dix-huitième siècle. La figure 13 de la deuxième planche représente l'un de ces boutons. Le rayonnement du Soleil a subi plusieurs variations : des rais au nombre de huit, seize, douze ou vingt-quatre; puis une effluve lumineuse tantôt continue, tantôt disposée en gerbes, ont à diverses époques entouré le disque; d'autres fois, seize flammes d'inégale longueur donnent au Soleil la forme d'une croix à fourchette flamboyante (1). On trouve seize rayons (2) sur des clefs de voûte de l'Hôtelde-Ville, sur plusieurs monnaies des trois derniers siècles (3) et sur l'inscription tracée, en 1584, au sujet de l'alliance perpétuelle avec les villes de Zurich et de Berne (4); le surtout de table, fait pour le festin célébré alors, l'offre également; sur ces deux monuments, le Soleil est au-dessus des armoiries des (1) Depuis le seizième jusqu'au commencement du dix-huitième siècle les six-deniers présentent cette croix, remplacée dès lors par le Soleil. (2) Les rayons sont alternativement étoilés et flamboyants lorsque nous ne spécifions pas le contraire. On trouve indifféremment, et à diverses époques, tantôt le rayon étoilé, tantôt le rayon flamboyant dans la partie supérieure du Soleil. • (3) Thaler ou écu de 1561 et 62 [voy. pl. II, fig. 9].-Écu pistolet de 1564. - Quadruple d'or de 1641.- Jeton en plomb POVR LES. TERREAV 1660. Pistole de 1752 à 70. - Six-deniers de 1778. Un six-deniers de 1750 présente le soleil à trente-deux rais étoilés. Les jetons en plomb dont nous venons de parler offrent à l'avers la Clef et l'Aigle; ils étaient déjà en usage vers 1554; on s'en servait alors pour marquer les journées des réfugiés de Cabrières et de Mérindol, que l'on employait aux fortifications. (Voy. Roset, Chroniques, liv. V, chap. LIX.) Les autres méreaux ou jetons que l'on possède présentent la Clef et l'Aigle avec la lettre G, ou diverses indications au revers, relatives à leur usage, telles que: POVR : * LE: VIN: et POVR ESCHARGAIS ET RONDES 1618. Ces derniers sont en cuivre et servaient pour les patrouilles. (4) Cette inscription se lit à l'Hôtel-de-Ville, dans la salle des Pas-perdus. villes alliées; sur le premier on lit cette devise, appliquée au nom de Jésus, TRIA PROTEGIT VNvs (1), et sur l'autre les mots SI DEVS EST PRO NOBIS QVI (sic) CONTRA NOS (2). Le grand tableau de l'Escalade, conservé à la Bibliothèque publique, offre aussi le Soleil à seize rayons (3). — Un drapeau de 1713 figure un Soleil au disque d'argent entouré de seize flammes, alternativement rouges et jaunes et couvrant le drap tout entier [pl. VI, fig. 6]. Cette disposition en Soleil se rencontre sur d'autres bannières des dix-huitième et dix-neuvième siècles. A une époque antérieure les flammes, rappelant les rais du Soleil, y avaient été disposées de différentes manières; nous en donnerons pour exemple le drapeau figuré sous le n° 3 de la même planche et le fameux étendard de la Remasse ou des Larmes de feu, célèbre dans les guerres du seizième siècle; ce dernier, fait par Vandel en 1530 (4) et qui a souvent flotté à la tête des troupes victorieuses de Genève, est aujourd'hui dans un grand état de vétusté; nous en donnons [pl. III] un dessin qui figure les parties conservées. Ces mêmes flammes se trouvent employées comme points séparatifs sur quelques monnaies (5). Le nom de Remasse, donné à la bannière dont nous venons de parler, vient de ce que l'on y avait peint des balais de bouleau appelés chez nous des remasses ou ramasses, ce qui, sur le drapeau, indiquait (1) Un seul en protége trois. (2) Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? - Le surtout se voit à l'arsenal. (3) Dans ce dernier exemple, un filet noir sépare le disque des rayons; dans l'inscription de 1584 un filet réunit l'extrémité des rayons; cette dernière disposition est très-rare. (4) Baudichon fut élu capitaine-général au lieu de Jean Philippe, et en une bannière qui avait déjà été faite par Vandelli, l'an 1530, il fit peindre des larmes de feu et la ramasse ou ballay pour sortir aux champs. (Extrait de la Chronique de Piaget.) - Pierre Vandelli ou Vandel, dont il est ici question, fut élu capitaine-général de la ville le 8 décembre 1535. (Extrait des Reg. du Conseil.) (5) Sur le sol de 1556 la signature E est placée entre deux flammes. la ferme volonté des citoyens de la république de balayer des alentours les ennemis de leur indépendance; dans le haut de la bannière on avait tracé, sur des bandelettes, une inscription dont il ne reste plus aujourd'hui que les mots, PCVR LIBERTE. Le capitaine Vandel, qui avait fait faire cette bannière et qui est l'un des derniers représentants des partisans de l'antique liberté genevoise, fut condamné en 1555, par la faction française qui, grâce aux efforts de son chef Calvin, était alors toute-puissante, à avoir la tête tranchée. Le Soleil à huit rayons flamboyants se trouve sur les pièces d'or de 1581 et de 1638, ainsi que sur les monnaies obsidionales frappées en 1590. Douze rayons entourent le disque du Soleil sur les écus d'or de 1570, sur les florins et les double-florins d'argent de 1635, sur les quadruples d'or de 1646 et sur un grand nombre de six-deniers frappés durant la dernière moitié du dix-huitième siècle. Un fronton et l'une des clefs de voûte de l'Hôtel-deVille offrent le Soleil à vingt-quatre rayons, et sur une maison de la rue du Rhône il est entouré d'un même nombre de flammes (1). Vers la fin du dix-huitième siècle, les flammes et rais coniques furent généralement abandonnés pour le rayonnement en éventail. Ce changement se fait pressentir dans quelques monuments antérieurs, où les anciens rais sont entremêlés d'aigrettes lumineuses (2). Comme exemple de la lumière émanant du disque d'une manière continue, l'on peut citer une gravure de 1707 (3), faite par allusion à l'alliance de 1584; dans cette (1) On trouve neuf flammes sur l'écu pistolet de 1576 [voy. pl. II, fig. 6], et trois rayons seulement autour du Soleil sculpté sur la clef d'une arcade des halles du Molard (face septentrionale). [Fig. 12.] (2) Inscription de 1584, douze sols de cuivre (obsidionale) de 1590, pistole de 1753 et 54. [Voy. fig. 8.] (3) Cette gravure est en tête des Pièces concernant les assemblées générales de 1707; voici comment son auteur l'explique: « Les An PL. III. figure le Soleil, par sa disposition, sert à la fois de cimier aux écus de Zurich, Berne et Genève. Outre l'inscription TRIA PROTEGAT vnvs, qui rappelle celle de l'Hôtel-de-Ville, on lit dans le cercle extérieur, sic INDIVULSA ÆTERNVM. Des bractéates, probablement frappées dans la première moitié du seizième siècle, et tellement rares que l'on n'en connaît aujourd'hui que deux à Genève, présentent aussi le Soleil à rayonnement continu [pl. II, fig. 7]. Les triples-pistoles de 1771 offrent le Soleil à douze gerbes; un six-deniers de 1785 en a sept (1), les quinze-sols de 1794 [pl. II, fig. 14] dix-huit, et les gros écus des années suivantes vingt-quatre; dans celles de ces dernières pièces, frappées en 1795, et dans les quinze-sols, l'indication de la valeur a remplacé le nom de Jésus, mais ce nom reparut sur le gros écu de 1796, dernière pièce frappée avec le Soleil sous l'ancienne République (2). Le Soleil rayonné en croix [pl. II. fig. 4] ne se rencontre que sur les pièces de six-deniers. Cette figure, que l'on trouve neaux, qui sont les Symboles de la Fidélité, et particulièrement de l'Alliance quand ils sont entrelassez, représentent la Confédération, et les étroites Liaisons et engagemens qu'il y a entre les 3 Etats dont ils renferment les Armoiries. Le Soleil, qui répand ses raions sur ces Anneaux, est l'Emblème de notre grand Dieu et Sauveur JésusChrist, l'Orient d'en haut, et le Soleil de Justice, qui éclaire ces Etats et qui les couvre de ses aîles. La légende, énoncée en forme de souhait, le prie Qu'il les protége tous trois; et l'autre, qui est autour, Qu'il les conserve ainsi inséparables pour jamais. » (1) On trouve aussi sept gerbes sur le Soleil des boutons de l'uniforme des Volontaires [pl. II, fig. 13]. (2) Les boutons des jugulaires des schakos présentaient le Soleil à huit gerbes. Ce n'est guère que là et sur les plaques des mêmes schakos que l'on retrouve le Soleil depuis la Restauration; sur ces dernières il rayonnait de quatorze rayons alternant avec autant de gerbes, et portait en disque la Clef et l'Aigle surmontée du noin de Jésus. dès le milieu du seizième siècle, cessa d'être employée dans la première moitié du dix-huitième. Dans quelques monuments le disque offre le nom abrégé de Jésus en grec, IΗΣ(ους); cette disposition, dont on trouve de nombreux exemples aux dix-septième et dix-huitième siècles (1), est une nouvelle preuve à l'appui de ce que nous avons avancé touchant l'interprétation des lettres Ins. Le monogramme de Jésus a quelquefois été employé sans rayonnement; c'est ainsi que le présente la hallebarde d'huissier que nous avons citée (2) et la marque dont on se servait pour poinçonner des monnaies étrangères dont la Seigneurie de Genève permettait le cours après en avoir vérifié le titre et le poids (3). Le dernier emploi officiel du Soleil isolé comme insignes de Genève eut lieu pour l'uniforme des soldats de l'ancienne République. Le Règlement pour celui des Volontaires porte que les boutons seront jaunes et chargés d'un Soleil en relief, et il prescrit encore que l'ornement du retroussis sera en forme de Soleil, et que le hausse-col des officiers sera chargé d'un Soleil d'argent (4); les soldats de la Garde Nationale, création de 1796, portaient encore le Soleil sur le retroussis. La rareté des représentations peintes du Soleil isolé ne per (1) Halles de l'Hôtel-de-Ville; dix-huitième siècle. Pistoles de la dernière moitié du (2) Sur cette hallebarde le nom de Jésus est entouré des mots POST. TENEBRA. LVS. (3) Le médailler de M. Marin renferme un blanc de Henri III de 1585; celui de M. le docteur Coindet des pièces du cardinal de Bourbon, créé roi par la Ligue, à la mort d'Henri (1589), sous le nom de Charles X, et celui de M. Revilliod-Fæsch des pièces d'argent de Lucerne, à l'effigie de saint Léger, frappées en 1614 et 1616, et qui offrent le poinçon de Genève sur leurs empreintes. (4) Ces Soleils sont à face humaine, image que l'on retrouve sur un drapeau de l'Exercice de l'Arquebuse et de la Carabine, fait en 1822. |