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curent avec les hommes, & fur tout avec les Clercs, qui, comme clles, s'étoient voués au Célibat, achevèrent de le rendre moins pemble aux uns & aux autres. It faur favoir que ces Vierges & ces Prêtres prétendoient, en vivant dans la même chambre & en conchant dans le même lit, conferver leur chalteté, & ofoient traiter de charnels ceux qui avoient la foibleffe de les foupçonner; c'eft ce que Saint Jérôme attefte pontivement; Saint Chryfoftôme qui eut cette foibleffe, penfa être challe de fon fiége par leurs intrigues & leurs clameurs. Ces Vierges fe mintinrent en poffeilion de leurs privil ges jufqu'au s Gècle, & elles ne difparurent que pour céder la place aux concut ines avouées. Les mours n'étoient guère plus décentes dans I'Eglife d'Occident, quoique le mariage y fût encore permis aux Prêtres. Ce ne fut dans l'année 385, que le Pape Sinice fit du Célibat une loi pour les Evêques, les Prêtres & les Diacres: fes fucceffeurs l'étendirent aux Sous-Diacres, mais cette Loi n'eut d'effet que, pour l'Eglife Latine. On, ne peut la regarder que comme une Loi locale, puifqu'elle ne fut point portée par l'Eglife Univerfelle, puifqu'il n'exifoit point de fchifme entre glife Latine & L'Eglife Grecque, puifqu'il fe tenoit de fréquens Conciles fans que ce point de difcipline y fût agité. Au forplus, ajoute l'Auteur, qui ne fent que cette défense

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n'étoit pas au pouvoir de l'Eglife même ? Qu'est-ce que l'Eglife, finon un Tribu»nal inftitué pour maintenir le dépôt de la Foi, tel qu'il nous a été tranfmis par » Jésus-Chrift & les Apôtres, un Tribunal qui eft le gardien & l'interprète des vé» rités révélées fans pouvoir en ajouter » aucune «? Ici l'Auteur combat & anéanit tous les vains prétextes dont on s'eft fervi pour juftifier cette Loi, & nous le laiffons encore aux prifes avec les Théologiens. Elle fut un fignal de difcorde dans l'Occident; & les abus qu'elle occafionna allèrent toujours croiffant jufqu'au Pontificat de Grégoire VII, où les défordres furent pouffés à leur comble. Ce fut ce Pape qui, dans fon deffein de foumettre à la Tiare toutes les Couronnes de l'Europe, fentit le plus combien il importoit aux fuccès de fon ambition d'ifoler les Evêques & les Prêtres, & de les rendre indépendans de leurs Souverains. Mais cette Loi du Célibat trouva par- tout des obftacles. Ce fut principalement en Angleterre qu'elle éprouva les plus violentes oppofitions. Le Légat envoyé par Grégoire, donnoit pour raifon du Célibat facerdotal l'indécence de voir un Prêtre, forti du lit d'une femme, confacrer le corps de Jéfus-Christ. Cet argument commençoir à réuffir parmi le Peuple, lorfqu'un jour où M. le Légat avoit officié pontificalement, il eut le malheur de fe laiffer furprendre par les Off

ciers de Police chez une Courtifane de Londres. Cette mal-adreffe nuifit fingulièrement à l'objet de fa miffion, & ce ne fut qu'au commencement du 14. fiècle que le mariage des Prêtres fut entièrement aboli en Angleterre. Jufqu'à ce moment ils trouvèrent moyen de garder leurs femmes & leurs bénéfices. Dans le reste de l'Europe, ils vinrent quelquefois à bout d'y réuflir; mais la Loi commune & générale étant le Célibat, les fcandales fe multiplièrent; ils furent portés à tel point, qu'en certains Diocèfes, les Evêques accordèrent spécia-> lement à leurs Prêtres le droit d'avoir des Concubines. Un d'eux établit même une taxe pour ce droit ; & quand les Clercs refufoient de payer la taxe, fous prétexte qu'ils renonçoient à ce droit, l'Evêque répondoit: Qu'ils la payent d'abord, & qu'enfuite ils aient ou n'aient pas de concubines. Le Peuple exigea même plus d'une fois qu'ils en euffent, pour éviter de plus grands inconvéniens. Tous ces abus étoient tolérés par les Papes, qui ne croyoient pas leur puillance ébranlée par le concubinage des Prêtres, comme elle l'eût été par leur mariage. C'est ce qu'on put voir au Concile de Trente, où tous les Souverains de l'Europe, à l'exception de Philippe II, Roi d'Efpagne, follicitèrent un décret pour le mariage des Prêtres. Le Pape parut ébranlé, mais les Cardinaux s'y opposèrent fortement; & l'un d'eux, qui fut enfuite Sou

verain Pontife, dit tout haut devant l'Ambaffadeur de France, qu'il valoit mieux laiffer périr ce Royaume que de lui adminiftrer un parei! remède. Cette décifion devint celle d'une Affemblée, qui comptoit dans la ville où elle tenoit fes féances, 1500 concubines pour l'ufage des Pères du Concile. Le Royaume qu'on vouloit laiffer périr faure d'un pareil remède, paroît difpofé à fe l'adminiftrer lui-même, & les décrets du Concile de Trente, relatifs à la difcipline, n'étant point admis en France, on peut fur ce point revenir à l'ufage de la primitive Eglife, auffi facilement qu'on l'a fair fur des objets non moins intéreflans pour le Clergé c'eft ce que fait entendre Auteur, & fon Ouvrage paroît devoir ne laiffer aucune inquiétude aux efprits les plus timides & aux confciences les plus tinorées.

(C.....)

LE Décret de l'Affemblée Nationale fur les Biens du Clergé, juftifié par fon rapport avec la nature & les Loix de l'Inf titution Eccléfiaftique; par M. l'Abbé LAMOURETTE, Docteur en Théologie, de l'Académie Royale des Belles-Lettres d'Arras. Nouvelle édition revue, corrigée

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& augmentée par l'Altour. A Paris, chez Belin, Libr. rue St-Jacques.

LA première éditi n de cet Ouvrage a déjà éré annoncée dans le Me.cure avec le tribut d'eftime dû aux talens & aux verrueufes intentions de l'Auteur; mais un Eccl fiaftique, qui n'a point regardé la richeffe du Clergé comme faifant partie de la Religion Chrétienne, s'expofoit à plufieurs inimitiés, & a dû encourir beaucoup de reproches. Son Ouvrage, imprimé fans fa participation, avoit paru fans nom d'Auteur. On l'a défié de figner fon nom en toutes lettres & M. l'Abbé Lamourette acceptant le defi, & perfévérant dans fon opinion, l'a f rtifiée par des preuves & des raifons nouvelles. Cet Ecrit eft devenu ainfi un Ouvrage nouveau, bien fupérieur au premier. Mais ce qui nous engage fur-tout à faire connoître au Public cette fecon le édition, c'eft qu'elle nous met à portée de lui faire part d'une idée véritablement patriotique que l'Auteur va bientôt mettre à exécution. Il fe propofe de publier un Cours de Prônes Civiques dont l'objet eft de montrer combien l'efprit de la Religion fe rapporte étroitement avec celui de la Conftution, & de denner aux Pafteurs l'idée de la manière dont ils doivent aujourd hui inftruire les Peuples. Puiffe cette entreprife remplir d'une ver

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