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cité, et facilitant ainsi les moyens de tenir plus de forces en campagne. Toutefois on verra que ce ne fut pas d'abord le cas, ou du moins que les généraux français ne surent pas tirer de ces dispositions tout le parti possible.

ration choi

alliés.

Pour juger si le duc de Brunswick fit un bon Ligne d'opé choix de lignes d'opérations, et si ses manoeuvres sie par les répondirent à ce choix, il faut examiner quelle était la nature de la guerre qu'il allait entreprendre.

Soit que Frédéric-Guillaume fût réellement assez généreux pour employer ses armées au rétablissement de l'ordre en France, soit qu'il eût envie de démembrer ce royaume, il est certain qu'il comptait autant sur la désorganisation des armées ennemies, que sur ses propres moyens. Cette désorganisation étant complète, à l'époque où les alliés voulaient pénétrer en France, il n'était pas de leur intérêt de faire une guerre méthodique, qui eût laissé aux généraux français le temps d'aguerrir leurs troupes, et de recevoir des renforts. La lenteur des opérations d'une telle guerre et les siéges qu'elle nécessitait, eussent en effet donné à l'ennemi la mesure de sa force, en ranimant en lui cette vigueur morale, source des plus grandes actions.

Tous les avantages que les coalisés pouvaient attendre, dépendaient donc du succès des premières affaires. Si elles n'étaient pas décisives,

dans un moment où les troupes françaises se méfiaient autant d'elles-mêmes que de leurs généraux, on ne devait rien espérer lorsque ces troupes auraient remporté des victoires, et détruit cette réputation de supériorité dont les armées allemandes étaient en possession depuis près d'un siècle.

A ces puissantes considérations, se réunissaient les avantages militaires. La position des corps d'armée chargés de couvrir les frontières, était trop disséminée: ces corps isolés, répandus sur une ligne de 100 lieues, étant percés à leur centre, se seraient trouvés dans la nécessité de prendre une direction concentrique fort en arrière, afin de couvrir la capitale. L'armée prussienne pouvait alors arriver sur ce point plus promptement que ses ennemis, et s'emparer d'une étendue de terrain immense, qui aurait fourni à son entretien; et qui, sous l'apparence d'une brillante conquête, aurait maintenu sa supériorité dans l'opinion.

En un mot, une guerre active et d'invasion était commandée :

1° Par la situation politique de la France; 2° Par la position relative de l'armée française; 3o Par le but que les puissances belligérantes s'étaient proposé.

Il ne s'agissait plus que de proportionner les moyens à la grandeur de l'entreprise, et à pren

dre les mesures convenables pour en assurer la

réussite.

La ligne d'opérations du centre était la plus avantageuse par ses rapports avec la situation politique, attendu qu'elle menait directement au but, et sur le point le plus accessible de la frontière. En la choisissant, on manoeuvrait sur le centre d'une ligne étendue et affaiblie, dont les extrémités se trouveraient isolées et en danger d'être détruites successivement, dès que les mouvemens seraient exécutés avec vivacité. Enfin, les alliés occupaient, sur cette partie faible des frontières, les importantes forteresses de Luxembourg et de Mayence, dont la position avantageuse donnait une excellente base d'opérations et les meilleures places d'armes que l'on pût désirer.

Il paraît que le duc de Brunswick avait saisi tous ces avantages. La guerre d'invasion fut résolue, et l'on choisit la ligne d'opérations du centre. Nous allons voir que l'exécution ne répondit pas à la justesse de ces premières combinaisons.

Le roi de Prusse arriva le 25 juillet, à l'armée, Manifeste. campée près de Rubenach. Le duc de Brunswick fit paraître le même jour l'imprudent manifeste dicté par Calonne, et qui eut trop de part aux événemens pour ne pas trouver place dans toutes les histoires de cette guerre (1).

(1) Voyez pièces justificatives, no 5.

Le 28 juillet, les derniers corps prussiens arrivèrent au camp; et l'armée fut répartie dans l'ordre de bataille ci-contre.

Dès les premiers jours du rassemblement des troupes, on éprouva quelque peine à leur procurer des subsistances. Par un mélange de parcimonie et de légèreté, on avait négligé de se pourvoir de boulangers en partant de Prusse, soit qu'on comptât en trouver sur le Rhin, soit qu'on s'attendît à être abondamment pourvu de tout par les nombreux partisans des émigrés. Enfin, le 30 juillet, l'armée se mit en mouvement, et 1,4 août. perdit encore plusieurs jours pour franchir méthodiquement les défilés de Martinsthal et d'lsbach: précaution inutile, puisqu'on était à dix marches des forces encore disséminées de l'ennemi. Après avoir passé la Moselle, le 5 août, l'armée prussienne vint camper, le 6, sur les hauteurs de Kons, où elle séjourna jusqu'au 12, au moment même où le canon de l'insurrection foudroyait les Tuileries.

Le corps des émigrés, fort de 10 à 12 mille hommes, se trouvait le 8 à Trèves. L'armée prussienne se porta, le 13, à Montfort, où elle sé18 août. journa de nouveau jusqu'au 18, dans une position

défensive. Il y avait lieu de s'étonner qu'une armée, qui croyait marcher à la conquête de Paris comme à une promenade, choisit des positions défensives à quatre ou cinq marches de l'ennemi qu'elle affectait de traiter avec mépris.

entre en

Enfin le 19, après avoir mis vingt jours à L'armée faire quarante lieues, l'armée prussienne franchit prussienne la frontière de France, et campa à Tiercelet, où France. elle se réunit à Clairfayt, qui campait à Roman avec 18 mille hommes amenés de Flandre. Les Hessois se portèrent à Niederdouven; l'armée des princes, à Bredimus. L'avant-garde marchant jusqu'à Crune, donna sur les postes du général Després-Crassier, qui campait à Fontoi avec un corps de 4 mille hommes, et se replia à l'approche de l'ennemi.

Pour suivre avec plus d'intérêt la marche des alliés, il faut porter un instant nos regards sur ce qui se passait dans l'armée française.

On se rappelle qu'à la suite de son inutile course vers Courtrai, le maréchal Luckner était revenu sur le Rhin, où il avait répété sous Landau, les scènes qui avaient prouvé sa médiocrité. Lafayette, tout occupé de ce qui se passait à Paris, et résolu trop tard de sauver la monarchie, ne négligeait aucun moyen pour gagner ses soldats; mais le ministère et les Jacobins, qui avaient l'oeil sur lui depuis ses sorties des 16 et 23 juin, le contrariaient dans toutes ses mesures, et cherchaient tout à la fois à restreindre son commandement, et à détruire son influence dans l'armée; on alla même jusqu'à retenir les troupes en marche de l'intérieur pour le renforcer. Il avait à peine 24 mille hommes disponibles, sous

Situation des armées dispersée

françaises.

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