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1. De la forme de l'Écusson.

Au quinzieme siècle l'Écusson rectangulaire se terminant en pointe à la base et arrondi aux angles inférieurs [voy. pl. VIII, IX, XII, fig. 1 et 4; XVIII et XX, fig. 1] était d'un usage presque exclusif : à cette époque la Clef et l'Aigle est toujours renfermée dans un semblable Écusson, que l'on retrouve à toutes les époques postérieures (1).

Avec le seizième siècle apparaissent des Écussons offrant les formes les plus variées et souvent les plus gracieuses [voy. pl. XII, fig. 3; pl. XIII, fig. 4, et pl. XX, fig. 2, 3, 4 et 5]; on retrouve des formes analogues au dix-septième siècle [fig. 6. 7 et 8 de la même planche], et nous grouperons dans cette catégorie l'Écusson moderne [fig. 14], dont on trouve des analogues dès le seizième siècle.

La forme ovale et la forme circulaire ne paraissent guère antérieures au milieu du même siècle (Epitre préparat. de Froment, 1554, et marque des draps 1550), dès lors l'emploi de ces formes n'a jamais été totalement abandonné.

Aux dix-septième et dix-huitième siècles les Écussons sont généralement chargés d'ornements sur leur contour [pl. XX, fig. 9, 10 et 11].

Quelques formes bizarres dont les numéros 12 et 13 de la même planche peuvent donner l'idée, ont été employées à diverses époques, en particulier dans le cours du dix-huitième siècle (2).

Bien que toutes les formes soient employées aujourd'hui,

(1) Quelquefois la ligne supérieure se brise et se relève au centre. [Voy. pl. XII, fig. 2]. Cette forme se retrouve sur les Écussons des bornes actuelles du canton, placées à Veyrier et à Villelagrand en 1816, et sur quelques monuments de la fin du dix-huitième siècle.

(2) Voy. les armes accompagnant le portrait de milord Mahon, peint par Preud'home, en 1774; les Congés militaires pour l'ancienne Garnison de Genève; les Instructions du Comité des Arts, 1795, etc.

celle du quinzième siècle, considérée par les héraldistes comme réunissant l'ancienneté (1) et la convenance, est le plus généralement en usage.

2. De la forme de l'Aigle.

Jusqu'à l'époque où la Communauté genevoise reprit possession du pouvoir suprême, l'Aigle de ses armoiries porta l'aile basse et repliée ainsi qu'on le voit sur les écussons datant de 1449, 1451, 1507, et figurés dans les planches VIII, IX et X. Depuis 1535 on trouve toujours l'Aigle essorante, symbole de prospérité et d'indépendance, si ce n'est à deux époques, en 1796 [pl. XX, no 18], et sous la domination française, alors que Genève reçut la Clef et l'Aigle par concession impériale [pl. XVII, fig. 2].

Deux autres parties de l'Aigle sont destinées, dans le langage héraldique, à exprimer les idées d'honneur et de souveraineté, c'est la langue et la couronne; les animaux qui dans les armoi-ries n'ont pas de langue, prennent la qualification de mornés; cette suppression était autrefois considérée comme l'expression de l'avilissement et de l'opprobre; nous avons déjà cité le cas d'un gentilhomme de la cour de saint Louis qui leva la main sur sa mère, et auquel le pieux monarque interdit, en marque de perpétuel déshonneur, de porter désormais le lion de ses armes autrement que sans lampassure; il serait superflu de citer les nombreux monuments où l'ignorance des artistes a privé l'Aigle de Genève de sa langue.

Il est assez rare de rencontrer cette Aigle sans couronne, il y en a pourtant quelques exemples (2) dans lesquels on doit

(1) La plus ancienne forme de l'Écusson est triangulaire, c'est celle que l'on rencontre sur les sceaux des onzième et douzième siècles; mais elle n'a jamais été employée pour la Clef et l'Aigle.

(2) Il en est ainsi dans les trois éditions de la Cosmographie de Münvoir un résultat de la négligence plutôt qu'autre chose. La forme de la couronne offre d'assez grandes variations : Au quinzième siècle elle est généralement fleuronnée de feuilles d'ache ou persil, cette forme, qui est la forme normale, a été d'un usage général à toutes les époques; la couronne royale diadémée encore employée aujourd'hui, et dont un drapeau de la fin du dix-huitième siècle offre un exemple complet, sommé du globe et de la croix se rencontre fréquemment; la couronne antique ou à pointes est plus rare (1), et nous ne connaissons qu'un seul exemple du diadème impérial [pl. XIII, fig. 1]; en 1794 on trouve l'Aigle coiffée du bonnet de la liberté, et les drapeaux de la Réserve présentent une variante de la couronne de marquis, cette couronne est d'or; un drapeau de 1815 en présente une noire, mais le rouge est sa véritable couleur, c'est aussi, comme nous l'avons dit en commençant, la couleur du pied, de la jambe, du bec, de la langue et de l'œil de l'Aigle, toutefois il est peu de monuments où cela soit fidèlement observé, le plus généralement toutes ces parties de l'Aigle sont, par suite de l'oubli des monuments antérieurs, peintes au naturel.

Outre les variations dont nous venons de parler, on rencontre parfois de singulières figures d'Aigle, en rappelant celles de 1794, nous en signalerons trois autres, celle de l'ancien sceau [pl. XII, fig. 1], et celle de la clef de voûte de la salle des Archives; la première, curieuse par sa forme bizarre, et la seconde par sa pose benoite, qui lui donne plutôt l'apparence d'une colombe que d'un aigle, mais de toutes les anomalies, la plus singulière est celle qui présente l'Aigle avec une queue de cheval

ster, 1544, 50 et 68, et dans l'Histoire de Genève de Léti, 1686. Les publications affichées de 1794 à 98 offrent également, de même que quelques écussons actuels, l'Aigle découronnée.

(1) Tableau de l'Escalade; drapeau de 1728; carte de Genève, de Mallet, 1776. Le nombre des pointes varie de trois à huit ou dix.

PL. XVII.

comme on le voit sur une pierre sculptée conservée à l'Hôtel-deVille.

3. Formes de la Clef.

Sur les plus anciens écussons de Genève, l'anneau de la Clef est plein, il en est encore ainsi sur le tableau de l'Escalade; l'un des premiers monuments qui offrent l'anneau évidé est le manuscrit des édits dont nous avons parlé, et qui date de la fin du seizième siècle [pl. XIII, fig. 1].

Quant à la forme de cet anneau, celle en losange (1) est sans contredit fort ancienne [voy. pl. IX, X et XVIII], celle en quatrefeuilles lui est peut-être antérieure, puisqu'on la trouve dès 1449 [pl. VIII], son usage fut peu fréquent, cependant une monnaie de 1536 [pl. XIII, fig. 5] l'offre encore; postérieurement au milieu du seizième siècle, l'anneau en losange fut très-rarement employé (2).

La forme en double S [pl. XX, fig. 21], qui se voit sur un sceau de 1539 (LE SEAV COMVN DE GENEVE) a persisté jusqu'à nos jours: il en est de même de l'anneau ovale ou circulaire, que la Cosmographie de Münster présente avec le millésime 1544, et de celui en trèfle (3) qui, sur les monnaies, succéda immédiatement à l'anneau losangé; on remarque, relativement à ce dernier, qu'il est presque toujours coupé par la ligne de partition

de l'écu.

(1) Les angles de ce losange sont toujours garnis de pommettes qui se retrouvent sur l'anneau circulaire de Münster, 1548.

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(2) On ne retrouve guère cet anneau que sur Le SEAVLX COMMVNG DE GENEVE encore employé en 1587. Arch., Pièces hist., n° 2120.

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(3) L'anneau en trèfle se voit sur l'écusson en tête de l'Ordonnance sur les hôtes, publiée en 1536. Arch., Pièces hist., no 1161.

La tige de la Clef a subi des variations qui peuvent aussi se classer par ordre chronologique : d'abord unie avec ou sans canon, elle s'orne d'anneaux et bracelets; d'une embase, puis elle prend le bouton, et sur quelques exemples elle est entièrement ornée (1); plus tard (2) on trouve la tige en balustre [voy. fig. 24], enfin la tige unie aujourd'hui est assez généralement accompagnée d'une embase ou garniture au-dessus de l'anneau.

Quant au panneton, il est rare qu'il se présente sans être ajouré d'une croix, cependant on peut citer des exemples de cette disposition à toutes les époques (3). Un drapeau de la fin du dix-huitième siècle [Arsenal, no 32] présente l'exemple trèsrare du panneton à deux croix, et un ouvrage allemand de 1579 en a trois (4). Le panneton percé en losange se voit sur un sceau employé en 1540 et celui en ovale sur un écu de 1729 (5).

4. Du Cordon et de la Légende.

La place assignée à la Légende genevoise a fréquemment varié; on peut cependant admettre qu'en général, et contrairement aux règles héraldiques, elle a été placée au-dessus de l'éçu au lieu de l'être au-dessous, ce qui s'explique très-bien d'ailleurs, soit par la corrélation qui existe entre le soleil et la légende: Après les ténèbres la lumière, légende qui constitue avec cet astre une devise complète, ayant ce que l'on appelle en termes de blason un corps et une âme, soit parce que ces pa

(1) Macchabées, 1682. Écusson déplacé, conservé aux Archives. (2) 1780 et suivantes, Congé militaire pour la Garnison de Genève. (3) Sceau de 1483. Nouveau Testament, 1538, ce dernier offre le panneton à rateau. Münster, 1544, 50 et 68. Chouet, Vue de Genève, 1655. Léti, 1686. Einleitung zu der Wapen-Kunst, 1729. Publications affichées de la fin du siècle. Timbre de la Société Economique, etc. (4) Wapen desz heiligen Römischen Reichs, voy. 55° bannière, et planche XV de ce volume.

(5) Einleitung zu der Wapen-Kunst.

PL. XVIII,

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