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çois, rappelle l'époque où notre bon Roi a dit qu'il ne faisoit qu'un avec sa Nation. Nous venons au nom du Département des deux Sevres, jurer à V. M. que vous n'avez pas d'enfans plus fidèles, plus brûlans de verser pour vous jusqu'à la dernière goutte de leur sang. Nous n'avons pas besoin de rappeler à votre cœur, qu'un Peuple immense atiendra impatiemment l'honneur de vous posséder tour à tour dans chaque Province. Venez, accompagné de votre Epouse chérie, entourée de votre auguste Famille, et sur tout du Dauphin, l'espérance de la Nation ve nez, SIRE, comme vous nous l'avez promis, visiter jusqu'au toit rustique du simple Laboureur. Après les orages de la Revolution, venez comme un Dieu consolateur, rendre par votre heureuse présence la paix et le bonheur à votre Peuple.

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Dans le Discours qu'adressa à la Reine, le 18 Juillet, M. de Launay d'Angers, au nom des Gardes Nationales du Département de Maine et Loire, on a surtout remarqué la phrase suivante :

"

Dans nos Départemens, MADAME, nous ne connoissions que la grandeur de votre courage, et l'énergie de votre ame. Mais, depuis que le Palais des Rois est ouvert aux Peuples, depuis que V. M. s'est rapprochée de nous, vous nous avez montré des vertus privées qui vous élèvent encore au dessus du Trône.

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A peine les Fédérés, ont-ils abandonné la Capitale, qu'il s'y est déclaré une grande fermentation. Les premiers essais avoient été tentes les 15 et 16 Juillet au Palais-Royal; des Ecrits incendiaires prescrivoient au

Peuple de se mettre en mouvement. Cette entreprise échoua; elle s'est ranimée, le 27, à l'occasion du rapport sur le passage éventuel de quelques détachemens Autrichiens, qu'on représentoit comme l'invasion d'une armée Autrichienne dans le Royaume. Des attroupemens qu'il ne faut appeler, ni le Peuple, ni la Nation, se formèrent aux Teileries et au Palais-Royal; les Motions recommencerent, les hommes de sang reparurent avec leurs tablettes de proscription; d'abord, on vota dans ces groupes le renvoi des Ministres, ensuite leur détention; on finit par menacer de les égorger. Des Ministres, les proscripteurs passèrent à la Reine, à la Famille Royale, aux Chefs de la Milice, de la Municipalité, aux Membres de l'Assemblée Législative, et aux Citoyens qui réverent encore la Royauté et la Monarchie,telles qu'elles sont établies par la Constitution. Les lieux publics retentivent de déclamations incendiaires ; jusqu'à la porte de l'Assemblée, des Factieux répandoient crioient à haute voix des exhortations imprimées de pendre les Ministres. Le Vendredi, l'effervescence changea d'objet au PalaisRoyal, où l'on poursuivit les Facteurs de ces Usuriers qui, profitant de la détresse générale, vendent l'argent à un prix exhorbitant; un Marchand Bonnetier ne fut sauvé de la Lanterne que par les efforts de la Garde Nationale. Ce premier mouvement rendra peut-être les Vendeurs d'argent moins exigeans; mais si ces poursuites violentes et illégales continuoient, elles feroient disparoître jusqu'au dernier écu. Tout ce qui peut égarer le Peuple et l'enflammer, a été mis ea usage; chaque jour on crioit dans les

rues des Feuilles chargées de listes de conspirations; des Affiches atroces secondoient les pamphlets. Heureusement, la masse du Peuple n'a pu être ébranlée, et M. de la Fayette, servi par le zèle de la Garde Nationale, a maintenu la sureté. Dans le Préambule de l'ordre donné aux Troupes de Paris, ce Commandant général n'a pas dissimulé qu'on employoit de coupables manoeuvres et un argent corrupteur, pour agiter la Capitale. Dimanche dernier, on arrêta plusieurs Orateurs incendiaires au PalaisRoyal.

Ceux qui ont la prétention de conduire par la raison, la multitude qu'on n'a conduite et qu'on ne conduira jamais, même par le raisonnement, devroient attendre qu'elle fût éclairée, avant de s'en remettre à ses lumières. Par tout où le Peuple' a le sens droit, et où on laisse dormir ses passions, ses mouvemensspontanés sont peuredoutables; mais lorsque des Factieux ou des Flatteurs s'emparent de sa crédulité, et le conduisent à braver les lois, il faut bien que la force publique se déploie. On a été obligé d'y recourir à Lyon. Le 27 2000 Ouvriers, suivis d'une grande multitude, menacèrent de nouveau l'Hôtelde-Ville, l'Arsenal et le Magasin à poudre. La Municipalité ordonna des dispositions viriles pour les repousser ; plusieurs des séditieux furent tués ou blessés. Les Bourgeois armés, le Guet et le Régiment Suisse de Sonnenberg ont sauvé la Ville. Les Suisses,

sur lesquels la Populace a tiré, ont eu aussi quelques hommes tués et blessés. La Loi Martiale a été proclamée en grand appareil: la sédition est appaisée; mais on n'avoit pas encore osé rétablir les barrières. Nombre de brigands nationaux et étrangers, qui accourent aux lieux où règne l'anarchie, comme les tigres au passage des Voyageurs, ont été arrêtés: nous desirons qu'on en tire des lumières sur les Moteurs de ces insurrections qui parcourent le Royaume. — On a répandu aussi en Lorraine, le bruit des armées de Faucheurs de grains : l'alarme a été universelle en divers lieux, et l'on assure que divers Châteaux, entr'autres celui de M. d'Hoffelize, ont été dévastés.

M. Necker a envoyé Lundi à l'Assemblée Nationale un nouveau Mémoire, où il repousse les nouvelles imputations que lui ont fait M. Camus et d'autres. On y voit combien ce Ministre est affecté de sa situation, que ses vrais amis lui auroient bien prédite, il y a un an.

(Nous rapporterons ce Mémoire la Semaine suivante.)

M. Necker confirme la juste réclamation. de Madame de la Marck, contre M. Camus, qui s'est permis d'affirmer à l'Assemblée Nationale, que cette Dame avoit reçu 120,000!. au mois de Janvier, parce qu'on lui avoit ôté son logement aux Tuileries, et qu'on avoit fait porter cette somme sur le Garde-Meuble pour dépayser. Madame de la Marck prouve,

et le fait est indubitable, qu'elle a reçu 30,000 liv. sur une somme de 120,000 liv. dont le restant lui sera payé par dix mille livres chaque année, pendant neuf ans, pour le prix évalué sur rapport d'Experts, et fort au-dessous de la valeur réeile, des meubles, marbres, glaces, boiseries, etc. qu'elle a cédés à S. M., lorsque le Roi a repris son appartement. Madame de la Marck a 71 ans; si elle meurt avant l'entier payement des 120,000 liv. en neuf ans, ses héritiers ne peuvent rien réclamer. » Ainsi, dit-elle, on ne pensera pas sans doute que le Roi ait fait un marché onéreux. Il est louable sans doute, ajoute-t-elle, de dénoncer les abus; mais n'est-on pas bien répréhensible, quand, pour rechercher des applaudissemens, on se permet d'outrager la vérité? »

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L'affreux événement qui, à la suite de l'enlèvement des Forts de Marseille, a coûté la vie au Chevalier de Bausset victime de l'honneur et de son devoir, a été, comme tous les faits de ce genre, défiguré dans ces Catalogues de Mensonges, qu'on appelle des Papiers publics. La Municipalité de Marseille a fait rompre les scellés, et visiter les papiers de cet infortuné Citoyen, dans l'espérance, trompée, d'y trouver des correspondances coupables. M. de Bausset ne l'étoit que d'obéissance à ses devoirs : il marcha avec fermeté à la mort où on le conduisoit, en le traînant à l'Hôtel-deVille; pas une plainte n'a été formée contre lui depuis sa catastrophe, et

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