Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]
[ocr errors]

>

D

mort. La mort! elle n'est point à craindre, examinez » votre position et celle de l'Empereur... Votre con. »stitution est un anathème éternel aux trônes absolus. » Tous les rois doivent donc haïr votre constitution; elle fait leur procès, elle prononce leur sentence, elle » semble leur dire à chacun : Demain tu ne seras plus, » ou tu ne seras roi que par le peuple. Cette vérité a » retenti au cœur de Léopold; il cherche à en reculer » le fatal moment... Non, ce n'est point la noblesse française qu'il veut rétablir... C'est son trône qu'il » cherche à maintenir par une vaine ligue contre le > torrent de l'esprit de liberté. Il en veut tarir la source, » et la source est en France. Ah! s'il entendait mieux » ses intérêts, s'il connaissait la force de la révolution » actuelle, il renoncerait à de pareils moyens pour » l'arrêter; il la préviendrait, en la naturalisant dou» cement chez lui. L'inoculer c'est lui ôter son venin. Il faut dire à l'Empereur : C'est notre constitution » que vous avez en horreur, c'est elle que vous voulez détruire; ou renoncez à ce projet, ou préparez-vous à » la guerre.... On vous dira peut-être pour excuser cette ligue, qu'elle n'a point la violence pour but, qu'on veut seulement, dans un congrès, corriger quelques vices » de votre constitution. Mais ce congrès fût-il, pacifique, serait encore un outrage sanglant à la nation fran» çaise. Anathème donc aux ambitieux qui, pour perpétuer les troubles et leur influence, en ont conçu le projet! anathème aux puissances assez folles pour » vouloir les protéger! eh! de quel droit l'Empereur > veut-il intervenir dans nos démêlés ?... Si nous ne

ע

D

[ocr errors]
[ocr errors]

devons obtenir que tergiversations, que des réponses

[ocr errors]
[ocr errors]

équivoques; si ces réponses doivent nous engager » dans une guerre de plume interminable, si cette guerre » peut nous faire perdre un temps précieux pour la › guerre, pour la bonne guerre, ne serions-nous pas » insensés de préférer à cette dernière une négociation infailliblement illusoire et funeste? Un peuple » libre a rarement l'avantage dans les négociations » de cabinet. Emploie-t-il des agens patriotes? ils sont trompés. Emploie-t-il des agens ministériels? il est trompé, il l'est surtout quand il est obligé d'employer » des agens qui ne sont pas de son choix... Quand ils sont » choisis par un pouvoir exécutif que la nature des choses » rend un secret ennemi de la fiberté. Un peuple libre > ne fait bien ses affaires que par lui-même, ou par des › agens exposés sans cesse à ses regards; et à la guerre, » c'est la nation qui négocie, et la nation ne se laisse point tromper; à la guerre tout est public, tandis que tout est mystère et souvent fraude dans le cabinet. Quelle confiance le peuple Français peut-il avoir dans »ces négociations, tant que la diplomatie ne sera pas populaire... Tant qu'elle sera une feuille de bénéfices ⚫ entièrement réservée aux privilégiés, ou aux créatures ⚫ de l'ancien régime?... On va se récrier contre ces défiances; eh! il s'agit du bien le plus précieux; la » confiance a perdu presque tous les peuples libres... › Mais d'ailleurs, quelle nécessité de négocier dans le » moment actuel?... Pendant cette comédie politique, nos préparatifs militaires épuisent nos ressources; les inquiétudes renaissent, les agitations intérieures continuent, les forces combinées s'assemblent, la saison. ⚫ favorable pour elles s'avance, les prétentions se mon

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

כל

» trent, la hauteur se déploie dans les offices, les menaces » succèdent au ton mielleux; on s'offense, l'invasion » suit, une guerre désastreuse éclate dans nos foyers mêmes, les mécontens se rallient bientôt aux dra» peaux étrangers, et la guerre civile se joint à la guerre étrangère. Telles sont les vues secrètes de vos ennemis ; » ils sont rois, et vous êtes peuple; ils sont despotes, » et vous êtes libres: or, il n'y a point de capitulation » sincère entre la tyrannie et la liberté... Je ne dirai donc » pas à l'Empereur avec votre comité: Voulez-vous » vous engager à ne pas attaquer la France ni son indépendance; mais je lui dirai: Vous avez formé » une ligue contre la France, je dois vous combattre; » et cette attaque immédiate est juste, nécessaire, com» mandée par les circonstances et par vos sermens; à » moins que l'Empereur ne la prévienne dans un bref » délai par une satisfaction qui vous ête toute inquié»tude... Par quelle extravagance respecterions-nous un » traité que l'Empereur a rompu tant de fois, et qui » ne peut plus se concilier avec les principes de notre >> nouvelle constitution ?... Elle défend impérieusement >> aux Français toute conquête, elle leur défend toute » guerre offensive à moins que leur propre sûreté ne les y force; ils ne peuvent donc plus contracter, ni maintenir des traités offensifs avec aucune nation..... » Les Français doivent être les frères de tous les hommes, de tous les peuples. Ils veulent être justes » et bienveillans envers tous; se lier exclusivement avec » tel ou tel peuple, s'engager à le défendre contre toute espèce d'attaque, c'est faire un traité d'inimitié » éventuelle contre tel ou tel autre peuple, c'est violer le principe sacré de la fraternité universelle.

N° 10.

Extrait du discours prononcé par Fauchet le 17 janvier 1792.

[ocr errors]

« Les Français, après la conquête de la liberté, dit l'abbé Fauchet, sont les alliés naturels de tous les » peuples libres. Les traités faits avec les despotes sont nuls de droit, et ne peuvent être conservés de fait, » sans une conséquence destructive de notre révolu» tion... Nous n'avons besoin ni d'ambassadeurs, ni de

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

consuls, ce sont des espions superbes; rien n'est » menteur comme eux; ils manoeuvrent pour les » princes, et vendent le peuple. Rien n'est plutôt » violé que le traité des rois, c'est un commerce d'im> postures aussi ancien que les trônes. La diplomatie > actuelle n'est autre chose que l'art de partager la tyrannie. Dans un pays libre elle doit être remplacée par la science du peuple. Disparaissez ténébreux fabricateurs de chaînes, la liberté vous poursuit, vous atteint, et vos yeux ne peuvent supporter sa lumière. » En faisant une alliance avec les peuples libres, nous comptons les Anglais, les Anglo-Américains, les Polonais, les Hollandais et les Suisses. Quand les autres > peuples voudront de notre alliance, ils n'auront » pour l'obtenir qu'à conquérir la liberté; en attendant, s'ils sont paisibles, nous commercerons avec eux » comme avec de bons sauvages... Nous ne pouvons plus être protégés que par la majesté de la nation, » et cette majesté ne réside pas dans quelques commis > de bureau... Passons-nous du pouvoir exécutif au

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

dehors; il nous donnera assez d'affaires au dedans; » ses négociations sont des trahisons, ses affidés sont des » tyrans. Du moins dans l'intérieur, la force nationale » est toujours prête à les contenir... Nous ne craindrons » les brigandages ni des corsaires, ni des princes...... » Qu'ils s'avisent de nous molester; la masse nationale » les écrasera.... Envoyez ici, tyrans imbécilles, tous » vos esclaves, et voyez les se fondre comme un amas » de glace sur une terre de feu... Point de guerre aggressive, la constitution jurée nous en fait la loi; mais la guerre aux princes qui favorisent les conspirateurs sur nos frontières, la guerre à Léopold, qui machine la destruction de notre liberté. Repoussons » les brigands... Nous n'avons rien à demander à tous ces despotes que de nous laisser en repos... Nos négociations sont nos canons, nos baïonnettes patriotiques et des millions d'hommes libres.

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

N° 11.

Note du prince de Kaunitz.

« Le chancelier de cour et d'état, prince de Kaunitz-Rietberg, ayant rendu compte à l'Empereur de > la communication officielle faite par M. l'ambassadeur › de France, d'une dépêche ostensible de M. De Lessart, du 14 novembre dernier; il a été autorisé de s'expliquer, en retour, vis-à-vis de M. l'ambassa» deur, sur le contenu de cette dépêche, pour autant qu'il est de son ressort, avec cette franchise entière

[ocr errors]
[ocr errors]
« PreviousContinue »