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Au surplus, la domination de l'Electeur était assez détestée pour qu'on nourrît l'espoir d'être bien accueilli par le peuple. Cette considération, quelque puissante qu'elle parût dans le temps, n'était pas toutefois un motif suffisant pour chercher, dans Trèves même, la réunion du pays à la république française; car en balayant la rive gauche du Rhin par des manoeuvres sages, on eût obtenu ce résultat beaucoup plus facilement.

des Autri

Après le départ des Prussiens, le prince de Positions Hohenlohe-Kirchberg s'était chargé de couvrir chiens pour le Luxembourg, de concert avec la brigade Bren- la couvrir. tano. Dès que le corps de Beaulieu, expulsé de Namur, se rapprocha des Ardennes, et Clairfayt de la Roër, le prince jugea que le meilleur emploi à faire de ses forces était de les porter à la garde des défilés du pays de Trèves, de Trèves, d'où il protègerait également la place et le flanc gauche de l'armée des Pays-Bas. Après avoir jeté une garnison à Luxembourg, et des postes à Arlon, il ne lui restait guère que 10 mille hommes qui occupaient des positions retranchées, la gauche à la montagne verte, le centre à Pellingen, la droite vers Ham et Konsaarbruck, avec une tête de pont sur la Sarre, et des postes détachés sur la montagne de Wawren dans l'angle de la Sarre. On voit par la carte que le point stratégique le plus accessible était la route de Zerf par Pellin

Attaques sur Pellingen et la montagne

verte.

6 décembre.

gen, et il paraît que sa situation locale offrait aussi le moins d'obstacles. On ne pouvait manouvrer contre la gauche de l'ennemi pour menacer sa retraite, puisqu'elle devait s'opérer sur Luxembourg et non sur le Rhin. D'un autre côté sa droite n'était accessible que dans le cul-de-sac d'entre Sarre et Moselle; il fallait donc faire l'effort principal sur Pellingen.

L'armée française, forte d'environ 20 mille hommes, partit de Saint-Wendel et de Tholey, le 28 novembre, et se dirigea par Zerf et Hermeskeil sur la route de Trèves. Un petit corps de 2 mille hommes seulement se porta par la voie romaine dans la presqu'île.

Le 6 décembre, le général Ligneville qui s'était réuni à l'aile droite, fit des attaques sur la montagne verte, tandis les brigades Laque grange et Destourmel assaillirent Pellingen: ces efforts exécutés à vingt-quatre heures d'intervalle, et sans concert, furent repoussés. Au lieu de renouveler une tentative avec des moyens suffisans contre Pellingen, on fit des contre-marches pour porter le général Ligneville de l'extrême droite à la gauche, vers Wildingen, le long de la Sarre, perdant plusieurs jours à méditer, à écrire et à détruire ce qu'il y avait de bien dans la première direction donnée aux forces. L'armée qui était partie brusquement de ses

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Nouvelles

cantonuemens, sans être pourvue de tout son attirail de campagne, fut surprise par la neige et un verglas affreux; ses vivres et ses munitions eurent la plus grande peine à gravir les côtes escarpées qui coupent à chaque pas les routes de cette contrée; la pénurie et le mauvais temps avaient déjà introduit la désertion, les murmures et l'indiscipline dans le corps d'expédition. Au lieu de se håter de frapper un coup décisif remédier ensuite à ces maux, soit en occupant plus fautives Trèves, soit en se repliant sur Sarre-Louis, on que les preimagina d'étendre la faible armée sur les deux rives de la Sarre, de porter le général Delaage sur Wawren pour attaquer Konz par la presqu'île, et de renouveler les attaques vers Pellingen projet bizarre, et qui suffit pour caractériser toute cette entreprise.

pour

Ainsi une armée qui se trouvait déjà sur la droite de la Sarre, en face de l'ennemi, allait faire passer une division d'élite sur la rive gauche, pour avoir la peine de retourner sur la rive droite de vive force, et sous les yeux d'un ennemi retranché et supérieur au détachement qui l'attaquait une telle faute serait difficile à croire, si on ne l'avait vu renouveler de nos jours d'une manière bien plus criante dans une occasion ou il s'agissait des destins de l'Europe.

dispositions

mières.

Le 12 décembre, l'attaque projetée s'exécuta. Seconde atNon content d'être détaché sur un point où il ne 12 decemb.

taque.

13 décemb.

pourrait rien faire de bon, le vieux général Delaage divisa encore sa petite troupe en 3 colonnes; celle dirigée vers Grewenmachern, fut complètement culbutée; la 2o manœuvra vers les bois de Wawren, et la 3° tourna les hauteurs de Bibelhausen, mais l'échec survenu à la 1, rendit inutiles ces mouvemens décousus.

Le 13, la tentative fut renouvelée avec des renforts. Les grenadiers emportèrent les hauteurs de Wawren; les généraux Pully et Landremont ayant repoussé les Impériaux jusqu'à leurs batteries de seconde ligne, menaçaient Konsaarbruck, lorsqu'une réserve ennemie culbuta de nouveau la colonne de gauche, et força les autres à renoncer à leurs avantages. Plusieurs versions ont attribué à des renforts venus de Luxembourg l'honneur de cette petite victoire; il serait possible que le corps de Beaulieu replié sur les Ardennes, eût fait quelques détachemens qui eussent contribué avec la garnison de Brentano à chasser les Français de Grewenmachern et Tavern; le défaut de documens certains sur cette épisode de guerre, et le peu d'intérêt que cette circonstance offre pour l'histoire nous a empêché d'en vérifier l'authenticité.

la

Le général Beurnonville n'avait pas été plus heureux vers Pellingen qu'il occupa instantanément, mais qu'il dut abandonner à l'arrivée des réserves ennemies.

L'inutilité et les mauvaises combinaisons de Troisième cette entreprise ne sont comparables qu'à l'opi- attaque. niâtreté que l'on y mit. Le général en chef ren

força ses colonnes pendant la nuit, et le 15, on 15 décemb. attaqua de nouveau les hauteurs de Ham, sur quatre points différens. Les résultats ne pouvaient manquer d'être les mêmes; malgré la constance des troupes et le courage du général Pully, on ne réussit sur aucun point. Les Autrichiens déployèrent dans ces combats une valeur également honorable pour les troupes et pour celui qui les commandait.

Beurnonville convaincu que l'utilité de son Beurnonexpédition, n'était pas proportionnée aux sacri

ville renonce à l'attaque

fices qu'elle coûtait à son armée, trouvait ceux- qu'il blâmait ci d'autant plus pénibles, et ne cherchait qu'un prétexte pour y renoncer. Les représentans envoyés à l'armée de la Moselle jugèrent par euxmêmes que toutes tentatives ultérieures seraient sans succès, et la retraite fut ordonnée. Les troupes qui se trouvaient à la droite de la Sarre se replièrent sur Mertzig, masquées par celles de la gauche. L'infériorité des Autrichiens ne leur permit de sortir de leurs retranchemens, pour pas inquiéter la retraite; elle s'exécuta sur SarreLouis, aussi bien qu'une telle opération peut se faire dans des circonstances semblables; et le général Labarolière eut la sagesse de la couvrir par plusieurs attaques réitérées, et une vive ca

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