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que Sa Majesté impériale croit devoir observer sur » les objets, qui sont relatifs à la crise importante qu'é» prouve le royaume de France.

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» Le chancelier de cour et d'état a donc l'honneur » de lui communiquer de son côté, que Mgr. l'électeur › de Trèves vient également de faire part à l'Empereur » de la note, que le ministre de France à Coblentz avait » été chargé de présenter, ainsi que de la réponse, que >> Son Altesse électorale a fait donner à cette note; que » ce prince a fait connaître en même temps à Sa Majesté impériale, qu'il avait adopté à l'égard des » rassemblemens armés des émigrans et réfugiés français, et à l'égard des fournitures d'armes et mu»nitions de guerre, les mêmes principes et règlemens qui ont été mis en vigueur dans les Pays-Bas autri» chiens: mais que, se répandant de vives inquiétudes parmi les sujets et dans les environs, que la tranquillité de ses frontières et états pourrait être troublée par des incursions et violences, nonobstant » cette sage mesure, Mgr. l'électeur a réclamé l'assis> tance de l'Empereur, pour le cas que l'événement » réalisât ces inquiétudes.

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Que l'Empereur est parfaitement tranquille sur les intentions justes et modérées du Roi très-chrétien, » et non moins convaincu du très-grand intérêt qu'a » le gouvernement français à ne point provoquer tous » les princes souverains étrangers par les voies de fait » contre l'un d'entre eux; mais que l'expérience journalière ne rassurant point assez sur la stabilité et » la prépondérance des principes modérés en France, > et sur la subordination des pouvoirs et surtout des

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provinces et municipalités, pour ne point devoir appréhender, que les voies de fait ci-dessus ne soient » exercées malgré les intentions du Roi, et malgré » les dangers des conséquences, Sa Majesté impé»riale se voit nécessitée, tant par une suite de » son amitié pour l'électeur de Trèves, que par les » considérations qu'elle doit à l'intérêt de l'Allema» gne, comme co-état, et à son propre intérêt comme voisin, d'enjoindre au maréchal de Bender, com» mandant général de ses troupes aux Pays-Bas, de porter aux états de Son Altesse électorale, les secours » les plus prompts et les plus efficaces en cas qu'ils fussent violés par des incursions hostiles, ou immi» nemment menacés d'icelles.

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L'Empereur est trop sincèrement attaché à Sa Majesté très-chrétienne, et prend trop de part au bien» être de la France et au repos général, pour ne pas » vivement désirer d'éloigner cette extrémité et les » suites infaillibles qu'elle entraînerait, tant de la part » du chef et des états de l'Empire germanique, que des >> autres Souverains réunis en concert pour le maintien » et la tranquillité publique, et pour la sûreté et l'hon» neur des couronnes: Et c'est par un effet de ce der» nier que le chancelier de cour et d'état, prince de » Kaunitz - Rietberg, est chargé de s'en ouvrir sans » rien dissimuler vis-à-vis M. l'ambassadeur de France, auquel il a d'ailleurs l'honneur de réitérer les assurances de la considération la plus distinguée. »

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Vienne, le 21 décembre 1791.

Pour copie, DE LESSART.

N° 12.

Dépêche de M. De Lessart à M. de Noailles, communiquée confidentiellement.

Paris, le 21 janvier 1792.

Je vous ai déjà parlé, Monsieur, de la note officielle qui vous a été remise par M. le prince de Kaunitz, le 21 décembre: Je vous en reparlerai encore. Cette déclaration inattendue a causé dans le premier moment la plus grande agitation, parce que l'on a cru remarquer dans le langage de la cour de Vienne le ton de la menace. Pour justifier cette opinion, il faut tomber dans quelques détails.

C'est au mois de novembre que vous avez fait part au ministère autrichien de l'invitation formelle que le Roi venait de renouveler auprès de l'électeur de Trèves, pour obtenir de lui la dispersion des rassemblemens formés dans ses états; et c'est en même temps que vous avez demandé, au nom du Roi, que l'Empereur voulût bien interposer ses bons offices et son autorité, pour engager l'électeur à remplir cette note de justice. Les rassemblemens, les préparatifs hostiles, les formations de corps militaires étaient de la notoriété la plus incontestable; les démarches des émigrés pour susciter partout des ennemis à la France, n'étaient pas moins connues. La cour de Vienne, plus qu'aucune autre peutêtre, en avait la preuve. Cependant, au lieu de déter-, miner l'électeur de Trèves à faire cesser cette cause de fermentation et d'inquiétude, on a paru indifférent à

Vienne à tous ces mouvemens, et on leur a donné parlà plus de force et d'importance.

Il était impossible que la nation vît avec la même indifférence l'aggression dont elle était menacée. L'assemblée nationale s'est adressée au Roi pour lui indiquer le vœu qui se manifestait de toutes parts, et pour l'inviter à prendre les précautions qu'exigeait la sûreté de l'état. C'est alors que l'électeur de Trèves, effrayé de cette démarche, a réclamé la protection de l'Empereur, et que sans aucune communication, sans aucuns éclaircissemens préalables, M. le prince Kaunitz vous a déclaré que l'Empereur avait donné ordre à M. le maréchal de Bender de marcher au secours de l'électeur de Trèves, s'il était attaqué.

Il est vrai que cet ordre paraît se rapporter à quelques violences, à quelques incursions commises par des municipalités, contre l'intention de la nation et du Roi; mais dans cette supposition même, des actes de cette nature n'auraient jamais dû être considérés que comme des voies de fait particulières, dont l'électeur pouvait aisément se défendre avec ses propres moyens, et qui, au surplus, étaient susceptibles d'un arrangement amiable, et n'exigeaient certainement pas que M. le maréchal de Bender se mît en mouvement pour les réprimer. Nous savons à la vérité, qu'en même temps que l'Empereur donnait cet ordre, il faisait dire à l'électeur de Trèves de se mettre en règle à l'égard des émigrés, et de suivre en tout l'exemple de ce qui s'était passé à leur égard dans les Pays-Bas. Nous savons également que c'était à l'accomplissement préalable de cette condition qu'étaient subordonnés les secours que le gé

néral Bender devait porter à l'électeur, dans le cas d'une attaque ultérieure de notre part. Pourquoi cette disposition n'a-t-elle pas été exprimée dans la note qui vous a été remise? Je n'ai pas besoin de vous dire combien l'exposé que l'électeur a fait à l'Empereur est dénué de vérité. Tout ce qu'il est obligé de faire pour se conformer à l'ordre qui est établi dans les Pays-Bas, dément les assertions qu'il s'était permises, et prouve d'une manière bien manifeste, l'état vraiment hostile dans lequel les émigrés se trouvent dans ses états.

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Mais ce que je ne saurais passer sous silence, c'est

passage de la note officielle où l'électeur de Trèves articule qu'il est aisé de reconnaître que le Roi n'était pas libre lorsqu'il a souscrit l'office qui lui a été remis de la part de Sa Majesté. Cette manière de s'exprimer n'aurait pas dû faire obtenir si facilement à l'électeur de Trèves la protection qu'il réclamait.

Je passe, Monsieur, au dernier paragraphe du 21 décembre : c'est l'article qui, à la lecture, a fait naître le plus de réflexions, et a laissé de plus profondes impressions. Il y est dit que l'Empereur est trop sincèrement attaché à Sa Majesté très-chrétienne, et prend trop de part au bien-être de la France et au repos général, pour ne pas vivement désirer d'éloigner cette extrémité et les suites infaillibles qu'elle entraînerait, tant de la part du chef des états de l'Empire germanique, que de la part des autres souverains réunis en concert pour le maintien de la tranquillité publique, et pour la sûreté et l'honneur des couronnes.

1o On ne conçoit pas bien comment des voies de fait particulières, commises peut-être par quelques muni

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