Vue de Genève (écu peut-être gravé après coup) de P. Chouet 1655; seize rayons étoilés et flamboyants sur effluve: Reglemens sur le commerce de la Ville et République de Geneve 1699; douze rais et gerbes: Pistoles 1752 à 54; effluve uniforme: Porte de l'Hôpital commencement du dix-huitième siècle, revers des vingt-et-un-sols de 1711 et 14, publications affichées dès 1720, six-deniers de la fin du siècle; huit gerbes de lumière: Fronton du péristyle de Saint-Pierre 1756, triplepistole de 1771; dix gerbes: dernières pistoles. Monogramme grec : Collège de Genève 1558, pistoles du dix-huitième siècle, publications affichées jusqu'en 1779. On ne rencontre pas, à notre connaissance du moins, le Soleil rayonné en croix comme cimier. |