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Alors, au moins tous les matins,
Il s'échappoit de ma cervelle.
Trois ou quatre légers Quatrains
Contre les attraits de ma Belle.
Le foir, je rodois autour d'elle,
Et je lui gliffois dans la main
Ma miférable Kirielle;

Je revenois le lendemain
Avec une dofe nouvelle.
Vous fentez bien que le deftin,
Que le malheur, que l'infortune.
Que les charmes, que les appas,
Que le Soleil, même la Lune,
Au befoin ne me manquoient pas.
La rime ne me coutoit guère :
Parfois ma novice Beauté

(Dont l'efprit n'étoit pas vulgaire ) M'affuroit l'immortalité

Si je pour fuivois la carrière,
Et dans l'excès de fa bonté

Ne me comparoit qu'à Voltaire.
C'étoit de quoi mettre à l'envers
Une tête encor bien légère :
Aufli je redoublois de vers;
Auffi ma belle Dulcinée,
De poéfie affaffinée,

Se vit réduite à conjurer.
Mon Apollon impitoyable,

ΕΣ

De s'arranger à l'amiable,
Et de la laisser refpirer.

Il faut qu'une Beauté respire :
Alors je fufpendis ma lyre,

Honteux de mon acharnement....

Mais dites un mot cepeulant;

Je puis facilement encore

Dire en vers que je vous adore,
Et vous envoyer des paquets
De mes Madrigaux circulaires;
Car is vont bien à tous fujets.
En voulez-vous deux exemplaires?
Affurément ils font tous prêts.
Vous vous appliquerez, Madame,
Ce qu'ils renferment de plus beau.
Je ferai relier en veau

Ces témoignages de ma flamme....
Mais je vous vois frémir un peu
De mes offres trop généreuses :
Raffurez-vous, ce n'eft qu'un jeu,
Et je vais condamner au feu
Toutes mes rimes amoureuses.
Vous méritez fans contredit
Qu'on vous respecte davantage,
Et mon cœur eft le feul ouvrage
Dont je puiffe vous faire hommage
Sans compromettre mon efprit.

(Par M. Perchoux aîné. )

LES DEUX FRÈRES,

UN

Fable de Saadi.

N homme pauvre avoit deux fils.

Il mourut. L'aîné quitte auffi-tôt fa Province ;
Il paroît à la Cour; il s'y fit des amis ;
Il eut des charges près du Prince.

Le cadet cultiva l'héritage très-mince
Que leur laiflà le père, & vécut fans foucis.

Un jour l'aîné lai dit : Pourquoi ne pas me fuivre?

Ne

pas

faire ta cour?avce les biens que j'ai,

Tu ne ferois pas obligé

De travailler ainsi pour vivre.

Le cadet répondit: Pourquoi

Ne

pas

t'accoutumer aux peines que je brave?

Si tu travaillois comme moi,

Tu ferois exempt d'être Efclave.

(Par M. Franchemont.)

Explication de la Charade, de l'Enigme & du Logogriphe du Mercure précédent.

E mot de la Charade eft Ferrailleur; celui de l'Enigme eft Fraife; celui du Logogriphe eft Bauf, cù l'on trouve Œuf.

CHARA D E.

ERATO dans f.s chaats dit fouvent mon premier;
Hippomènes, jaloux d'une illuflre victoire,
Pour confacrer fon nom au Temple de Mémoire,
Avec célérité corrut dans mon dernier :

Animé par la gloire,

Le Citoyen François cempofe mon entier.

(Par M. Cauville.)

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JE

ÉNIGM E.

E fuis fous deux aspects aux champs & dans la

ville,

Tantôt en mouvement, & tantôt immobile :
Au luxe, à la molleffe, ici je dois le jour ;
Là pour moi l'infortune a fixé fon féjour.

Dans les champs, je tiens tout de la fimple Nature; A la ville, de l'Art je reçois ma parare.

Aux champs, Guillot pour moi brûle des plus beaux feux;

Le Marquis dans mes bras à la ville eft heureux.
Là je cours fur les ficurs dont ici l'on me pare.
Dans les champs je commande ; & d'un Maître
bizarre

Je cède dans la ville à tous les mouvemens.
Par-tout je change au gré du temps & du caprice 5
Ici, je fuis muette, & fans aucuns talens,

Au chant du roffignol, là j'unis mes accens.
Suffit, dit mon Lecteur; il faut que je finiffe.

(Par M. l'Abbé Goffin.)

LOGO GRIPHE.

LAISSE-MOI quatre pieds, j'annonce la douleurs

Si tu coupes mon chef, Lecteur,

De l'aimable Chloé par-tout je fuis les traces,

Par-tout je l'accompagne avec les Jeux, les Graces.

(Par M. Cauville.)

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