en 1654 (1). On trouve de nouvelles concessions au roi du Canon en 1656. Cet Exercice fut supprimé en 1782, sous la royauté de Rath (2), et ne fut point rétabli lors de la réintégration des autres Sociétés militaires. 5. Exercice de la Navigation. Le lac de Genève avait autrefois beaucoup plus d'importance pour cette ville qu'aujourd'hui. Alors qu'aucune voie de terre n'était bien sûre, surtout en temps de troubles, et on sait combien ceux de paix absolue étaient rares, le lac fournissait un moyen de communication aussi prompt que facile; aussi voyons-nous dans le moyen âge la République s'efforcer de réunir des forces navales qui pussent lui en garantir l'usage. De son côté le duc de Savoie ne négligeait aucun moyen de se rendre maître de la navigation : possesseur des deux rives, les forêts des côtes lui fournissaient des bois, et les villes d'Hermance, d'Yvoire, de Thonon, de Versoix, et du littoral vaudois un refuge assuré pour ses embarcations, et nous voyons que, pendant que Genève équipait ses frégates de guerre, le duc construisait force galères armées. Ces circonstances firent naître à Genève un corps militaire principalement destiné aux combats maritimes, ce corps était assez considérable pour qu'un amiral ait dû être nommé en 1589 ou 1590, en même temps que les capitaines des galères et autres vaisseaux qui composaient la flotte genevoise (3). Les jours de fête c'était au Molard que ces barquiers s'assem (1) Extrait du Reg. du Conseil, au 22 avril. (2) Reg. de la Chambre des Comptes, du 23 novembre 1782. (3) Dès 1536, les Genevois eurent des bateaux armés sur le lac. Un arrêt du Conseil, du 8 janvier de cette année, ordonne d'équiper deux barques pour aller chercher des vivres et faire des prisonniers, blaient et tiraient à l'oiseau. Vers le milieu du dix-septième siècle, ils se réunirent en corporation qui prit le titre d'Exercice de la Navigation. L'un des premiers rois fut Abraham Gevray, qui parvint à la royauté en 1677; à cette époque la Société fut puis on élit en même temps des officiers de marine auxquels tous les bateliers furent subordonnés. En 1589, les bâtiments genevois se saisirent de tous les bateaux savoyards qui se trouvaient sur le lac, depuis Thonon jusqu'à Genève. En 1602, une frégate armée le balaya jusqu'à Évian, enfonçant et rompant tous les bateaux qu'elle ne pouvait amener: l'année suivante, Jacques de la Maison Neuve, commandant une expédition semblable, rançonna tout le Chablais et ramena quatorze bateaux pris sur l'enneini. En 1612, on fit des frégates doublées de fer, qui étaient à l'épreuve du canon; et deux ans après, de petits vaisseaux garnis de lames d'acier si tranchantes qu'elles coupaient, dit-on, les chaînes tendues sous l'eau. En 1616, Noble Gallatin, conseiller, fut élu amiral avec la charge de surintendant des galères, et, en 1665, on établit de nouvelles embarcations de guerre. Voici, d'après un document de 1672 (a), quelques détails curieux sur l'équipement et l'armement des vaisseaux genevois. Le vaisseau amiral, appelé le Soleil, était une petite frégate à neuf bancs ou dix-huit rames, fournie d'une bonne voilure, et sur laquelle se trouvaient dix pièces de canon, savoir, deux Signes (b) tirant trois livres de balles, quatre Gallatines tirant quatre livres, et quatre Dimanches tirant une livre; des munitions pour tirer deux cents coups; des provisions de bouche pour trois jours; un grand nombre de grenades, pots, cercles et lances à feu, des demi-piques et mousquets pour l'équipage, qui était composé d'un capitaine, un lieutenant, deux sergents, un tambour, un pilote et son second, un chirurgien, un commis sur les munitions, un ministre, un prévôt, un trompette, un maître et un ouvrier charpentier, huit canonniers, un maître d'artifice, deux caporaux, vingt-cinq mousquetaires, trente-six rameurs munis (a) 5 juillet. Arch. de Genève, Pièces hist., no 3566. (b) Les pièces de canon dites les signes, parce qu'elles portaient les signes du zodiaque, étaient au nombre de douze et dataient de 1541 (Reg., du 11 mars); en 1544, on en fondit douze autres appelées les dimanches; trente petites pièces d'artillerie, fondues en 1641 et 1667, portaient les armes des corps de métiers qui avaient coopéré à leur fabrication par de généreux dons. invitée à transporter son tir en dehors de la ville; ce fut alors qu'elle se fixa aux Pâquis. La construction de l'hôtel fut commencée en 1723 aux frais des membres de l'Exercice. Le pré du tir est presque en entier formé de terre rapportée par des bateliers membres de la Société. Les divers Exercices militaires de Genève ont adopté des devises et des couleurs distinctes; celui de l'Arc porte le vert et le blanc avec un soleil d'or accompagné de cette légende, UNUS ILLUSTRAT OMNES (1); l'Exercice de l'Arquebuse a les couleurs d'armes à feu, de haches et de coutelas, et un nombre suffisant de matelots pour le service des voiles, des ancres et des bouches à feu.. Les frégates étaient montées, comme on le voit, de quatre-vingt-dix hommes environ; les brigantins, armés et équipés d'une manière analogue, n'avaient que quarante-cinq hommes d'équipage. On voit aussi figurer, dans ces anciens inventaires, les banderolles qui, en temps de guerre, servaient de signaux pour la flotte. L'île des Barques, aujourd'hui île de Rousseau, servait de chantier pour la construction et le radoub des bâtiments de guerre; en 1583 (a) on l'entoura d'un mur, ainsi que le prouve l'inscription qui s'y lit encore: IHS SVR PILOTIS RE FERME 1583 XPS ET ACHE VE EN IV ING AV DICT AN En 1620 on y établit une fabrique de poudre, et cinq ans après le Conseil y fit construire le vaste hangar dont les restes ont été démolis lorsqu'on a changé le chantier en promenade. (1) Lors de l'installation du comte de Cornbury, comme roi de l'Arc en 1680, la Compagnie des Archers, qui était formée de cent hommes, < tous vêtus de même et fort proprement d'une étoffe couleur d'épine, couverte de galons d'or, » avait un drapeau blanc portant pour devise le Soleil et la légende ci-dessus. En 1696, ce guidon fut déposé à l'Ar (a) Voy. les Extr. des Reg. de M. le baron de Grenus, au 8 février 1585. rouge et jaune, avec ces mots, PRO DEO ET PATRIA, qui ont succédé à ceux PRO CHRISTO ET PATRIA; enfin le blanc et le bleu forment la livrée de l'Exercice de la Navigation, qui porte une ancre pour armoiries; cette ancre, accompagnée de deux dauphins, se voit sur la décoration des chevaliers figurée sous le n° 1 de la XXIII planche; les nos 2 et 3 figurent les décorations des chevaliers de l'Arquebuse et de l'Arc. Lors des fêtes de milord Mahon, la chevalerie de l'Arc se portait par un ruban rose broché en argent placé à la boutonnière pour les simples chevaliers; et au cou, comme un collier d'ordre, pour les officiers. Ce n'est qu'à une époque plus moderne que l'on a substitué le rouge ponceau aux couleurs précédentes pour la décoration de ce dernier Exercice (1). Les joyaux de ces sociétés, qui possédaient des couronnes (2), senal, où il se perdit, car il n'existait plus lorsque l'Exercice voulut le reprendre en 1771, pour la fête de Milord Stanhope; à cette époque les officiers en firent un nouveau, vert et blanc, conservant toujours la même devise; l'uniforme des chevaliers, à cette dernière fête, se composait d'un habit vert à bouton d'argent, d'une veste et culotte blanches; d'un chapeau uni à gance et bouton d'argent, et d'une écharpe blanche garnie d'une frange d'argent. La veste blanche, à collet et parements verts, remplaçait l'habit pendant le tirage. Aujourd'hui les chevaliers portent encore le brassard vert et blanc, avec les franges d'argent. (1) L'arc bandé est la décoration des simples chevaliers; le commandeur porte la médaille; le patrimonial une main tenant un arc et une flèche, et le cornette un trophée réunissant la flèche, le guidon et le compas. Dans les autres Exercices la décoration est la même pour tous les membres, à l'exception du roi, qui porte la médaille. (2) Dans les objets que possédait encore l'Exercice de l'Arc en 1783, on remarque une couronne d'argent doré, joyau déjà mentionné dans les statuts de 1529, avec le bracelet d'argent et d'ivoire qui, ainsi que la couronne, restait entre les mains du roi pendant toute la durée de son règne. Le règlement de 1598, revu en 1680, nous a montré qu'outre la couronne et les ornements royaux de service, on conservait encore plusieurs couronnes anciennes. des coupes et d'autres objets furent dévolus au fisc, en suite de l'édit de 1782, et fondus pour la plupart; ils produisirent une somme de près de quatre mille livres courantes, non compris cependant une partie des médailles qui ont été sauvées de la destruction (1), et qui, aujourd'hui, font l'ornement des gobelets des trois Exercices; celui de l'Arc en porte seize, et celui de la Navigation dix-neuf. Legobelet de l'Exercice de l'Arquebuse et de la Carabine, figuré dans la planche XVI, en a vingt-cing, dont vingt en or et les autres en vermeil ou en argent. Les plus anciennes de ces médailles datent du dix-septième siècle, les coupes elles-mêmes sont toutes trois postérieures à la loi de 1791, qui rétablissait les Exercices sur les mêmes bases qui existaient antérieurement à 1782. A cette dernière époque, les guidons furent déposés à l'arsenal de Genève (2). Ceux actuels ont pour principal insigne l'Aigle au vol libre, tenant la Clef avec une ou deux carabines entre les serres. On retrouve cette aigle sur la porte de l'hôtel de l'Arc, sur les médailles des rois, sur les diplômes, etc. Le gobelet de la Navigation est du dessin le plus simple (3); celui de l'Arc est plus orné; le pied est formé par un Indien qui porte la panse de la coupe surmontée d'un aigle, disposition qui rappelle celle de l'ancienne coupe, supportée par un archer foulant aux pieds un dragon percé de flèches; le couvercle de cette dernière, qui portait avec la panse cinquante-deux têtes d'aigles pour recevoir les médailles, était sommé par un amour (1) Voy. le Reg. de la Chambre des Comptes, du 27 mai 1783. (2) Ibid., du 28 juillet 1783. (3) On lit sur le couvercle de cette coupe les lignes suivantes : Rétabli sous les Auspices des Nobles In Jqs Dunand, Seigneur-Amiral, et Jean Etienne Colladon, Vice Amiral; Messieurs Gabriel Déclé, Roy; Jn Samuel Jaquier, Trésorier, In Antoine Geneyne Patrimonial, Bénédict Gallay, Cornette, et Pre Emmanuel Dutreuil, Secrétaire, le 15 Novembre 1790. La coupe de l'Exercice de l'Arc ne porte aucune inscription. |