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premiers

vembre.

rejeté par lui comme défectueux : ses connaissances variées lui faisaient considérer un général purement militaire, comme un homme dont les vues étroites ne dépassaient pas l'enceinte d'un camp, et par cela même fort au-dessous de lui. Non-seulement il dédaigna les idées de Custine, le conseil, à son exemple, en fit autant, et les Français, loin de réunir les armées du Rhin et de la Moselle en une seule masse, pour la diriger au point convenable, se compromirent par des mouvemens sans ensemble.

Inaction aux Le général Labarolière, commandant l'avantjours de no- garde postée à Sierck, s'étant dirigé le 9 sur Remich sans autre opposition que celle de quelques coureurs de la garnison de Luxembourg, avait poussé ensuite jusqu'à Konsarbruck, et se proposait de s'emparer de Trèves, où les Autrichiens n'étaient point encore établis; mais le commandant provisoire craignant de trop donner au hasard, lui prescrivit de revenir sur ses pas. Tant d'incertitude dans les décisions, devait bientôt lasser la fortune, et lui faire quitter les drapeaux français pour se réfugier dans les rangs

ennemis.

Custine de son côté attendait avec impatience les troupes détachées un peu trop tard de l'armée du Haut-Rhin : forcé de laisser une garnison dans Mayence, et de s'éclairer du côté de la Nahe, il ne lui restait pas plus de 15 mille hommes dispo

nibles pour garder les montagnes entre Usingen et Hombourg; corps trop faible, quand bien même son chefeût été capable d'en faire le meilleur emploi possible. On lui a reproché de ne pas s'être emparé de la place de Hanau qu'il eût été facile de mettre à l'abri d'un coup de main, en relevant les travaux faits dans la guerre de sept ans. Ce reproche, juste si le général avait eu les forces nécessaires, paraît déplacé dans la situation où il se trouvait. On lui en fit un autre d'avoir gaspillé le palais de l'Electeur, et de s'être permis des dilapidations dans les châteaux du prince de Nassau, et aux salines de Nauheim; l'histoire lui pardonnerait ces taches communes à plusieurs grands capitaines, si, à l'exemple de Marlborough, il les avait recouvertes de lauriers.

Pendant que l'armée de la Sarre restait sans chef dans une honteuse inaction, que les renforts du Haut-Rhin étaient encore en marche, et que les Prussiens passaient le fleuve avec tant de lenteur et de difficultés, Custine allait et venait de son armée à Mayence, et cherchait par les mesures révolutionnaires des clubs de cette ville, à se faire illusion sur les embarras de sa position militaire. Espérant trouver dans des controverses sur la souveraineté du peuple, un élément de force que ni la supériorité de son génie ni l'état de son armée ne pouvaient lui promettre; il essaya d'opposer les menées des

Clubistes de Mayence aux efforts des Prussiens, et fut trompé dans ses calculs.

L'administration provisoire établie sous la présidence du nommé Dorsch, singeant maladroitement la commune de Paris, ne fut qu'un objet de mépris pour les habitans, et de peu de secours au général révolutionnaire.

Il était depuis long-temps en instance, auprès du gouvernement et du général de l'armée du centre, pour les engager à venir à son secours; cependant au lieu d'une concentration naturelle et d'une jonction pure et simple, unique moyen de le tirer d'embarras, il proposa à Beurnonville de descendre seul la Moselle jusqu'au Rhin, et de passer ce fleuve derrière l'armée prussienne, afin de la prendre entre deux feux opération décousue, dont l'exécution aurait compromis tous les corps qui y eussent été employés, et où l'on ne reconnaît point l'homme qui écrivait avec tant de sagacité au ministre Pache, le 2 novembre.

Cet abandon de son collègue et du conseil exécutif, détermina Custine à faire bonne mine à mauvais jeu : affectant de regarder les rassemblemens qui se formaient autour de lui, comme des mesures de simple précaution prises par les ennemis pour couvrir leurs quartiers d'hiver, il ne changea en rien ses positions; mais lorsqu'il fut informé de l'apparition des Prussiens vers la

Lahn, il poussa le général Houchard avec 3 mille hommes sur Limbourg, et partit de Mayence le 8 novembre, pour rassembler environ 12 mille hommes dans les environs du fort de Koenigstein, et couvrir les montagnes de Nassau. Son projet, disait-il, était de tourner la gauche des Prussiens, manoeuvre qui eût été sans contredit la plus convenable avec des forces suffisantes, mais qui n'était alors qu'un moyen de se faire couper de Mayence, et cerner entre les 18 bataillons hessois, et l'armée entière du roi.

Le corps de Houchard donna inopinément à Combat de Limbourg, le 9 novembre, sur la brigade Wittin- Limbourg. ghof que Kalkreuth y avait détachée, comme on l'a dit plus haut. Cette ville est dans un fond dominé par les hauteurs de Kappellenberg, qui s'élèvent sur la gauche de la Lahn; la position n'est tenable que contre un ennemi venant de Coblentz. Le général Wittinghof avait une grand'garde sur ces hauteurs', indiquées pour place d'alarme, afin de couvrir la ville et de disputer au besoin le passage de la Lahn; mais elle ne s'était point éclairée avec soin, et la troupe était rentrée dans ses cantonnemens au retour de la reconnaissance du matin. Houchard se présenta assez brusquement pour causer une véritable surprise. Le général Wittinghof lui opposa néanmoins une résistance assez vive, plaça sur la droite de la Lahn 2 pièces et quelques compa

Positions

des Prussiens.

gnies qui protégèrent la retraite. Les Français occupèrent Limbourg, qu'ils évacuèrent bientôt après, emmenant 200 prisonniers.

Le duc de Brunswick, instruit de cette affaire le 10 au matin, marcha sur-le-champ à Montabauer, avec 12 bataillons et 15 escadrons, afin d'occuper le poste de Neutershausen, et de couvrir le passage successif des colonnes de l'armée; mais on apprit que Houchard s'était retiré à Weilbourg, pour se réunir à Custine (1).

Le 11 novembre, l'armée prussienne reçut une nouvelle organisation. L'aile droite comman11 novemb. dée par le lieutenant-général Courbières, consistant en 7 bataillons et 17 escadrons, resta à la gauche du Rhin pour couvrir Coblentz. Le centre aux ordres du lieutenant - général Kalckstein, composé de 16 bataillons et 10 escadrons, gardait Neutershausen, Montabauer et le passage de Nassau. La gauche sous le comte de Kalkreuth, forte de 6 bataillons et 18 escadrons, gardait la route de Limbourg à Cologne, et avait sa place d'alarme sur le Molsberg.

L'avant-garde restée au camp de Taverne, en partit lorsque l'armée eut entièrement passé le 19 novemb. Rhin, et vint relever la gauche le 19 novembre,

(1) Voyez la carte de la Lahn, no 5. Quoique les mouvemens qui s'y trouvent soient ceux de 1795 et de 1796, on pourra s'en servir pour l'intelligence des campagnes précédentes.

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